Falsifiant des ordonnances, Thérèse a tenté d'empoisonner Bernard, son mari, un homme respectable mais froid, buté. Pour préserver sa famille du scandale, ce dernier a déposé en faveur de sa femme; Thérèse a obtenu un non-lieu. Sur le chemin qui la ramène du tribunal vers son mari, la jeune femme fait défiler sa vie, les blessures qui l'ont poussée à commettre ce crime démoniaque. Peut-être la plus belle, la plus violente prière romanesque de Mauriac.
Non, ce n'était pas l'argent que cet avare chérissait, ce n'était pas de vengeance que ce furieux avait faim. L'objet véritable de son amour, vous le connaîtrez si vous avez la force et le courage d'entendre cet homme jusqu'au dernier aveu que la mort interrompt...
Genitrix est un grand roman de François Mauriac, prix Nobel de littérature, publié en 1932, après Le noeud de vipères et Thérèse Desqueyroux. Il est dédié au frère de l'auteur, Pierre Mauriac, professeur de médecine à Bordeaux.
« Jean Péloueyre, étendu sur son lit, ouvrit les yeux. Les cigales autour de la maison crépitaient. Comme un liquide métal la lumière coulait à travers les persiennes. Jean Péloueyre, la bouche amère, se leva. Il était si petit que la basse glace du trumeau refléta sa pauvre mine, ses joues creuses, un nez long, au bout pointu, rouge et comme usé, pareil à ces sucres d'orge qu'amincissent, en les suçant, de patients garçons. Les cheveux ras s'avançaient en angle aigu sur son front déjà ridé : une grimace découvrit ses gencives, des dents mauvaises. Bien que jamais il ne se fût tant haï, il s'adressa à lui-même de pitoyables paroles : « Sors, promène-toi, pauvre Jean Péloueyre ! » et il caressait de la main une mâchoire mal rasée. Mais comment sortir sans éveiller son père? ». François Mauriac
Dans le Désert de l'amour, nous trouvons deux hommes amoureux de la même femme : un garçon de dix-sept ans et son père, qui en a cinquante-deux. Ni l'un ni l'autre ne l'obtiennent, et aucun ne peut l'oublier.
Cette femme, Maria Cross, est une petite bourgeoise qui, par paresse et go-t du luxe, est devenue une femme entretenue. On parle d'elle avec mépris et comme d'un monstre de science et de perversité. Quand Raymond Courrèges la rencontre, au sortir de l'adolescence, il trouve avec stupeur un petit être quelconque et sentimental, avide d'égard qu'on n'a pas l'habitude de lui accorder. Raymond lui montre une facile goujaterie et se fait mettre à la porte, malgré le go-t très vif qu'a Maria de sa jeunesse et de sa fraîcheur.
Pendant ce temps, elle est elle-même aimée par le docteur Courrèges, qui est son médecin. Mais elle a pour lui ces sentiments de déférence et de respect qui sont bien loin de l'amour, et lui-même, malgré la torture qu'il éprouve, ne peut passer de cet état de conseiller grave et paternel à celui d'amoureux passionné ou transi. Il souffre en silence et nous connaissons peu de peintures plus émouvantes de l'amour que celle de cet homme m-r, grave, réfléchi, que l'angoisse supplice et qui est obligé de vivre au milieu des siens, dans l'atmosphère empesée d'une famille de province, où chacun s'observe, se surveille, se taquine et ne se dit jamais la vérité.
À la fin du livre, Maria Cross a épousé son amant et elle est devenue une bourgeoise définitivement inaccessible. Mais entre le père et le fils Courrèges s'est tissé un lien secret et profondément vivant : " Ils sont parents par Maria Cross. ".
Veuve et mère sublime, Blanche Frontenac se voue à l'éducation de ses enfants, Jean-Louis, José et Yves. Dans un désir d'éternité, elle tente de faire de sa famille une véritable oeuvre d'art. Mais les femmes, la guerre et la littérature bouleverseront ce dessein qui l'unissait à ses fils...
Publié en 1935, La fin de la nuit est une suite à Thérèse Desqueyroux, qui raconte la fin de la vie de l'héroïne.
Dans La Pharisienne (1941), François Mauriac a fait le portrait d'une Maintenon bilieuse qui, forte d'un état de grâce dont elle se prétend l'heureuse bénéficiaire, s'arroge le droit d'intervenir dans la vie des autres avec une autorité sectaire et féroce. La volonté de sainteté peut parfois n'être que le nom déguisé de l'orgueil, de l'insensibilité, des plus destructeurs des péchés. Mauriac délègue à la voix de Louis, le beau-fils de cette marâtre déguisée en pieuse, la tâche de porter un récit ainsi disposé avec toute la complexité qu'il requiert.
Ruiné par sa maîtresse, Oscar Révolou, un grand notaire bordelais, se suicide. Cette mort fissure la façade en même temps qu'elle révèle les fondations de deux familles estimées. Quand l'argent se retire des maisons bourgeoises, les coeurs apparaissent à sec, et ce n'est pas beau à voir.Une véritable banqueroute de l'âme, à laquelle n'échappent, in extremis, que deux figures du sacrifice : Rose, la répudiée christique, et Pierre, le jeune poète révulsé...
Roman de la damnation, de la prédestination, les Chemins de la mer constitue une sorte de sommet de la noirceur et du pessimisme mauriaciens.
A propos des Anges noirs (1936), une revue pieuse demandait qu'on ne le mette pas entre toutes les mains, « parce qu'il pourrait troubler les âmes pures et candides ». Gabriel Gradère, jeune homme séduisant et cynique, livre à l'abbé Forcas le récit de ses pires méfaits. Roman d'apprentissage à la première personne, relatant la vie de Gabriel depuis l'enfance. Le séminaire. Une jeunesse débauchée. Et le déclin de la vie, quand il rencontre Forcas, prêtre de campagne à l'âme généreuse et bienveillante. Ces deux hommes que tout oppose se rencontrent, se découvrent, se comprennent. Loin de tout manichéisme, François Mauriac se promène en équilibriste à la frontière improbable du bien et du mal.
Orphelin de mère, Jacques est un enfant malingre, un rêveur solitaire pétri de catholicisme. Sa cousine Camille, délurée, d'un an sa cadette, le fascine et l'effraie. Bientôt, il l'aimera... Il la désire, il la divinise, mais qu'aime-t-on, à 15 ans, si ce n'est l'amour même? "La femme que je cherche existe et m'attend", dira-t-il dans sa quête d'une autre Camille...
Tout au long de sa vie, François Mauriac a accordé aux journalistes des entretiens qui sont de précieux documents. Le lecteur sera à même désormais, grâce à ce livre, de comparer les réponses que François Mauriac a données à de mêmes questions posées par ses interlocuteurs à différentes époques de sa vie. Enfin et peut-être surtout : il y a là des idées, des sentiments qui nous paraîtront plus personnels, plus instinctifs que ces mêmes idées et ces mêmes sentiments exprimés dans son oeuvre - avantage des entretiens. Keith Goesch, spécialiste de l'oeuvre de François Mauriac, les a recueillis, et groupés par thèmes. Voici François Mauriac le même et pourtant un autre : il est ici à visage découvert, nous lui parlons en direct, à bâtons rompus et il nous semble que nous entrons dans son intimité.
« Ce n'est pas une histoire que je raconte, mais d'abord un portrait que je m'efforce de cerner : avec des traits, des hachures, des retouches, des repentirs, rien qui ressemble à un plan logique et raisonné. Et lorsque la figure apparaîtra telle que je l'ai conçue, je me tournerai, dans une seconde partie, vers de Gaulle lui-même et je ferai une remontée à travers ses textes (dont certains parmi les moins connus), jusqu'à ce que j'aie trouvé la confirmation par de Gaulle lui-même de l'idée que je me suis faite de lui dès le premier jour où nous déjeunions face à face, le Ier septembre 1944, rue Saint-Dominique. »François Mauriac
« Centenaire de Claude Mauriac.
une écriture à l'OEuvre »
Avant-propos, par Marie-Hélène Boblet et Caroline Casseville
Introduction par Philippe Lejeune
Claude Mauriac adepte comblé du journalisme,
par Jean Touzot
L'aventure de Liberté de l'esprit : Claude Mauriac directeur de revue,
par Jeanyves Guérin
Des histoires dans l'Histoire, ou les écritures du Temps. Le voyage de Claude Mauriac
en Tchécoslovaquie en 1938, par Philippe Dazet-Brun
Un avocat dans son siècle. Georges Izard, compagnon de route de la famille Mauriac,
par Yann Delbrel
Les infiltrations de l'invisible : Radio Nuit, par Jean Allemand
« Conversation alibi » : strates et métamorphoses de la « sous-conversation »
dans Le Dîner en ville, par Solenne Montier
La relativité du temps et de l'espace dans l'oeuvre dramatique de Claude Mauriac,
par Miroslava Novotnà
Le cinéma italien dans L'Amour du cinéma de Claude Mauriac,
par Pier Luigi Pinelli
L'oeuvre du père sous le regard du fils dans Le Temps immobile de Claude Mauriac,
par Caroline Casseville
La question de l'identité de l'être dans la foule chez Claude Mauriac
et Laurent Mauvignier : héritages et divergences, par Évelyne Thoizet
Claude Mauriac et nos contemporains, par Marie-Hélène Boblet
INEDITS
Une « Composition française » de Jeanne Mauriac,
présentation par Caroline Casseville
La première chronique de Claude Mauriac dans Sud Ouest
VARIA
Les années Sud Ouest de Claude Mauriac, par Yves Harté
Jean Allemand et Claude Mauriac, par Patrick Chartrain
Prix François Mauriac 2014 :
Lauréat, Kamel Daoud, Meursault contre-enquête, Actes sud, 2014.
o Hommage d'Eric Fottorino, le 10 octobre 2014 en l'hôtel de la Région Aquitaine
Publications
L'année Mauriac (2014)
Hommage à Keith Goesch par Jacques Monférier et Jean Touzot
Ce poème allégorique est une pièce maîtresse dans l'oeuvre de François Mauriac.
"Ce qui était perdu", une oeuvre passionnante de François Mauriac.
Un passionnant recueil de poèmes de François Mauriac, publié en 1949.
« Cet homme, que je suis devenu, restera inconnu. Si jamais je survivais, je sais bien que ce ne serait pas moi, puisque même de mon vivant, je ne suis pas cet homme que les autres imaginent et que je ne sais pas moi-même qui je suis. »
Du 6 février 1934 à l'effondrement de l'O.A.S., François Mauriac a participé à tous les drames, à toutes les joies de notre histoire. "Il a émergé, dit-il de lui-même dans sa Préface, à la vie politique dans les premières années du siècle et depuis bientôt trente ans ne s'est pas privé de la commenter."Il évoque le climat politique de son enfance et de sa jeunesse : sa mère était catholique et conservatrice, son père républicain et antidreyfusard. Marqué par la défaire 1870, ébranlé par "l'Affaire", formé par Charles Maurras et Marc Sangnier, le jeune bourgeois bordelais a découvert seul, à travers les contradictions de sa famille, de ses maîtres, de ses amis, les chemins de la liberté. Ce survivant de l'ancienne France vaincue en 1870, prolongée jusqu'en 1914, a su se dégager de tous les liens qui enserraient son milieu et son temps quand l'exigaient la justice, la foi en l'homme et en Dieu.Avant la dernière guerre, il dénonce l'attentat de Mussolini contre l'Ethiopie et l'Albanie, la montée du fascisme en Europe, il fustige la droite française, prête à toutes les alliances par peur du Front populaire. Pendant la guerre d'Espagne, il ose, avec quelques catholiques courageux, se révolter contre les crimes de ceux qui brandissent l'étendard du Christ : Guernica.Il avait trop pris conscience de "la lâcheté des démocraties" pour être surpris par la guerre de 1939. Durant "la traversée de la nuit", enfermé à Malagar, il crie, dans "le Cahier noir", publié sous le pseudonyme de Forez, sa honte et son espérance. Après la Libération, ce résistant se dresse au nom de la charité contre la fausse justice issue de la Résistance, demande la grâce de Brasillach, obtient celle de Béraud, s'oppose à Albert Camus, Pierre Hervé.La IVe République le déçoit vite : le système politique se détraque, la démocratie chrétienne trahit sa mission. Le monde connaît l'angoisse de la guerre froide. Le drame colonial surgit qui va ébranler la France.Au crous de trente ans d'histoire, François Mauriac n'a pas tenté de jouer un rôle, de tracer une ligne politique : à travers des contradictions qu'il reconnaît s'expriment une fidélité à soi-même, un esprit et un coeur en éveil.
Dans l'avant à ces textes qu'il a recueillis, Keith Goesch écrit : "Selon certains, l'importance d'un écrivain se mesure au nombre de préfaces qu'on lui demande. Que dire alors de François Mauriac, qui en a écrit près d'une centaine ? Ces préfaces, dispersées dans des livres souvent épuisés et introuvables, nous offrent des aperçus nouveaux, parfois insoupçonnés, sur l'homme aussi bien que sur son oeuvre. Afin qu'elles ne soient pas perdues, nous avons eu l'idée d'en recueillir les plus représentatives et de les faire publier en un seul volume, avec notes et commentaires. Nous avons cru devoir y ajouter, dans la deuxième partie de cet ouvrage, les préfaces composées par François Mauriac pour ses OEuvres complètes, textes où l'auteur explique lui-même ses oeuvres et nous fournit ainsi des éclaircissements précieux sur ce qu'il appelle "le mystère de la création littéraire"."
« Un survivant est un remplaçant, un héritier : non seulement l'héritier de tous ses frères immolés, mais de tel mort dont il était l'ami. Chaque tombe oriente une âme. Que nul de ces legs ne demeure en déshérence. Que chacun écoute la voix qui pour lui seul s'élève de la tombe à laquelle il appartient. »
Un texte rare dans lequel François Mauriac se fait chroniqueur judiciaire, prenant la défense d'une femme accussée d'avoir tué son mari pour s'enfuir avec son amant.
Un essai de François Mauriac, auteur du Noeud de vipères et de Thérèse Desqueyroux, sur la vie de Racine.
« Gilbert Périer, parlant de sa soeur Jacqueline et de son frère Blaise Pascal, nous dit: «Leurs coeurs n'étaient qu'un coeur.... » Elle nous dit aussi que Jacqueline était la personne que Blaise aimait le plus au monde. Nous pouvons ajouter : la seule créature qu'il ait aimée jusqu'à la fin, la seule, peut-être, qui l'ait fait souffrir.
Dans l'amour fraternel, comme dans tout autre amour, l'un blesse et l'autre est blessé. Chez les Guérin, Eugénie est la victime de Maurice. Chez les Pascal, c'est Blaise qui subira l'inflexibilité de cette petite janséniste. Mais elle n'a souffert pour lui que lorsqu'il était dans les désordres du monde. Elle n'était pas atteinte dans sa tendresse et ne songeait qu'à le sauver. »