Un quinquagénaire sous un tilleul, trois adolescents, des oiseaux, une épouse, quatre femmes, un chef tapissier, des oiseaux, un père, une mère, une enfant dans un jardin, des oiseaux, un bébé, un autre bébé, encore un bébé, des oiseaux. Inventaire, éléments d'un puzzle, pièces d'un jeu de patience que le narrateur agence impatiemment, pour tenter de reconstituer sa personnalité et sa vie bouleversées par les battements d'ailes et les criaillements des oiseaux.
Attention sourire ! Nous sommes agressés par un nouveau mot d'ordre. Le panonceau du code du savoir-vivre en société, que l'on trouve désormais à chaque coin de page des journaux.
Ici, souriez ! Tout va bien. Les nouvelles sont bonnes. Il y a du soleil sur la France. C'est l'inflation galopante du bonheur. La méthode Coué de la majorité silencieuse, des inconditionnels de la satisfaction... ou de l'autosatisfaction.
En face du clan de la majorité, les empêcheurs de rire en rond. Quatre d'entre eux ont mis spontanément leur plume au service de leur indignation. Voici l'envers du masque. Leur tiercé du sourire est quelque peu grinçant. Tous membres fondateurs de la Société protectrice de l'humour. Le pamphlet graphique de ces dessinateurs est préfacé par un membre d'honneur de la S.P.H., Hervé Bazin, qui fut aussi lauréat du prix de l'Humour noir, et qui a joint son humeur au joyeux massacre du bonheur des imposteurs.
Cette histoire est authentique. Pack, un Indien Sioux, s'engage à dix-sept ans dans l'armée pour échapper à la misère des réserves, et tenter de vivre l'aventure avec un grand A. Envoyé au Viêt-nam, il découvre l'horreur. Jamais la guerre n'a été racontée avec autant de violence, jamais n'a-t-on ressenti cette lutte pour la survie sur fond de "défonce" permanente à l'héroïne, qui aboutit à l'indifférence, celle de la souffrance et de la mort des autres. Et Pack l'Indien fraternise la nuit avec les Viêt-congs qu'il tue le jour. Il se sent, à travers deux enfants avec qui il se lie d'amitié, plus proche du peuple vietnamien qu'avec ses camarades d'armes, blancs ou noirs. De retour aux États-Unis, Pack plonge dans le milieu de la pègre : drogue, prostitution, braquages qui lui font effectuer d'abord un séjour hallucinant dans un hôpital psychiatrique, puis le mènent dans un pénitencier où il restera plusieurs années. Là, à tout instant sur ses gardes pour ne pas être asservi ou violé, il sortira indemne de cette jungle humaine, peut-être parce qu'Indien. Gracié, libre, le hasard le fait rencontrer un sorcier (Medicine Man) qui l'initie à des cérémonies religieuses où il retrouve l'esprit de ses pères. Puisant aux sources de sa culture, Pack découvre ses dons de sculpteur, conscient désormais du rôle à jouer pour la défense de ses frères dans la lutte contre le lent génocide de la culture indienne aux États-Unis, mené parmi l'insensibilité générale. L'Indien est un témoignage unique.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Tenir tête aux pollueurs... Protéger les rivages, les rivières, l'air, le sol, le sous-sol de la cupidité des industriels et des constructeurs... Bâtir des villes qui soient belles et habitables... Lutter contre le bruit... Est-ce possible dans notre société libérale, guidée par le souci de la rentabilité et la recherche systématique du profit maximum ? Est-ce supportable par l'économie d'un pays qui a déjà bien du mal à réussir son industrialisation ? C'est possible et c'est même indispensable, répond Robert Poujade. La société libérale est en train de jouer son avenir sur la question de savoir si elle résoudra ou non le problème de l'environnement et de la protection de la nature. Mais ce ne sera pas là tâche facile. Robert Poujade le sait, qui a créé en janvier 1971, à la demande de Georges Pompidou, le ministère de la Protection de la nature et de l'Environnement, devenu ministère de la Qualité de la vie. Pendant un an, il s'est tu. Aujourd'hui, il raconte son expérience, son combat pendant trois ans contre l'esprit de lucre des uns, la négligence, la routine ou l'égoïsme des autres. Son combat contre l'industrie privée bien sûr, mais aussi contre l'inertie de l'administration, jalouse de ses prérogatives et de ses traditions ; contre les entreprises publiques, comme l'E.D.F. qui plante "autoritairement ses pylônes aux plus mauvais endroits". Ce que Robert Poujade raconte dans son livre, c'est l'aventure étonnante et par bien des côtés inquiétante de ce "ministère de l'impossible" qui dérangeait trop de gens pour qu'on lui donne tous les moyens d'agir.
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La France a tout à la fois trop et pas assez de police. Trop si l'on considère que près d'un Français actif sur cent se consacre à cette tâche. Et qu'un policier sur quatre et un gendarme sur cinq ne font que du maintien de l'ordre. Chiffres inquiétants ! Mais dans les quartiers que ne visite jamais aucune patrouille on pense plutôt que la France n'a pas assez de police. Et on n'a pas tort non plus, car la délinquance progresse à pas de géants. Des commissariats insalubres. Pas de gardiens. Pas de voitures. Pas d'essence. Mais pendant ce temps, on déplace, comme à plaisir, des colonnes de C.R.S. sur les routes de France. On achète des tracteurs-à-déblayer-les-barricades qui coûtent, chacun, le prix de trois cars de police-secours et ne sont jamais utilisés. La morale sociale s'effondre. L'ancien système de valeurs n'existe plus. Il faudrait à la France des policiers préparés à réfléchir par eux-mêmes. On les forme au contraire à devenir des robots de la répression, de l'espionnage téléphonique, de la filature, de la mise en fiche. On tue chez eux les réflexes républicains. On ne leur explique pas le monde dans lequel ils vivent. Ce sont là les conséquences du "système Marcellin", dénoncé par les policiers encore "sains". Ministre de l'Intérieur hors du commun, resté à ce poste pendant près de six ans, Raymond Marcellin a marqué de son empreinte le corps policier.
La formation de l'Alsace, sa présence et son avenir, tels sont les thèmes sur lesquels le président Pflimlin et R. Uhrich ont construit un livre d'une grande densité. Le passé y paraît avec tant de couleur et d'exactitude qu'il s'inscrit tout naturellement dans l'actualité, traitée, elle aussi, avec une grande force de persuasion due à l'attachement des auteurs à leur terre alsacienne et à la connaissance approfondie qu'ils en ont. Fondées sur l'or du Rhin, c'est-à-dire sur la navigation, soutenues par le caractère opiniâtre et inventif de ses habitants qui ont créé, dès le XVIIIe siècle, comme on le voit par l'exemple de Mulhouse, les conditions d'une industrie moderne, la fortune de l'Alsace et sa vocation économique se sont affirmées au cours des âges, malgré de grandes vicissitudes au nombre desquelles il faut compter un demi-siècle d'annexion et cinq ans d'occupation. A l'heure présente, les perspectives franco-allemandes et le Marché commun permettent d'envisager une Alsace plus riche qui soit un trait d'union entre l'Europe septentrionale et l'Europe méditerranéenne si l'on relie le Rhône au Rhin par une voie d'eau à l'échelle continentale. Ainsi, les auteurs de ce livre, à la fois technique et psychologique, puisqu'il donne de l'homme alsacien une fidèle image, ouvrent les portes de l'avenir en signalant les chances nouvelles qui s'offrent à leur région, l'une des mieux placées de France pour desservir les débouchés européens.
Le téléphone est-il trop cher ? Pourquoi est-il si cher ? Pourquoi sommes-nous, contrairement à la Suède, des « sous-développés du téléphone » ? Par ailleurs, les problèmes du logement ne reçoivent de solutions satisfaisantes ni à court ni à long terme, non plus que ceux de la construction navale, qui est en état de crise. Pour quelle raison des secteurs aussi divers sont-ils également atteints, alors que le progrès représente un potentiel considérable dont la croissance augmente sans cesse. Henri Jannès, un des grands spécialistes en matière économique et industrielle, polytechnicien, haut fonctionnaire - il est ingénieur général des P.T.T. - estime qu'un même défaut de productivité, par rapport aux possibilités technologiques, est à l'origine de semblables situations, le progrès latent demeurant, en quelque sorte, enchaîné en raison d'institutions retardataires relevant d'une philosophie scientifique dépassée. Par le moyen de l'« économétrie », qui utilise les instruments de mesure dont dispose la science économique, l'auteur tire des conséquences des trois cas étudiés et préconise des changements de méthodes salutaires. Dans chacun d'eux, comme dans d'autres domaines, il s'agit essentiellement de productivité, clef du problème économique et social, la croissance étant le principe actif de la géopolitique du monde moderne. Au cours de cette démonstration dont les chiffres sont cités avec des références scrupuleuses, Henri Jannès ne cache pas qu'il est en désaccord, parfois du simple au décuple, avec d'éminentes personnalités de l'économie. Controverse nécessaire puisqu'elle intéresse des questions primordiales. Tout en reposant sur une méthode scientifique rigoureuse, cet essai révolutionnaire peut être entendu de toute personne non spécialisée. Après les études d'Alfred Sauvy, de Louis Armand, de Jean Barets, dans la même collection, il vient à son heure.
Après le Dit de Marguerite où la mère de Suzanne Prou évoquait ses années de jeunesse, ce sont « les enfances de Suzanne » que nous découvrons dans ce livre. Fille d'officier, Suzanne connaît, dès son plus jeune âge, l'existence vagabonde des militaires en garnison. C'est d'abord l'Algérie « française » des années trente, Biskra, la « petite rose du Sahel » et la citadelle de Djidgelli au bord de la mer, puis le grand départ pour l'Indochine. À sept ans, Suzanne appréhende le monde et ses merveilles au cours du long voyage qui la mènera de Marseille à Saïgon, avec des escales à Port-Saïd, Djibouti et Singapour. À Nam-Dinh, où la famille séjournera huit ans, c'est une nouvelle « enfance » qui commence pour elle. Tandis que les « grandes personnes » perpétuent les rites de la société coloniale, boivent des drinks et dansent le charleston, servies par des boys en veste blanche, la « petite Tonkinoise », elle, sera fascinée par un jardin enchanté, une nature dont l'exubérance, la beauté sensuelle s'accorderont aux premiers troubles de l'adolescence. Sans doute gardera-t-elle toujours au coeur la nostalgie d'un pays qu'elle ne reverra plus. Nostalgie d'un bonheur qui la fera vivre et nourrira secrètement son oeuvre.
Au pied du village de Suviane, en Provence, s'étend un pré humide où foisonnent les narcisses au printemps. C'est là qu'un colporteur a découvert le corps d'une jeune fille morte. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Et qui l'a tuée ? Autant de questions qui troublent les habitants du pays et en particulier deux adolescents, Arnaud et sa soeur jumelle, la narratrice. Unis par une tendre complicité (qui n'exclut pas la passion), ils mènent leur vie à eux, à l'écart de leurs parents et de Marie, la fille aînée, perdue dans ses rêveries sentimentales. Suzanne Prou excelle à nous restituer le climat de cette petite communauté provinciale dont les travaux et les jours se déroulent au rythme des saisons et des fêtes, désormais hantées par l'image de la belle inconnue et le souvenir du crime impuni. Et c'est, parallèlement, la découverte des premiers émois du coeur, des tourments de la jalousie que feront Arnaud et sa soeur, obsédés par la présence du mystère. Quand la vérité se dévoilera enfin, entraînant la folie et la mort, nous garderons comme eux la mémoire de ce « pré aux narcisses », dont l'odeur entêtante et lourde ressemble aux sortilèges de l'amour.
Adopter un enfant, c'est s'embarquer dans une grande aventure. La route est longue pour offrir à un enfant une nouvelle famille. Dans ce guide pratique, extrêmement documenté et fondé sur de nombreux témoignages, Camille Olivier trace, aux futurs parents, un chemin au travers de l'imbroglio juridique, des démarches innombrables, des attentes interminables, des espoirs déçus... qui peuvent finalement mener au sourire d'un enfant.
Depuis quelques années, l'adoption a changé de visage. La législation s'est considérablement modifiée ; les mentalités aussi. Les candidats à l'adoption acceptent, aujourd'hui, d'accueillir comme les leurs des enfants déjà grands, des frères et soeurs, des enfants de couleur venus de pays en voie de développement, de jeunes handicapés physiques ou mentaux.
Le jour de son départ en pré-retraite, Hélène Belmont se voit offrir par ses collègues de travail une superbe machine à coudre. Or, Hélène n'a aucune envie de devenir, à cinquante-huit ans, une championne du fil et de l'aiguille. Cette belle femme est encore débordante d'énergie. Elle a des projets. D'abord, elle fera le voyage de ses rêves en Méditerranée. Puis, elle renouera avec d'anciennes connaissances. Gérald, par exemple, qui dresse des crocodiles et un mouton vert pour des spots publicitaires. Si Hélène trouve, auprès de Gérald, la tendresse, l'amour et ce brin de folie nécessaires à son épanouissement, pas question pour elle de se laisser étouffer. Un beau jour, elle part s'installer en Provence. Et c'est là, dans un paisible petit hameau, qu'Hélène va découvrir un bonheur inattendu... À soixante ans, tout peut recommencer. À travers ces années-vermeil, Gabrielle Marquet n'évoque pas seulement un problème de notre temps. Elle retrace aussi, avec drôlerie, les méandres du destin d'une femme qui refuse d'être mise au rancart. Elle se bat, elle se démène. Pour elle-même. Pour les autres. Au nom de l'amour, au nom de la vie.
Les filles sont classées ici en douze catégories. Où les rencontrer? Comment les reconnaître? Comment s'en débarrasser? Un guide drôle, tendre et indispensable aux garçons comme aux filles.
À seize ans, Jacob, orphelin de père, n'a qu'une idée en tête, s'engager dans la marine et parcourir le monde, comme son oncle, capitaine au long cours, mort dans une armoire, parce qu'il avait peur de l'orage... On le voit, le ton est donné, celui de l'humour, dès le départ de cette éducation sentimentale d'un garçon intrépide et rêveur qui étouffe dans sa petite ville natale, environnée de sapins et d'ennui, sous un ciel de pluie où seuls brillent, pour lui, l'amour d'Évelyne et l'amitié de Lakhdar, champion toutes catégories au jeu des osselets. À cet âge la vraie vie est ailleurs, faite des petits riens, que l'imagination transforme en aventures fabuleuses ou pathétiques. Les escapades en compagnie d'Argos, le bouledogue au grand coeur, les imprévus du métier de pompiste, la rencontre avec les mauvais garçons, et l'apparition de la mort sur le visage d'une vieille femme tendrement aimée. C'est elle, la mort, qui sonnera les matines pour frère Jacob, l'heure du grand départ, et de son entrée dans l'âge adulte. Composé avec une belle insolence, une savante désinvolture, cet adieu à l'adolescence, plein de drôlerie et d'émotion, marque un début éclatant dans la littérature romanesque.
Au quotidien, derrière les murs anonymes des cinq mille collèges de France, comment vit-on ? Les cours de récréation résonnent-elles comme naguère ? En est-on encore à l'ère de la dictée, de la "retenue" et des blagues contre le prof ? Quel regard les élèves portent-ils sur "l'échec" dont la presse se fait tant l'écho ?
En partant des questions, que se posent les parents inquiets et mal informés, ce livre propose une visite guidée du collège de la fin des années quatre-vingt.
État des lieux méthodique, il donne à voir ce qui s'y fait : discipline, programme, soutien des élèves, sélection, orientation, projets éducatifs... Il prend la mesure des changements qui s'opèrent : nulle réforme tapageuse, mais des tentatives partout, pour balayer une mauvaise image de marque. Les grands choix qui s'imposent aujourd'hui pour en faire le collège de l'an 2000, apparaissent d'eux-mêmes.
Guide, « Collège, mode d'emploi » livre les clés pour se repérer dans ce qui est, trop souvent, encore la grande forteresse de l'enseignement secondaire. Car, rien n'est possible sans les parents d'élèves.
La Foire aux cancres, deux millions et demi d'exemplaires en douze langues, plus d'un million deux cent mille vendus dans les pays francophones, un recueil qui a fait rire plusieurs générations. Vingt-huit ans après, leurs auteurs, les cancres, n'ont perdu ni leur drôlerie, ni leur fraîcheur. Dans cette nouvelle édition, revue et augmentée d'un « postambule » de perles inédites, voici l'occasion pour les nouvelles générations de les découvrir et pour les plus anciennes de les redécouvrir : si le temps passe, les cancres restent. Physique : tout corps plongé dans un liquide, s'il n'est pas revenu à la surface au bout d'une demi-heure, doit être considéré comme perdu. Géographie : en Hollande, sur quatre habitants il y a une vache. Histoire : Napoléon mourut dans les bras de Sainte-Hélène. Puériculture : l'allaitement mixte, c'est quand le père et la mère nourrissent l'enfant chacun à leur tour.
Ariel Brenner avait dans son enfance un héros : son oncle Bernard, sioniste convaincu qui lui a, d'après sa famille, « farci la tête de sottises », à tel point que, l'âge venu, il part en Israël avec le désir unique d'entrer au Mossad. Commencent alors les aventures d'un héros porté par un idéal, mais affligé d'un sens de la dérision qui tend à ne laisser aucun idéal debout. À sa première mission, Ari est chargé de piéger un « lapin ingénieur » gibier de peu croit-il, avant de découvrir que toute chasse fait des morts, à commencer par celle de l'innocent qu'on porte en soi. Et lorsque ses chefs le chargent d'une mission délicate aux États-Unis, Ari n'est plus le cynique intégral qu'il faudrait être pour assumer cette tâche jusqu'au bout. Cette histoire d'un espion est bien plus qu'un roman d'espionnage : de Tel-Aviv à Washington en passant par Paris, méditant sur la raison d'État et sur la façon dont s'exerce le pouvoir, Ari découvre la vanité sanglante du monde.
Ce que je raconte ici, c'est ma vie, celle du salarié matricule 1437. 1437, ça n'était pas mon numéro de cellule, c'était mon numéro de poste. Pendant des mois, j'ai vécu sous pression. Ma profession ? Cadre restructuré. Un type suspect qui coûte plus cher que les employés de base. Qui finit par en savoir trop, et par devenir un danger. Bien sûr, la télévision n'a rien d'un monde paisible. Mais une épuration, au fond, se déroule partout de la même façon. Je n'y étais pas préparé. Il m'a fallu utiliser de drôles de moyens pour essayer de sauver ma peau. J'ai beaucoup changé depuis. Je ne suis pas sûr que ce soit en bien. Plongée inquiétante au coeur d'un grand groupe, où règnent violence et lâcheté, satire féroce des élites parisiennes, ce roman de la comédie humaine dans la France contemporaine, pourrait bien être à notre époque ce que L'imprécateur de René-Victor Pilhes fut aux années 70, et Le bûcher des vanités de Tom Wolfe aux années 80.
Johan se fait surnommer Hobo. Il vit de petits larcins, et son existence s'organise autour des trajets qu'il improvise sur le réseau de chemin de fer français, dont il connaît tous les secrets. Poussé par ses démons, pourchassé par ses souvenirs étouffants, Johan, la plupart du temps, ne peut oublier. Alors, il fuit à toutes jambes. Mais dans ces moments, justement, ses jambes ne le portent plus. Six ans d'errances, pour en arriver là. Antoine, Catherine, Séléna... Passé et présent s'entremêlent. Quant au futur ! L'amour s'échappe dorénavant devant lui à la vitesse d'un express, et la catastrophe n'est pas loin.
Le sifflement ténu s'amplifia et une-deux-trois-quatre, quatre notes s'essayèrent et se fondirent en accord. Un son riche et harmonieux s'éleva, avec des élancées courtes et des reprises plus appuyées, telle la mélopée d'un choeur qu'on ne verrait pas. D'où pouvait provenir une musique si merveilleuse ? Amandine rouvrit la fenêtre et les pleurs du nouveau-né en colère couvrirent tout. Non, le bruit venait de l'intérieur, et de plusieurs endroits en même temps. Sans être plus fort que tout à l'heure, le chant modulé avait gagné en profondeur et en unité, et il offrait à l'oreille une étendue de laque qui s'illuminait en gerbes rondes et colorées. Toutefois, le son lui-même n'était pas émis de façon uniforme, mais semblait émaner - c'était absurde ! - de différents appareils de l'appartement. Il ricochait, dans un ordre de succession qui n'avait pas l'air prédéterminé, de la télévision à la minichaîne, du micro-ondes au répondeur téléphonique, en passant par le fax et le magnétoscope de Paul qui n'avaient pas encore été débranchés. L'adaptation-contemporaine, précise et malicieuse, d'un lieu commun romanesque : quand un homme marié, Paul Lejeune, qui travaille au BTMF (Bureau des technologies et matières du futur), installe sa jeune maîtresse, Amandine... une étonnante symphonie des objets.
Martine Aubry est la célébrité la plus inconnue de la vie politique française. Soucieuse de protéger son jardin secret, elle demeure un mystère. D'autant plus inaccessible, que son image publique est tout en contrastes : à la fois militante loyale et rétive à l'embrigadement des appareils, austère et facétieuse, sincèrement amicale et irrépressiblement médisante, le coeur dans l'idéalisme social et la raison dans le pragmatisme gestionnaire, un pied dans la gauche jacobine traditionnelle, et l'autre dans la deuxième gauche rénovatrice, suscitant la méfiance des syndicats et la révérence des patrons, dénigrée par les siens et saluée par ses opposants politiques, séductrice détestant la séduction, femme se méfiant du féminisme, elle constitue un paradoxe vivant. Comment cette éphémère ministre du Travail dans le gouvernement Cresson, n'ayant jamais affronté le suffrage des urnes jusqu'aux élections municipales de 1995, caracole-t-elle en tête des sondages d'opinion et incarne-t-elle l'espoir d'une relève ? Pourquoi cette étoile montante du Parti socialiste, est-elle demeurée au zénith de la popularité, au moment où son parti plongeait dans la disgrâce ? Le bilan effectif de son action sur le terrain justifie-t-il sa place dans le coeur des Français ? Ne fait-elle que parler de la politique autrement, ou applique-t-elle réellement une autre politique ? Pendant deux ans, Paul Burel et Natacha Tatu ont multiplié les entretiens avec Martine Aubry, son premier cercle familial et amical, ses partisans comme ses détracteurs, et se sont livrés à une enquête de terrain pour déchiffrer l'énigme Aubry. Ils brossent ici, avec probité intellectuelle et liberté de ton, un portrait biographique contrasté, passionnant, qui fourmille d'anecdotes et retrace deux décennies d'histoire de la question sociale en France.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
"Écrire un livre vérité sur les mensonges du cyclisme, passer à rebrousse-poil trente ans de silence, témoigner de l'envers d'un décor auquel j'ai longtemps appartenu, non, croyez-moi, ça n'a pas été facile. Et puis, j'entends déjà les sarcasmes : briseur de rêve, cracheur dans la soupe, fossoyeur d'un sport populaire. Oui, c'est ainsi qu'on peut le prendre si l'on ne veut rien savoir, pourvu que la roue tourne. Mais à quel prix... Non, il n'est pas facile de révéler ces pratiques. Non, il n'est pas facile de se mettre à nu et d'affronter le regard de l'opinion publique. Souvent, je me suis interrogé. As-tu le droit de faire ce que personne n'avait fait avant toi ? Peux-tu prendre la lourde responsabilité de briser la loi du silence ? Aurais-tu rédigé ce livre si, le 8 juillet 1998, tu n'avais pas été appréhendé par les douaniers ? J'ai réfléchi, j'ai hésité. Car, je le reconnais, sans ma garde à vue, sans mes seize jours de prison, jamais je n'aurais compris. La force de l'habitude, la routine, le confort. Puis j'ai réalisé qu'il le fallait. Quitte à briser des légendes. Quitte à faire mal." W.V.