Pour l'étude de l'opinion juive pendant l'Affaire, nous avons privilégié l'analyse de la presse israélite et les sources archivistiques dont certaines inédites, en particulier les sermons du rabbin Weiskopf, la correspondance du colonel Boris, les échanges de lettres des consistoires.
Si l'Affaire a eu la force de bouleverser les structures de la société française, elle devait aussi profondément marquer l'opinion juive et modifier la communauté. Nous suivrons ici son évolution depuis un soutien discret à la cause dreyfusarde jusqu'à un engagement massif et aux leçons tirées de l'événement.
Témoin de l'emprise ténébreuse des idéologies qui ont présidé à tant de tragédies de ce siècle, Emmanuel Lévinas appelle à un éveil et à un dégrisement éthiques indissociables de la tâche de penser la priorité de l'autre. Pour lui, la philosophie ne peut trouver le chemin de cette orientation ultime sans se rendre attentive à la source hébraïque de la pensée. Une tension entre le mode grec de réflexion et la fidélité à la voix des prophètes anime donc son oeuvre. Ce livre montre comment elle autorise un bouleversement des concepts destinés à dire l'humain autrement.
La « ville blanche » : tel est le nom par lequel on désignait Tel Aviv dans les années trente. Première ville juive nouvelle depuis la construction de Césarée par Hérode vers - 20 avant l'ère courante, Tel Aviv a d'abord été un simple quartier au nord de Jaffa avant de se bâtir en marge du yishouv juif qui prônait le retour à la terre et le dévelop-pement de villages agricoles. Très vite, elle a concentré des « maisons de rêve » d'une architecture audacieuse, typique du Bauhaus, et des institutions culturelles dignes des grandes cités européennes. Yaacov Shavit retrace le destin passionnant de cette cité singulière, de son émergence à son émancipation. À partir de nombreuses sources inédites, il nous révèle la spécificité d'un lieu qui appartient depuis juin 2004 au patrimoine culturel de l'Unesco.
Les Croisades, qui déferlèrent sur l'Europe et le Proche-Orient à partir de la fin du XIe siècle, épargnèrent rarement les communautés juives qu'elles rencontrèrent sur leur chemin. Exposées sans défense aux attaques incessantes des Croisades populaires et de la population des villes naissantes, elles ne purent pas toujours compter sur le soutien de l'Église et des grands féodaux pour les sauver de la mort ou de la conversion forcée. Les persécutions sanglantes dont elles eurent à souffrir creusèrent encore davantage le fossé qui les séparait, et favorisa l'apparition parmi les Juifs d'une idéologie nouvelle : celle du martyre librement consenti.
Au XVe siècle, au temps du roi René, le comté de Provence, plus tolérant que les terres de France ou du Languedoc, abrite une communauté juive essentiellement urbaine qui participe activement à la vie économique, dans l'artisanat, le négoce, le prêt et la médecine. Mais déjà des menaces planent sur cette communauté séculaire : aux quelques conversions forcées succède bientôt un mouvement de conversions lent et régulier qui s'accélère lors des mesures de bannissement prononcées contre les juifs en 1500-1501.
Le yiddish, langue vernaculaire des Juifs ashkénazes, a été parlé depuis les bords du Rhin jusqu'au Birobidjan du Moyen Âge à nos jours.
« Jargon » pour les uns, langue révolutionnaire à la fin du XIXe siècle ou facteur de transmission de la tradition juive pour les autres, le yiddish, composé d'hébreu et d'araméen, de langues romanes, slaves et moyen haut allemand, a su devenir une langue littéraire.
Les locuteurs du yiddish ont été les plus frappés par la Shoa, mais les descendants entretiennent la flamme de la langue vivante et l'université découvre en lui un phénomène linguistique unique.