En déclarant la mort de la nature, nombreux sont ceux qui voient dans l'Anthropocène l'opportunité de prendre enfin les commandes d'un système-terre entièrement modelé par les humains.
À rebours de cet appel au pilotage global, Virginie Maris réhabilite l'idée de nature et défend la préservation du monde sauvage. Elle revisite pour cela les attributs de la nature que les fantasmes prométhéens du contrôle total s'appliquent à nier : son extériorité, en repensant la frontière entre nature et culture ; son altérité, en reconnaissant la façon dont les non-humains constituent leurs mondes tout comme nous constituons le nôtre ; et enfin son autonomie, en se donnant les moyens de respecter et de valoriser ces mondes multiples.
L'auteure invite à remettre au cœur de la réflexion sur la crise environnementale la nécessité de limiter l'emprise humaine sur la planète, en redonnant toute sa place au respect de cette nature indocile qui peuple nos paysages, nos imaginaires, et qui constitue finalement l'autre face de notre humanité.
Virginie Maris est philosophe de l'environnement au CNRS. Elle travaille au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) à Montpellier. Ses travaux portent sur la biodiversité, les sciences de la conservation, les valeurs de la nature ou encore les rapports entre écologie et économie. Elle est l'auteure de Philosophie de la biodiversité. Petite éthique pour une nature en péril (Buchet-Chastel, 2010) ainsi que de Nature à vendre. Les limites des services écosystémiques (Quæ, 2014).
La vie sur Terre est aujourd'hui entre dans une sixième extinction de masse.
Si la crise contemporaine de la biodiversité soulève de nombreux défis scientifiques et techniques, ceux-ci ne doivent pas masquer des enjeux plus fondamentaux quant à la place des humains dans la nature et leurs responsabilités à son endroit. Car les réponses des écologues, des ingénieurs et des économistes ne servent à rien si nous n'avons pas au préalable posé les bonnes questions. Loin du catastrophisme ou du fatalisme, l'approche philosophique ouvre un horizon stimulant : l'opportunité de repenser les valeurs de la nature et le sens du bien commun ; la possibilité de développer des rapports plus harmonieux entre individus, entre cultures et avec le reste du vivant.
Cette nouvelle édition intègre certains développements récents de la conservation de la nature : la montée en puissance de l'approche par services écosystmiques des évaluations monétaires et d'outils de conservation inspirés des logiques de marché ; autant de phénomènes qui justifient la réaffirmation de la pluralité des valeurs de la nature et du besoin de les mettre en dialogue.
Virginie Maris est une philosophe de l'environnement, chargée de recherche CNRS au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier. Elle poursuit un travail original, dans une démarche de philosophe de terrain, résolument ancrée dans le monde réel.
Si l'on sait depuis longtemps que le bien-être humain dépend en partie de la nature, cette dépendance est aujourd'hui mise en exergue à travers la notion de services écosystémiques, définis comme étant les bénéfices que les êtres humains tirent du fonctionnement des écosystèmes.
Cet ouvrage met en évidence les limites de cette approche pour penser notre rapport à la nature et notre responsabilité vis-à-vis de sa protection. Après un aperçu historique de la conception des relations entre le bien-être humain et le fonctionnement des écosystèmes, l'auteure décrit l'émergence des « services écosystémiques » comme nouvelle norme dans le monde de la conservation. Elle montre comment cette approche a renforcé et multiplié les tentatives d'évaluation monétaire de la biodiversité et la façon dont ces deux mouvements, d'instrumentalisation de la nature puis de quantification des bénéfices qu'on en tire, participent d'une dynamique de marchandisation de la biodiversité.
La biodiversité joue de nombreux rôles, à la fois source et produit du bon fonctionnement des écosystèmes dont dépendent les services écosystémiques. Dans un contexte de pressions toujours croissantes sur les milieux naturels, les études sur les valeurs de la biodiversité et les services écosystémiques aident à mieux comprendre les interactions entre nature et sociétés, à anticiper les bouleversements à venir et à concevoir des mesures de gestion appropriées.
Cet ouvrage découle d'un séminaire qui a mobilisé plus de 40 scientifiques issus d'une grande diversité de disciplines : écologie, philosophie, géographie, droit, économie, génétique, anthropologie, sciences politiques. Il a fidèlement conservé la libre expression de perspectives parfois divergentes afin de restituer la dimension dynamique et vivante des processus d'avancée des connaissances.
Trois thèmes y sont abordés : la question des valeurs de la nature en général, les relations entre biodiversité et bien-être humain à travers les services écosystémiques, et enfin les différentes formes d'opérationnalisation de ce concept.
Nous espérons qu'à sa mesure, il participera à alimenter le nécessaire débat de société sur notre rapport à la nature.