Pour Pandora Petersen, il n'y aura pas de Noël en famille. Doris, sa mère, vient d'être enterrée. Dans son appartement de Los Angeles, la jeune femme rumine son chagrin jusqu'à ce que la lettre de condoléances d'un certain Gil Sanders - glissée dans une gerbe de lys, les fleurs préférées de Doris - la jette sur les routes. Au volant de sa Honda délabrée, Pandora entame un étrange voyage en forme de jeu de piste. Messages sibyllins, rencontres tour à tour inquiétantes et cocasses ponctuent sa quête. De motels miteux en snacks déserts, de serveurs taciturnes en pompistes tatoués, d'embouteillages urbains en tempêtes de neige, elle se rapproche, sans le savoir, d'un secret bien gardé.
Il se lève tous les jours en début d'après-midi et descend à pied déjeuner au centre-ville de Reykjavik. Il déteste qu'on le dérange pendant ses repas. Il déteste qu'on le dérange tout court. Depuis quelque temps, il a remarqué une présence derrière lui, une silhouette rouge qui le suit et ne semble pas vouloir le lâcher. Il n'en finira donc jamais d'être épié. On l'a pourchassé toute sa vie, on a constamment cherché à lui voler son intimité. Il n'a donc aucune raison d'être agréable. D'ailleurs, ses imprécations redoublent : les Juifs, les Américains, les Japonais, les Russes en prennent pour leur grade. Ses amis se font de plus en plus rares. Il sait qu'il n'en a plus pour longtemps, quelques semaines, quelques mois peut-être. Il joue là sa dernière partie et son sort, réglé d'avance, est désespéré. Pourtant il ne baisse pas les bras. Parce qu'il est Robert James Fischer. Bobby Fischer. Le plus grand joueur d'échecs de tous les temps.
En retraçant les derniers jours du champion Bobby Fischer à Reykjavik, dévoilant un destin hors du commun, Pierre-Emmanuel Scherrer signe un roman où nous entrons de plain-pied dans l'intimité de ce personnage complexe et paranoïaque, à la fois citoyen américain et américanophobe, juif et antisémite, génial et puéril.