Ce livre s'efforce d'analyser le tournant sartrien, s'effectuant en plusieurs étapes; de la phénoménologie vers le matérialisme, et de l'existentialisme phénoménologique vers l'existentialo-marxisme qui caractérise la Critique de la Raison dialectique. Ce tournant est analysé par l'auteur à partir de l'évolution philosophique du concept de "praxis", dans l'oeuvre philosophique sartrienne.
Depuis 1963, les régimes baathistes ont tenté de façonner un cinéma à leur image. Ce projet a néanmoins été contesté par des cinéastes qui ont investi cet art en contournant les contraintes fluctuantes imposées par un système de production supervisé par l'Etat. Paradoxalement, dès les années 70, le cinéma financé par le secteur public devient un espace d'expression critique. Cet ouvrage propose une incursion au coeur des films pour saisir ce qu'ils nous disent de l'ordre politique en Syrie jusque dans les années 2000.
Cet essai est la réflexion d'une sage-femme qui, depuis trente ans, a accompagné des femmes pendant leur grossesse et après la naissance de leur enfant, écoutant leur questionnement sur l'arrivée au monde d'un enfant désormais « désiré ». La révolution dans la procréation et la transformation de la famille concerne chacun d'entre nous. Faut-il redouter que les forces aveugles de la nature ou du destin soient remplacées par la rigueur glaciale et anonyme de la technoscience et de son « expertise » ?
La guerre est-elle un accident des sociétés ou appartient-elle à leur constitution même ? Telle est la question posée par Foucault dans son Cours de 1976 « Il faut défendre la société ». Renversant le célèbre aphorisme de Clausewitz sur « la guerre prolongée par la politique », il démontre comment un « dispositif de guerre » s'est introduit dans le discours politique moderne comme « guerre continuée » ou guerre nécessaire à la fois comme guerre des races, lutte des classes, social racisme et racisme d'État.
Les philosophies orientales ne posent guère la question du rapport de l'homme et de la femme, puisqu'elles se réfèrent à un ordre immuable: l'homme dominant et positif, la femme dominée et négative.
L'Occident seul a semblé pressentir qu'il y avait là un problème. Mais sa façon de le traiter en philosophie n'aboutit guère à un ordre différent. La hiérarchie est maintenue ; mieux encore, la misogynie, si elle ne va pas de soi, n'en est que plus argumentée, expliquée, justifiée. Pourquoi? Pourquoi le féminin n'est-il vu que sous l'aspect défavorable ? Pourquoi la femme n'est-elle qu'un homme diminué (paganisme), ou une diminutrice de l'homme (temps modernes)? Françoise d'Eaubonne tente ici une explication et une réponse.
L'École de Francfort a dû affronter les tourments et le réel apocalyptique des totalitarismes. La théorie critique foisonne de penseurs en marge de cette école (Ernst Bloch, Georg Lukács, Walter Benjamin) ou de représentants officiels (Max Horkheimer, Theodor Adorno). Leurs philosophies de l'histoire s'inscrivent dans un rapport conflictuel -dialectique vis-à-vis des Lumières, de Hegel et de Marx. Le questionnement du sens et de la fin de l'histoire en ce début du XXIe siècle prolonge cet héritage.
Artaud fut pour Deleuze la "profondeur absolue en littérature". Tous deux partagent justement une conception de la pensée originale, tout à la fois impossible et imprévisible, jumelle de la folie. Les voyages d'Artaud au Mexique, solaire et merveilleux, puis en Irlande, tragique, le condamnèrent à neuf années d'enfermement asilaire. Seul Artaud a, aux yeux de Deleuze, traversé le "mur du sens" : il serait le seul à avoir sondé la puissance de la pensée et du corps. Quels plateaux de la pensée et du corps pouvons-nous à notre tour arpenter ? Quelle pensée pouvons-nous élaborer à partir de la rencontre du philosophe avec le poète ?
La philosophie a longtemps été une simple matière d'un programme sanctionnant la fin des études secondaires. Comment se connaître pour agir avec les autres et apprendre à jouer son rôle de futur adulte au sein de notre société, tel est l'enjeu de la philosophie d'aujourd'hui. L'auteure témoigne qu'en organisant des débats à visée philosophique dès l'école primaire, l'enfant trouve matière à mieux s'ouvrir au monde. Et par là même, à être mieux armé pour déjouer les pièges des influences médiatiques et des réseaux sociaux. Cet ouvrage montre que de tels débats sont des outils d'épanouissement de l'enfant et du groupe, à la condition qu'ils soient menés par de véritables professionnels de l'éducation. La philosophie mise en pratique dès le plus jeune âge retrouve sa vocation première : apprendre à mieux réfléchir pour vivre mieux.
Ce livre cherche à montrer comment l'eau, à la fois réalité et symbole, nourrit la pensée de Platon. Quelle est l'origine de cette thématique et quelles en sont les finalités ? À travers ces interrogations, il s'agit de mettre en lumière la fonction de cette matière particulière dont les aspects sont déclinés de manière originale dans l'ensemble de son oeuvre.
L'auteur nous fait redécouvrir les premiers philosophes à avoir abordé la question du "je", du "moi", du "sujet" (Descartes, Husserl, Nietzsche), ce que Paul Ricoeur appelle le "cogito blessé ou brisé". Selon lui, c'est en s'éloignant d'une réflexivité immédiate sur soi, en faisant le détour par les médiations, que l'on peut espérer mieux se connaître soi-même. Cette étude est donc essentiellement un procès du cogito cartésien.
Cet essai aborde un thme encore non trait dans une perspective mthodologique. En gnral, le concept de crise est accompagn soit d'un adjectif ou d'une prposition, en ce que toute crise est toujours crise de... Mais on n'tudie pas le concept de crise en soi. D'o l'originalit et la nouveaut de cette rflexion. Ce texte succinct suggre un cadre thorique critique pour l'analyse d'une crise quelconque, partir de la mthode dialectique.
La notion de genre est mise en regard du concept de sexe, dont on défend la pertinence politique et d'égalité comme horizon d'une émancipation, d'un bien vivre-ensemble. De nombreux champs sont couverts, de la philosophie politique aux arts contemporains
Si l'Homme n'a aucune emprise sur cette durée qui lui échappe, du moins peut-il essayer de l'apprivoiser par une forme d'art telle l'écriture, qui rend éternel ce qu'elle exprime. Chercher à comprendre cet espace subjectif nous amène à retrouver le passé, soit par le travail de la mémoire volontaire, soit par la mémoire involontaire : une odeur, un son, un geste qui feront resurgir une multitude de souvenirs que nous pensions avoir oubliés. Ce n'est donc pas un hasard si Beckett s'est autant intéressé à l'oeuvre de Proust.
Cet essai aborde la théorie de l'inconscient élaborée par Deleuze et Guattari en 1972 dans L'Anti-Oedipe. Il met en évidence le rôle central de la pulsion de mort dans ce livre emblématique des « philosophies du désir » des années 70. A la lumière de textes psychanalytiques et philosophiques, le projet deleuzo-guattarien est ici présenté dans toute sa cohérence, avec les principales transformations conceptuelles qu'il mobilise.
Le modèle républicain français se trouve au coeur de bien des interrogations. A l'heure d'une mondialisation néolibérale qui se joue des frontières, la République telle qu'elle s'est construite en France depuis la Révolution, et qui entretient un rapport indéfectible à la Nation, pourrait même faire figure de modèle archaïque, dépassé et obsolète...
Lou Andreas-Salomé et Catherine Pozzi n'ont guère eu le droit de cité dans l'histoire de la philosophie et leur destin d'intellectuelles s'est souvent vu occulté par leur proximité avec de grandes figures dans l'ombre desquelles leur oeuvre aura grandi. Nietzsche, Rilke ou Freud pour l'une, qui aura pâti tout autant que joui de son statut d'égérie, Paul Valéry pour l'autre, qui en aura été l'amante ombrageuse. Cet ouvrage propose une lecture philosophique de ces deux femmes pour saisir au plus près leurs ambivalences.
Il y a, à n'en pas douter, un moment 1968, dans la pensée philosophique. La rencontre des deux auteurs en 1969, juste après les évènements de Mai 68, a été à l'origine d'une longue et féconde collaboration. L'apport de Guattari à l'oeuvre commune a été trop souvent sous-estimé. Cet ouvrage pose les jalons biographiques et théoriques pour la nécessaire réévaluation du rôle de Guattari.
Comment penser l'âme humaine, sa nature, son origine et son devenir ? C'est sur le mode de la discussion scolastique, en faisant alterner dans un dense réseau argumentatif les gloses théologiques et les analyses métaphysiques, qu'Ostad Elahi aborde ici les fondements rationnels de toute doctrine de l'âme.
De nombreuses appellations, telles "nouveau cirque", "cirque actuel", "cirque de création", tentent de cerner des démarches et des spectacles concrétisés par de nouvelles générations. A partir de quelques problématiques, comme la constitution du genre et son institutionnalisation ou le croisement avec les autres arts (danse et théâtre), cet ouvrage mêle considérations esthétiques et analyses de spectacles et pointe l'hétérogénéité d'une création plurielle.
Dans sa provenance kierkegaardienne, la répétition n'est pas un concept de la pensée pure. L'esthétique de la répétition n'a cessé d'inspirer le théâtre (Ibsen, Strindberg), mais aussi le cinéma dans sa continuité et sa rupture avec le théâtre (Dreyer), comme dans sa volonté de pleine assomption de l'imaginaire renaissant à lui-même (Bergman). La répétition n'est pas seulement un principe spirituel au plan éthique, mais ce qui au plan esthétique affecte l'art dans sa forme même.
Fruit d'une lecture à la fois critique et sympathique de L'Homme révolté (1951), cet ouvrage, consacré à l'un des essais les plus célèbres mais aussi les plus controversés de Camus, s'efforce de cerner l'un des motifs centraux de sa pensée : la révolte. En quoi la révolte est-elle distincte de la révolution ?
Le présent ouvrage apporte une contribution à la pratique plastique de l'art de la performance, qui pourrait se définir comme un art travaillant les normes de la représentation. À partir de cette pratique, il s'agira d'imposer dans le champ de l'art une figure travestie et dansante, interrogeant les normes du genre et du désir.
L'histoire de l'humanité se confond avec celle de la violence, et notre monde vit dans un état de violence presque permanent. Cette situation ne peut laisser indifférent le philosophe qui réfléchit sur la politique. Ce livre expose les théories de Maurice Merleau-Ponty et Hannah Arendt sur la violence. Si pour l'un elle fait partie de l'essence du politique, pour l'autre elle est antipolitique.
Spectateur engagé et acteur critique de son époque, solidaire des « vaincus » violentés par les tumultes de l'Histoire, Walter Benjamin emprunte de nombreux chemins critiques de manière transversale. Marxiste atypique, il construit avec ténacité une esthétique et une politique de l'émancipation. Les textes ici rassemblés évoquent ses discussions avec, notamment, Theodor W. Adorno, Ernst Bloch et Bertolt Brecht. Ils présentent également ses conceptions sur l'art, et abordent ses novatrices contributions radiophoniques.