Comme un métronome aux battements réguliers qui serait posé sur la ligne blanche d'une grande route, chacune des histoires que l'on retrouve dans Dérapages de Paul Savoie, suit tranquillement son petit bonhomme de chemin. Les personnages sont assis confortablement, un peu plus et ils passent inaperçus. En approchant l'oreille du livre, on entend encore le ronron de l'ordinateur lorsque l'auteur tapait son texte, mais c'est un leurre. Au moment où l'on croit avoir atteint son point d'équilibre dans une vie calme sans électrocardiogramme en folie, on dérape, on ne contrôle plus rien, le vide s'ouvre devant nous et nous devons choisir. Pourtant, on ne voulait rien bousculer, ne pas dévier dans l'imaginaire, suivre sans cesse la ligne droite, mais là il y a un noeud et on ne peut pas faire comme s'il n'était pas là. Toute notre existence s'en voit chamboulée, un grain plus gros que les autres bloque le conduit du sablier, la peur s'installe et l'on sait d'instinct que l'on ne sortira pas intact de cette vie.
Suite à un rêve marquant et décisif, Paul Savoie est convaincu qu'il doit se rendre en Orient. C'est ainsi qu'il débutera, en 2001, une série de voyages presques improvisés en Chine, en Thaïlande et aux Philippines, qui s'étaleront sur plusieurs années. Que cherche l'auteur par ces incursions spontanées vers l'inconnu? Cherchant peut-être inconsciemment l'amour, il trouvera l'inimaginable. Nourri par ses découvertes de magnifiques paysages, de gens et de cultures différentes, Paul Savoie convie ici le lecteur à un certain voyeurisme et, tout comme l'auteur, lui-même voyeur, il s'en trouvera déstabilisé et ses conceptions de l'humanité seront à tout jamais changées... Car, L'autre bout du monde rappelle que, s'il est vrai que les voyages forment la jeunesse, il n'en reste pas moins qu'ils peuvent également transformer les adultes.
Premier tome d'une série de trois, L'autre bout du monde est un rendez-vous vers l'ouverture à l'autre à ne pas manquer!
Inspiré de la musique, Bleu Bémol est constitué d'assonances, de rythmes, de phrases musicales, de mouvements libres qui tracent le début et la fin de tout ce qui est essentiel. Paul Savoie y approfondit les différentes dimensions du bleu, la couleur, l'état d'âme, cette zone d'être qui lui permet de percer le gris ou de traverser le cristal, deux voies qui façonnent son imaginaire.
la lumière te maquille de brillance
ton corps à peau tendue
bat le tam-tam
comme le doigt fait parfois vibrer
la corde la plus triste
l'accord soutenu de la déchirure
Par-delà la symbolique du bleu, véritable porte d'entrée pour redécouvrir le monde et son intimité, l'auteur de CRAC (Prix Trillium 2006) explore ici le cheminement passionné de deux êtres l'un vers l'autre.
Lors d'un voyage en train entre Toronto et Montréal, Paul Savoie et Marguerite Andersen unissent leurs voix pour créer deux personnages attachants, Bibi et Vava. L'un est bien sérieux, l'autre frivole. L'un réaliste, l'autre rêveur. Ils s'interrompent, se chamaillent et s'interrogent sur l'existence.
récupérer le village / le peuple qui disparaît / sous la force inlassable / de la vague
dont on ne trouve / plus de trace
sauf l'écho / d'une mer / qui recule maintenant / devant ce qu'elle vient d'avaler
CRAC, c'est le bruit que la terre ou le coeur font lorsque quelque chose se brise, risque de s'effondrer.
Ce recueil, c'est l'expression d'une crainte, d'un désarroi devant ce qui, pour toutes sortes de raisons, se trouve menacé ou en voie de disparaître. C'est une façon de dire non à ce qui menace de nous réduire, de nous forcer à plier l'échine, à fausser compagnie.
Paul Savoie refuse de se faire ensevelir par les forces modernes qui tendent à réduire l'être, à anéantir la conscience, la parole. Crac est son manifeste contre l'ensevelissement, son cri du coeur, son acte d'amour, bref son art poétique.
Entre 1489 et 1514, à la cour de France, un long duel s'engage entre deux femmes avides de donner un héritier à la couronne : Louise de Savoie et Anne de Bretagne. Les guerres d'Italie et la passion pour le pouvoir nourrissent l'affrontement de ces deux caractères hors du commun. Lorsque la reine Anne meurt, Louis XII épouse la princesse d'Angleterre Mary Tudor, soeur d'Henry VIII, qui a toutes les chances d'enfanter. La fureur de Louise de Savoie ne tarit plus, jusqu'où sera-t-elle capable d'aller ?
Dans "24 mouvements pour un soliste", Paul Savoie reprend un voyage intérieur qui s'est étalé sur plusieurs décennies, avec "À la Façon d'un charpentier", "Mains de Père", "À tue-tête". Ce récit, qui constitue le portrait autobiographique des oeuvres de l'auteur, va plus loin et plus clairement encore dans la voie de l'aveu, de la franchise, de la compréhension et de la reconnaissance. Ces mémoires jettent une lumière inédite sur le processus créateur de l'écrivain, ses sources d'inspiration, sa lutte avec ses anges et ses démons, le tiraillement avec son bilinguisme, et font apparaître, à travers tous les déplacements de l'auteur, un Saint-Boniface natal innommé dans ses écrits, mais indispensable à l'exégèse de son oeuvre.
L'autre bout du monde
Tome 3 : Se frayer un chemin
Paul Savoie
Les Editions L'Interligne, 2017
ISBN 978-2-89699-533-2
L'autre bout du monde : Se frayer un chemin est un récit de voyage aux Philippines, où est née la conjointe du narrateur. Des fébriles préparatifs du départ, en passant par les multiples déplacements, jusqu'au retour et à ses attentes, ce livre raconte avec finesse et explore brillamment les dimensions externe et interne d'un homme sensible aux découvertes, aux questionnements et à la réflexion. L'auteur nous transporte dans ses bagages et nous fait vivre les émotions qui l'habitent. Ce récit inspirant montre les facettes d'un monde à connaître non pas comme un simple touriste, mais comme un humain à la rencontre d'autres humains. Voyager vers des destinations nouvelles permet aussi d'entreprendre un périple intérieur dont le globe-trotteur sort grandi. C'est le cas du narrateur.
Paul Savoie, originaire de Saint-Boniface, au Manitoba, vit en Ontario. Poète, romancier, nouvelliste et traducteur, il écrit de nombreux récits. En 2007 et en 2013, il obtient le Prix de poésie Trillium. Il a aussi mérité le prix Champlain en 2013, pour son recueil de nouvelles Dérapages, paru chez L'Interligne. Cet autre volet de ses récits de voyage assure le suivi du tome 2 : Trois temples. L'auteur a publié plus de 30 livres.
Entre 1489 et 1514, à la cour de France, un long duel s'engage entre deux femmes avides de donner un héritier à la couronne : Louise de Savoie et Anne de Bretagne. Les guerres d'Italie et la passion pour le pouvoir nourrissent l'affrontement de ces deux caractères hors du commun. Lorsque la reine Anne meurt, Louis XII épouse la princesse d'Angleterre Mary Tudor, soeur d'Henry VIII, qui a toutes les chances d'enfanter. La fureur de Louise de Savoie ne tarit plus, jusqu'où sera-t-elle capable d'aller ?
Un peu avant l'aurore, au moment d'ouvrir les yeux, un homme sent que quelque chose d'extraordinaire va bientôt se produire. Il se lève, avance vers la fenêtre. Soudainement tout s'ouvre. Il sort. Une lumière mystérieuse l'éblouit. À ce moment précis, il sait que, désormais, tout sera changé. Rien ne sera plus jamais pareil.
Tout flanche
enfin la fenêtre s'ouvre
seul le rythme d'une corde suspendue
se conjugue au silence
comme à travers un miroir
qui reflète tout ce qui vient avant
tout ce qui a été
ce qui a à peine existé
ou qui n'a pas encore eu la force d'être
Un recueil envoûtant sur le désir, l'attente, la fascination, l'éblouissement, la peur et la transformation soudaine. Quelque chose qui annonce le début ou la fin de quelque chose...
Ce recueil confronte la création en deux temps : c'est d'abord toute la genèse du monde qui se rejoue, dans les yeux d'un enfant solitaire caché à la cime d'un arbre au milieu d'une plaine. Par se seule contemplation, suivie de l'apparition d'un adulte - homme ou femme, le texte maintient le doute -, puis d'une fleur sans nom, se recrée l'infini de l'univers. Depuis ce nombril que déploie la première partie du recueil, la deuxième réalise ensuite le rêve d'Artaud : de revenir au monde avant même son apparition, dans le corps, ici, de la muse. S'instaure alors une descente à l'envers du décor, dans l'imaginaire de cette femme allongée d'abord dans un hamac, puis agenouillée dans une salle à manger, que l'auteur observe. Elle incarne le monde à naître qu'elle refuse pourtant de laisser aller, bien que cette retenue enfantera 24 tableaux.