Longtemps administrateur général de la Bibliothèque nationale, membre de l'Académie des Beaux-Arts, Julien Cain (1887-1974) fut aussi président de la commission française de l'UNESCO. Mobilisé en 1914, gravement blessé en 1916, il a laissé de ces années de guerre une correspondance qui apporte un éclairage sur l'itinéraire d'une génération intellectuelle confrontée à la première des deux grandes catastrophes du XXe siècle.
Administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1930 à 1940 et de 1945 à 1964, Julien Cain (1887-1974) joua un rôle marquant dans le domaine de la lecture publique. Cette longue et féconde carrière connut, de 1940 à 1945, une interruption dramatique. Démis de ses fonctions par Pétain dès le 23 juillet 1940 pour s'être trouvé parmi les passagers du Massilia, Julien Cain fut arrêté par la police allemande en 1941, interné à la Santé, puis au fort de Romainville, avant d'être déporté à Buchenwald, le 22 janvier 1944. Tout au long de ces années d'internement, son épouse Lucienne se dépensa sans compter pour tenter d'arracher sa libération. Ecrite dans un langage crypté, cette correspondance dessine une partie du vaste réseau mondain constitué par les époux et nous fait pénétrer dans l'intimité du couple.
Dans cet ouvrage publié en 1977, Daniel Lindenberg et Pierre-André Meyer montrent, l'un par une approche biographique, l'autre par une analyse théorique, qu'il n'est plus permis d'ignorer aujourd'hui Lucien Herr, mort en 1926, qui a, par sa pensée et son action, préparé la difficile alliance du socialisme et de la liberté.