Dans les pays démocratiques, la légitimité est contestée à tout instant, transformant une démocratie fondée sur la confiance accordée pour une durée pré-déterminée en une démocratie d'opinion scandée par des sondages quotidiens sur tout et n'importe quoi.
Pourtant, la légitimité et plus encore le processus de légitimation qui y conduit, demeurent un élément indispensable au fonctionnement de nos régimes politiques, quitte à ce que les procès en illégitimité minent de l'intérieur le système démocratique lui-même. C'est ce que montre l'ouvrage d'Yves Mény qui, remontant à la pensée de Max Weber, analyse les évolutions et permanences du notion aussi malléable que centrale.
Politologue, président émérite de l'Institut universitaire européen de Florence, Yves Mény a enseigné aux Universités de Rennes 1, Paris 2 et à Sciences Po ainsi que dans de nombreuses universités étrangères. Il a notamment publié, aux Presses de Sciences Po, Imparfaites démocraties (2019).
La démocratie est un livre ouvert dont toutes les pages ne sont pas écrites. Les démocraties se sont inventées, modifiées, adaptées et on est loin d'avoir épuisé les ressources de l'imagination et de l'expérimentation. S'il y a une révolution à faire, c'est bien là. Imparfaite par essence, la démocratie suscite critiques et désillusions. Cet état de crise, de remise en cause, permanente est son talon d'Achille, et aussi sa grandeur. Aujourd'hui, rien ne semble pouvoir endiguer la vague populiste qui déferle sur le monde. Partout, l'idéal de liberté, d'égalité et de fraternité recule, tandis que les peuples cèdent à la tentation de l'homme fort. Sommes-nous pour autant à la veille d'un effondrement démocratique ? Au regard des changements économiques et politiques en cours dans des pays comme l'Italie, les États-Unis, le Royaume Uni et la France, l'auteur fait plutôt le pari que les démocraties sauront se réinventer. Comme elles ont toujours su le faire depuis deux siècles, en incorporant des éléments exogènes tels que l'État de droit, le libéralisme politique ou l'État providence.
La vie, la mort, le sexe : ces trois thèmes n'ont cessé de hanter l'homme, cet étrange animal pensant. Peu de civilisations anciennes cependant ont développé, comme l'ont fait les Grecs 500 ans avant notre ère, des réflexions et des pratiques sociales aussi voisines des nôtres encore aujourd'hui. Ils ont été plus loin que quiconque dans l'élaboration d'une pensée qui s'interroge sur la place et le rôle de l'homme au sein de l'univers. Certes, les dieux sont omniprésents. Mais ce sont des humains divinisés qui ne différent guère des mortels que par leur privilège de l'immortalité. Les Grecs ont anticipé comme personne nos questionnements, nos angoisses, nos passions, nos interrogations, nos rapports avec la vie, la nature, le temps, l'amour, la mort. Nous divergeons parfois, nous convergeons souvent, mais le plus fascinant est le dialogue qui ne cesse de s'établir avec eux depuis 2500 ans.
Il n'est guère de thème de la politique moderne qui n'ait été discuté, vécu et affronté par le premier système démocratique inventé dans une cité de taille modeste aux IVe et Ve siècles avant notre ère. Trois mille ans après l'émergence de cette prodigieuse utopie, la grammaire du "bon gouvernement" est celle qu'ont utilisée Solon ou Clisthène, Périclès, Platon, Aristote ou Plutarque. Les Grecs ont créé et imaginé les concepts pour lesquels nous combattons encore aujourd'hui : participation, délibération, égalité devant la loi, assemblée, démocratie directe, contrôle démocratique, citoyenneté, autochtonie, etc. L'héritage grec est plus moderne que jamais à un moment où les formes contemporaines de la démocratie sont en crise et alors que des mouvements radicaux américains réclament la suppression des études classiques. Les mythes, la philosophie, les institutions grecques peuvent encore nous apprendre beaucoup, même sur Donald Trump, les Gilets jaunes ou le déficit démocratique de l'Union européenne.
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Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Actes du colloque de l'Association française de science politique, 23-24 mars 1994.