Un jour, une enfant m'a demandé si c'était vrai qu'en mourant on touche le bleu du ciel, et c'est resté pour moi la plus belle définition de la mort que l'on m'ait jamais proposée. La nostalgie s'inscrit dans ce registre-là, puisqu'elle établit toujours un flirt avec la mort.
NostalgieS est le sixième d'une série de douze ouvrages intitulée Autoportrait, publiés au rythme d'un par mois en 2014. Chaque ouvrage répond à une consigne singulière et son titre débute par une lettre du prénom de l'auteur.
De ce projet inusité, l'auteur dit «[...] l'armature du texte était de prendre mon nom, qui a douze lettres, de le décomposer sur douze mois. Douze, c'est un chiffre mystique aussi [...].»
supposition
si un homme voyage à cheval sur une grande distance, dans un effort lucide et conscient d'annuler le temps et de revenir à cette époque où l'humanité ne pouvait faire autrement ;
si, tout à coup, par un effet de la lumière, du temps ou de la distance, il en arrive à un certain état de sérénité, tout en étant tout à fait conscient que cet état dépend de la vitesse ;
maintenant, si nous compliquons les choses et accordons à cet homme le moyen de s'élever au-dessus de la petitesse et du commun de sa condition pour voir le monde en surface ou dans son étendue ;
si, en poussant le raisonnement jusqu'à l'absurde, nous supposons que cet homme ait aussi le pouvoir de se téléporter jusqu'aux étoiles ou simplement dans le temps,
dans ces conditions optimales et dégagées de toutes contraintes, est-il possible de prévoir si le bleu du ciel en sera modifié, ou le vert des arbres dans ces forêts mystérieuses où il anticipait malgré lui tous ces déplacements ; et
en présumant que son voyage se passe bien, se souviendra-t-il des sensations partagées avec les animaux, des fleurs et du chant des oiseaux ou, sur sa peau, des mystères du vent qui efface toute chose ou de l'eau qui donne sa raison d'être à la soif ?
PRIX LITTÉRAIRE TRILLIUM 2016
Dans un quartier populaire d'Ottawa au milieu du siècle dernier, Marjorie Chalifoux, jeune couturière de dix-neuf ans, mène une vie rangée et silencieuse à l'ombre d'un père irascible - un homme étrange rompu dans l'art de la conversation avec les morts. Son existence tranquille prendra un tournant inattendu, et pour cause : elle est enceinte d'un amoureux qui a eu la mauvaise idée de mourir dans un accident de voiture... Et elle doit l'annoncer à son père ! Poussée par le destin, elle cherchera à donner un nouveau sens à sa vie. Son périple, qui la mènera jusqu'à Montréal, lui fera rencontrer des personnages plus étonnants les uns que les autres. Elle goûtera à l'amour, aux plaisirs de la chair et apprendra - à son propre étonnement - qu'au fond d'elle-même se cachait une femme déterminée, débrouillarde, têtue et manifestement charmante.
Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier d'Ontario Créatif
Marguerite Andersen a huit ans quand Hitler prend le pouvoir, quinze quand la Seconde Guerre mondiale éclate, vingt au lendemain de l'armistice. Yeux baissés devant l'horreur, toute à sa soif de vivre, elle tourne le dos à cette Allemagne dont elle a honte. Enceinte, elle suit en Tunisie l'amant français qui deviendra son mari.Ainsi s'amorce un parcours qui l'entraînera, au fil de ses amours et de ses aventures, sur trois continents. Celle qui mènera de front une vie d'épouse, de mère, d'immigrante, d'universitaire et d'autrice retrace, dans La mauvaise mère, les moments importants de sa vie, questionne ses choix, fait l'aveu de ses erreurs. Ce faisant, elle met en lumière les nombreux paradoxes qui, encore à ce jour, façonnent la vie des femmes.Murmurées, exaltées, angoissées, amoureuses, ces « confessions » attestent encore une fois du caractère exceptionnel de l'oeuvre de Marguerite Andersen.
Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier d'Ontario Créatif
L'amour des mots et la passion du théâtre sont au premier plan de cette fable contemporaine qui « met en scène » quatre personnages.
Toutes jeunes, Beau-Belle et son amie Chant-ale prennent part à des récitals costumés dans l'atelier de Méli. Cette bonne vieille fée les mène au sommet du plaisir avec ses histoires. Au collège, les inséparables s'inscrivent à la troupe de théâtre de l'école et s'éprennent de deux beaux jeunes hommes, Pierre et Luc, tout aussi passionnés qu'elles. Déjà éprise des mots, Beau-Belle prend goût à l'écriture. Les quatre marmousets fondent une troupe, et c'est le monde entier qui leur offre ses planches.
« Beau-Belle invente, fabrique, se contorsionne l'imaginaire pour le plaisir sensuel de l'écriture. Elle sait multiplier, Mirabeau-Mirabelle; elle sait multiplier la douceur des images, le parfum des fleurs, le vol de son cardinal préféré, le discours de tête de linotte du ruisseau, les souvenirs emprisonnés dans les vieux chiffons. Et les cravates. [...] Elle sait aussi diviser, l'envers de multiplier. Elle aime diviser le silence, le réduire à son plus petit dénominateur commun: le mot. Le mot, costumé par l'acte de parole [...] »
À même l'univers magique du conte, voici une histoire bien ancrée dans la modernité où la passion pour le métier et la quête du bonheur prédominent.
Le public retrouvera avec plaisir le récit touchant de la vie des arrières grands-parents de l'auteure, Victor Lemétayer et Marie-Joseph Ménard, partis de la Bretagne au tournant du vingtième siècle dans l'espoir de trouver en Amérique, une vie meilleure.
Beaucoup plus qu'une histoire familiale,« Les Litanies de l'Île-aux-Chiens » « retrace l'histoire de cette race de pêcheurs qui [...] ont exploité le Grand Banc de Terre-Neuve et peuplé de Français les Îles Saint-Pierre-et-Miquelon. » L'Écho des Caps Hebdo « [...] ce roman reconstitue la vérité de l'époque dans laquelle il se déroule et là est la grande qualité du livre. Victor et Marie-Jo symbolisent tout le mouvement de colonisation de Saint-Pierre et Miquelon [...] En refermant le roman, je n'avais plus qu'une chose en tête: visiter cette Île-aux-Chiens pour aller sentir cette mer et méditer sur l'héroïsme trop peu reconnu de ceux que l'on appelle les humbles. » David Lonergan, L'Acadie Nouvelle
Le roman historique est ici bonifié d'une série de photos. Publié également en France sous le titre L'Île-aux-Chiens (Éditions L'Ancre de Marine, 2001), le roman remporte en 2001 le prix Henri Quéffelec du Salon du livre maritime à Concarneau, Bretagne. Il est aussi traduit en anglais sous le titre Tales from Dog Island (Killick Press, St-John's, 2002).
Anaïs, au volant de sa vieille camionnette, sillonne les routes pour se nourrir d'histoires. Pour écrire. Quelque part dans le sud des États-Unis, elle se fait interpeller par une policière qui l'invite à la suivre dans un vieux motel délabré. Ce qu'Anaïs accepte, sans trop savoir ce qui l'incite à le faire.
Rod, chanteur d'opéra, cherche à relancer sa carrière après une pause forcée. Victime d'un accident sur une route du Nord de l'Ontario, il est secouru par Mimi, qui habite seule un motel vieillot que plus personne ne semble fréquenter.
Alors qu'ils s'enfoncent dans des univers mystérieux, où le temps paraît suspendu, Anaïs et Rod sont confrontés aux limites de la réalité et découvrent que personne, pas même eux, n'est tout à fait qui il prétend être.
Road trip hors de l'ordinaire, «Errances» est le premier volet d'une trilogie fantastique qui explore les notions de réalité et d'existence avec sérieux, humanité ...et une touche de ludisme !
Affrontant une nouvelle fois le langage de Bébé M., Garde Vautour ne sait pas qu'elle change la couche et lave les fesses d'une écrivaine. Elle ne sait pas qu'elle a les deux mains plongées dans la littérature en devenir. Elle ne peut apprécier à leur juste valeur les nuances de jaune, de vert et de gris des excréments, sans parler de leur texture graisseuse, de leur fréquence et de leur puanteur. Garde Vautour ne pense pas à la littérature. Elle pense à la vie, à celle de Bébé M. en particulier, qui semble toujours aussi indifférente au fait que la vie pourrait à tout moment lui échapper, se glisser, prendre une autre route, aller s'établir ailleurs. Elle cherche le fil par lequel ramener l'enfant à la vie.
En 1953, le monde occidental est témoin de grands événements : la mort de Staline, le couronnement d'Elizabeth II, la découverte de l'ADN, la publication du Degré zéro de l'écriture. Ces événements, parmi d'autres relatés dans les pages du quotidien l'Évangéline, à Moncton, ponctuent les jours de Garde Vautour et de la mère de Bébé M., aux prises avec les premières manifestations littéraires d'une romancière en gestation.
Alors que Zamba reçoit, finalement, les documents lui permettant d'entrer au Canada comme immigrant reçu, il apprend que sa belle, Assia, est enceinte. Les amoureux, qui entretenaient une relation clandestine, promettent de se retrouver en terre d'accueil une fois le bébé né. Avant la réalisation de leur projet, cependant, Assia meurt. Profondément affecté, Zamba s'accrochera dès lors à une mission : l'éducation de son fils Manéno. Mais des circonstances viendront infléchir son destin, dont la rencontre accidentelle de la jeune Mélanie, que Zamba aidera à sortir de la détresse. De cette rencontre naîtra une nouvelle famille.
Au fil des ans, et grâce à l'investissement généreux et soutenu des membres de la famille élargie, tant au Canada qu'au Kenya, une oeuvre humanitaire prend forme. La solidarité de « la tribu de Sangwa » établie sur deux continents contribuera à relever les défis associés à ce projet d'envergure.
Ils sont quatre jeunes gens de la première génération à naître et à grandir dans ce rude pays qu'est le Nouvel-Ontario. Ils arrivent à maturité pendant la dépression des années 30, une conjoncture économique peu propice à la réalisation de leurs rêves. Dont le plus important, de bâtir un pays. Rose-Délima, surtout, se désespère : elle aime Donald Stewart malgré tout ce qui oppose alors les Canadiens français et les Canadiens anglais. Les liens de l'amour seront-ils plus forts que le conflit des cultures?
Initialement publié en 1983 aux Quinze, puis repris par Prise de parole en 1986, ce roman historique est le deuxième tome de la trilogie Les Chroniques du Nouvel-Ontario.
Ancrée dans la communauté naissante de Mattawa à la fin du 19e siècle, alors que le chemin de fer ouvre le Canada vers l'Ouest, ce roman présente les enjeux de la migration québécoise dans ce Nouvel-Ontario à certains égards peu accueillant. On y fait état de la dureté de la vie dans les chantiers, qu'ils soient ceux du bois ou des chemins de fer; de la mainmise des « company » sur leur « companytown » et de leur résistance à l'endroit des citoyens qui souhaitent fonder une municipalité; des enjeux entourant l'établissement de services de santé et surtout scolaires; des frictions entre anglophones et francophones, dont le point culminant sera la promulgation du règlement XVII en 1912, règlement qui interdisait l'enseignement du français dans les écoles en Ontario.
Un étranger, charmeur, s'invite à votre table. Lentement il entreprend de se raconter, voire de se confesser. Plus il s'insinue dans votre intimité, plus votre inconfort grandit. À mesure qu'il gagne du terrain, le danger s'installe mais à votre insu. Vers quels sommets de l'horreur vous entraîne cette conversation galante ?
D'une plume aussi serrée que juste, Maurice Henrie tisse un filet de séduction. Le protagoniste est élégant, cultivé et décidément inquiétant... « Le balcon dans le ciel » a remporté le prix Trillium et le prix Ottawa-Carleton en 1996, ainsi que le grand prix du salon du livre de Toronto en 1995.
Ernest Destel, marchand général et forestier, quitte le Nord ontarien pour la vallée de l'Outaouais et ses bois durs. Après des années de durs labeurs, il fait l'acquisition d'une manufacture de bâtons de hockey. Un jour, l'entreprise familiale est victime d'un incendie criminel et tout doit être reconstruit. Ambition et intrigue, idéal et bassesse virevoltent autour de la famille Destel.
Claudine quitte la France pour Saskatoon afin de retrouver son frère aîné, Jacques, qui a disparu. Le souvenir idéalisé qu'elle a gardé du héros de son enfance sera confronté aux êtres qu'il a côtoyés, aimés et laissés derrière lui - sa femme Lalia, son fils Johny, sa complice, Isabelle. À l'instar de son frère, Claudine nous fera partager la troublante fascination qu'exerce la Prairie sur son coeur.
« L'Île au cotonnier », un chassé-croisé de personnages enlacés dans l'immensité de la Plaine, un roman qui explore la question de l'appartenance au couple, au pays, au passé et à la langue.
La « petite crapaude », c'est Gabrielle, seize ans. Enfant « surprise » et assez peu désirée, elle affiche depuis toujours une détermination de fer. Avec sa bande de copains, elle sera traquée par des malfaiteurs pour une question de billets de banque et de sacs de poudre, volés, puis volatilisés. Dans cette aventure rocambolesque, la vie de chacun sera mise à prix et leur amitié éprouvée. Un récit trépidant, attendrissant, aussi frais que la jeunesse et tout aussi surprenant qu'elle. « Petite Crapaude! » a remporté le prix Trillium et le prix le Droit.
Au tournant d'une venelle, une galerie de personnages hauts en couleur émerge de l'ombre. De matines à complies, au rythme d'une cloche solitaire, l'Homme des ruelles, le Garçon aux pigeons, le Colosse de la montagne accomplissent les rituels singuliers de leur trajectoire quotidienne. Aujourd'hui, pourtant, leurs pas s'entrelacent inexorablement dans les sentiers du Mont-Royal.
Il y a moins d'un siècle, en plein coeur de l'Afrique des Grands Lacs, vivait un roi qui réglait la circulation des nuages. Le Dernier roi faiseur de pluie recrée la vie de celui qui clôtura la lignée de ces monarques bantous qui dégonflent les nuages afin que la pluie féconde la terre ou qui déchaîne les vents pour nettoyer le ciel quand les eaux menacent les récoltes.
Pendant le règne de Dagano, le Kibondo ne connaît pas la famine. Mais le royaume est victime d'un nouveau fléau, les faces roses, ces «albinos» invincibles venus du bout du monde. Conscient de toute leur puissance, Dagano choisit de leur opposer une résistance spirituelle.
OEuvres fragmentées, poétiques et résolument modernes, les trois romans regroupés dans ce volume convient une multitude de personnages qui inventent et bâtissent leur quotidien dans ses dimensions réelles et imaginaires. Ces romans, qui précèdent «1953. Chronique d'une naissance annoncée», sont des oeuvres formatrices qui se démarquent déjà par la qualité de la recherche formelle et l'audace stylistique propres à Daigle.
Un court texte en anglais, «Tending Towards the Horizontal», s'ajoute à l'ensemble.
Les textes, accompagnés d'un appareil critique mettant en contexte l'oeuvre et son auteure, donnent à voir toute la singularité de l'aventure romanesque de Daigle, figure incontournable de la littérature francophone au pays. Avec ce troisième tome se conclut la réédition, dans la Bibliothèque canadienne-française, des sept premières oeuvres de l'auteure acadienne plusieurs fois primée.
Champion et Ooneemeetoo Okimasis, jeunes Cris du nord du Manitoba, sont arrachés à leur famille et placés dans une école catholique résidentielle du Sud. Aliénés par une culture qu'on leur impose, ils luttent pour leur survie. La Reine blanche, personnage mythique, veille sur eux et les ramène vers l'univers magique dont ils sont issus. L'un deviendra musicien et l'autre danseur. De leur art, un monde nouveau émergera.
Le recueil de poésie primé de Herménégilde Chiasson, « Conversations », est réédité dans la collection Bibliothèque canadienne-française (BCF). Cette édition est bonifiée d'une préface de Pierre Nepveu, d'un choix de jugements et d'une biobibliographie de l'auteur.
Dans ce recueil, l'auteur répertorie, accumule, déploie 999 fragments de conversations, racontées tantôt par un « Lui », tantôt par un « Elle ». Pas de dialogue ici, pas plus que de répliques. Rien, non plus, qui permette de retracer l'existence d'un ou de plusieurs personnages qui se répondent, pas de suite qui permette de conclure à la construction d'une histoire. Plutôt, une sorte de texte théâtral d'où s'élève la vaste rumeur de l'oralité. Document d'où émerge le plus intime et le plus sincère de toute communication et de toute collectivité.
« D'une poésie puissante, tellurique, incantatoire, Conversations s'enracine dans les ressources sonores et rythmiques d'une langue à la limite de l'ultrason. Une version acadienne de dire l'humanité. »
- Jury, Prix du Gouverneur Général
Dans l'Ottawa des années 1950, une enfant s'émerveille au contact des mots. C'est le début d'une passion qui la consumera toute sa vie et qu'elle s'affairera à répandre autour d'elle. De la salle de classe aux ghettos de la Caroline du Sud en passant par l'Europe, l'enfant-feu ira à la rencontre de l'autre, portée par un engagement flamboyant envers la langue française et un besoin viscéral d'agir.
Michèle Vinet livre avec «L'enfant-feu» un récit romanesque qui convie à l'enchantement.
Gaspard est architecte. Depuis des mois, il dessine un grand centre commercial aux qualités architecturales inouïes. Mais lorsqu'il se rend à Halifax pour enfin rencontrer son client, il n'y trouve qu'un bureau vidé la veille. Ne pouvant accepter que l'oeuvre de sa vie se dissipe de si banale façon, Gaspard loue un logement minable et entreprend de retrouver son commanditaire. Qu'il n'ait en rien l'allure d'un détective n'aide pas les choses.
Presque aussitôt, Gaspard rencontre Madeleine, jolie jeune femme éperdue qui l'introduit dans une curieuse secte millénariste. Qu'il soit peu enclin aux quêtes spirituelles n'aide pas non plus les choses. Mais à son grand étonnement, il s'ouvrira à leurs croyances et bâtira leur cathédrale. Or, l'entreprise qu'il soutient et la destinée qu'il épouse ne sont pas celles qu'il croit.
Dans La cathédrale sur l'océan, on découvre avec un franc bonheur de lecture, la vérité psychologique de cet homme ordinaire qui joue sa vie, les ambiances brumeuses d'une ville portuaire où survit le souvenir des corsaires, les dialogues impayables avec le cowboy John Wayne (compagnon d'infortune présent sous forme d'affiche récupérée des poubelles !), sans oublier les détails insolites dont il aurait fallu douter pour ne pas être envoûtés avec Gaspard. Mais comme lui, nous nous en féliciterons. Car dans cette captivante intrigue, le dévoiement est la voie du salut.
Rien ne se produit jamais dans la réserve anishinabe de Lac-aux-Loutres. Enfin, jusqu'à l'arrivée d'un séduisant étranger aux cheveux blonds porté par une rutilante moto Indian Chief 1953. Les intentions du bellâtre sont d'autant plus mystérieuses que celui-ci semble connaître la communauté sous toutes ses coutures. Si la cheffe Maggie tombe instantanément sous son charme, son fils Virgile est beaucoup moins enthousiaste. Aidé par son oncle Wayne, créateur d'une forme d'art martial autochtone, il tentera d'éloigner l'étranger de Lac-aux-Loutres - et de sa mère. Et on dirait que les ratons laveurs veulent en faire autant.
Drôle, profonde, lumineuse et remplie d'espoir, l'histoire est servie par l'incontestable talent de conteur et l'humour qui ont fait la renommée de Taylor au Canada anglais. L'édition originale anglaise (Motorcycles & Sweetgrass, Knopf Canada) a été finaliste au prix du Gouverneur général.
Troisième et dernier tome des « Chroniques du Nouvel-Ontario », « Les routes incertaines » suit le parcours sinueux d'une première génération née dans le Nord de l'Ontario, à l'époque turbulente de la Seconde Guerre mondiale.
Du Nord ontarien à l'Afrique, en passant par Montréal, Ottawa et l'Europe, ces routes mènent tantôt à l'ambition tantôt à la déchéance. L'entreprise commerciale des frères Marchessault réussira-t-elle ? Jean-Pierre deviendra-t-il médecin, comme il le souhaite ? Rose-Delima reverra-t-elle Donald, celui qu'elle aime mais que la vie et la culture éloignent ? Cette époque bouleverse les plans de ces jeunes Franco-Ontariens qui, au seuil de l'âge adulte, entrevoyaient leur vie tout autrement. On suit leur parcours jusqu'à l'éclatement du Canada français en 1968.
La parution des « Routes incertaines » dans la Bibliothèque canadienne-française complète la réédition de cette saga, « l'une des oeuvres les plus importantes de la littérature franco-ontarienne, tant par l'envergure que l'indéniable qualité littéraire ». - Doric Germain, Dictionnaire des écrits de l'Ontario français.