Xabi, éditeur basque, lâche tout, y compris ses proches, pour reprendre la librairie d'un ami d'enfance touché par le coronavirus. En prenant tous les risques, au point de se retrouver à son tour entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital. Seul le regard bienveillant et la lucidité d'une urgentiste pourraient le sauver et le faire revenir à l'essentiel.
Xavier Huberland écrit pour partager des émotions. Cet Opuscule fait revivre les personnages principaux de son dernier roman "Et si c'était vous..." au coeur de la pandémie de 2020.
Ce dimanche 21 juillet 2013, un homme s'est enfin autorisé à décider de son destin. Son unique décision le concernant aura été de démissionner, plus précisément d'abdiquer puisqu'il s'agit d'Albert II, roi des Belges pendant 20 ans.
Sa première initiative d'homme libéré sera de se rendre incognito avec deux de ses petites-filles à la Taverne du Passage à Bruxelles pour y déguster leurs célèbres croquettes de crevettes.
S'ensuivra une soirée surréaliste dans une taverne remplie des personnalités qui font une partie de la petite Belgique. Avec, deuxième première de cette journée historique, une rupture de stock de croquettes au grand dam de Haddock, le chef, et de Nestor, un maître d'hôtel qui cache bien son jeu.
Un roman de belgitude, donc de surréalisme au service d'une trame de destinées et de filiations suscitées par un Albert en grande forme, au premier jour de sa vie où il aura enfin pu décider de son chemin.
Croquettes en stock est le quatrième roman de Xavier Huberland qui exprime ici sa profonde belgitude, avec la poursuite des thèmes de filiation et de destinée qui l'interpellent au quotidien.
Écrire dans le seul but de divertir sous la forme parodique conduit à caricaturer avec bienveillance des personnalités existantes mais ce roman ne reflète en aucun cas leur caractère réel.
L'auteur espère simplement qu'ils s'en amuseront et leur assure tout son respect.
Ce ivre a obtenu le Manneken-Prix 2020 du livre sur Bruxelles
Au travers du récit, Xavier Huberland entreprend la défense de l'oeuvre de Marc Lévy, un des symboles de l'une des trois tendances majeures de la littérature. En effet, ce n'est que récemment avec la possibilité ouverte par les réseaux sociaux de faire entendre sa voix de lectrice ou de lecteur et de tracer une carrière singulière de critique littéraire, que la littérature injustement réduite au statut de « divertissement » commence à revendiquer une légitimité face aux deux autres tendances principales. Les critiques classiques refusent de se pencher sur des textes où ils ne pourront trouver ni une motivation politique, ni un objectif de travailler le matériau littéraire (travail sur la forme, le langage et la littérature en tant qu'objet). Les nouveaux critiques, eux, considèrent que la force d'un livre n'est pas son engagement politique ni sa portée révolutionnaire au sein d'une tradition littéraire. Il faut avant tout que le livre leur plaise, les emmène autre part. L'auteur de la troisième tendance doit veiller à cette simple demande, ce qui signifie qu'il serait enfin débarrassé de la mauvaise conscience qui inaugurait, selon Barthes dans Le degré zéro du langage, le début de la crise en littérature. Il est intéressant de voir que ce sont justement ces écrivains, en apparence sans « mauvaise conscience », qui sont les plus travailleurs, comme le souligne à plusieurs reprises Xavier Huberland en parlant de Marc Lévy. Or, chez Barthes, la valeur « travail » était justement celle qui qualifiait Flaubert et qui marquait la rupture avec l'écriture de l'âge classique. Ainsi, la troisième tendance de la littérature serait une fille directe de Flaubert que la déroute engendrée par Mallarmé aurait épargnée. Il n'en est évidemment rien. Ceux et celles qui appartiennent à cette troisième tendance éprouvent une tout autre « mauvaise conscience » : ils écrivent et ne font cependant pas partie de la littérature engagée ou de la « grande » et « vraie » littérature. Leurs écrits se voient encore aujourd'hui dénier le titre de « textes littéraires ». Pourtant, l'énergie solaire qui imprègne les écrivains de la troisième tendance leur permet de résister à cette disqualification. Ils reçoivent aussi un grand soutien de leur public. Et c'est ce soutien qui effectue enfin un renversement des valeurs, puisque le lecteur conquis se montre prêt à affronter le regard glacial du critique classique. Le succès est le succès et il faut qu'il soit reconnu comme tel. L'écrivain qui vend une somme astronomique d'exemplaires, traduits dans une vingtaine de langues, a aussi le droit de se faire appeler « écrivain », même s'il ne revêt pas les apparences d'un intellectuel perdu dans ses pensés et frôlant la folie à force de vouloir innover un champ littéraire clos. Notons également que le récit de Xavier Huberland insiste sur le fait que la littérature, comme presque toute activité humaine menée à un certain niveau de virtuosité, est également un travail d'équipe - résultant de l'efficacité des collaborateurs et de l'appui des proches. Et que dans le cas de Marc Lévy, il faut « chercher la femme » dont le nom est Susanna Lea.