A lire Alexandre Pouchkine on a l'impression qu'il pense en vers tant sa poésie coule de façon limpide. Quand il commence à écrire Eugène Onéguine, le poète a laissé derrière lui sa période romantique. Le ton est libre, tour à tour grave, mélancolique, empreint d'humour. Pouchkine porte un regard pénétrant, voire caustique, sur les castes dirigeantes et nous dépeint le petit peuple, le monde du théâtre et de la littérature. Si son héros donne son nom au roman, c'est avec amour que Pouchkine trace le portrait de Tatiana, jeune femme aux hautes aspirations morales, sensible et cultivée.
Léon-Gontran Damas a vécu une Négritude entière en faisant concorder remarquablement sa pensée et ses actions. Sa primauté et son entièreté dans le mouvement de la Négritude sont indéniables. Pourtant, sa contribution poétique et idéologique reste minorisée et reléguée aux rangs de négligeable. Ainsi, tout en amplifiant le savoir sur la poésie particulière de Damas et sur celle de la Négritude en général, cette série d'appréciations critiques et correctives des exégètes les plus érudits de l'oeuvre de Léon-Gontran Damas, propose d'abolir définitivement la minoration et relégation.
"Il aurait cent-deux ans... mais il reste notre contemporain. Non parce qu'il est cité à tout va : son nom revient sans cesse, comme si l'on voulait rehausser un discours d'une référence à Camus ou bien d'une citation - souvent erronée ! Loin du consensus mou, dans lequel on l'enrôle après lui avoir soigneusement ôté son énergie décapante, sa pensée toute en nuances et ses questionnements dérangeants, Camus continue à être lu, connu, aimé..." Agnès Spiquel, Présidente de la Société des Etudes Camusiennes.
Cet essai destiné aux nombreux admirateurs de Robinson Crusoé et aux lecteurs de Patrick Chamoiseau, ainsi qu'aux chercheurs et étudiants en littérature antillaise. Puisqu'à l'écrit comme à l'oral, Chamoiseau se réfère au Robinson Crusoé de Daniel Defoe et à Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, ce seront les principaux textes auxquels sera mesuré son livre L'Empreinte à Crusoé.
Probablement dernier avatar du questionnement de la migration en littérature, les écritures migrantes se présentent comme une figuration de l'entre-deux. Analysées à partir du trauma du départ, de la mobilité et de l'intégration dans le pays d'accueil, elles engendrent des configurations thématiques, narratives et discursives fécondes et problématiques. Les analyses de ce collectif migrent de la question de l'exil vers une mise en texte et en discours des conditions et circonstances de l'émigration/immigration dans la production littéraire.
Ce volume contient l'ensemble de l'accompagnement critique des oeuvres poétiques de Maïakovski, suivi d'une chronique du descellement progressif du monde soviétique aux formes complexes et contradictoires ayant marqué l'histoire sous le terme de Perestroïka.
Les Mille et Une Nuits sont une oeuvre emblématique de la culture arabe. Après une mise au point concernant les liens complexes entre contes, mythes et légendes, deux figures centrales de l'oeuvre - Salomon et Haroun al-Rachid - sont examinées à la lumière de l'histoire et de la littérature. L'objectif d'une telle exploration de l'imaginaire arabe est d'expliciter le processus de mythification et de clarifier les enjeux culturels et politiques qui se profilent derrière ces figures.
Avec Vladimir Nabokov, Nina Berberova (1901-1993) est l'un des auteurs de la première vague de l'émigration russe les plus connus en France. Lors du périple qui la conduit de Saint-Pétersbourg à Philadelphie, en passant par Paris et New-York, elle devient le témoin privilégié de tous les grands événements : la révolution d'Octobre, les deux guerres mondiales, la chute du mur de Berlin, la fin du régime communiste. Découverte par Hubert Nyssen en 1985, avec son roman L'Accompagnatrice, Nina Berberova a connu à la fin de sa vie un succès fulgurant.
Dans le tumultueux panorama des années 70, l'intérêt pour l'épisode soviétique est complété par un engagement dans les perspectives ouvertes en France par mai 68, spécialement dans les domaines intellectuels et universitaires et en particulier à travers un épisode majeur du moment, l'Université de Vincennes devenue Paris VIII à Saint-Denis.
Aharon Appelfeld, dans son écriture unique qui touche l'au-delà, rend l'histoire juive contemporaine éternelle. Il crée un tissu à la fois fin et terrible où le passé lointain, le passé proche et le présent projettent un regard nouveau sur l'avenir. La fiction n'est que documentaire, la narration empruntée au vécu ; c'est pourquoi cette monographie est fondée sur des "va-et-vient" entre le réel et l'imaginaire, entre la vie et le récit, entre l'histoire véritable et l'histoire de l'histoire.
Tchekhov est parti dans une guerre idéologique de dénonciation du bagne à une époque où les frontières qui séparent le reportage de la fiction demeurent encore perméables. A travers ces correspondances, il offre une vision alternative de la situation de la relégation et de la Sibérie qui contraste avec la version officielle. Il espère ainsi susciter une vague d'indignation et creuser l'écart entre le propagande gouvernementale et la réalité qu'il découvre.
La question que pose le tire de ce volume est celle de la place du théâtre, ou de la poésie dramatique, dans ce qu'on appelle "société". En cette époque où tout ce qui se sur-nomme art et culture oscille comme un pendule entre l'institutionnel et la démonstration égoïque, il est peut-être temps de se demander ce que peut faire le théâtre pour ranimer, réinventer, égayer le sens et de la poésie et de la politique : la vocation du théâtre serait de dépasser la question formelle et de donner la réplique à la rhétorique dominante.
Qui sont poètes et quelle est leur mission ? Ce sont des chevaliers de la plume, mais surtout de véritables guerriers et d'irréductibles intercepteurs, placés en faction pour faire le guet contre les détracteurs et les ennemis de la cité. Jacques Roumain par ces oeuvres n'a fait que prouver son exaltante dévotion à l'endroit de la cité : l'île tragique d'Haïti. Son oeuvre manifeste cette grande fidélité et cet attachement viscéral à son peuple et aux peuples du monde.
Cet ouvrage de synthèse a pris le parti d'interroger un enseignement théâtral adressé à des apprenants de français de diverses origines afin de donner cohérence à l'élaboration d'un paradigme original établissant une transversalité autour des notions de corps, parole, culture(s), considérées comme les moyens de l'expression du sujet. Ces notions sont définies et travaillées dans leurs diverses co-articulations quant à un éventuel accès esthétique à la parole en langue étrangère par la voie théâtrale et le chemin poétique.
Pourquoi lire les lettres du voyage à Sakhaline, perdues qu'elles sont dans l'immense correspondance échangée par Tchekhov sa vie durant ? Dans ces lettres, reflet d'un voyage refuge, on voit la personnalité de l'homme-personnage Tchekhov évoluer, mûrir, se développer, chercher comme dans un miroir son visage, celui d'un homme qui, à chaque pas, s'éloigne du monde, envoûté par les dangers qu'il côtoie, envahi du sentiment tantôt euphorique, tantôt désespéré de celui qui in fine ne dépend plus que de lui-même.
La vie et l'oeuvre de Mongo Beti symbolisent la poétique de la liberté. Cet essai examine tour à tour le théoricien de l'engagement, le praticien de la dissidence, le militant flamboyant, l'éditeur iconoclaste et l'écrivain engagé. Un itinéraire peu commun. L'étude prend à contre-pied la marginalisation institutionnelle de l'écrivain rebelle, une des voix les plus authentiques du monde noir.
Par une lecture intertextuelle, l'auteur montre en quoi l'écriture romanesque de Mabanckou procède de la poétique transculturelle et transtextuelle. Il en vient à la conclusion que Mabanckou, par des procédés ludiques, comiques et carnavalesques, se joue de tout. Il désacralise le sérieux en le mêlant au trivial, inscrivant son oeuvre dans le courant d'une esthétique de la fragmentation et de l'hétérogénéité.
Contrairement aux études traditionnelles qui tendent à cerner le pied-noir dans le rapport incestueux qu'il entretient entre métropole et colonie et qui le réduisent au contexte caduque de la guerre d'Algérie, ce volume propose une analyse interdisciplinaire de l'identité pied-noir visant à en explorer la pluralité à travers ses représentations graphiques, littéraires et cinématiques, que celles-ci émanent ou non d'artistes pieds-noirs.
Gérard Étienne est considéré comme l'un des grands écrivains de la diaspora haïtienne au Canada. Du pays natal à la terre d'accueil, il a réalisé une oeuvre féconde et variée qui a investi cette écriture migrante de plus en plus importante dans le champ littéraire québécois. Les différentes études présentées dans cet ouvrage ont pour but de dégager les grandes lignes thématiques, idéologiques, stylistiques et discursives qui caractérisent son oeuvre romanesque.
À travers ces romans, assez représentatifs de la poétique de ces deux écrivains majeurs de l'univers francophone, se dégage un souffle littéraire qui, tout en revendiquant l'ancrage aux sources, crée une rupture tant sur le fond que sur la forme. Ils y parviennent par le biais d'un jeu sur la thématique et sur l'écriture. Ces composantes permettent de revisiter l'héritage aristotélicien tout en y insérant, avec subtilité, la flexibilité dont se réclame la modernité.
L'oeuvre de René Depestre, poète et écrivain d'origine haïtienne, reflète le charme, la sensualité souriante d'un homme qui n'a pas peur, pas peur des femmes, de ce qu'elles sont. Les femmes ont en René Depestre un poète pour elles - ce qu'il écrit n'a rien à voir avec la pornographie qu'il abhorre, mais avec un panhumanisme généreux et universaliste. Il met la femme à sa place, au coeur du réel et de la vie.
Au long de ces pages, les auteures ouvrent au lecteur un imaginaire dont il n'est jamais certain de ressortir intact... Cinq nouvelles, distinguées par le jury comme autant de perles parmi cent cinquante-cinq textes souvent de grande qualité, composent ce recueil de l'édition 2013 du concours de la Nouvelle George Sand, dont le thème était "Je me souviens".
Henri Bosco, durant la Première Guerre Mondiale, rencontre Robert Laurent-Vibert; ils projettent la restauration du château de Lourmarin, au pied du Lubéron, montagne qu'il vénère. L'écrivain devient en 1941 l'administrateur de ce qui est devenu la Villa Médicis provençale. C'est là que l'écrivain m'a reçue de nombreuses fois. J'avais choisi comme sujet pour le Diplôme d'Etudes Supérieures, Le Mas Théotime, son roman le plus célèbre. C'est ainsi que, pendant toute une année, Henri Bosco m'a donné un grand nombre de précisions sur le Mas Théotime et sa pensée en général.
Ce livre se propose d'examiner la littérature française telle qu'elle se présente au miroir de la lecture de l'auteur serbe, Ivo Andric, prix Nobel de littérature. Les livres français qu'Andric a lus semblent faire partie d'une bibliothèque idéale, dont les différents auteurs sont unis par la personnalité même de leur lecteur, qui s'arrête sur les passages où il trouve la projection de ses propres idées, mais aussi l'expression d'un message universel.