La répartition des richesses est l'une des questions les plus débattues aujourd'hui. Pour les uns, les inégalités n'en finiraient pas de se creuser dans un monde toujours plus injuste. Pour les autres, on assisterait à une réduction naturelle des écarts et toute intervention risquerait de perturber cette tendance harmonieuse. Mais que sait-on vraiment de l'évolution des inégalités sur le long terme ? En réalité, les analyses économiques supposées nous éclairer se fondent plus souvent sur des spéculations théoriques que sur des faits établis.
Fruit de quinze ans de recherches, cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur cette question, s'appuie sur des données historiques et comparatives bien plus vastes que tous les travaux antérieurs. Parcourant trois siècles et plus de vingt pays, elle renouvelle entièrement notre compréhension de la dynamique du capitalisme en situant sa contradiction fondamentale dans le rapport entre la croissance économique et le rendement du capital.
Si la diffusion des connaissances apparaît comme la force principale d'égalisation des conditions sur le long terme, à l'heure actuelle, le décrochage des plus hautes rémunérations et, plus encore, la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques.
En tirant de l'expérience des siècles passés des leçons pour l'avenir, cet ouvrage montre que des moyens existent pour inverser cette tendance.
Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'École d'économie de Paris, Thomas Piketty est l'auteur de nombreux travaux historiques et théoriques qui lui ont valu, en 2013, le prix Yrjö Jahnsson décerné par la European Economic Association.
Le système de retraite français est morcelé, complexe, incompréhensible pour la majorité des citoyens et sa stabilité financière à long terme est mise en cause. Il est source d'angoisse et d'ïncertitudes alors que sa raison d'être est d'offrir des garanties que les marchés financiers ne peuvent pas proposer.
Cet opuscule part du constat que seule une remise à plat générale permettra de rétablir la confiance dans l'avenir du système public d'assurance vieillesse par répartition. Antoine Bozio et Thomas Piketty proposent une refonte complète des régimes actuels et la création d'un système unifié de comptes individuels de cotisations offrant les mêmes droits et les mêmes règles à tous les travailleurs (public, privé, non salariés).
Ce nouveau système facilite la mobilité professionnelle et garantit l'équilibre financier, grâce à une prise en compte progressive de l'augmentation de l'espérance de vie. Il avantage les plus modestes et permet de mieux cibler la solidarité vers ceux dont la carrière a subi des aléas. Les difficultés liées à la transition entre l'ancien et le nouveau système sont réelles, mais surmontables, pourvu qu'existe la volonté politique de préserver l'avenir à long terme du système public par répartition.