Suite à la parution de Le Capitalisme à l'agonie, la question m'a souvent été posée : « Que faudra-t-il mettre à sa place ? » Je m'en étais tenu jusque-là au constat depuis mon avertissement qu'une crise gravissime allait éclater dans le secteur des subprimes. Il fallait maintenant passer à la prospective. Je n'avais pas de réponse toute prête (la réforme sociale n'est pas mon métier !), aussi me suis-je plongé dans l'examen de la question, laquelle est loin d'être simple. Car la crise actuelle en réunit en réalité trois, qui se combinent de manière particulièrement toxique : une crise due au fait que notre espèce se conduit comme une malpropre à la surface de la planète qui l'héberge, une crise due au fait que la maîtrise de la complexité nous a désormais totalement échappé (c'était déjà le cas avant l'invention de l'ordinateur, mais celui-ci a amplifié le problème), enfin la crise financière et économique, conséquence de la « machine à concentrer la richesse » qui constitue le coeur de nos sociétés, dont nous avons en général tiré une grande fierté jusqu'à ce qu'elle nous explose comme aujourd'hui à la figure. Avant de pouvoir dire ce qu'il faudra mettre à la place du capitalisme, bien des questions doivent être résolues : Pourquoi nous sommes-nous satisfaits d'une "science" économique incapable de voir venir une crise de l'ampleur de celle qui est en train de nous engloutir et de prôner ensuite les mesures nécessaires pour nous permettre d'en sortir ? Comment distribuer équitablement la richesse créée ? Poser les bonnes questions, dit-on, c'est déjà y avoir à moitié répondu
Le genre humain est riche ; pourtant la plupart d'entre nous sont pauvres. Un paradis en puissance s'ouvre à nous ; au lieu de cela, nous nous opprimons les uns les autres avec une grande cruauté rendant peu à peu notre planète invivable. Nous avons laissé se privatiser le bien commun et permis à ses nouveaux propriétaires d'en faire ce que bon leur semble, que la ressource soit renouvelable ou non. L'argent appelle l'argent, la concentration des richesses a désormais atteint un niveau grotesque, grippant l'économie. La mécanisation est un progrès pour le genre humain tout entier ; or l'emploi disparaît et le propriétaire de la machine s'enrichit davantage. Voici le monde tel qu'il est.
Changeons de cap aujourd'hui même : soyons riches, puisque nous le sommes en réalité ; transformons la terre en paradis. La mécanisation systématique nous libère ; vivons cette liberté dans le loisir que la gratuité autorise. Il ne s'agit pas là d'un choix, puisque dans un monde déboussolé par le chacun pour soi et le démantèlement de la solidarité, la seule alternative au paradis réalisé ici et maintenant est la disparition à court terme du genre humain. Le moment est enfin venu pour Un nouveau monde. Seuls manquaient notre enthousiasme et notre détermination. Ils sont là désormais ! Créons le monde tel qu'il doit être.
À travers son analyse approfondie de la société actuelle, le sociologue et anthropologue Paul Jorion nous appelle à réfléchir à un autre monde pour demain. Ce livre est le premier d'une collection portée par les mutualités socialistes-Solidaris qui a comme objectif de perpétuer un esprit démocratique, social, éthique et politique.
Comment reconstruire la réflexion économique après la crise de 2007 et la débâcle d'une « science » aux ordres de la finance ? En quoi la lecture de Keynes peut-elle nous y aider ? S'appuyant largement sur ses écrits, Paul Jorion nous rappelle le destin hors du commun de John Maynard Keynes : pur produit de Cambridge et de sa culture scolastique, proche de Virginia Woolf et du cercle littéraire de Bloomsbury, il a certes produit une oeuvre immense, mais il fut aussi pleinement homme d'action et homme d'État. De cette lecture réfléchie de son oeuvre que pouvons-nous tirer ? D'abord, un scepticisme salutaire concernant l'usage des mathématiques et des statistiques en économie. Ensuite, Keynes dénonça très tôt les méfaits du capitalisme et d'une fausse rationalité, destructrice de l'ordre social. Rebâtir avec lui, c'est admettre qu'il n'y a pas de solution purement économique aux problèmes de société et que la science économique n'aurait jamais dû cesser d'être, dès la fin du XIXe siècle, une économie politique. Pointant les aspects révolutionnaires mais aussi les zones d'ombre d'une oeuvre foisonnante, Paul Jorion restitue ce qui nous la rend tellement stimulante pour penser notre époque. Paul Jorion est anthropologue et sociologue de formation. Il s'est fait connaître du grand public par La Crise du capitalisme américain (2007), livre où il annonçait la crise des subprimes. Il occupe la chaire Stewardship of Finance à la Vrije Universiteit Brussel. Chroniqueur pour le journal Le Monde et, en Belgique, pour L'Écho et Trends-Tendances, il tient un blog qui fait référence en matière de finance.
Qui étions-nous ? Pour répondre à cette question, Paul Jorion dresse l'inventaire de ce que nous, êtres humains, avons pu comprendre jusqu'ici de notre destin. Il convoque pour ce faire les phares de notre réflexion sur nous-mêmes, certains aux noms attendus : Confucius, Socrate, Aristote, Paul de Tarse, Hegel, Nietzsche et Freud, ou moins attendus, tels Machiavel, Shakespeare et Victor Hugo, voire inattendus, comme Mao Tse-toung et Jacob Taubes.
Cette évaluation est réalisée en vue d'assurer notre salut, lequel est sérieusement compromis aujourd'hui, dans un contexte de destruction accélérée de nos conditions de vie à la surface de la Terre. Le scénario le plus optimiste parmi les plus plausibles a cessé d'être celui de machines de plus en plus intelligentes à notre service, pour être celui de notre remplacement pur et simple par celles-ci. Si nous voulons survivre en tant qu'espèce, il nous faut sans plus tarder passer la vitesse supérieure. Il faut pour cela réunir l'équipe de ceux qui ne se résolvent pas à notre disparition, des femmes et des hommes qui soient précisément résolus, bâtissant sur les principaux acquis de l'humain, de la réciprocité au génie technologique. C'est l'appel lancé dans cette Défense et illustration du genre humain.
Anthropologue et sociologue, Paul Jorion révolutionne depuis dix ans le regard que nous portons sur la finance et l'économie. Il a récemment publié chez Fayard À quoi bon penser à l'heure du grand collapse ?
On ne s'attendrait pas, spontanément, sous le soleil du littoral californien, à trouver une crêperie picarde où un spécialiste mondial de Baudelaire serait en charge de préparer la soupe à l'oignon. En Amérique, tout est possible, dit-on. Ou serait-ce que, en vacances plus ou moins forcées, l'esprit libre et l'oeil ouvert, Paul Jorion se soit simplement rendu disponible aux rencontres les plus étonnantes, aux situations les plus inattendues ?
Car sans doute jamais le mot « vacances » ne retrouve-t-il un sens plus proche de son origine étymologique que quand on est contraint de les prendre sans les avoir planifiées, dans un pays de rêve, certes, mais sans projet. On s'invente des aventures, on magnifie des conversations sans lendemain, mais on mesure chaque jour un peu mieux le peu de place qu'on occupe dans le vaste monde.
A moins que, bien sûr, au hasard d'une séance chez une dentiste...
Faisant ici ses premiers pas de romancier, Paul Jorion n'en oublie pas pour autant ses qualités d'anthropologue et de sociologue, troussant en quelques phrases des portraits savoureux, observant tout ce dont les êtres humains sont capables pour se faire apprécier de leurs semblables, et s'incluant dans cette étrange danse de séduction avec une autodérision pleine de sagesse.
Auteur de nombreux ouvrages, Paul Jorion s'est notamment fait connaître par son regard résolument neuf sur l'économie et la finance, qui lui vaut l'attention d'un très large public.
Le genre humain se découvre, à sa très grande surprise, au bord de l'extinction. À cette menace, il ne réagit que mollement, en tentant de manière dérisoire de dégager un bénéfice commercial de toute tentative de réponse.Sommes-nous outillés pour empêcher notre propre extinction ? Notre constitution psychique et notre histoire jusqu'ici suggèrent malheureusement que notre espèce n'est pas à la hauteur de la tâche : la découverte que chacun d'entre nous est mortel l'a plongée dans une stupeur profonde dont plusieurs milliers d'années de rumination ne sont pas parvenues à la faire émerger.Le dernier qui s'en va éteint la lumière propose une description réaliste et véridique de notre espèce, de ses grandes forces et de ses immenses faiblesses. Nous comprendre nous-mêmes est la condition pour renverser la tendance qui nous conduit, si nous ne réagissons pas immédiatement avec la plus extrême vigueur, droit vers l'extinction. Anthropologue et sociologue de formation, Paul Jorion est connu du public pour avoir annoncé la crise des subprimes. Depuis, il a révolutionné le regard porté sur l'économie et la finance. Commentant l'actualité sur « Le blog de Paul Jorion », il est également chroniqueur au journal Le Monde et dans divers périodiques.
Une machine à concentrer la richesse, laissant une poignée de vainqueurs face à une armée de vaincus : voilà ce qu'est devenu le capitalisme. L'État-providence n'aura duré qu'une saison, la révolution technologique en cours réduit le marché de l'emploi.
Le court-termisme règne en maître, la défense de privilèges aussi exorbitants que médiocres bloque toute tentative de sauvetage.
La finance et l'économie pouvaient être réformées au lendemain de l'effondrement de 2008. Rien n'a été fait. Le verdict est sans appel : nous n'apprenons pas de nos erreurs ! Si bien qu'aujourd'hui, se débarrasser du capitalisme est devenu, pour l'humanité, une question de survie.
Paul Jorion propose une analyse sans concession et des pistes d'espoir : oui, la spéculation peut être interdite comme autrefois ; oui, l'État-providence doit être inscrit une fois pour toutes dans nos institutions ; oui, un projet européen ressuscité pourrait être le fer de lance d'un véritable redressement ! Seule la volonté fait défaut. Anthropologue et sociologue de formation, Paul Jorion révolutionne depuis dix ans le regard que nous portons sur la finance et l'économie. Son récent ouvrage, Le dernier qui s'en va éteint la lumière, a d'ores et déjà laissé sa marque
Responsable des crises économiques et environnementales catastrophiques qui l'affligent et menacent aujourd'hui de l'emporter, le genre humain est paradoxalement aussi un génie technologique. Les fruits de son inventivité sont entrés dans une phase explosive, faisant miroiter à la fois la promesse de l'immortalité individuelle et la déresponsabilisation par le transfert de la gestion des affaires à des machines.
À quoi bon penser à l'heure où se profile à l'horizon la menace du remplacement de l'homme apprenti-sorcier par le robot, son héritier ?
Paul Jorion a acquis sa réputation internationale en prévoyant la crise financière de 2008 et en étant conforté par les faits. Sa formation d'anthropologue et de sociologue, combinée à son goût pour les mathématiques et l'informatique, l'a conduit à jouer un rôle pionnier en anthropologie économique, en intelligence artificielle et en finance. Ses mises en garde sur le danger d'un effondrement mettent en accusation les choix politiques inconséquents débouchant sur un risque de collapse généralisé.
Esprit libre et érudit, ignorant les approches disciplinaires « en silo », Paul Jorion enrichit les outils de la pensée. Avec Franck Cormerais et Jacques Athanase Gilbert, il revient sur son parcours et sa démarche pour démontrer que seule une anthropologie radicale mobilisant la totalité du savoir que le genre humain a acquis sur son identité profonde est à même de prévenir est à même de prévenir son extinction
À la chute du mur de Berlin, le capitalisme triomphait : privé d'ennemis, il cessait d'être un système économique parmi d'autres pour devenir la manière unique dont un tel système pouvait exister. Vingt ans plus tard, il est à l'agonie. Que s'est-il passé ? Une explication possible est que le capitalisme a été atteint du même mal qui venait de terrasser son rival et la complexité devrait alors être incriminée : l'organisation des sociétés humaines atteindrait un seuil de complexité au-delà duquel l'instabilité prendrait le dessus et où, sa fragilité étant devenue excessive, le système courrait à sa perte. Une autre explication : il avait besoin de l'existence d'un ennemi pour se soutenir. En l'absence de cette alternative, ses bénéficiaires n'auraient pas hésité à pousser leur avantage, déséquilibrant le système entier. Autre explication encore : du fait du versement d'intérêts par ceux qui sont obligés de se tourner vers le capital, c'est-à-dire d'emprunter, le capitalisme engendrerait inéluctablement une concentration de la richesse telle que le système ne pourrait manquer de se gripper. Entre ces hypothèses, il n'est pas nécessaire de choisir : les trois sont vraies et ont conjugué leurs effets au début du XXIe siècle. C'est cette rencontre de facteurs mortifères qui explique pourquoi nous ne traversons pas l'une de ces crises du capitalisme qui lui sont habituelles depuis deux siècles, mais sa crise majeure, celle de son essoufflement final, et pour tout dire celle de sa chute.
« Lorsqu'en 2007 le monde entra dans la crise qui nous tient depuis enserrés, il m'apparut que la narration et l'analyse des péripéties financières et économiques ne suffisaient pas à nous faire comprendre les temps qui sont les nôtres. Disséquer l'actualité ne pouvait à soi seul faire l'affaire et devait être complété de considérations inactuelles déconnectées du tohu-bohu des événements bruts. La nature est faite d'une certaine façon, la culture des hommes, bien que sertie dans la nature, d'une autre. Toutes deux sont emportées par le flux du devenir, lequel accélère son mouvement dans les époques de "grands tournants", comme celui-ci. Des frottements et des chocs entre nature et culture jaillit le surréel : l'esprit, l'amour, l'analogie... Pour répertorier ces billets, compacts comme l'aphorisme ou nonchalants comme le "propos", j'ai créé deux catégories : l'une pour les graves "Questions essentielles", l'autre pour la très légère "Vie de tous les jours". Il m'arriva, une fois terminé l'un des billets que l'on s'apprête à lire, d'hésiter, parce que, pour hommes, femmes et enfants, le grave est parfois léger, et le léger, plus souvent qu'à son tour, grave. Du coup, à la lecture de ces textes innocents, l'on sourit, l'on rit, ou l'on pleure, parce que la vie est à rire et à pleurer, et da-vantage qu'hier sans doute aujourd'hui. » P. J. Paul Jorion est anthropologue et sociologue. Il s'est fait connaître du grand public par La crise du capitalisme américain (2007), livre où il annonçait la crise des subprimes. Chroniqueur au journal Le Monde, il dirige la chaire Stewardship of Finance à Bruxelles et tient également un blog où il défend des positions souvent iconoclastes.
This book explains that while posthumanism rose in opposition to the biblical contention that `Man was created in the image of God', transhumanism ascertained the complementary view that `Man has been assigned dominion over all creatures', further exploring a path that had been opened up by the Enlightenment's notion of human perfectibility.It explains also how posthumanism and transhumanism relate to deconstruction theory, and on a broader level to capitalism, libertarianism, and the fight against human extinction which may involve trespassing the boundary of the skin, achieving individual immortality or dematerialization of the Self and colonisation of distant planets and stars.
Two authors debate about truth and reason in today's world, the notion of personhood and the legacy of the Nietzschean Superhuman in the current varieties of anti-humanism.
Dans les premières années du XXIe siècle, une bulle se développa au sein de l'immobilier résidentiel américain. L'appréciation rapide du prix des maisons permit à des emprunteurs peu fortunés, regroupés au sein du secteur subprime, d'accéder au statut envié de propriétaires. La bulle requérait un flux constant de nouvelles recrues et quand celles-ci firent défaut en 2006, la bulle éclata : les prix de l'immobilier stagnèrent avant de partir à la baisse. Les emprunteurs subprime qui ne pouvaient faire face à leurs engagements sans une appréciation constante du prix de leur logement se retrouvèrent rapidement en situation délicate. La mise sur le marché de leurs logements ne fit qu'aggraver la crise.
L'industrie financière s'était d'abord adaptée passivement à la bulle, elle la facilita ensuite en mettant au point de nouveauux types de prêt. La "titrisation" permit de regrouper des collection de plusieurs milliers de ces prêts sous la forme d'une obligation classique vendue à des investisseurs éparpillés à la surface de la planète. Quand un nombre important d'emprunteurs subprime jetèrent l'éponge, ces oblagations tombèrent sous la barre de la rentabilité, entraînant des pertes considérables pour les établissements financiers qui les détenaient dans leur portefeuille. Affaiblis, ceux-ci accordèrent de moins en moins de prêts, provoquant un tarissement du crédit qui ne tarda pas à affecter l'économie réelle dont la vitalité repose sur l'accès à ces capitaux.
Tel est l'enchaînement qui a abouti à la crise financière majeure partie des Etats-Unis et qui ébranle ou menace le système bancaire de plusieurs pays européens.Anthropologue réputé, expert en intelligence artificielle et spécialiste de la formation des prix travaillant dans le monde bancaire, Paul Jorion jette depuis plusieurs années un autre regard sur l'économie ; il annonçait ainsi dès 2005 ce qui allait devenir la crise des subprimes.
En 2007, une crise financière née dans le secteur subprime de l'immobilier résidentiel américain débouche sur un tarissement du crédit, paralysant peu à peu le monde bancaire international. En 2008, la crise se transforme en crise économique mondiale, puis en authentique crise de civilisation.
Tous les établissements privés du prêt hypothécaire américain sont emportés, suivis par les deux colosses du crédit immobilier, Fannie Mae et Freddie Mac, que l'État américain se voit forcé de nationaliser. La crise ne s'arrête pas là: les banques d'affaires connues sous le nom de «Wall Street» s'effondrent à leur tour.
Cette dévastation sans précédent du système financier restreint alors dramatiquement les choix de placement des investisseurs. Des sommes colossales se retrouvent concentrées sur le marché à terme des matières premières, engendrant une énorme bulle spéculative. Le grain vient à manquer dans des pays du Sud, déclenchant des émeutes de la faim. Le prix exorbitant du carburant contribue à mettre au bord de la faillite les compagnies aériennes ainsi que les constructeurs automobiles américains.
Au-delà d'un récit détaillé des événements et de leur mécanisme, l'auteur répond aux questions que se pose le lecteur: quel rôle a joué la Chine dans ce processus? Notre compréhension des crises antérieures a-t-elle été intentionnellement censurée? Le capitalisme surmontera-t-il la crise?
Anthropologue, expert en intelligence artificielle et spécialiste de la formation des prix, Paul Jorion jette depuis plusieurs années un autre regard sur l'économie; il annonçait ainsi dès 2005 ce qui allait devenir la crise des subprimes. Il est également l'auteur de L'Implosion (Fayard, 2008).
À titre individuel, nous n'avons jamais été aussi riches et en aussi bonne santé. Au même moment, la survie de l'espèce humaine dans son ensemble n'a jamais été aussi menacée. En dépassant la capacité de charge de notre environnement, nous mettons en cause aujourd'hui notre propre existence.
Que faire ? Les tentations sont nombreuses : celle du repli sur soi du survivalisme, celle de la fuite en avant du transhumanisme, celles aussi hélas de l'eugénisme et de l'exterminisme visant à éliminer une partie de la population jugée nuisible ou inutile.
Relevons la tête tant qu'il en est encore temps et réalisons qu'un autre avenir est possible : la rébellion contre l'extinction est désormais en marche, poursuivons-la, soutenons-la de la feuille de route que l'on trouvera ici. Mettons à profit nos connaissances, mobilisons les citoyens du monde, et engageons nos États dans un effort de guerre. Seule une entreprise de cet ordre est à même de garantir une véritable transition humaniste, sociale et écologique vers un monde remis à neuf. Cette fois sur une base de pérennité.
Si un demi-siècle sépare les deux auteurs, le même sentiment de l'urgence pourtant les rapproche.
Anthropologue, sociologue et psychanalyste, Paul Jorion révolutionne depuis douze ans le regard que nous portons sur la finance et l'économie. Il a récemment publié chez Fayard Défense et illustration du genre humain.
Vincent Burnand-Galpin est étudiant à l'ENSAE ParisTech et à Sciences Po Paris. Très investi dans sa vie étudiante, il a notamment publié le Guide d'action du lycéen engagé et fonde la tribune étudiante de l'ENSAE.
Quelque chose s'est fissuré dans l'économie. Plusieurs crises - économique, financière, environnementale - se combinent en une seule, de taille gigantesque. De profondes tensions sociales se cachent derrière l'immense dette publique. Le chômage des jeunes atteint des niveaux insoutenables alors que l'emploi est confisqué par des ordinateurs et des robots. L'euro n'est plus un projet fédérateur : en déconnexion avec les réalités de l'économie, ses erreurs de conception apparaissent au grand jour. Pourtant, il ne tient qu'à nous de transformer cette crise en une véritable opportunité de changement. Des solutions radicales mais porteuses d'espoir existent. Paul Jorion, qui avait prévu la crise des subprimes aux États-Unis, jette depuis plusieurs années un regard décalé sur l'économie. Bruno Colmant, ex-banquier et ancien directeur d'une Bourse de valeurs, est plutôt catalogué à droite. Ces deux experts que tout oppose nous démontrent, dans un dialogue clair et sans concession, que l'on peut penser l'économie autrement. Paul Jorion est détenteur de la chaire "Stewardship of Finance" à la Vrije Universiteit Brussel et chroniqueur au journal Le Monde. Bruno Colmant est professeur de finance et membre de l'Académie royale de Belgique. Marc Lambrechts est chroniqueur économique et financier au journal L'Echoà Bruxelles.
Prenant prétexte de leurs recherches sur les populations côtières de la Bretagne méridionale et sur les métiers de la petite pêche, de la saliculture et de la conchyliculture, les auteurs, Geneviève Delbos, sociologue rurale, et Paul Jorion, anthropologue, se livrent à une ample réflexion sur la transmission des savoirs empiriques, mais aussi scientifiques et scolaires. Dans ces activités où le métier s'acquiert sur le tas au sein de l'environnement familial, ce n'est pas tant du savoir qui se transmet, mais du travail. Aujourd'hui l'apprentissage se double d'un enseignement scolaire. La pratique s'en trouve-t-elle améliorée ? Et, sinon, ne faut-il pas chercher la raison de cet échec dans le rapport ambigu que le savoir scolaire entretient avec la science ? Le savoir empirique ne se transmet pas, mais il se reconstitue cependant à chaque génération. Les auteurs mettent en évidence le mécanisme complexe par lequel une expérience privée se bâtit, tendant vers une maîtrise imaginaire, et confortée à chacune de ses étapes par la reconnaissance accordée à l'ouvrage bien faite. Savoir approprié à son objet, le savoir empirique n'en est pas moins essentiellement humain, et à ce titre soumis aux distorsions que lui imprime le champ de l'espoir. Le mérite essentiel de cet ouvrage réside sans doute dans la synthèse réussie qu'il opère entre le sociologique et le psychologique, les révélant chacun comme l'un des éclairages portés sur la machinerie complexe du renouvellement des générations. On découvrira ainsi comment la reconstitution du savoir dans l'expérience privée de chaque producteur explique à la fois les stratégies démographiques des communautés paysannes et l'équilibre délicat qui préside à leur reproduction.