"Loin de désarmer devant des phénomènes aussi inextricables que l'inégalité, le chômage, la précarité ou le réchauffement climatique, les gouvernements multiplient inlassablement les propositions d'actions nouvelles, de réformes ou de transformations. Or, leur incapacité à résoudre les problèmes, parfois sanctionnée par le vote démocratique et par l'alternance, n'aboutit pas pour autant à une remise en cause du système politique lui-même.Pour comprendre cette surprenante stabilité politique dans un monde à ce point en désordre, Philippe Zittoun examine le processus de « fabrique des solutions », moins comme un travail expert de résolution de problèmes que comme une activité politique qui contribue à définir, à propager et à imposer une proposition de politique publique pour « remettre en ordre » la société.S'appuyant sur un important travail de recherche et d'enquêtes menées au coeur de ce processus, cette approche nouvelle de l'action publique permet de mieux comprendre l'activité de nos gouvernants, véritables Sisyphes des temps modernes."
Comment l'interdiction de la fracturation hydraulique a-t-elle pu s'imposer en France en quelques mois? Le gouvernement, l'administration publique et ses experts, de puissants lobbies semblaient pourtant s'accorder sur l'intérêt économique de cette exploitation quand le grand public ignorait jusqu'à l'existence des gaz de schiste.
S'appuyant sur une vaste enquête, ce livre donne à voir la politique en train de se faire. Il rappelle qu'une politique publique n'est pas écrite d'avance : elle est le produit de luttes entre divers acteurs qui mettent l'État sous pression. Menées tantôt dans les arènes discrètes de l'administration ou des lobbies, tantôt dans l'espace médiatique et public, ces batailles du sens permettent de comprendre comment se construisent les politiques publiques.
Philippe Zittoun est chercheur HDR en science politique à l'Université de Lyon. Ses recherches portent sur le processus de fabrique des politiques publiques.
Sébastien Chailleux est enseignant-chercheur au Laboratoire Passages (UMR5319) à l'Université de Pau et des Pays de l'Adour.