En France, l'histoire des appellations d'origine s'inscrit dans le temps long. Dès la fin du XVIIe siècle, la réputation des aliments associés à un lieu s'affirme pour distinguer les produits jugés les meilleurs. Bien loin d'un simple déterminisme naturel, le sens et la valorisation de cette identification territoriale durable sont un processus complexe où se mêlent savoir-faire techniques, stratégies commerciales, discours savants et goût des consommateurs. Comprendre pourquoi l'origine devient le critère d'une qualité supérieure attendue conduit à s'intéresser aux rôles décisifs des marchands, des consommateurs et des prescripteurs dans la définition de la valeur des marchandises et la mise en place d'un marché alimentaire original en France et à l'étranger entre 1680 et 1830.
Philippe Meyzie est maître de conférences HDR en histoire moderne à l'université Bordeaux Montaigne-CEMMC. Membre honoraire de l'Institut universitaire de France, il consacre ses recherches à l'histoire des consommations, de l'alimentation, de la réputation et des circulations marchandes en France et en Europe du XVIIe au XIXe siècle. Il a publié notamment L'alimentation en Europe à l'époque moderne, Paris, Armand Colin, 2010.
L'alimentation s'impose peu à peu dans la recherche et l'enseignement de l'histoire. Inscrite dans le courant de l'histoire matérielle, servie par de très nombreuses sources (archives, livres, tableaux, objets), la consommation alimentaire est devenue pour l'historien essentielle pour comprendre une époque et une société. Cette synthèse place l'histoire de l'alimentation, du XVIe au milieu du XIXe siècle, au coeur des problématiques multiples de l'histoire économique, sociale, culturelle ou politique. Ouverte sur l'Europe, cette étude est pour l'étudiant un outil de travail sans équivalent, qui offre informations historiographiques, bilan des connaissances, mais aussi orientations méthodologiques et pistes de recherches inédites.