À l'université d'UCSM, en Californie, un sujet est dans toutes les bouches : le passage à la télé du professeur Guy Schermerhorn et de son chimpanzé Sam - un singe pas comme les autres : il parle, Guy l'ayant initié à la langue des signes. C'est alors que, dans le hall, Aimee tombe sur un prospectus indiquant que le professeur cherche des étudiants pour l'assister dans ses recherches (comprendre : s'occuper de Sam). « Aucune expérience nécessaire, est-il précisé. Seulement de la patience et un dos à toute épreuve. » En effet, la tâche n'est pas de tout repos, ce dont peut témoigner la prédécesseuse d'Aimee, défigurée après une grave morsure. Mais la jeune étudiante s'en sort à merveille. Grâce à sa douceur maternelle, elle arrive à canaliser l'animal. Et puis elle lui change ses couches, lui donne le bain, répare ses bêtises, le câline, lui fait la cuisine - quand Guy ne commande pas des pizzas (le plat préféré de Sam). Voilà de quoi satisfaire le professeur : il a trouvé en elle la parfaite nounou. Et la parfaite petite-amie...
Cependant, une mauvaise nouvelle va mettre fin à cette idylle. D'après une étude qu'un certain Borstein s'apprête à publier, seuls les humains peuvent apprendre le langage, ce qui pousse le professeur Donald Moncrief - le grand manitou de la primatologie et à l'initiative de l'expérience menée par Guy - à mettre un terme à celle-ci. Il rapatrie Sam chez lui, dans l'Iowa, et l'enferme dans sa « grange aux chimps » sans autre forme de procès. Sauf que pour Aimee, Sam c'est toute sa vie. Et elle va tout faire pour le libérer.
On reconnaît ici l'humour grinçant si caractéristique du style de T.C. Boyle. Mais pour loufoque qu'il soit, ce roman n'en est pas moins sous-tendu par une réflexion métaphysique et éthique profonde : quelle est la frontière entre l'humain et l'animal ?
Traduit de l'anglais ( États-Unis) par Bernard Turle
Une gigantesque biosphère sous verre, plantée quelque part dans l'immensité de l'Arizona par la volonté démiurgique d'un milliardaire passionné de sciences. Une mer intérieure, une forêt tropicale, une mini-savane, un élevage de chèvres, et surtout, huit scientifiques - quatre hommes et quatre femmes - enfermés dans cette serre géante pendant deux ans, pour tester la résistance de l'être humain, sa capacité à vivre en autarcie, et observer la naissance d'un biotope, voilà le cadre du dernier roman de T.C. Boyle. Ce dispositif - qui a réellement été mis en place dans les années 90 aux États-Unis - permet au grand romancier de poser son regard féroce sur l'être humain en plaçant ses personnages sous une loupe grossissante. Au-delà de l'expérimentation scientifique, Boyle s'intéresse surtout aux interactions de huit personnes enfermées dans une promiscuité infernale pendant deux ans, obsédées par le principe que rien ne doit « ni entrer ni sortir », obsédées aussi par la nourriture, et par le sexe, bien sûr.
L'expérience nous est racontée par trois voix en alternance : celle de la très sérieuse Dawn, en charge des animaux dans la serre, celle de Ramsay, hédoniste et séducteur, responsable de la communication, et, de l'autre côté de la vitre, celle de Linda, l'amie de Dawn et néanmoins dévorée de jalousie à son égard, car reléguée dans l'équipe de soutien et obligée de commenter les événements de l'extérieur. À l'intérieur de la bulle, on travaille jusqu'à l'épuisement, simplement pour nourrir les huit terranautes, on cuisine à tour de rôle avec les moyens du bord en redéfinissant sans cesse les notions de faim et de satiété, mais on doit aussi se livrer à des mises en scène élaborées pour communiquer au monde extérieur une impression de bonheur. Car il ne faut pas oublier la publicité et les sponsors. Mais lorsque les projecteurs s'éteignent, les rivalités éclatent, et les attirances aussi. Quand Ramsay séduit Dawn, et quand cette dernière tombe enceinte, toute l'expérimentation est menacée...
T.C. Boyle nous plonge ici dans un huis clos qui ressemble fort à une émission de télé-réalité. Son humour est plus féroce et plus efficace que jamais.
T.C. Boyle, en maître incontesté de la forme courte, explore une grande variété de thèmes dans ce nouveau recueil. D'une plume acérée, il nous parle du monde d'aujourd'hui et de demain, des nouvelles technologie et d'écologie, mais toujours en portant une attention particulière aux couples. Ceux qui se forment par hasard quand on est voisins, ou ceux qui sont soumis à rude épreuve par une invasion de fourmis géantes. Certains profitent d'un tsunami annoncé pour se rapprocher, quand d'autres se désagrègent à cause d'une voiture volée et d'un chien disparu. D'autres encore doivent faire face au changement climatique qui menace leur survie. Les nouvelles de Boyle se situent au temps présent ou dans un futur proche, et les préoccupations intimes de ses protagonistes croisent des questions politiques et sociétales de manière toujours surprenante. Boyle possède une voix bien à lui, et les huit nouvelles rassemblées ici en sont une nouvelle et éclatante preuve.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Bernard Turle.
Voici Bernard Puff, propriétaire d'un hôtel-ranch pour safaris près de Bakesfield en Californie, où vous pourrez dégommer du gros gibier sans connaître les désagréments d'un voyage en Afrique. Puis Susan Certaine, spécialisée dans les kleptomanies à tendance névrotique. Elle vous soulagera de tout ce qui vous encombre, y compris votre santé mentale. Et encore Wallace Pinto, un ado-beatnik. Ou la belle Alena Jorgensen, beauté glacée, libératrice des dindons élevés en batteries à la ferme Hedda-Gabler. Brillantes, exubérantes, acerbes et toujours hilarantes, les quinze nouvelles d'{Histoires sans héros} pétillent et crépitent, nous montrant, comme toujours chez Boyle, les travers de la société américaine.