je suis assise au bord de notre histoire
on a fini de déjeuner de nos amours
toi tu es déjà debout à ramasser les miettes
d'une nuit passée en un quart d'heure
si seulement j'avais eu le temps de finir mon café
j'aurais pu lire dans la tasse
le peu d'avenir qu'il nous reste
Par ses ahurissements familiers, ses ironies de secours, ses amours malmenées dans une ville qui en a vu d'autres, «au sud de tes yeux» n'est pas sans rappeler, au féminin très singulier, la terrible lucidité d'un Patrice Desbiens.
«Cette ville où je déambule» évoque, de façon impressionniste, la montée d'une relation amoureuse et sa chute sous une lune changeante. À la beauté et la douce folie issues de l'enchantement succéderont le tourment et la perte de l'espoir. La guérison viendra plus tard dans l'exil de la mémoire. Dans ce recueil clair-obscur énigmatique où le quotidien se fond dans la matérialité, les émotions et les mots, les désirs se bousculent pour donner forme au réel.
Admirablement construite, la prose poétique de Jimenez entraîne le lecteur dans un tourbillon d'émotions et de pensées complexes qui rendent hommage au corps, ce que viennent appuyer plusieurs photographies en noir et blanc réalisées par l'auteure.