« Et que dit Rachi ? » Cette question rituelle rythme aujourd'hui encore l'étude traditionnelle de la Bible et du Talmud. Rachi est l'acronyme de Rabbi Salomon ben Isaac de Troyes (1040-1105), maître champenois qui, le premier, écrivit un commentaire exhaustif sur l'ensemble des textes sacrés du judaïsme. Après lui, plus personne n'entreprit une telle tâche, tant son oeuvre semblait parfaite. Il fut le professeur direct ou indirect de presque tous les sages d'Europe du Nord et son génie fut même reconnu dans le monde chrétien. à ce jour, des centaines de commentaires ont été écrits sur son oeuvre et les linguistes trouvent chez lui un témoin précieux de l'ancien français. L'auteur nous expose ici la vie, l'oeuvre et l'influence de Rachi tout en dressant un portrait vivant de la vie juive dans la France du Moyen Âge.
Les Croisades, qui déferlèrent sur l'Europe et le Proche-Orient à partir de la fin du XIe siècle, épargnèrent rarement les communautés juives qu'elles rencontrèrent sur leur chemin. Exposées sans défense aux attaques incessantes des Croisades populaires et de la population des villes naissantes, elles ne purent pas toujours compter sur le soutien de l'Église et des grands féodaux pour les sauver de la mort ou de la conversion forcée. Les persécutions sanglantes dont elles eurent à souffrir creusèrent encore davantage le fossé qui les séparait, et favorisa l'apparition parmi les Juifs d'une idéologie nouvelle : celle du martyre librement consenti.
Les institutions communautaires et notamment l'UGIF (Union générale des Israélites de France) ont-elles facilité le travail de l'administration dans la déportation des Juifs ? On l'a beaucoup dit depuis que Hannah Arendt a dénoncé le rôle pervers des Judenräte (Conseils juifs), créés par Heydrich dans l'Europe occupée pour « administrer » les populations juives.L'examen des archives consistoriales, inexploitables jusqu'à il y a peu et utilisées ici pour la première fois dans toute leur ampleur, montre qu'il faut réviser complètement les idées reçues en la matière : l'UGIF, créée le 29 novembre 1941, n'est jamais devenue un Judenrat, et c'est à l'action des autres instances communautaires ; le Consistoire et le Grand rabbinat ; qu'on le doit. En menant jusqu'au bout, contre toute attente, des négociations avec Vichy, les dirigeants de ces institutions ont singulièrement compliqué la tâche du Commissariat aux affaires juives, freiné l'application des mesures discriminatoires, aidé à susciter les prises de position courageuses de certains membres de l'Eglise, et, en empêchant la dérive de l'UGIF, contribué à permettre que les trois quarts de la population juive de France soient sauvés.Si leur marge de manoeuvre a été étroite, leur rôle n'en a pas moins été important. Dans ce livre qui retrace au jour le jour des pourparlers dont on n'avait pas idée, Simon Schwarzfuchs restitue une face de l'histoire contemporaine restée dans l'ombre.