Bien que consacré à un créateur, ce nouveau numéro n'est pas conçu comme un simple hommage à Denis Gougeon : l'organe de réflexion qu'est Circuit vous propose une exploration de son univers musical afin de mieux apprécier le créateur et son oeuvre. Dans cette optique, le numéro débute par un entretien par Françoise Davoine et se poursuit avec un texte de Denis Marleau soulignant l'intérêt soutenu du compositeur pour la musique de scène et de théâtre. Les thèmes de prédilection de Gougeon, entre affect et narrativité, ainsi que son approche pédagogique sont aussi abordés dans ces pages.
Ce nouveau numéro de la revue de musiques contemporaines Circuit se dédie à une rencontre interdisciplinaire, celle de l'exploration sonore et de l'image en mouvement, un dialogue constant qui anime les pratiques contemporaines. Les frontières formelles deviennent mouvantes et les terrains d'exploration, infinis. Pour les créateurs, cela veut aussi dire un affranchissement des dogmes ou au contraire une remontée aux origines; bref, beaucoup de liberté. Mais quelles en seraient les limites? Philippe Langlois nous propose un survol de la musique contemporaine (avant-garde, minimalisme, drone, musique concrète, etc.) au cinéma. Dans son enquête qui donne la parole à de nombreux compositeurs, Frédéric Dallaire s'intéresse aux résonances de l'image dans la composition musicale même. D'autres articles étudient les oeuvres de Michel Chion et de Christian Calon. Le numéro propose également des actualités évoluant dans des thématiques similaires au dossier, notamment les installations musico-visuelles récemment présentées par Ragnar Kjartansson au Musée d'art contemporain de Montréal.
Consacrer un numéro à John Rea n'est pas chose aisée : si les collaborateurs de Circuit ont l'habitude de traduire en mots les sons inouïs d'oeuvres de création, le musicien qu'est Rea est tout sauf silencieux quant aux couches de significations que recouvrent ses oeuvres. Parmi les articles de ce numéro, nous découvrons un portrait intellectuel de ce « musicien-pensif » de façon hautement originale, soit en parcourant la bibliothèque du compositeur. Dans l'enquête préparée par Maxime McKinley, divers acteurs de la scène canadienne de musique contemporaine partagent leurs souvenirs de leur ami, mentor, collègue et/ou collaborateur. Mais la charpente du numéro siège au creux de deux articles signés par John Rea lui-même : deux entretiens avec le musicologue renommé Ferdinand Larven Niemantz, prolongeant de la sorte un premier dialogue publié dans le vol. 9, no 2 (1998) de la revue. Les illustrations de Nicholas Voeikoff-Erens complètent le dossier thématique par un jeu sur une mise en abyme des numéros de Circuit : quel meilleur hommage est-il possible de concevoir pour ce compositeur porteur de masques?
Circuit consacre son numéro d'automne au cinquantième anniversaire de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) qui en 1966 était le seul organisme voué à la musique contemporaine au Québec et est aujourd'hui l'un des plus anciens. Quatre auteurs refont l'histoire de l'organisme et des oeuvres qu'elle a créées et commandées. Si à l'origine il s'agissait d'une poignée de pionniers cherchant à imposer leurs convictions, aujourd'hui l'organisme s'est consciemment institutionnalisé. En 2017, la SMCQ n'est pas spécialement la voie (ni la voix) de la jeunesse branchée et de l'underground, et le milieu des musiques de création s'est considérablement diversifié. (Maxime Mckinley) Toutefois, des deux grandes périodes artistiques de la SMCQ : celle du cofondateur Serge Garant (1966-1986) et celle de son successeur Walter Boudreau (depuis 1988) se dégagent des constantes. Parmi celles-ci : le désir de présenter, dans le grand concert du répertoire international, la musique des compositeurs d'ici.
L'édition hivernale de Circuit s'inscrit dans une série spéciale de numéros monographiques consacrés à des compositeurs québécois marquants. Après, Claude Livier, Gilles Tremblay, Ana Sokolovi´c, Denis Gougeon et John Rea, c'est au tour du travail du compositeur d'origine espagnole José Evangelista d'être célébré. « Attaché à la sophistication du système de notation musicale occidental, désirant également une communication directe et immédiate, c'est au contact de l'Autre qu'[Evangelista] a trouvé des réponses, en particulier dans le gamelan indonésien (balinais et javanais). Mais l'Autre, c'est souvent aussi soi-même (nous sommes "étrangers à nous-mêmes", selon la formule de Julia Kristeva). Ainsi, découvrant un jour une puissante empreinte de musiques arabes dans le folklore de son Espagne natale, Evangelista s'est mis à l'écoute des autres jusque dans les chansons de son enfance. »(Maxime McKinley). Un dossier signé Maxime McKinley, Flavia Gervasi, Anis Fariji et Alex Nouss, accompagné d'un catalogue des oeuvres dressé par Solenn Hellégouarch.
La revue Circuit consacre son numéro hivernal à Barbara Hannigan, la soprano, cheffe d'orchestre et mentore, Européenne d'adoption, mais native de la Nouvelle-Écosse. Le numéro comprend deux entretiens avec l'artiste (un par Tamara Bernstein et l'autre par Maxime McKinley), cinq témoignages de collaborateurs proches, un survol de sa carrière par Sylvia L'Écuyer, des comptes rendus de ses plus récents enregistrements, des documents d'archives et un portfolio de productions lyriques auxquelles elle a participé au Théâtre Royal de la Monnaie. Solenn Hellégouarch dresse d'ailleurs un catalogue - non exhaustif, mais très riche, détaillé et représentatif - d'oeuvres créées par la soprano depuis les années 1990. Fascinante, cette liste permet notamment de prendre la mesure du parcours exceptionnel et de l'apport immense de Hannigan à la création de notre temps. (source : Circuit)