Rodrigue et Chimène s'aiment tendrement. Mais Don Gomès, le fier père de Chimène, se querelle avec le père de Rodrigue, et lui inflige un soufflet. Pour venger l'affront subi par son père, Rodrigue doit combattre en duel Don Gomès.
Déchiré entre son honneur et son amour, Rodrigue doit faire face à un cruel dilemme, et finit par tuer le père de Chimène.
Cette tragicomédie de Corneille a déchaîné les passions dès sa première représentation. Des siècles plus tard, les tirades brillantes et le rythme haletant de l'intrigue révèlent encore tout l'éclat du talent de Corneille.
Pridamant est à la recherche de son fils Clindor dont il n'a plus de nouvelles depuis dix ans. Sur les conseils de son ami Dorante, il consulte un magicien nommé Alcandre qui lui montre la vie de son fils à travers des « spectres vivants ». Dans ce récit, Clindor travaille au service de Matamore, qui est amoureux de la belle Isabelle. Mais Matamore découvre la relation amoureuse secrète entre Clindor et Isabelle, et veut se venger.
Pridamant voit donc son fils et Isabelle mourir ensemble. Mais Pridamant n'est pas au bout de ses surprises...
Cette tragédie en cinq actes se situe à l'époque de la Rome antique. Cinna est amoureux de la jeune Émilie, dont le père a autrefois été tué par l'empereur Auguste. Émilie accepte d'épouser Cinna à condition que celui-ci venge son père en tuant Auguste. Mais son ami Maxime, lui aussi amoureux d'Émilie, dévoile le complot à Auguste...
L'action se déroule à Corinthe. Médée, redoutable magicienne, a deux enfants avec Jason. Mais lorsque celui-ci la quitte pour se marier avec Créuse, fille du roi Créon, Médée décide de se venger de sa rivale et de tuer ses propres enfants.
Impuissant, Jason se suicide.
Cette pièce est inspirée du fameux mythe grec d'OEdipe et de la tragédie de Sénèque. OEdipe gouverne Thèbes. Dircé, fille de Laïus, l'ancien roi de Thèbes, est amoureuse de Thésée, mais OEdipe la destine à Hémon. Celle-ci refuse l'autorité d'OEdipe, se considérant comme l'héritière légitime du trône. C'est alors qu'on découvre qu'OEdipe est le fils légitime de Laïus, et que l'on réalise l'ampleur de ses crimes...
Alidor et Angélique s'aiment. Mais Alidor ne souhaite pas se lier pour la vie à Angélique, de peur de perdre sa liberté. Afin d'inciter Angélique à se donner à son ami Cléandre, il prétend à cette dernière qu'il lui est infidèle. Cependant, Angélique se rapproche de Doraste et non de Cléandre. Alidor use de nouvelles ruses pour tromper sa belle. Quand elle s'en aperçoit, la pauvre Angélique décide d'entrer au couvent.
Dorante, en compagnie de son valet et confident Cliton, rencontre Clarice et Lucrèce aux Tuileries. Pour les impressionner, il s'invente une vie de héros. Mais les mensonges ne paient pas toujours, et seront source d'une incroyable série de mésaventures...
Cette pièce est la première tragicomédie de Pierre Corneille.
Les princesses Caliste et Dorise sont toutes les deux promises respectivement à Clitandre et Pymante. Cependant, les princesses sont toutes deux éprises de Rosidor, lui-même amoureux de Caliste. Tandis que Dorise fomente le meurtre de Caliste, Pymante prépare celui de son rival, Rosidor. S'ensuit alors une succession de péripéties, qui feront éclater la vérité...
Célidée se sépare de Lysandre pour mieux le reconquérir. Ce dernier fait semblant d'aimer Hippolyte, elle-même déjà aimée par l'ami de Lysandre, Dorimant.
Entre jalousie et malentendus, les deux hommes s'affrontent en duel, jusqu'à ce que Célidée intervienne...
ACTE I
SCÈNE PREMIÈRE.
Damon, Théante
Damon
Ami, j'ai beau rêver, toute ma rêverie
Ne me fait rien comprendre en ta galanterie.
Auprès de ta maîtresse engager un ami,
C'est, à mon jugement, ne l'aimer qu'à demi.
Ton humeur qui s'en lasse au changement l'invite ;
Et n'osant la quitter, tu veux qu'elle te quitte.
Théante
Ami, n'y rêve plus ; c'est en juger trop bien
Pour t'oser plaindre encor de n'y comprendre rien.
Quelques puissants appas que possède Amarante,
Je trouve qu'après tout ce n'est qu'une suivante ;
Et je ne puis songer à sa condition
Que mon amour ne cède à mon ambition.
Ainsi, malgré l'ardeur qui pour elle me presse,
À la fin j'ai levé les yeux sur sa maîtresse,
Où mon dessein, plus haut et plus laborieux,
Se promet des succès beaucoup plus glorieux.
Mais lors, soit qu'Amarante eût pour moi quelque flamme,
Soit qu'elle pénétrât jusqu'au fond de mon âme,
Et que malicieuse elle prît du plaisir
À rompre les effets de mon nouveau désir,
Elle savait toujours m'arrêter auprès d'elle
À tenir des propos d'une suite éternelle.
L'ardeur qui me brûlait de parler à Daphnis
Me fournissait en vain des détours infinis ;
Elle usait de ses droits, et toute impérieuse,
D'une voix demi-gaie et demi-sérieuse :
"Quand j'ai des serviteurs, c'est pour m'entretenir,
Disait-elle ; autrement, je les sais bien punir ;
Leurs devoirs près de moi n'ont rien qui les excuse."
Damon
Maintenant je devine à peu près une ruse
Que tout autre en ta place à peine entreprendrait.
Théante
Écoute, et tu verras si je suis maladroit.
Tu sais comme Florame à tous les beaux visages
Fait par civilité toujours de feints hommages,
Et sans avoir d'amour offrant partout des voeux,
Traite de peu d'esprit les véritables feux.
Un jour qu'il se vantait de cette humeur étrange,
À qui chaque objet plaît, et que pas un ne range,
Et reprochait à tous que leur peu de beauté
Lui laissait si longtemps garder sa liberté :
"Florame, dis-je alors, ton âme indifférente
Ne tiendrait que fort peu contre mon Amarante."
"Théante, me dit-il, il faudrait l'éprouver ;
Mais l'éprouvant peut-être on te ferait rêver :
Mon feu, qui ne serait que pure courtoisie,
La remplirait d'amour, et toi de jalousie."
Je réplique, il repart, et nous tombons d'accord
Qu'au hasard du succès il y ferait effort.
Ainsi je l'introduis ; et par ce tour d'adresse,
Qui me fait pour un temps lui céder ma maîtresse,
Engageant Amarante et Florame au discours,
J'entretiens à loisir mes nouvelles amours.
Damon
Fut-elle sur ce point ou fâcheuse ou facile ?
Théante
Plus que je n'espérais je l'y trouvai docile.
Soit que je lui donnasse une fort douce loi,
Et qu'il fût à ses yeux plus aimable que moi ;
Soit qu'elle fît dessein sur ce fameux rebelle
Qu'une simple gageure attachait auprès d'elle,
Elle perdit pour moi son importunité,
Et n'en demanda plus tant d'assiduité.
La douceur d'être seule à gouverner Florame
Ne souffrit plus chez elle aucun soin de ma flamme,
Et ce qu'elle goûtait avec lui de plaisirs
Lui fit abandonner mon âme à mes désirs.
Damon
On t'abuse, Théante ; il faut que je te dise
Que Florame est atteint de même maladie,
Qu'il roule en son esprit mêmes desseins que toi,
Et que c'est à Daphnis qu'il veut donner sa foi.
À servir Amarante il met beaucoup d'étude ;
Mais ce n'est qu'un prétexte à faire une habitude :
Il accoutume ainsi ta Daphnis à le voir,
Et ménage un accès qu'il ne pouvait avoir.
Sa richesse l'attire, et sa beauté le blesse ;
Elle le passe en biens, il l'égale en noblesse,
Et cherche ambitieux, par sa possession,
À relever l'éclat de son extraction.
Il a peu de fortune, et beaucoup de courage ;
Et hors cette espérance, il hait le mariage.
C'est ce que l'autre jour en secret il m'apprit ;
Tu peux, sur cet avis, lire dans son esprit.
Théante
Parmi ses hauts projets il manque de prudence,
Puisqu'il traite avec toi de telle confidence.
Damon
Crois qu'il m'éprouvera fidèle au dernier point,
Lorsque ton intérêt ne s'y mêlera point.
Théante
Je dois l'attendre ici. Quitte-moi, je te prie,
De peur qu'il n'ait soupçon de ta supercherie.
Damon
Adieu. Je suis à toi.
ACTE I
SCÈNE PREMIÈRE.
Ptolémée, Photin, Achillas, Septime
Ptolémée
Le destin se déclare, et nous venons d'entendre
Ce qu'il a résolu du beau-père et du gendre.
Quand les dieux étonnés semblaient se partager,
Pharsale a décidé ce qu'ils n'osaient juger.
Ses fleuves teints de sang, et rendus plus rapides
Par le débordement de tant de parricides,
Cet horrible débris d'aigles, d'armes, de chars,
Sur ses champs empestés confusément épars,
Ces montagnes de morts privés d'honneurs suprêmes,
Que la nature force à se venger eux-mêmes,
Et dont les troncs pourris exhalent dans les vents
De quoi faire la guerre au reste des vivants,
Sont les titres affreux dont le droit de l'épée,
Justifiant César, a condamné Pompée.
Ce déplorable chef du parti le meilleur,
Que sa fortune lasse abandonne au malheur,
Devient un grand exemple, et laisse à la mémoire
Des changements du sort une éclatante histoire.
Il fuit, lui qui, toujours triomphant et vainqueur,
Vit ses prospérités égaler son grand coeur;
Il fuit, et dans nos ports, dans nos murs, dans nos villes;
Et contre son beau-père ayant besoin d'asiles,
Sa déroute orgueilleuse en cherche aux mêmes lieux
Où contre les Titans en trouvèrent les dieux:
Il croit que ce climat, en dépit de la guerre,
Ayant sauvé le ciel, sauvera bien la terre,
Et dans son désespoir à la fin se mêlant,
Pourra prêter l'épaule au monde chancelant.
Oui, Pompée avec lui porte le sort du monde,
Et veut que notre Égypte, en miracles féconde,
Serve à sa liberté de sépulcre ou d'appui,
Et relève sa chute, ou trébuche sous lui.
C'est de quoi, mes amis, nous avons à résoudre.
Il apporte en ces lieux les palmes ou la foudre:
S'il couronna le père, il hasarde le fils;
Et nous l'ayant donnée, il expose Memphis.
Il faut le recevoir, ou hâter son supplice,
Le suivre, ou le pousser dedans le précipice.
L'un me semble peu sûr, l'autre peu généreux,
Et je crains d'être injuste et d'être malheureux.
Quoi que je fasse enfin, la fortune ennemie
M'offre bien des périls, ou beaucoup d'infamie:
C'est à moi de choisir, c'est à vous d'aviser
À quel choix vos conseils doivent me disposer.
Il s'agit de Pompée, et nous aurons la gloire
D'achever de César ou troubler la victoire;
Et je puis dire enfin que jamais potentat
N'eut à délibérer d'un si grand coup d'état.
Tite, Empereur de Rome, est sur le point d'épouser Domitie. Cette dernière, même si elle aime d'un amour réciproque Domitian, le frère de Tite, accorde plus d'importance à la souveraineté qu'à ses sentiments. De son côté, Tite est toujours amoureux de Bérénice, Reine qu'il avait exilée quelques temps auparavant. Le retour de cette dernière à Rome bouleverse les projets de l'Empereur. Domitian essaie de convaincre son frère d'épouser Bérénice et de lui laisser Domitie.
Cependant, le peuple Romain n'est pas favorable à l'union entre un empereur et une reine... Tite va-t-il écouter le peuple ou bien son coeur ?
L'histoire se déroule à Éphèse. Lysandre, général spartiate, a promis ses deux filles, Elpinice et Aglatide, à Cotys et Spitridate. Mais Elpinice et Spitridate s'aiment. Quant à Cotys, il est tombé amoureux de Mandane, la soeur de Spitridate, qu'aime Agélisas, roi de Sparte. Agésilas découvre qu'un complot est monté contre lui par Lysandre...
Dorante rentre d'Italie, pétri de bonnes intentions. Il s'est, depuis deux ans, racheté une conduite, et n'est plus le menteur invétéré qu'il était alors. Mais voilà qu'il se retrouve emprisonné, sur un malentendu...
PROLOGUE
Décoration du prologue. L'ouverture du théâtre présente de front aux yeux des spectateurs une montagne, dont les sommets inégaux, s'élevant les uns sur les autres, portent le faîte jusque dans les nues. Le pied de cette montagne est percé à jour par une grotte profonde qui laise voir la mer en éloignement. Les deux côtés du théâtre sont occupés par une forêt d'arbres touffus et entrelacés les uns dans les autres. Sur un des sommets de la montagne paraît Melpomène, le muse de la tragédie, et à l'opposite dans le ciel, on voit le soleil s'avancer dans un char tout lumineux, tiré par les quatre chevaux qu'Ovide lui donne.
Le Soleil, Melpomène.
Melpomène
Arrête un peu ta course impétueuse:
Mon théâtre, Soleil, mérite bien tes yeux;
Tu n'en vis jamais en ces lieux
La pompe plus majestueuse:
J'ai réuni, pour la faire admirer,
Tout ce qu'ont de plus beau la France et l'Italie;
De tous leurs arts mes soeurs l'ont embellie:
Prête-moi tes rayons pour la mieux éclairer.
Daigne à tant de beautés, par ta propre lumière,
Donner un parfait agrément,
Et rends cette merveille entière
En lui servant toi-même d'ornement.
Le Soleil
Charmante muse de la scène,
Chère et divine Melpomène,
Tu sais de mon destin l'inviolable loi:
Je donne l'âme à toutes choses,
Je fais agir toutes les causes;
Mais quand je puis le plus, je suis le moins à moi;
Par une puissance plus forte
Le char que je conduis m'emporte:
Chaque jour sans repos doit et naître et mourir.
J'en suis esclave alors que j'y préside;
Et ce frein que je tiens aux chevaux que je guide
Ne règle que leur route, et les laisse courir.