Être, en quelque sorte, le filleul spirituel de Victor Hugo et d'Edgar Quinet. Être élu, de 1885 à 1919, député d'Eure-et-Loir. S'être battu en duel contre Clemenceau... Être contre la peine de mort, favorable au syndicalisme, partisan d'une politique sociale d'avant-garde fondée sur la mutualité. Lutter pour le renforcement des pouvoirs du chef de l'État. S'opposer au traité de Versailles et au démantèlement de l'Autriche-Hongrie. Être élu académicien à 44 ans. Présider la Chambre de 1898 à 1902, puis de 1912 à 1920, donc pendant toute la guerre... Une telle carrière aurait dû suffire pour mériter la considération des historiens de la Ille République. Mais non, on ne se souvient que du Président tombé d'un train, en pyjama, et qui démissionna moins de huit mois après son élection à la Présidence de la République. Paul Deschanel a déchaîné la verve des chansonniers et des caricaturistes. Thierry Billard, qui a eu accès à de nombreuses sources inédites, a choisi de réhabiliter un homme politique qui, avant d'être victime d'une dépression, a bien mérité de la République...
Il est peu de couples qui, au XXe siècle, aient accédé au rang de mythe - surtout de leur vivant. Sartre et Beauvoir sont au nombre de ceux-là ; Elsa Triolet et Louis Aragon, eux, dès leur rencontre un jour de novembre à la Closerie des Lilas, ont placé leur amour au-dessus de tout, commençant déjà de construire sur lui une légende qu'ils entretiendront tout au long de leur vie. Légende fragile, pourtant, d'un amour finalement paradoxal : amour impossible entre le jeune dandy sans illusions, et la petite Russe qui se plaint de n'être aimée de personne ; mais aussi amour complice, jusque dans les compromissions les plus tragiques, jusque dans l'aveuglement d'un mentir-vrai qui, quarante années durant, va régir une vie étroitement liée aux événements historiques et culturels les plus marquants du siècle : le surréalisme et la guerre d'Espagne, la littérature clandestine et l'Occupation, l'engagement politique et intellectuel au côté des communistes. Quelles zones d'ombre, quels différends inavoués se cachent derrière l'image officielle soigneusement entretenue, la statue mythique patiemment érigée ? Pour répondre à ces questions, Dominique Desanti tente de débrouiller l'écheveau des destins entrecroisés d'Elsa-Louis - de la France à la Russie, des trépidantes années du surréalisme, et de Montparnasse aux jours tragiques de l'ère stalinienne -, offrant ainsi le portrait sans artifices d'un couple, à qui l'ambiguïté tenait lieu de règle de vie, et dont les silences - à travers les oeuvres comme à travers les actes - livrent, pour qui sait les entendre, les clés de cette énigme à deux visages.
Juillet 1940. Les Allemands réquisitionnent à tour de bras, et dans Paris occupé la pénurie s'installe. Après des années de lutte, Adélaïde, celle que l'on appelait la « Lionne des marchés », a passé le relais et tremble maintenant pour les siens, ses trois fils nés de ses amours tumultueuses. Si le cadet, Antoine, qui lui a succédé à la tête de la corporation des marchands, n'a pas tardé à s'engager dans la Résistance, Adrien, le plus jeune, a choisi l'autre camp. Reniant ses origines, il a épousé une aristocrate ambitieuse et rallié le gouvernement de Vichy, dont il est en passe de devenir un ministre influent. Il fréquente une maison close de la place Saint-Georges où se retrouvent les tenants de la collaboration, les officiers allemands... et des membres de la Résistance. Quant à l'aîné, Marcel, exilé en Algérie où il dirige une vaste orangeraie, il doit faire face aux attaques de bandes armées. Dans la France en guerre, la vie s'organise tant bien que mal, avec son cortège de drames et de misères, de compromissions et d'héroïsmes qui déchirent les familles. Et, pour Adélaïde, certains secrets deviennent lourds à porter...
Méditation poétique sur le prologue de « L'Évangile selon Saint Jean », sur fond de dialogue entre deux personnages : Qourad, père d'Antara, guerrier et poète arabe antéislamique, et Gaïa, personnification de la Terre dans la cosmogonie hésiodique, ancêtre des races divines et des monstres.
Le Verbe finira-t-il par triompher du glaive ?
La Vie saura-t-elle, un jour, marginaliser la mort ?
Le péché originel était-il inévitable ?
En des poèmes denses et charnus, sans le moindre attendrissement inutile, ni l'ombre d'un intellectualisme desséchant, Anne-Marie Derèse dit sa féminité, sa ferveur, son droit à appréhender le monde, sa condition, qui veut conjuguer la lumière et l'ombre. La sensualité, l'opposition instinctive entre l'être et le non-être, la conscience sur le point de basculer dans le subconscient, l'amour qui a besoin de spiritualité, et le spirituel qui ne saurait vivre sans l'incarnation : toutes les zones intermédiaires du vécu et du dit se trouvent remarquablement conjuguées en ses poèmes.
« On avait volé mon vélo et la nuit tombait. Je marchais très vite, la tête baissée, enfoncée jusqu'aux yeux dans le col de mon manteau. Il gelait à vous fendre les os. Il y avait une lame de rasoir par terre, c'était la deuxième que je voyais ce soir-là, et ça ressemblait à une sorte de mauvais présage. Auparavant, j'avais trouvé un nez de clown écrasé, que des rafales de vent faisaient avancer devant moi comme une petite bestiole rouge et folle. J'ai essayé de faire le rapprochement entre cet accessoire grotesque et les lames de rasoir, lorsqu'une voiture qui longeait le trottoir s'est arrêtée à ma hauteur. Elle était couverte de neige. La vitre du conducteur s'est baissée, dévoilant une énorme tête chauve et moustachue, dont les yeux luisants me fixaient avec insistance. J'ai fait semblant de ne pas l'avoir remarquée, et j'ai poursuivi mon chemin en accélérant un peu l'allure. »
Jacques Albert, baryton d'opéra, chante dans les salons parisiens de la fin du siècle dernier, souvent accompagné au piano par sa femme Martha. Jusqu'à ce que Cotter Morison, un Américain de passage, fasse lire à celle-ci un roman énigmatique par lequel il l'incite à tromper son mari. Une centaine d'années plus tard, son arrière-petit-fils, Joachim, rencontre un homme d'affaires qui n'est autre, lui, que l'arrière-petit-fils de Cotter Morison. Il en profite pour lui montrer ce roman de Paul Bourget qui, jadis, lia leurs deux familles. Devenus amis, ils partent ensuite pour Rome rejoindre Daphné, l'épouse de l'Américain, dont Joachim, à son tour, tombera malgré lui amoureux... Le hasard prend donc ici, sous la forme de l'éternel retour, la vraie figure du destin.
La passion d'un bibliophile misanthrope pour les éditions rares et la phrase juste, mise à mal par un neveu, animateur de radio et joueur impénitent. L'un amasse et collectionne, l'autre flambe et dilapide. Ces deux logiques ne peuvent longtemps coexister.
De 1919 à 1989, le récit authentique de l'extraordinaire destinée de deux couples, embarqués dans l'engrenage infernal de la machine communiste.
De Li Lisan, le flamboyant prédécesseur de Mao à la tête des Communistes chinois, on ne savait rien, ou presque. C'est pourtant en France, initié par un ouvrier du Creusot, qu'il a fait ses premières armes, avant de soulever la Chine entière, puis de s'attirer les foudres de Staline. Son compatriote, Djang Bao, l'étudiant play-boy, s'est formé au marxisme dans le Tennessee, avec un enthousiasme qui lui a valu d'être exfiltré clandestinement vers Moscou.
Les deux hommes se rencontreront là-bas, dans les années trente, en pleine tourmente stalinienne, et leur histoire d'amour avec Élisabeth Kichkine et Nadia Roudenko, leurs deux jeunes femmes russes, scellera une amitié qui se poursuivra au-delà des frontières. Ni les tortures dans les caves de la Loubianka, ni un long exil dans l'enfer du Goulag, ni même les supplices de la révolution culturelle et du Laogaï n'en viendront à bout.
Leurs enfants sont là pour en témoigner, qui se jouent des rideaux de fer et de bambous, à l'aube d'un millénaire que l'on assure chinois.
Conçu à partir des confidences de trois des survivants de cette singulière épopée, croisées avec des archives inédites du KGB et du Komintern, « L'Empire rouge » est un document sans équivalent sur les relations tumultueuses entre les deux géants communistes, et sur des épisodes méconnus de la révolution chinoise. Mais c'est, avant tout, une formidable saga, à laquelle le talent de conteur de Patrick Lescot rend toute sa dimension véritablement romanesque.
Oratrice brillante, aristocrate fortunée, révolutionnaire à l'élégance raffinée, Elisabeth Dmitrieff est de ces femmes qui, au siècle dernier, décident très tôt de diriger leur propre vie. Cette fille de la Russie profonde, née en 1850, s'est ainsi forgé un destin hors des traditions de son époque et de son pays. À dix-sept ans, elle épouse un colonel de la garde impériale, et prend prétexte de son voyage de noces pour rencontrer, à Genève, ses compatriotes révolutionnaires en exil... À vingt ans, elle est à Londres et dialogue avec Karl Marx, qui l'enverra à Paris comme « correspondante ». Elle met alors son intelligence, son charisme, mais aussi son argent, au service de la Commune de Paris... Veuve à un âge où d'autres ne sont pas encore fiancées, rentrée en Russie, celle qui fut la première « pétroleuse » - elle avait demandé aux femmes de Paris d'acheter « du pétrole et des armes » - tombe amoureuse. Par passion pour un aventurier gentleman-cambrioleur et chef de bande, elle s'exile en Sibérie où ce dernier est déporté. Elle y passera vingt ans... Rentrée à Moscou, elle y finira sa vie, toujours dans sa manière, celle d'une héroïne de roman...
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Anne-France Dautheville s'est déjà fait connaître par les récits de ses randonnées à moto à travers le monde : Une demoiselle sur une moto, Et j'ai suivi le vent (Flammarion). C'est précisément au cours de l'un de ses voyages en Australie, qu'elle a recueilli l'histoire - devenue légendaire - d'un chercheur d'or de la fin du XIXe siècle. S'inspirant librement de cette légende, Anne-France Dautheville a écrit un roman, dont la tension dramatique ne se relâche à aucun instant. Mais la démarche de Jeff Walcott - qui, après avoir découvert par hasard un filon à ciel ouvert et s'être rendu à la ville la plus proche pour faire enregistrer sa concession, passera ensuite toute sa vie à retrouver sa mine fabuleuse - s'apparente aussi à celle du capitaine Achab à la poursuite de la baleine blanche. On imagine aisément le prodigieux scénario de film - dans la lignée du Trésor de la Sierra Madre - qui pourrait être tiré de ce roman.
Bernard Pagezy et Claude Bébéar auraient-ils pu diriger ensemble le groupe AXA-Midi ? Quand le président de la BNP, René Thomas, part en vacances en Espagne, à quoi pense-t-il ? En vertu de quel principe de management, Yvette Chassagne débarquait-elle à l'improviste, à 7 h 30, dans certains bureaux de la compagnie, lorsqu'elle était P.-D. G. de l'UAP ? À travers les confidences recueillies auprès d'une cinquantaine de grands patrons français, Mireille Rusinak brosse le portrait de groupe d'une élite qui reste encore mystérieuse pour beaucoup. Certains d'entre eux apparaissent sous un nouveau jour. Noël Goutard, P.-D. G. de Valéo, contrairement à sa réputation, donne l'image d'une âme sensible. Olivier Lecerf, P.-D. G. de Lafarge, prône la direction collégiale, mais ne déteste pas décider seul. Quant à Alain Gomez, P.-D. G. de Thomson, il a, en dépit de ses amitiés socialistes, attaché plus d'importance aux profits qu'aucun de ses prédécesseurs. De leur enfance, jusqu'au moment tant attendu de leur consécration, l'auteur montre les ambitions, les principes aussi, dont les patrons de la banque et de l'industrie se sont inspirés pour mener leur vie, gérer leur carrière et diriger leur entreprise, qu'ils soient héritiers, managers ou ex-serviteurs de l'État. Avec une rare liberté de ton, Les bons, les brutes et les autres ont accepté de lever, sans rien dissimuler ou presque de leurs échecs, un coin du voile sur le parcours du combattant qui les a conduits là où ils sont. Et où ils espèrent rester !
Au cours de la nuit du 13 décembre 1981, se déroule en Pologne l'une des opérations militaires les plus marquantes de l'après-guerre. Depuis plusieurs mois, le pays est en pleine effervescence sous l'impulsion d'un syndicat contestataire, dont l'influence grandit de jour en jour, Solidarité. En quelques heures, le pouvoir va reprendre l'initiative. Préparé avec une exceptionnelle minutie par le général Jaruzelski, le coup d'État militaire surprendra adversaires, mais aussi partisans du régime. Familier des réalités polonaises, Gabriel Mérétik a longuement enquêté. Il a rencontré témoins et acteurs de cet événement. On découvre ici les coulisses de la haute politique internationale. Elles ne sont pas moins étonnantes, parfois, que les comportements des principaux dirigeants de la planète. Car la prise de pouvoir du général Jaruzelski n'a pas été seulement une affaire polonaise. Ainsi, les Américains, sans doute informés du complot, n'auraient pas prévenu Walesa. On découvre aussi dans quelles circonstances Claude Cheysson, alors chef de la diplomatie française, fit une déclaration en forme de gaffe. Enfin, l'auteur révèle les conditions dans lesquelles Reagan, Mitterrand, Schmidt et les autres ont été prévenus de ce coup d'État. De Washington à Varsovie, de Paris à Bonn, heure par heure, ce récit retrace l'histoire secrète d'une dramatique nuit où l'hiver sembla plus rudement qu'à l'ordinaire s'abattre sur la Pologne.
Il est rare qu'un ministre en exercice porte un regard aussi libre sur les choses et sur les gens : Jean-Pierre Soisson, ministre du Travail, mêle l'anecdote et l'analyse pour évoquer, de manière inattendue, les événements et les personnages de la Ve République. Les conseils de Michel Debré au moment de la guerre d'Algérie, le jugement d'Edgar Faure sur Mai 1968, la conquête du pouvoir par Valéry Giscard d'Estaing, le goût du maintien de l'ordre de Jacques Chirac, les contacts de Raymond Barre avec l'Élysée lors de la campagne présidentielle de 1988, telles sont quelques-unes des confidences du récit de Jean-Pierre Soisson. Mémoires d'ouverture ? Oui. De Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand, la carrière de Jean-Pierre Soisson, à la gauche de la droite et à la droite de la gauche, a, en effet, été marquée par le refus de l'affrontement et le goût du risque. Témoignage exceptionnel sur la vie politique française, document sur l'art de gouverner les hommes, le livre de Jean-Pierre Soisson passionnera tous ses lecteurs, au-delà du microcosme politique.
Ils sont environ 1 500 000 : à côté d'un PC aux rangs de plus en plus clairsemés, le nombre des anciens communistes ne cesse, lui, de croître. Parmi eux, des journalistes influents, des universitaires renommés, des créateurs reconnus, mais aussi des hauts fonctionnaires, des chefs d'entreprise ou des députés et anciens ministres... socialistes. Pourquoi ont-ils adhéré au parti communiste ? Comment des responsables importants du Parti, des hommes de marbre, se sont-ils retrouvés en position de dissidents, bons pour l'exclusion ? Qui sont ces ex et que sont-ils devenus après leur rupture avec le PC ? Forment-ils un réseau d'influence ? Pour répondre à ces questions, Jean-Pierre Gaudard a reconstitué l'itinéraire personnel de dizaines d'anciens communistes et recherché les raisons qui les ont conduits à quitter le Parti. D'André Glucksmann à Emmanuel Le Roy Ladurie, de Gilbert Trigano à Bernard Kouchner, de Charles Tillon à Jean Elleinstein, ce Who's Who des Ex constitue une Nomenklatura qui réserve quelques surprises...
Soumis au grandiose programme de redéfinir la carte de l'Europe après la chute de Napoléon, le Congrès de Vienne rassembla, de l'automne 1814 au printemps 1815, souverains et diplomates. Dès les premières semaines, les convoitises des vainqueurs de la France créèrent de telles difficultés aux négociateurs, que le vieux prince de Ligne put s'exclamer : Le Congrès ne marche pas, mais il danse ! En effet, on dansait beaucoup à Vienne. Valses et polonaises se succédaient, au cours de fêtes plus fastueuses ou plus divertissantes les unes que les autres, tandis que les aventures galantes des jolies femmes, et de quelques princes entreprenants, faisaient jaser la ville. D'un prodigieux foisonnement de personnages illustres, émergent les figures du tsar Alexandre de Russie, de l'empereur François d'Autriche, des rois de Prusse, de Danemark, de Bavière et de Wurtemberg, les travaux étant menés par les plénipotentiaires des grandes puissances, notamment Metternich, Castlereagh et Talleyrand. Ce dernier nous apparaît, ici, sous un aspect bien différent de celui qu'a popularisé sa légende. L'auteur - qui a eu accès à de nombreux documents inédits - fait revivre les plus riches et les plus secrètes heures du Congrès, dont il dresse l'exact bilan politique. L'oeuvre accomplie à Vienne était fragile. Aujourd'hui, l'Europe des Nations a fait oublier l'Europe des Princes.
Il est mort subitement, l'année suivante, avant d'avoir pu donner leur conclusion aux mémoires qu'on va lire. À travers ces pages pleines de chaleur, où éclatent sa culture, sa finesse, son patriotisme, ses qualités de caractère, on n'a pas de peine à imaginer l'homme qu'il fut, ni à comprendre la séduction qu'il exerçait sur nombre de ses interlocuteurs soviétiques. En poste durant la guerre d'Octobre, comme pendant la guerre civile qui a ravagé son pays, les circonstances l'ont amené à prendre des initiatives d'autant plus personnelles, que le pouvoir qui l'avait nommé avait pratiquement cessé, par moments, de mériter ce nom.(...) Mais il n'y a pas que le Liban, il n'y a pas que le Proche-Orient sur lesquels les Mémoires d'Antoine Jabre jettent une lumière nouvelle. Il a suivi, de très près en effet, de son observatoire moscovite, l'évolution des relations soviéto-américaines.(...) À lire Antoine Jabre, on se dit que l'Occident, dans les valeurs duquel il croyait profondément, aurait bien besoin de quelques hommes de sa trempe pour relancer, avec le Kremlin, un dialogue qui ne soit pas seulement celui des sourds, dont nous sommes aujourd'hui les témoins inquiets . André Fontaine
À partir de faits divers découpés dans les journaux, Xavière Gauthier reconstruit le destin de personnages qui ont, insidieusement, hanté son imagination. Chaque nouvelle ressemble à un cas de possession. Dans Le lit clos, une paysanne séquestre son amant. La rouille retrace la vie d'une pauvresse brimée par sa patronne. Dans Le boeuf-carottes, un vieil homme cherche à comprendre pourquoi sa femme s'est enfuie avec le laitier. Avec Aux lilas, c'est une affaire d'imposture qui est dépeinte. Dans cette torpeur suit une Américaine dans les bas-fonds d'Istanbul. Ces récits d'amour disent la vie dans ce qu'elle a de plus violent. Des hommes et des femmes se croisent, s'étreignent et, parfois, se tuent...
La droite française est tellement intelligente qu'elle est la seule à pouvoir donner l'illusion du contraire. Elle espère ainsi perpétuer les succès qu'elle a connus, depuis que Guy Mollet l'a accusée d'être la plus bête du monde. Mais, à force de trop faire semblant, elle risque d'être prise à son propre jeu : les électeurs finiront, un jour, par oublier son intelligence réelle, pour ne plus retenir que sa sottise apparente. Ce qui s'est passé en 1981, peut se reproduire en 1988, et même au-delà. Si la droite a décidé de perdre l'élection présidentielle, elle doit, encore, commettre quelques bêtises, car il lui reste bien des chances de gagner. Mais, pour avoir, au contraire, la certitude de remporter cette élection, il lui faut, très vite, dissiper le malentendu qui la brouille avec une partie du pays : la prise de conscience, au sommet, des candidats et de leurs plus proches partisans, n'est pas encore suffisamment descendue à la base. C'est à l'intention de ceux qui n'ont toujours pas ouvert les yeux qu'est jeté ce pavé dans la mare, pendant qu'il en est encore temps...
Un énarque, Philippe Lagrange, est nommé, après une élection présidentielle, chef de cabinet du ministre de l'Education nationale. Ce roman est l'histoire de leur affrontement dans un monde où tous les coups sont permis.
Notre civilisation est en train de vivre un changement fondamental, provoqué par le développement des nouvelles technologies, qui produisent désormais des richesses avec une quantité décroissante de travail. Face à ce phénomène, l'alternative est simple : ou bien, arc-boutés sur le dogme du plein temps, nous devrons nous résigner à une société à deux vitesses ; ou bien nous organisons le grand partage, qui verra chacun travailler progressivement moins et, cela, suivant des normes différentes de celles d'aujourd'hui. Mais, travailler moins, c'est recevoir un salaire moins élevé. Comment, dès lors, conserver le même niveau de revenus ? Telle est l'une des questions cruciales de notre époque, à laquelle Guy Aznar entreprend d'apporter une réponse. Il esquisse, dans cette perspective, un concept inédit : le deuxième chèque. Sa mise en oeuvre permet d'envisager un avenir, où chacun disposerait de plus de temps libre. Un temps libre qui ne serait pas nécessairement synonyme de loisirs, mais qui offrirait à chacun, au contraire, la possibilité de se lancer dans l'aventure de nouvelles activités. Loin des solutions rigides, Guy Aznar propose ici un autre écosystème entre la technologie, le social et l'individu.
Quel que soit le format ou le nombre de pages, le mot recueil convient à un livre où des poèmes sont rassemblés, dans un ordre absent du temps et de l'espace. Dans cette absence est l'imaginaire, en ses propriétés qui s'étendent le long des rives de l'art de vivre. Y prospèrent les énigmes de toutes choses à voir, à entendre, à respirer. Un recueil de poèmes est une manière de n'être pas un article de journal, un nouveau roman, une affiche de publicité, ou un livre de comptes courants. Il rassemble, tandis que le temps passe, les échos anciens et modernes de la jeunesse, de la beauté et de la mort.