L'auteure de ce recueil n'avait pas 25 ans en l'an 2000. On retrouve dans cette première oeuvre le souffle puissant de la jeunesse, cette matière première si rebelle qui est à l'origine même de l'aventure poétique. « À la mauvaise herbe » rappelle, avec de belles illuminations rimbaldiennes, le voyage intérieur sur la route de l'écriture. Une écriture aux rythmes de cette fin de siècle, empreinte des préoccupations d'une génération inquiète, à la recherche d'une liberté à créer. Une poésie aux images justes, tantôt angoissée, tantôt lyrique et toute en tendresse.
Ce recueil circule aux abords d'une maturité limpide: « d'éclats de rire » en « éclats de vers », il propulse en nous les fragments d'une sérénité à la fois légère et lucide. La Mort rôde, il est vrai, et le poète qui « scribouille sa défaillance », mêle sa réflexion au silence et guette « le sens de la transparence ». Comme dans les écrits antérieurs de Tremblay, le Nord et son « intolérable froidure » aspirent la réalité tel un pôle où viennent se buter toutes les contradictions humaines. Le poète ne nous parle pas d'outre-tombe, mais « d'outre-neige ». Il ose y faire face « au souffle de la mort qui s'ennuie dehors ». De ce point de vue extrême, le poète revient allégé. Il semble avoir transcendé l'angoisse et la peine. Il retrouve les êtres et les choses comme s'il était habité par une mélancolique et magique tendresse. Ce recueil est complété de photos.
« Ce vertige lilas » amène le lecteur à pousser plus loin sa rencontre avec le personnage fou de solitude qu'il avait rencontré au fil des pages de « Sans bagages dans ses frissons », publié en 2001. Cette créature, née d'une longue rêverie, n'avait cessé de réclamer encore l'espace qu'elle avait habité par son poids de désirs.
« Deuils d'automne » est habité par la figure de l'étranger, à la fois proche et lointain ; il est tantôt notre frère recomposant une partie de notre identité et tantôt cette âme errante croisée au coeur de la cité. Tout le recueil est traversé par un itinéraire qui interroge notre rapport à l'existence, à la littérature, à l'amitié tout en soulignant cette difficile communication entre les êtres qui ne peut se transcender qu'à travers notre quête de beauté. Une oeuvre d'où émerge, à travers la prose du quotidien, douleur, amour et solitude, avec, en arrière-fond, une musique venue d'Iran.
D'ici, de demain et « de nulle part », André Leduc pousse un cri d'alarme à l'amour, à la terre. Au fil des textes, le lecteur voit éclater la chair du poète en une énergie chargée d'images, propulsée à la vitesse de la lumière. Le lecteur survole sept cent millions d'années - de l'Égypte à l'Amérique, des pyramides aux gratte-ciel - découvrant en cours de route, un « allô » intime dont l'écho se perd dans le temps, l'espace et la matière.
Dans « le Cahier jaune », on retrouve précisément ce qui fait l'essence de la poésie de Michel Vallières et ce pourquoi on le reconnaît si chaleureusement : une voix singulière, chaude et personnelle qui se révèle dans toute sa fragilité, son inquiétude et son désir. « le Cahier jaune », c'est d'abord et avant tout la voix du poète, une parole rebelle qui laisse le champ libre à l'émotion.
je suis assise au bord de notre histoire
on a fini de déjeuner de nos amours
toi tu es déjà debout à ramasser les miettes
d'une nuit passée en un quart d'heure
si seulement j'avais eu le temps de finir mon café
j'aurais pu lire dans la tasse
le peu d'avenir qu'il nous reste
Par ses ahurissements familiers, ses ironies de secours, ses amours malmenées dans une ville qui en a vu d'autres, «au sud de tes yeux» n'est pas sans rappeler, au féminin très singulier, la terrible lucidité d'un Patrice Desbiens.
Jean Marc Dalpé part à la découverte de New York, Paris et Sudbury. Attablé devant un café ou une bière dans les restaurants, les cafés ou les hôtels, le poète se fait observateur des réalités parfois crues du monde qui l'entoure. Du hard-rock des hôtels du Nouvel-Ontario au jazz de New York en passant par les accordéons de Paris, Jean Marc Dalpé nous fait sentir le rythme quotidien d'ici et d'ailleurs dans un langage qui s'apparente au pouls de la rue.
Avec ce recueil où tendresse et humour font bon ménage, le talent de conteur de Michel Vallières marque de nouveaux points. En quête de sa propre vérité, il relate ses expériences et réflexions personnelles par le biais d'une écriture précise et efficace.
Un monde idéal d'amour, de contes de fées et d'images d'enfance est confronté à des réalités bouleversantes : anges gardiens malveillants, hommes sans bras, femmes dénuées de charité. Pas de rhétorique ni de lunettes roses. Une jeune poète parle des préoccupations actuelles de l'Ontario français.
« Gens d'ici » nous fait découvrir les liens qui rattachent les Canadiens français de l'Ontario à la terre, aux traditions, à la famille, au travail. Ballades, historiettes, légendes, souvenirs et folklore expriment sans conteste leur appartenance à une culture populaire authentique toujours vivante. En dépit des circonstances difficiles qui ont marqué - et marquent encore - notre survivance, surgit l'humour, la joie de vivre caractéristique du « chez-nous » franco-ontarien. » / (« Le Voyageur », 5 novembre 1980)
L'auteure observe avec lucidité une relation tendre et tendue entre une mère et sa fille. Devant une mélancolie envahissante, elle fait appel à la joie pour inventer la mélanjoie. « L'autrement pareille » est une fine exploration des émotions et du quotidien des femmes, à travers le langage qui renvoie aux structures sociales de dominance.
Derrière le mutisme du monde naturel, une femme entend l'écho de la solitude qui l'habite. Elle est à l'affût d'une « fêlure dans le silence », par où pénétrer la mémoire des paysages maritimes. Par là se trouve l'espoir de nommer le secret mystérieux de sa douleur. Par là se trouve la quête d'une « vivante poésie » au coeur même du monde et de l'oubli.
« Ce premier recueil de Michel Dallaire est d'une discrétion infinie : il nous présente une poésie intimiste, touchante, qui explore l'univers doux et feutré de la nuit, du silence ; une poésie qui illustre ces visions d'un envol qui se bouleversent dans le grenier de mes rêves . Comment peut-on aborder ces Regards dans l'eau avec une distance critique ? Ces paroles fragiles, timides doivent être explorées avec douceur, avec amour; elles sont l'amorce d'une conversation nocturne, d'un colloque sentimental , d'un long dialogue avec soi se poursuivant durant ces longues nuits blanches passées parfois dans les noirceurs de l'esprit. »
(« Nos Livres », décembre 1981, no 481.)
Au fil d'une rêverie historique, l'inspiration poétique de Pierre Albert trace l'itinéraire de sa quête d'appartenance. La poésie épouse la douleur d'un espace mal habité et d'une humanité à la fois inspirée et écrasée par le Nord.
Une série de méditations sur le monde contemporain d'ici et d'ailleurs. Face à sa propre tradition, éclatée, comme face à la technologie de pointe, le poète témoigne d'une inquiétude grandissante. Ailleurs - au Pérou, au Maroc - comme ici, l'avenir du monde se prépare dans l'ombre. Le point de départ et le point d'arrivée de ce recueil ne font qu'un : la lucidité douloureuse est la pratique nécessaire de la parole.
« À perce-poche, comment l'expliquer? C'est le rythme d'une poésie qui tente de faire vibrer le coeur de son lecteur, qui tente de réveiller l'humanisme de chacun de nous. Danielle Martin, tout simplement, fait vivre en quelques pages : l'enfance, la vieillesse, la solitude, le quotidien, la mort. C'est douceur, c'est rage, c'est le coeur d'une poétesse. » (La Rotonde, 1980.)
« À perce-poche » est le premier ouvrage de la collection « Les Perce-Neige ».
Un homme se remémore cette femme dont « les yeux l'avaient cloué sur son destin ». Ainsi s'amorce ce récit poétique où brille un amour ancien dans l'écrin patiné d'une totale solitude. Après une descente dans l'enfer de sa peine, le héros retrouve sa force et son intégrité et, sublime beauté, il rejoint sa belle dans les sortilèges de l'écriture : il lui « donne rendez-vous dans ce poème ».
D'une voix distincte, Sylvie Maria Filion explore tour à tour la langue, l'amitié, la mémoire, la douleur et la mort. Une farandole de métaphores est présentée parfois en vers libres, quelques fois en rimes. Les textes sont lyriques, parfois ludiques et drôles comme des comptines d'enfant. Une voix originale, qui résonne de fougue, de rébellion, de hardiesse et d'invention.
« Le jour est seul ici » est un éloge paradoxal aux puissances de la poésie. Sans complaisance, le poète affirme que ces fragiles échafaudages de la parole sont destinés à s'écrouler sous le poids du mystère qu'ils révèlent.
« Au soleil du souffle » intériorise l'expérience du poète ; sa présence au monde est tributaire d'une certaine façon d'être qui exige une parfaite conscience et une pleine jouissance de chaque instant. Andrée Lacelle-Bourdon s'harmonise très bien avec une nature conciliante où elle peut à merveille approfondir le lyrisme de son existence. Les cinq poèmes d'inégale longueur qui forment le recueil proposent un itinéraire entièrement axé sur des thèmes qui se perçoivent dans une imagerie très symbolique.
« Le poème, c'est l'acte d'être au monde à part entière, au plus intime de notre vie comme au sein de notre collectivité. Consciemment ou inconsciemment, le destin personnel participe du destin collectif. Ce sont des espaces inséparables. Toute poésie est résistance et maîtresse des lieux, car elle occupe la langue et le langage. Parole surgie de la mémoire et de tant d'inconnu, sa pensée part du coeur. Lucide, le poème cherche à dire l'histoire de nos histoires. »
- Andrée Lacelle, Dire la lumière de notre colère, préface
«Résister», «résistant», «résistante», «résistance» : c'est autour de ces mots nécessaires hier et aujourd'hui que trente-sept poètes de tous les horizons culturels de l'Ontario français créent un recueil qui ne cédera ni à la menace ni au temps.
Cet acte de création s'inscrit dans un mouvement de mobilisation artistique et citoyen face aux attaques du gouvernement Ford à l'encontre de la collectivité franco-ontarienne. Les poètes, par leurs vers, tiennent tête à l'autorité. Animés d'un sentiment vivace, et à l'instar des matériaux les plus nobles, ils résistent au temps, aux causes de la dissolution et aux limitations de leurs libertés.
Avec les textes de : Angèle Bassolé, Sylvie Bérard, Jean Boisjoli, Hédi Bouraoui, Frédérique Champagne, Nicole V. Champeau, André Charlebois, Éric Charlebois, Tina Charlebois, Margaret Michèle Cook, Antoine Côté Legault, Sonia-Sophie Courdeau, Jean Marc Dalpé, Thierry Dimanche, Daniel Groleau Landry, Brigitte Haentjens, Andrée Lacelle, Gilles Lacombe, Chloé LaDuchesse, Clara Lagacé, Gilles Latour, Louis Patrick Leroux, David Ménard, Blaise Ndala, Gabriel Osson, Michel Ouellette, Catherine Parayre, François B. Pelletier, Pierre Raphaël Pelletier, Stefan Psenak, Pierrot Ross-Tremblay, Paul Ruban, Paul Savoie, Elsie Suréna, Véronique Sylvain, Michel Thérien et Lélia Young.
«J'écoute cette voix confondue dans le souffle, ces veines comme une carte géographique projetée sur le visage, cette insistance à se remémorer les menus détails comme une vérification ultime, et je pense à mon père, assis sur son dernier lit, regardant devant lui la longue vie qui fut la sienne, le silence prenant qui envahissait la chambre où il allait décéder une semaine plus tard. Je me dis qu'il est peut-être temps de passer une partie de ma vie à écouter ces histoires, qui n'ont pas plus de direction qu'elles n'ont de sens, mais qui témoignent d'un passage, d'un parcours, d'un trajet, d'une errance si semblable à la mienne, à la nôtre au fond, perdue et retrouvée dans celle des autres.»
« ÉmotionS » est le septième d'une série de douze ouvrages intitulée « Autoportrait », publiés au rythme d'un par mois en 2014. Chaque ouvrage répond à une consigne singulière et son titre débute par une lettre du prénom de l'auteur.
De ce projet inusité, l'auteur dit «[...] l'armature du texte était de prendre mon nom, qui a douze lettres, de le décomposer sur douze mois. Douze, c'est un chiffre mystique aussi [...].»
Sans connaître vraiment la durée du voyage, ni la direction des vents ou la profondeur des eaux, s'enfoncer avec l'espoir d'absorber dans ses yeux toute la masse fluide des cieux et des remous, et de voir apparaître soudain quantité d'aigles dont le vol puissant et serein répandra sa bénédiction sur le silence qui s'installe dans l'éloignement des voix, sur ceux qui de la terre agitent leurs mains, ignorant les termes du contrat à établir.
GesteS » est le huitième d'une série de douze ouvrages intitulée « Autoportrait », publiés au rythme d'un par mois en 2014. Chaque ouvrage répond à une consigne singulière et son titre débute par une lettre du prénom de l'auteur.
Le résultat est ample, chaleureux et tendre.