Mine de propositions subversives, ce manifeste dans le plus beau style des avant-gardes fait de son titre l'étendard d'un projet d'envergure : la destruction en règle des mass media au moyen de leurs possibilités mêmes. Entre répandre de fausses nouvelles à l'aide d'enregistrements diffusés aux heures de pointe, procéder par contagion sonore - les bruits d'une émeute peuvent la stimuler dans la réalité - ou encore introduire dans le discours d'un politicien bredouillements et autres incongruités, Burroughs applique la technique du cut-up au monde sonore, arme à même de contrer cette autre arme de destruction massive, la médiatisation à outrance, moyen féroce de manipulation des consciences. Brouillons les pistes, aux sens propre et figuré. C'est piquant, stimulant et hautement explosif !
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
«?Et entre les jambes de ce fleuve humain les garçons sauvages surgissent ici et là comme de méchants chatons tailladant avec des lames de rasoir des tessons de bouteilles blessant et se réfugiant bien vite dans leurs terriers de chair ambulante.?»
1988. Partout sur la planète, de Londres à Marrakech en passant par l'Alaska, des meutes d'adolescents, ivres de sexe et de violence, sèment le chaos, le diable au corps et le sourire aux lèvres. Dans ce roman écrit en 1969, où le sadisme le plus extrême côtoie la poésie et l'humour, Burroughs braque son «?oeil-caméra?» sur un univers cauchemardesque, faisant voler en éclats les normes de la langue comme celles de la morale. Subversif, dérangeant et visionnaire.
Queer est le récit halluciné d'une errance, d'un mal de vivre incurable qui a pour toile de fond un Mexique couleur de cauchemar, avec son soleil obsédant, ses étendues de tôles ondulées et toute une faune pittoresque et violente. Lee, alter ego spectral de Burroughs, titube de bar en bar, à la fois désespéré, avide et indifférent. Son seul repère : Allerton, jeune homme indolent, jaloux de son indépendance mais aussi secrètement flatté d'être l'objet de la convoitise de Lee. Ensemble, ils se lancent dans une expédition à travers l'Amérique du Sud, à la recherche d'une mystérieuse drogue, le Yage, connue pour ses pouvoirs télépathiques.
Remarquable radiographie d'une détresse sans autre recours que l'écriture, Queer, le deuxième roman de Burroughs après le mythique Junkie, est aussi, de son propre aveu, l'un de ses textes les plus autobiographiques.
En 1959 est publié à Paris Le Festin nu, qui révèle le talent scandaleux de William S. Burroughs. À l'origine, le manuscrit s'intitulait Interzone. Le Festin nu était le résultat d'un choix parmi le millier de pages d'un matériau que Burroughs répartit ensuite entre La Machine molle, Le Ticket qui explosa et Nova Express. Restaient les 175 pages du manuscrit original, qui n'ont été retrouvées qu'en 1984. Celles-ci permettent de reconstituer la genèse d'un des chefs-d'oeuvre de la littérature du XXe siècle.
Ces fragments narratifs, ces lettres inachevées où l'écrivain américain dévoile à son ami Allen Ginsberg les progrès de son cheminement labyrinthique, ces «?routines?» où domine la figure énigmatique de son double, William Lee, représentent la manifestation la plus pure de l'esprit de Burroughs et sa volonté de faire de l'écriture un moyen d'exploration transgressif de régions mentales encore inexplorées et dangereuses.
"On devient drogué parce qu'on n'a pas de fortes motivations dans aucune autre direction. La came l'emporte par défaut. J'ai essayé par curiosité. Je me piquais comme ça, quand je touchais. Je me suis retrouvé accroché. La plupart des drogués à qui j'ai parlé rapportèrent une expérience semblable. Ils ne s'étaient pas mis à employer des drogues pour une quelconque raison dont ils pussent se souvenir. Ils se piquaient comme ça, jusqu'à ce qu'ils accrochent. On ne décide pas d'être drogué. Un matin, on se réveille malade et on est drogué."
Premier ouvrage de Burroughs, Junky décrit la réalité crue d'un héroïnomane en errance, doué du regard terriblement lucide de l'écrivain. De New York à Mexico, William Lee, double romanesque de l'auteur, fait l'expérience de la came, de la privation, de la prison et de la fuite ; il apprend 'l'équation de la came', qui n'est ni une jouissance ni un plaisir, mais un mode de vie. Un livre qui fit scandale lors de sa première publication, et qui laisse présager l'oeuvre à venir.
Manhattan, été 1944. Autour de Will, serveur dans un bar, et de Mike, marin dans la Marchande, gravite toute une constellation d'amis sans le sou, qui errent dans la chaleur de la ville et se retrouvent lors d'improbables soirées. Parmi eux, Phillip, un gamin de dix-sept ans à la beauté insolente, et Al, la quarantaine un peu pathétique, qui est éperdument amoureux de lui. Partout où va Phil, Al, jamais découragé par les refus du garçon, le suit comme son ombre. Pour lui échapper et par goût de l'aventure, Phil accepte la proposition de son ami Mike : s'embarquer, dès que possible, sur un navire de la marine marchande vers Paris. Mais le départ tant attendu est plusieurs fois reporté...
Livre culte, longtemps resté inédit, Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines est le premier roman de William S. Burroughs et de Jack Kerouac.
« Ma fréquentation des chats m'a sauvé d'une ignorance crasse et incurable. »
Dans cet opuscule, William S. Burroughs médite sur l'amitié mystérieuse entre les chats et leurs hôtes humains. Un petit traité amoureux sur les félins domestiques de sa vie qui n'aurait pas déplu à Colette ou Stéphane Mallarmé.
« On dit que les chats sont les animaux les plus éloignés du modèle humain. Cela dépend du genre d'humain auquel vous vous référez, et bien entendu de quels chats. Je trouve parfois les chats incroyablement humains. »
L'édition numérique de la revue d'avant-garde Change dans un fichier PDF (fac-similé) de 8482 pages permettant une recherche par terme au sein des 42 numéros.
Construit autour d'un groupe initial constitué de Jean Pierre Faye, Maurice Roche et Jacques Roubaud, le collectif Change aura compté parmi ses membres réguliers Philippe Boyer, Yves Buin, Jean-Claude Montel, Jean Paris, Léon Robel et Mitsou Ronat, et n'aura eu de cesse d'élargir le cercle pour ouvrir le dialogue avec d'autres revues du monde entier dans un « set international ».
Parce que « la langue, en se changeant, change les choses », le projet est de faire voir ce change - le battement de l'entrelangues. Et d'ouvrir un champ exploratoire sans bornes où se côtoient poésie et mathématique, roman et linguistique, théorie littéraire et recherche psychiatrique, critique générative et rire rabelaisien. On peut ainsi lire un numéro sur le montage placé sous le signe d'Eisenstein, un autre consacré à la poésie orale en collaboration avec Polyphonix, des analyses sur l'oppression politique, Mel Bochner sur Malevitch, Roubaud sur le Shinkokinshu, deux numéros consacrés à la théorie de la traduction, une réflexion sur l'avant-garde, trois livres de Jack Spicer, des traductions des formalistes russes, ou encore, suivre la réception française de Chomsky.
Change numérique permet aujourd'hui à la fois de redécouvrir des textes devenus introuvables, et de suivre le dialogue entre les contributions dans le contexte de leur première parution pour voir comment la littérature et la pensée se trament.
« Cette - indispensable - édition numérique, où chaque page de chacun des 41 numéros parus, plus le hors-série Polyphonix (dernier numéro, paru en 1983, à l'occasion de l'édition 5 de cette manifestation créée par Jean-Jacques Lebel) a été scannée, nous donne non seulement accès à l'intégralité de la revue, mais y apporte une circulation nouvelle, permettant de visionner double page par double page (comme un diaporama), page par page via la table des matières (barre latérale) ou via un tableau (avec des liens) reprenant les couvertures des 41 numéros. Mais l'on peut aussi utiliser la fonction de moteur de recherche pour aller directement vers certaines pages (31 pages proposées si l'on fait une recherche sur le terme Jack Spicer ; 186 pages sur le terme cinéma...). Chaque (re-)lecteur de Change numérisé pouvant alors devenir monteur au sein de ce corpus extrêmement riche. »
Nicolas Tardy, Cahier Critique de Poésie
Cet ouvrage, paru en 1972, est un recueil collectif de textes en prose écrits par Mahogany Brain, Michel Bulteau, William S. Burroughs, Jean-Pierre Cretin, Jean-Jacques Faussot, Jacques Ferry, Patrick Geoffrois, Allen Ginsberg, Brion Gysin, Bob Kaufman, Matthieu Messagier, Claude Pélieu, Stanislas Rodansky, Mick Trean, Carl Weissner.