En 1912, l'Ontario devenait la troisième province de la confédération canadienne à interdire l'enseignement en français dans ses écoles. Dès sa promulgation, «l'infâme Règlement 17», comme on est venu à l'appeler, sera vivement contesté par la collectivité franco-ontarienne, alors réunie autour de l'Association canadienne-française d'éducation d'Ontario. Plusieurs groupes et individus -?dont le fondateur du Devoir, Henri Bourassa, l'historien Lionel Groulx et la Société Saint-Jean-Baptiste?- viendront lui prêter main-forte.
Après 15 ans de lutte, le Règlement sera finalement abrogé.
Il existe aujourd'hui plusieurs études sur cette crise, considérée par certains comme le mythe fondateur de l'Ontario français. Peu d'auteurs, cependant, se sont intéressés à son impact sur l'avenir même du Canada français. Au coeur, donc, des nouveaux enjeux que creuse ce collectif se trouve un examen des conséquences de la crise scolaire sur le projet national canadien-français.
Rédigé dans un langage clair et accessible, «Le siècle du Règlement 17» s'adresse à toute personne -??amateur ou spécialiste?- s'intéressant aux luttes des minorités linguistiques, à la francophonie canadienne et, plus largement, à l'histoire du Canada. Il propose dix-sept articles répartis en cinq thèmes?: o L'école franco-ontarienne et l'opinion anglo-canadienne o Les multiples voies de la résistance o Échos politiques et constitutionnels o Les représentations du Règlement 17 dans la sphère littéraire et artistique o La crise scolaire et la reconfiguration du champ intellectuel canadien-français.
En décembre 1972, le premier ouvrage des Éditions d'Acadie est lancé, un tout petit recueil d'un animateur communautaire gauchiste : Cri de terre de Raymond Guy LeBlanc. Aujourd'hui, le milieu littéraire acadien identifie cette publication avec l'émergence de la modernité en Acadie. Et l'année 1972 comme l'année culturelle de référence. Pourquoi ?
Pourquoi cette manifestation - une publication - a-t-elle été si porteuse, bien au-delà de l'ouvrage lui-même ? À force de creuser cette question, David Lonergan s'est aperçu que plusieurs poèmes de Cri de terre avaient été publiés en août 1969 dans la revue Liberté à l'occasion d'un « spécial » Acadie. Que 1969 avait également été marquée par la dernière vague de manifestations étudiantes commencées l'année précédente, ce dont témoigne le film L'Acadie, l'Acadie de Michel Brault et Pierre Perrault. Qu'en 1972, Raymond LeBlanc est un pianiste qui accompagne les chansonniers, Herménégilde Chiasson est un artiste visuel qui écrit de la poésie, Léonard Forest, un cinéaste et poète, que Jacques Savoie compose aussi bien des poèmes que des chansons...
David Lonergan démontre, dans Acadie 72, comment la naissance des Éditions d'Acadie marque l'aboutissement d'une suite d'événements, d'un ensemble de démarches commencées plusieurs années auparavant et qui convergent vers ce point unique. Chaque événement est ici présenté dans son contexte et en lien avec ce qui a précédé.
Plus d'un million de touristes francophones du Québec et du Canada, dont cent cinquante mille « snowbirds », selon l'expression consacrée, se rendent chaque hiver en Floride pour profiter de son climat idéal.
Si cet engouement ne se dément pas, l'histoire des migrations canadiennes-françaises en Floride, qui dépasse largement le cadre du tourisme saisonnier, est quant à elle mal connue. «Plus peur de l'hiver que du Diable» retrace donc, sur plus de cent ans, cette épopée passionnante : de la colonisation agricole du 19e siècle aux vagues d'émigration économique des années 1930, de la naissance du tourisme de masse de l'après-guerre aux enfants d'immigrants, l'étude traite des enjeux entourant toutes ces formes de migration et analyse ses caractéristiques.
Appuyée par des données tirées de fonds d'archives et des enquêtes de terrain, de même que par une solide historiographie, «Plus peur de l'hiver que du Diable» effectue une première véritable synthèse historique du rôle joué par les Canadiens français dans l'état balnéaire.
Cet essai propose de renouveler les termes du débat sur l'identité franco-ontarienne. Il réfute l'idée qu'elle est figée, passéiste, et déconstruit «l'esprit Durham» que les Franco-Ontariens auraient intériorisé et qui les empêcherait de croire à un avenir possible. Il met plutôt en relief les continuités et les ruptures de cette identité minoritaire, en proposant qu'elle procède d'une créolisation créatrice et porteuse d'espoir.
Découpé en trois parties, l'ouvrage situe d'abord la société franco-ontarienne au travers des perspectives théoriques et du parcours personnel de l'auteure, et l'insère dans l'histoire plus globale des peuples minoritaires. Il dresse ensuite un état des lieux du Nouvel-Ontario, et s'attarde aux changements intervenus au sein de ses organismes culturels depuis les années 1970. Enfin, par l'analyse d'un corpus choisi d'oeuvres littéraires à teneur politique issues de Sudbury, il cherche à mettre en valeur une prise de parole qui contribue à dessiner une identité sans cesse renouvelée dans le Nouvel-Ontario.
«Perspectives créoles sur la culture et l'identité franco-ontariennes» appelle les périphéries à participer au grand bouleversement du monde.
«De l'impuissance à l'autonomie» creuse en amont la dislocation du Canada français qui s'est réalisée dans les années 1960. L'ouvrage remet en question l'idée, très répandue, selon laquelle l'essor de l'identité québécoise aurait entraîné à lui seul l'éclatement du Canada français et impulsé le changement d'identité des minorités francophones du pays. Il démontre, au contraire, que la rupture s'est consommée au terme de discontinuités, et ce, au cours des décennies qui précèdent.
Durant la première moitié du XXe siècle, plusieurs événements viennent perturber les relations entre groupes minoritaires et ceux qu'ils perçoivent comme les autres, les Anglo-Canadiens et les Canadiens français du Québec: les crises scolaires en Ontario (1912), au Manitoba (1916) et en Saskatchewan (1931), ainsi que les crises de la conscription (1917 et 1944).
Dans cette étude, l'auteur analyse les discours journalistiques (Le Droit, Le Patriote de l'Ouest, La Liberté, La Survivance) publiés durant ces crises, ainsi que les discours relatifs à l'enfance - dont ceux véhiculés dans la littérature pour la jeunesse canadienne-française. Son objectif: saisir l'impact de ces discours sur les communautés et les mutations qu'ils provoquent dans la représentation collective des minorités.
«De l'impuissance à l'autonomie» permet de rendre compte des glissements identitaires à mesure qu'ils s'opèrent; il met en évidence l'autonomisation graduelle des minorités canadiennes-françaises.
À l'instar des travaux de Louise Péronnet, grande pionnière des études linguistiques acadiennes, les quinze contributions regroupées dans La francophonie en Acadie envisagent la question de la langue française en Acadie sous différentes facettes.
Dix-huit chercheures et chercheurs représentant des disciplines et des approches variées signent des textes consacrés tantôt aux pratiques linguistiques, tantôt aux mouvements et tensions qui marquent l'Acadie, tantôt aux discours produits à l'endroit de cette communauté. La richesse des dynamiques linguistiques et sociales mises au jour constitue un fondement empirique original qui devrait permettre une meilleure compréhension des enjeux à l'oeuvre dans toute situation impliquant de parler une langue, ou une forme de langue, plutôt qu'une autre.
À l'heure où le débat sur la langue fait rage en Acadie (comme souvent dans la francophonie canadienne et québécoise), cet ouvrage a le mérite de penser la francophonie acadienne dans toute sa richesse et sa diversité.
Texte rédigé par Roger Bernard en vue de la défense de l'hôpital Monfort et dont les arguments, présentés aux tribunaux, ont contribué à la sauvegarde de l'institution.
Ce livre raconte l'histoire d'un groupe d'artistes franco-ontariens qui, malgré leur statut de minoritaires, ont réussi à se tailler une place dans la culture francophone de l'Amérique du Nord.
C'est aussi le témoignage d'un écrivain franco-ontarien qui a décidé, un jour, de se joindre à une coopérative de jeunes artistes qui auront construit, de toutes pièces, un centre de diffusion artistique au cour du Nouvel-Ontario.
D'une candeur remarquable, ce récit nous invite dans les coulisses de CANO, la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario. On assiste à la naissance du Théâtre du Nouvel-Ontario, de la maison d'édition Prise de Parole, de la Nuit sur l'étang, de la Slague et du groupe CANO-musique. Ces moments pleins de joie se mêlent aux tragédies de la mort de Suzie Beauchemin et d'André Paiement, pour tisser la toile de fond d'une époque où tout était possible.
Cette enquête, effectuée auprès de plus de 1 500 étudiants et étudiantes francophones du Nord-Est de l'Ontario, démontre que les jeunes franco-ontariens ont communément de hautes aspirations. Celles-ci sont présentées avec, en toile de fond, une description du milieu socio-historique, en plus d'être associées à une conscience collective. La reconstitution du milieu et de l'idéologie montre à quel point les Franco-Ontariens sont tiraillés entre leur admiration et leur méfiance à l'égard de ce qui est anglophone, et leur respect et leur méfiance à l'égard d'eux-mêmes. La mise en évidence de ce tumulte, toutefois, ne s'achève pas sur une note pessimiste : cette recherche montre, en effet, que l'éducation tend à éveiller dans l'esprit franco-ontarien une reconnaissance et une confiance envers le fait français.
La société Charlevoix, fondée à Sudbury en 1992, est une amicale vouée à l'étude de l'Ontario français. Elle se compose d'universitaires appartenant à des disciplines différentes (sociologie, littérature, histoire, économie, ethnologie) et provenant de Sudbury, d'Ottawa et de Toronto. Elle honore la mémoire du jésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix (1682-1761) qui a laissé des observations remarquables sur le territoire ontarien. Cette société publie les « Cahiers Charlevoix » depuis 1995.
Depuis toujours, on affirme que les Canadiens français ont été des participants tardifs aux travaux miniers dans le Nord de l'Ontario. Or, il n'en est rien. Les Canadiens français ont participé pleinement, dès 1886 - année où s'amorcent les premiers travaux miniers dans la région de Sudbury - à ce secteur névralgique de l'économie. À partir des fiches d'embauche de l'INCO, jusqu'alors inexplorées, cette étude pionnière démontre la forte présence canadienne-française dans cette industrie. Une étude qui est désormais une référence.
Au fil des décennies, l'Association canadienne-française d'éducation, devenue plus tard l'Association canadienne-française de l'Ontario (ACFO), a défendu et aidé à développer le fait français à Sudbury et ailleurs. Cette étude fascinante documente : la contribution de l'ACFÉO à la création d'écoles primaires françaises à Sudbury (en dépit de l'interdiction imposée par le Règlement XVII) et à l'éventuelle révocation de cette loi ; les interventions d'une société secrète provinciale, l'Ordre de Jacques Cartier ou la Patente ; le débat autour de la création de l'Université Laurentienne qui a profondément divisé la communauté ; le mouvement décentralisateur mené par Sudbury qui a entraîné la création d'ACFO régionales indépendantes un peu partout en Ontario ; les dossiers nouveaux et plus nombreux - bilinguisme municipal, services de santé, promotion de la femme, etc. - que l'ACFO du Grand Sudbury a tenté de faire progresser, tant bien que mal, au fil des années 70 et 80. Cette histoire de luttes sudburoises intéressera tous ceux et celles qui ont à coeur la promotion de la francophonie canadienne.
Le milieu francophone hors Québec n'accepte pas qu'à la marge de la nation québécoise, il en soit l'extension en tant que minorité nationale. Si son histoire coïncide avec l'avènement d'un espace national, l'espace québécois en quête d'une identité plus forte mais ouverte sur le monde, il entretient toujours l'illusion de la grande nation canadienne française. Certes, il y a participé mais le milieu francophone hors Québec ressemble davantage à un lieu d'errances - capable de grands rassemblements, mais jamais complètement enraciné. C'est un lieu de métissage et d'hybridation.
À la marge, il y a surtout lieu de comprendre davantage comment l'histoire s'est jouée avec et contre le milieu francophone hors Québec. Retracer cette histoire, son inscription dans le débat politique, et tenter de l'interpréter est ce à quoi je me consacre dans la plupart des articles réunis dans ce recueil. Ces derniers s'inscrivent dans une réflexion qui vise à préciser davantage le travail de l'interprétation en milieu francophone hors Québec. Que signifie réfléchir dans ce lieu où l'on se parle avec des accents étrangers, inquiétants, où l'on a été habitué à penser que nous allions tous disparaître? Ce livre s'intéresse particulièrement au discours et à l'engagement politiques.
Pourquoi des Canadiens français ont-ils émigré de la province de Québec pour s'installer dans le Nord de l'Ontario ? Pourquoi Hearst ? Comment se fait-il que des colons aient préféré déficher des terres au Lac Sainte-Thérèse plutôt qu'au Lac Saint-Jean ?
Chercher à répondre à ces questions appelle d'autres questions. Qui sont les migrants ? Pourquoi migrent-ils ? Où migrent-ils ? Quelles sont les conséquences de leur migration ? Quels sont les liens économiques, politiques et idéologiques entre les régions d'origine du québec et celles de destination de l'Ontario ? Quel est le jeu entre l'autonomie du migration entraîne un changement de statut occupationnel ?
Nos réponses à toutes ces questions seront modestes. Ainsi l'objectif principal des recherches est d'expliquer la migration québécoise vers le Nord de l'Ontario. Le travail et l'espoir est une étude sociologique inédite qui relève de la démographie et de l'histoire.
Il est de plus en plus commun de parler de l'Ontario français au pluriel. Jusqu'à tout récemment. Le fait de parler la même langue, d'être de la même religion, de venir des mêmes paroisses des rives du Saint-Laurent, d'être de même origine rurale et modeste avait créé chez les Franco-Ontariennes et Franco-ontariens des diverses régions de la province le sentiment d'appartenir à une même famille. La situation est tout autre maintenant. De nombreux changements ont eu cours au XXe siècle. Ils ont contribué non seulement à transformer l'Ontario français en marquant son passage d'une société traditionnelle à une société moderne, mais surtout à le diviser davantage. Les lieux de vie française sont de plus en plus diversifiés. Il l'image des populations qui les animent. L'identité franco-ontarienne est devenue plus diffuse. Son éclatement, le métissage dont elle est l'objet, ont suscité plusieurs réflexions parmi les interprètes de la communauté franco-ontarienne. Curieusement, les processus de minorisation, de dispersion cl de fragmentation de leur géographie dont procède le changement sont beaucoup moins connus.
L'objectif de cet ouvrage est de démystifier la nouvelle géographie de l'Ontario français. Les contours des divers espaces du français en Ontario seront ainsi tracés, et les milieux dans lesquels ils s'insèrent, décrits en détail. Les modalités de leur imbrication dans l'expérience franco-ontarienne du territoire seront explorées, et l'identité toute particulière qui en découle sera analysée.
Qu'est-ce que la culture française en Ontario ? Quelles formes prend aujourd'hui son insertion dans l'espace ? Par quels processus se transmet-elle d'un lieu à un autre et se diversifie-t-elle ? Comment maintient-elle son unité par delà la distance et la dispersion?? Voici les principales questions qui animent la réflexion. Celle-ci, on l'aura deviné, vise moins à opposer les différents milieux dans lesquels se construit le français au quotidien en Ontario qu'à faire ressortir comment ils participent, chacun à leur manière, à l'édification de la culture franco-ontarienne d'aujourd'hui.
La société Charlevoix, fondée à Sudbury en 1992, est une amicale vouée à l'étude de l'Ontario français. Elle se compose d'universitaires appartenant à des disciplines différentes (sociologie, littérature, histoire, économie, ethnologie) et provenant de Sudbury, d'Ottawa et de Toronto. Elle honore la mémoire du jésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix (1682-1761) qui a laissé des observations remarquables sur le territoire ontarien. Cette société publie les « Cahiers Charlevoix » depuis 1995.
La société Charlevoix, fondée à Sudbury en 1992, est une amicale vouée à l'étude de l'Ontario français. Elle se compose d'universitaires appartenant à des disciplines différentes (sociologie, littérature, histoire, économie, ethnologie) et provenant de Sudbury, d'Ottawa et de Toronto. Elle honore la mémoire du jésuite Pierre-François-Xavier de Charlevoix (1682-1761) qui a laissé des observations remarquables sur le territoire ontarien. Cette société publie les « Cahiers Charlevoix » depuis 1995.
Pour rendre hommage à la carrière exemplaire de l'ethnologue Germain Lemieux, des chercheurs du Québec, du Canada et d'Europe ont participé à un colloque organisé en son honneur par le département de folklore de l'université de Sudbury et le Centre franco-ontarien de folklore. Les actes reprennent les six séances du colloque. / La 1re séance fait connaître le contexte de production de l'oeuvre de Germain Lemieux, en la mettant en parallèle avec celle d'autres religieux qui ont oeuvré en Ontario français et en Acadie. / La 2e séance considère la matière folklorique en tant que source d'inspiration pour les artistes et les enseignants. / La 3e séance, consacrée au conte, explore le jeu des échanges entre l'oral et l'écrit, analyse la gestuelle des conteurs, éclaire la moralité des récits, et apprécie la place et la qualité des sources franco-ontariennes dans le corpus narratif de la francophonie. / La 4e séance, consacrée à la chanson traditionnelle, analyse le répertoire recueilli par Germain Lemieux, étudie la valeur littéraire d'une chanson locale, la « Complainte de Cadieux », les variations d'une chanson type internationale, le « Siège de Mons », et le rôle du chansonnier dans la transmission de la mémoire populaire. / La 5e séance, consacrée à la culture matérielle et sociale, étudie le réseau des artisans forgerons, les caractéristiques de la langue du conte franco ontarien, le patrimoine religieux d'un groupe minoritaire et le rôle de la tradition orale perçue comme acte de communication. / La 6e séance est tournée vers l'avenir. On y dénonce la minorisation culturelle des Franco-Ontariens ; on propose l'économuséologie comme modèle de tourisme culturel ; on critique l'expérience du macro-inventaire du patrimoine québécois, et on suit l'évolution du concept de folklore vers la notion de patrimoine vivant. / Ces actes de colloque, tenus à l'université de Sudbury les 31 octobre, 1er et 3 novembre 1991, ouvrent des perspectives nouvelles pour la compréhension et l'exploitation de l'oeuvre féconde de ce grand ethnologue.
Les années 60 et 70, en Ontario français, sont porteuses de transformations idéologiques retentissantes. Dans la foulée de la Révolution tranquille au Québec, le nationalisme canadien-français traditionnel est chassé du discours dominant, alors même que le gouvernement fédéral, par l'entremise de ses politiques linguistiques, en vient à occuper une place de plus en plus grande dans la vie socioculturelle des minorités françaises. Ces bouleversements entraînent un réaménagement fondamental du discours identitaire des Franco-Ontariens. Les notions de culture, de communauté et d'histoire habituellement associées à la notion canadienne-française sont évincées en faveur d'un discours individualiste. De « Canadiens-Français » qu'ils étaient, les Franco-Ontariens deviennent des « francophones », sans assises culturelles. / « Comment un peuple oublie son nom » trace l'évolution des termes clés de l'identité franco-ontarienne telle qu'elle se manifeste, sur une période de quinze ans, dans la presse française de Sudbury. Les résultats sont probants.
Le plus important des paradigmes en sciences sociales veut que la compétence linguistique, ainsi que la production des idées, s'expliquent principalement par référence à l'origine familiale, en fonction notamment du statut socioéconomique des parents. Ce livre met en évidence le caractère obsolète, voire erroné, d'une telle position. À l'heure actuelle, deux positions s'affrontent en sciences humaines : la première soutient que les sociétés postmodernes évoluent vers la diversification des comportements, allant même jusqu'à s'interroger sur la possibilité, pour l'humain, de vivre en collectivité ; la deuxième annonce l'homogénéité des consciences et des actions et prédit la fin des différences entre les individus. Ce livre démontre que ces positions sont toutes deux à la fois vraies et fausses. Cette étude appuie son propos sur des données originales : des textes rédigés par des jeunes dans divers pays et des questionnaires auxquels ces jeunes ont répondu, des dizaines de codifications de ces textes et de ces questionnaires. La recherche repose sur une collecte de données complexe effectuée dans trois pays (le Canada, la France et la Tunisie) et sur cinq groupes linguistiques (les Canadiens français, les Canadiens anglais, les Français, les Tunisiens francisants et les Tunisiens arabisants). L'un des tours de force de l'ouvrage est d'avoir réussi à opérationnaliser ces hypothèses afin d'en vérifier le statut scientifique.
Analyse sociopolitique, ces essais étudient l'identité et son rapport à la modernité à partir de deux perspectives : la première, de longue durée, évalue le processus de modernisation qui s'est imposé en Occident depuis le début des « Temps modernes » (XVIe et XVIIe siècles) ; la deuxième, perspective plus contemporaine, analyse l'hypermodernité qui traverse nos sociétés au cours des années récentes. Plus concrètement, les essais tentent de comprendre les transformations identitaires de nos sociétés à l'approche XXIe siècle, à la lumière des conséquences du processus de modernisation sur l'identité.
Dans cette étude pionnière. Gaétan Gervais examine la tutelle gouvernementale (1934-1944) des jumelles Dionne. Mise en place pour empêcher une possible exploitation des jumelles par leurs parents, la tutelle servira ironiquement à cautionner une vaste entreprise commerciale dont le gouvernement ontarien et le médecin des quintuplées retireront d'énormes bénéfices. Les luttes engagées dans ce dossier par l'Association canadienne-française d'éducation de l'Ontario (ACFÉO), à la demande des parents, Elzire et Olivia Dionne, ne représentent qu'un chapitre des luttes des Franco-Ontariens pour le contrôle de l'enseignement français et catholique dans leur province. Cette étude jette un nouvel éclairage sur un épisode marquant de l'histoire des Franco-Ontariens. Cette étude a remporté le prix Christine Dimitriu Van Saanen en 2001.