La Relation des missions jésuites dans les Iles et la Terre Ferme, publiée en 1655 par le missionnaire et aventurier Pierre Pelleprat, est importante à la fois pour sa valeur documentaire et pour son intérêt proprement « littéraire ». Sur le plan documentaire, elle se présente comme un bilan et comme une prospective. Bilan, au sens où elle dresse un inventaire des missions jésuites dans les îles antillaises, avec une ethnographie de la population française, mais surtout caraïbe ; prospective au sens où Pelleprat propose un projet de mission sur la terre ferme, beaucoup plus prometteuse, de son point de vue, que les îles. Ce bilan est d'autant plus intéressant que les Jésuites ont publié seulement deux Relations sur les Antilles : celle de Pelleprat et celle de Bouton, en 1640, qui n'est qu'une esquisse. C'est très peu, si l'on pense aux milliers de pages qu'ils ont fait paraître sur le Canada entre 1611 et 1673. Surtout, Pelleprat écrit au moment où la Martinique, la Guadeloupe et Saint-Christophe prennent le virage sucrier, entraînant un refoulement des Amérindiens vers les petites îles de Saint-Vincent et de la Dominique et l'arrivée massive d'esclaves nègres, pris aux Espagnols ou achetés en Afrique.
Outre la Relation elle-même, cette réédition propose divers appendices : deux lettres inédites de Pelleprat, une lettre de son confrère Denys Mesland (autre aventurier missionnaire de haut vol), un chapitre tiré de l'historien dominicain Dutertre, des notices biographiques des principaux personnages historiques et descriptives de la faune et de la flore.
La relation de voyage a connu une belle carrière dans le monde occidental depuis les temps bibliques jusqu'à nos jours. Thématiquement, elle a créé ou réactivé certaines mythes importants : le Paradis terrestre, le Bon Sauvage, le Sage Chinois... Formellement, elle s'apparente à de grands genres en prose comme l'histoire, la géographie, l'épopée, le traité de sciences naturelles et surtout le roman (ou le cinéma), auquel elle emprunte une triple démarche : narrative, descriptive et commentative. En d'autres termes, elle raconte une histoire, propose une encyclopédie du monde, commente ou discute des idées. De ce point de vue, les textes portant sur l'Amérique, du XVIe au XVIIIe siècle, sont particulièrement riches.
Récit d'aventures, inventaires de «curiosités» et réflexion du voyageur, voilà donc ce qui attire le lecteur et le tient en haleine par un questionnement multiple.
Honoré Dumont, profession : nègre. C'est-à-dire chargé d'écrire les livres des autres. Il n'est pas facile d'être soi quand le métier exige qu'on se mette dans la peau, ou plutôt dans la plume des autres ! Dumont parviendra-t-il à écrire son propre roman ?
Dans les douze nouvelles du recueil, l'auteur aborde la question de l'identité avec un regard amusé. D'histoire en histoire, les personnages s'insèrent dans un vaste mouvement qui, des circonstances extérieures appelées à lancer l'intrigue, les ramène au centre d'eux-mêmes.
« Lettres d'amour », la nouvelle d'ouverture de ce recueil de Réal Ouellet, est un concentré du livre : une grand-mère qui rédige les lettres des amoureux transis du voisinage initie par là son petit-fils aux subtilités de l'amour à distance, mais aussi aux mystères et à la puissance de l'écriture.
Ce sont ces deux grands axes qui traversent « Regards et dérives » et souvent se croisent : les relations amoureuses et le désarroi dans lequel elles peuvent plonger les protagonistes, et l'acte même d'écriture dont les officiants n'échappent pas à l'ironie de l'auteur, notamment dans la section intitulée justement « Écritures ».
Avec pour toile de fond le fleuve, ses rives et ses îles, « Regards et dérives » est l'oeuvre d'un écrivain passionné par les relations que tissent entre eux les êtres humains.
LE NOM DE LAHONTAN ÉVOQUE LA NOUVELLE-FRANCE, les filles du roi, la critique mordante de l'autorité et des idées reçues... Déjà, au début du siècle des Lumières , Lahontan incarne un type d'aventurier et d'intellectuel qui marquera l'Europe. Arrivé tout jeune militaire en Nouvelle-France, il parcourt l'Amérique pendant dix ans mais doit s'enfuir au Portugal pour ne pas être jeté en prison. En 1703, il devient célèbre quand il publie aux Pays-Bas ses Voyages en Amérique et ses Dialogues avec le Huron Adario. Malgré cette notoriété, il retombe dans l'anonymat et finit ses jours à la cour de Hanovre.Mais qui était vraiment Lahontan ? Quels ont été sa vie, ses amours, son monde intérieur ? L'historien pose la question, le romancier y répond par la fiction. Un beau voyage en Nouvelle-France que nous fait faire Réal Ouellet, tout en nous en apprenant beaucoup sur notre passé. Normand YERGEAU, L'Expression. [Les lecteurs] apprécieront le talent de communicateur, le travail rigoureux et les grandes connaissances de l'auteur. François ROBICHAUD, Bulletin de l'APHCQ.
Les Dialogues avec le Huron Adario, reprenant la formule de l'entretien philosophique, portent un regard critique sur les moeurs occidentales. Ils soulèvent tous les problèmes qui seront âprement discutés par la suite : nature et légitimité des pouvoirs politique et judiciaire, croyances et pratiques religieuses, bonheur et civilisation. Les Dialogues de Lahontan ont ainsi pavé la voie à un autre grand texte de l'époque : Les Lettres persanes de Montesquieu.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.