"Parler aux hommes le langage de tous les hommes et leur parler cependant un langage tout neuf, infiniment précieux et simple pourtant comme le pain de la vie quotidienne, nul poète, avant Éluard, ne l'avait fait si naturellement. Transmuer en une sorte d'or vierge l'aspect des joies et des douleurs communes à tous, pour en faire éclater la splendeur unique, Éluard fut capable de cela plus intensément et plus aisément que nul autre. L'amour la poésie, ce titre (que je trouve follement beau), n'est-ce pas la formule exacte qui en coiffant impérieusement la vie permet de la renouveler ? La plupart des poètes ont célébré l'amour. Combien sont-ils, à la réflexion, qui l'aient porté en eux toujours et qui en aient imprégné leur oeuvre à la manière d'Éluard ? Capitale de la douleur, L'amour la poésie, je vois en ces livres des tableaux de la vie commune telle que par l'amour elle est rendue poétique, c'est-à-dire illuminée. Il n'est personne qui, pour un temps bref au moins, n'ait fait l'expérience de pareille illumination, mais les avares et les prudents ont la règle de rabaisser les yeux au plus vite, tandis que la leçon d'Éluard est de substituer définitivement le monde ainsi transfiguré à l'ancien et de s'en mettre plein la vue et plein les doigts sans avoir peur de se déchirer à ses aigus sommets."
André Pieyre de Mandiargues.
Dans ce recueil de citations très singulier, Paul Eluard poursuit la réflexion engagée depuis le surréalisme sur le langage, la parole et la poésie. En 1937, dans
L'Évidence poétique, Eluard écrivait : " Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient. Ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n'ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l'amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de lui apprendre les leurs. "
Ainsi, dans cette anthologie de citations qui date de 1942, il affirme une nouvelle fois cette conception d'une poésie qui accueille aussi bien la parole involontaire, souvent populaire, fruit du hasard dans lequel le dire dépasse le " vouloir dire ", et la parole intentionnelle où affluent les images, les combinaisons nouvelles, les jeux de répétitions et échos sémantiques. Un dialogue est ainsi ouvert entre les tenants de ces deux paroles, abolissant toute conception bourgeoise de la poésie et confirmant l'optimisme Eluardien en une fraternité à laquelle il aspire.
La particularité de ce recueil tient également en son dispositif de lecture : selon un ordre chronologique, en page de gauche (paire) s'affiche la poésie involontaire, en page de droite (impaire), la poésie intentionnelle. Voisinent de la sorte et parmi d'autres le facteur Cheval et Léon-Paul Fargue, Jacques Rigaut et Blaise Cendrars, la Religieuse portugaise et Salvador Dalí. À noter : les écrivains les plus prestigieux sont parfois classés parmi les poètes involontaire, tels Honoré de Balzac ou Dickens qui rejoignent Dame Tartine et Nicolas Flamel. Une anthologie très personnelle donc, où humour et scandale font toujours bon ménage.
Ordonnés sur un mode chronologique, ces textes suivent l'itinéraire d'Eluard, de la Révolution surréaliste à son engagement pour la paix, la justice et la liberté.
Les textes réunis dans cet ouvrage, publié pour la première fois en 1963 puis réédité en 2008 et aujourd'hui, complètent l'art poétique de Paul Eluard intitulé
Donner à voir. Ils couvrent une période de trente ans, de 1920 à 1952, année de la mort du poète.
Le Poète et son ombre est composé de textes provenant de plaquettes à tirage limité, de catalogues rares, de revues aujourd'hui introuvables. Il s'agit essentiellement de notes sur la poésie, de prières d'insérer pour des livres d'amis, de préfaces à des expositions de peintres, de fragments de conférences. Ordonnés sur un mode chronologique, ces textes suivent l'itinéraire d'Eluard, de la Révolution surréaliste à son engagement pour la paix, la justice et la liberté.
Les critiques ont souvent parlé de la " magie poétique " d'Eluard, dont la puissance d'enchantement, l'étonnante pureté, la transparence leur paraissaient inexplicables. La même remarque pourrait être faite à propos des textes qui composent
Le Poète et son ombre. Lorsqu'il parle de ses amis poètes ou des peintres qu'il aime, Eluard s'exprime avec naturel et sait donner le sentiment de l'évidence. " L'écoutant, on laisse tomber ses armes... ", disait Francis Ponge. Le texte critique est l'ombre portée d'une lumière.
Inconnue, elle était ma forme préférée,
Celle qui m’enlevait le souci d’être un homme,
Et je la vois et je la perds et je subis
Ma douleur, comme un peu de soleil dans l’eau froide.Recueil emblématique du XXe siècle et œuvre majeure de Paul Éluard, Capitale de la douleur cristallise l’intensité du sentiment amoureux. Rongé par la douleur de voir la femme qu’il aime s’éloigner de lui, l’auteur rédige des poèmes où le rêve côtoie le désir, où le « je » est universel. Chacun de nous, dans la traversée de l’absence de l’être aimé, peut s’y reconnaître. Sont également évoqués les thèmes de l’art et du bonheur, ainsi que plusieurs figures artistiques de son époque comme Picasso, Miró et Max Ernst.Paul Éluard (1895-1952) est une figure majeure de la poésie, d’abord dadaïste puis surréaliste. Auteur de nombreux recueils, il est resté célèbre entre autres pour le poème « Liberté » écrit pendant la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il fut résistant.Introduction et chronologie de Raymond Jean
" Un livre incandescent, brûlant d'aimer, brûlé de désir, traquant la flamme, s'il faut, au-delà de la mort... "
Ce volume, devenu un classique incontournable de la poésie sentimentale et érotique, rassemble les poèmes de Paul Eluard dédiés à l'amour, écrits durant les dix dernières années de sa vie :
Une longue réflexion amoureuse (1945),
Le Dur Désir de durer (1946),
Le temps déborde (1947),
Corps mémorable (1948) et
Le Phénix (1951). Moderne et lyrique, Eluard choisi le vers libre, exempt de toute ponctuation, pour chanter la femme divinisée et déclarer sa flamme à ses muses et compagnes, de Nusch à Dominique, en passant par Jacqueline. Comme le note Jean-Pierre Siméon dans la préface, Derniers poème d'amour est l'" un des opus sacrés de l'adolescence, un bréviaire insolent où puiser, à chaque instant d'ombre et d'abandon, telle ou telle de ces formules dont la jeunesse a besoin pour oser le pas... "
" Même quand nous dormons nous veillons l'un sur l'autre
Et cet amour plus lourd que le fruit mûr d'un lac
Sans rire et sans pleurer dure depuis toujours
Un jour après un jour une nuit après nous "
Ce volume rassemble des poèmes de Paul Éluard (1895-1952) publiés pendant la Seconde Guerre mondiale, le plus souvent dans la clandestinité sous des pseudonymes tels que Jean du Haut ou Maurice Hervent, dans divers recueils, revues et brochures (dont L'Honneur des poètes, Minuit, juillet 1943 et Europe, Minuit, mai 1944). Ainsi le recueil Poésie et vérité 1942, publié en octobre 1942 aux Éditions de la Main à la Plume, et dans lequel figurent « La Dernière Nuit et quelques autres poèmes dont le sens ne peut guère laisser de doutes sur le but poursuivi : retrouver, pour nuire à l'occupant, la liberté d'expression ».
L'un de ces « quelques autres poèmes » est Liberté.
« Et partout en France, écrit Paul Éluard dans la bibliographie du recueil, des voix se répondent, qui chantent pour couvrir le lourd murmure de la bête, pour que les vivants triomphent, pour que la honte disparaisse. »
Ces poèmes d'Éluard furent recueillis en un volume publié aux Éditions de Minuit en avril 1945, avec trois autres poèmes inspirés entre 1936 et 1938 par la guerre d'Espagne. C'est cette édition qui est reprise ici.
Table des matières.
AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND : Avis - Courage - Les belles balances de l'ennemi - Chant nazi - « Un petit nombre d'intellectuels français s'est mis au service de l'ennemi » - Les sept poèmes d'amour en guerre - Critique de la poésie - L'aube dissout les monstres - Enterrar y callar - Les armes de la douleur - Tuer - Bêtes et méchants - D'un seul poème entre la vie et la mort - Pensez - On te menace - À celle dont ils rêvent - En plein mois d'août - Le poème hostile - Comprenne qui voudra - Gabriel Péri - Dans un miroir noir - Charniers - Le même jour pour tous - Chant du feu vainqueur du feu - À l'échelle humaine - Les vendeurs d'indulgence - Faire vivre // POÉSIE ET VÉRITÉ 1942 : Liberté - Sur les pentes inférieures - Première marche, la voix d'un autre - Le rôle des femmes - Patience - Un feu sans tache - Bientôt - La halte des heures - Dimanche après-midi - Douter du crime - Couvre-feu - Dressé par la famine - Un loup - Un loup - Du dehors - Du dedans - La dernière nuit // RAISONS D'ÉCRIRE, ENTRE AUTRES, ET BIBLIOGRAPHIE : Novembre 1936 - La victoire de Guernica - Les vainqueurs d'hier périront.
Amoureuses
Elles ont les épaules hautes
Et l'air malin
Ou bien des mines qui déroutent
La confiance est dans la poitrine
À la hauteur où l'aube de leurs seins se lève
Pour dévêtir la nuit
Des yeux à casser les cailloux
Des sourires sans y penser
Pour chaque rêve
Des rafales de cris de neige
Des lacs de nudité
Et des ombres déracinées.
Il faut les croire sur baiser
Et sur parole et sur regard
Et ne baiser que leurs baisers
Je ne montre que ton visage
Les grands orages de ta gorge
Tout ce que je connais et tout ce que j'ignore
Mon amour ton amour ton amour ton amour.
'Je sais parce que je le dis
Que mes désirs ont raison
Je ne veux pas que nous passions
À la boue
Je veux que le soleil agisse
Sur nos douleurs qu'il nous anime
Vertigineusement
Je veux que nos mains et nos yeux
Reviennent de l'horreur ouvertes pures
Je sais parce que je le dis
Que ma colère a raison
Le ciel a été foulé la chair de l'homme
A été mise en pièces
Glacée soumise dispersée
Je veux qu'on lui rende justice
Une justice sans pitié
Et que l'on frappe en plein visage les bourreaux
Les maîtres sans racines parmi nous
Je sais parce que je le dis
Que mon désespoir a tort
Il y a partout des ventres tendres
Pour inventer des hommes
Pareils à moi
Mon orgueil n'a pas tort
Le monde ancien ne peut me toucher je suis libre
Je ne suis pas un fils de roi je suis un homme
Debout qu'on a voulu abattre'
Le travail du poète, VII
Pour vivre ici
Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hiver,
Un feu pour vivre mieux.
Je lui donnai ce que le jour m'avait donné
Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,
Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,
Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.
Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leur chaleur ;
J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée,
Comme un mort je n'avais qu'un unique élément.
(1918)
[...]
"Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas, je le répète, d'invoquer, mais d'inspirer. Tant de poèmes d'amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. La compréhension, comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre et les autres, comprises ou incomprises.
C'est l'espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé - pour le poète - l'action de son imagination. Qu'il formule cet espoir ou ce désespoir et ses rapports avec le monde changeront immédiatement. Tout est au poète objet à sensations et, par conséquent, à sentiments. Tout le concret devient alors l'aliment de son imagination et l'espoir, le désespoir passent, avec les sensations et les sentiments, au concret. [...]"
Extrait de L'évidence poétique
"Ce nouveau recueil de vingt-sept poèmes inédits en majeure partie marque un moment important dans la vie de l'auteur et dans son oeuvre. "Je me suis voulu moraliste, dit-il dans sa préface. Combien de fois ai-je dû me répéter, avec cet entêtement absurde du combattant
discipliné : 'Ce qui est mal te fait souffrir ou fait souffrir les autres, mais ce qui est bien est juste et harmonieux et sage, dans tous les sens ; tu le sais, ne ruse pas.' Car ruser avec le bien s'avère toujours plus possible que de conserver son mal. On ruse avec la vie, on ne trompe pas la mort." Mais ce bien et ce mal, quels sont-ils? "Combien de fois ai-je changé l'ordre de ces poèmes, remis au bien ce qui était au mal, et inversement? Le jour suivait-il la nuit ou la nuit le jour? Je suis d'humeur changeante, mais ni l'aube pour moi, ni le crépuscule, jamais ne trébuchent. Ils se transforment. Le mal doit être mis au bien. Et par tous les moyens, faute de tout perdre. Contre toute morale résignée, nous dissiperons la douleur et l'erreur. Puisque nous avons eu confiance.""
(Bulletin de la NRF n° 30, déc. 1949)
Ce livre reproduit le texte de cinq méditations poétiques destinées d'abord à la radio. En adoptant pour ces réflexions sur son art, pour cette suite d'essais, de poèmes en prose, de citations merveilleuses, la forme des voix alternées, Paul Éluard converse avec les grands poètes, ses frères. Les Sentiers et les Routes de la Poésie, c'est l'expression accomplie de ce dialogue entre les voix intérieures du poète et les voix humaines qui le touchaient. Un de ses amis demandait un jour à Éluard combien de temps il avait passé à écrire ces cinq émissions : "Trois mois - et vingt-cinq ans", répondit-il. Les textes qui sont mis dans la bouche de l'Auteur comptent parmi les plus beaux écrits en prose d'Éluard. Sur la poésie, l'imagination, l'amour, l'enfance, le fantastique, il s'est rarement livré avec plus de liberté, de charme et de bonheur. "Les véritables poètes, écrivait-il, n'ont jamais cru que la poésie leur appartînt en propre." Aussi, aux confidences de l'Auteur, Éluard mêle-t-il un éblouissant florilège : poèmes, lettres d'amour, chansons populaires, poésies d'enfants, paroles célèbres ou obscures, inconnues ou glorieuses, mais dont chacune rayonne.
Une sélection de vingt poèmes extraits du recueil de Paul Éluard, Capitale de la douleur, vingt poèmes parmi les plus évocateurs et les plus émouvants de cette anthologie, vingt poèmes exprimant la palette des sentiments amoureux de Paul Éluard à l'égard de sa femme Gala : de la joie d'aimer à des cris de désarroi. Des textes courts, rapides et saisissants qui donnent naissance à de merveilleux chants d'amour.
Texte intégral révisé suivi de "Poésie et Vérité 1942" et d'une biographie de Paul Eluard. "Au rendez-vous allemand" et "Poésie et Vérité 1942", publiés clandestinement pendant la Seconde Guerre mondiale, rassemblent les poèmes qui ont été directement inspirés à Paul Eluard par les luttes de la Résistance française. Le sens de "Poésie et Vérité 1942", qui s'ouvre sur le superbe et provocant "Liberté", ne peut guère laisser de doute sur le but poursuivi dans les deux recueils: retrouver sa liberté d'expression pour mieux nuire à l'occupant nazi. "Mais fallait bien que la poésie prît le maquis" écrit le poète. Paul Éluard fut le grand poète de la Résistance. Ses poèmes de combat, simples, directs, bouleversants, sont certainement les plus célèbres de son oeuvre et ceux qui firent le plus pour sa gloire. Selon Claude Roy, "De 1940 à 1944, des millions d'hommes et de femmes ont été véritablement amoureux de la liberté. Ils ont lu et compris "Liberté" comme on lit et comprend une déclaration d'amour".
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Paul Eluard. "L'Amour la Poésie", ce "livre sans fin", est dédié à Gala, la compagne de Paul Eluard. Nous retrouvons dans les premiers poèmes du recueil l'inspiration amoureuse qui embrase la fin de "Capitale de la douleur". Mais maintenant, l'amour a exorcisé l'univers, conjuré les puissances malfaisantes et rendu "la confiance dans la durée". Dès lors vivre est possible, tout est possible: "Mes rêves sont au monde / Clairs et perpétuels / Et quand tu n'es pas là / Je rêve que je dors je rêve que je rêve." Apparaissent alors quelques-uns des plus beaux poèmes d'amour de la poésie française, tel entre autres "Je te l'ai dit". Cependant, cette vision d'un monde transparent suscitée par l'amour, ne saurait, de même que l'amour, être immuable, assurée, possédée définitivement. Aussi le recueil contient-il à côté des clairs poèmes du bonheur nombre d'autres poèmes où le désespoir retrouve son ancienne puissance. Mais, au fond même de l'amertume, le poète reste constamment passionné, conscient de l'urgence qu'il y a à exprimer les révoltes encore muettes: "Entendez-moi / Je parle pour les hommes qui se taisent / Les meilleurs."
"Poésie et Vérité 1942" de Paul Éluard est un ouvrage passionnant qui offre un aperçu sur son engagement politique et poétique. Écrits durant la Seconde Guerre mondiale, ces poèmes témoignent de son désir ardent de paix et de justice sociale, alors qu'il était un membre actif de la Résistance française. Ce recueil comprend, entre autres, son poème le plus emblématique "Liberté" publié clandestinement. Les mots d'Éluard sont simples, mais ils atteignent l'âme et invitent à la réflexion sur les valeurs les plus profondes de l'humanité. Ses textes, toujours d'actualité, touchent encore les coeurs et éveillent les consciences, plus de quatre-vingt ans après leur création.
Ses poèmes sont suivis d'une monographie écrite par Louis Parrot, un ami intime. Venez redécouvrir un des poètes les plus marquants du XXe siècle.
Avec Paul Éluard, la poésie n'est plus un mirage, ni un rêve. Elle est la fusion du rêve et de l'action ; elle est, comme dit Aragon, le mariage du ciel et de l'enfer. Alors que naguère encore, le chagrin et la douleur isolaient le poète et ses chants du reste des hommes, ce qui aide aujourd'hui Paul Éluard à vivre, c'est d'aider les hommes à vivre. En reconnaissant l'enfer dans la vie des hommes, l'impossibilité d'en extraire son propre enfer, et la dérision qu'est la complaisance en l'enfer, Paul Éluard a rendu possible la fusion intime, irréversible, de la vérité et de la beauté, et la croyance en l'espoir, sentiment qui n'appartient qu'à ceux pour qui il n'y a d'autre religion que celle de la perfectibilité infinie de l'homme, d'autre philosophie que celle qui fonde la possibilité de transformer le monde, d'autre horizon, même au coeur de l'enfer, que ce ciel public : le bonheur humain.
Préface de Louis Aragon.
1911-1920 : la métamorphose d'Eugène Grindel en Paul Eluard.Annotées et enrichies d'un appareil critique, ces lettres de jeunesse nous plongent aux racines mêmes de l'oeuvre du poète...Adressées entre 1912 et 1920 à ses parents et à son premier grand ami, le relieur et éditeur A.-J. Gonon, ces
Lettres de jeunesse témoignent de la précoce vocation de poète de Paul Eluard. En 1912, il a seize ans quand il quitte l'école pour aller soigner sa tuberculose au sanatorium de Clavadel, en Suisse. C'est là, dans cette station cosmopolite des Alpes, qu'il rencontre une jeune fille russe du nom de Gala. Elle va faire basculer son existence.
Au fil des lettres se lisent l'épreuve de la maladie, et la terrible expérience de la guerre : en 1914, Paul est mobilisé, ainsi que son père. Il sera infirmier au front, puis, à sa demande, servira comme combattant avant d'être de nouveau hospitalisé. Il publie plusieurs recueils de poèmes. Sa révolte face à la misère, à la souffrance, au malheur s'accompagne de cette découverte de la solidarité dans le bonheur qui ne se démentira jamais.
" J'ai eu longtemps un visage inutileMais maintenantJ'ai un visage pour être aimé,J'ai un visage pour être heureux. "Extrait d'une lettre à A.-J. Gonon, le 13 novembre 1918
" L'un des plus grands livres que la révolution surréaliste ait jamais produit. "
La légende raconte que c'est afin de " tuer le temps " que Breton et Éluard se lancèrent, en août 1930, dans l'écriture de ce recueil intitulé, avec un sens aigu de la provocation,
L'Immaculée Conception. " La connaissance parfaite que nous avions l'un de l'autre nous a facilité le travail, diront-ils plus tard. Mais elle nous incita surtout à l'organiser de telle façon qu'il s'en dégageât une philosophie poétique. " Dans ce recueil en prose, se trouve ainsi réunies les deux tendances qu'incarnent Breton et Eluard au sein même du mouvement surréaliste - le premier, ardent défenseur de l'écriture automatique la plus baroque, le second, plus incliné à une certaine transparence poétique, une évidence qui désarme le lecteur. Ici, leur volonté commune est affichée : à travers une parole radicalement nouvelle, ils entendent partir en quête de la Vérité même, le désir mystérieux qui sous-tend toute existence humaine. À noter trois pages mémorables en guise de Kama-Sutra littéraire et " Le Jugement originel ", renouant avec la forme proverbiale chère aux deux auteurs, qui incite à bannir toute tiédeur dans la vie comme dans l'art.
Cette correspondance inédite fait revivre vingt ans de l'histoire de Dada et du surréalisme au fil des échanges entre deux acteurs majeurs. Des noms d'écrivains - Tzara, Aragon, Crevel, Char, Péret et d'autres - traversent ces pages, ainsi que ceux de peintres, Max Ernst et surtout Dalí. On y voit l'histoire des revues s'enrichir de nouveaux épisodes.
L'auteur de Capitale de la douleur et de L'amour la poésie a donné à la poésie surréaliste son plus pur éclat, sa participation aux côtés de Breton à la vie palpitante du mouvement se révèle primordiale. Les enthousiasmes alternent avec les aveux de détresse absolue dans le dialogue de deux êtres réunis par une amitié sans réserve.
Relation dont l'un et l'autre mesureront rétrospectivement le caractère exceptionnel. 'J'ai cru, comme en aucun autre, à ton amitié, à ta compréhension profonde de ce que nous voulions', écrit Breton à Eluard en mars 1936. À partir de cette année, les engagements révolutionnaires dictés au départ par la même et intransigeante passion les conduisent peu à peu vers des choix opposés. Rejoignant une aspiration de jeunesse vers la fraternité humaine, Eluard va en chercher l'incarnation du côté du Parti communiste auquel il adhérera pendant la guerre alors que les yeux de Breton se seront définitivement dessillés lors du premier Procès de Moscou. Sous nos yeux, la correspondance se fait la chronique d'une rupture.
Une analyse de l'oeuvre au programme du bac 2014 de littérature française en Tle L.
Les Mains libres, le recueil du poète Paul Éluard et de l'artiste Man Ray, est au programme du bac 2014 de littérature française en terminale L, en lien avec l'objet d'étude " Littérature et langages de l'image ".
Ce Profil du bac numérique en propose une analyse approfondie en deux parties.
1. Le résumé et les repères pour la lecture
La présentation de tous les poèmes et dessins du recueil
2. Les problématiques essentielles
Éluard et le surréalisme - Comment le langage " illustre " les dessins - L'image de la femme - Poésie et politique - La figure du poète...
Cette monographie examine la vie et l'oeuvre de Paul Éluard, l'un des hommes de lettres parmi les plus marquants du XXe siècle. Louis Parrot, un ami intime du poète, nous offre une vision unique de la vie de celui-ci en mettant l'accent sur son engagement poétique en tant que membre important du mouvement surréaliste et sur son engagement politique pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que membre actif de la Résistance française. Les poèmes politiques et humanistes de Paul Éluard reflètent son désir ardent de paix et de justice sociale. Le livre se conclut par 60 poèmes choisis de ce grand poète français, offrant ainsi une occasion de découvrir ou redécouvrir sa poésie et le monde de lutte, d'espoir et d'amour qu'elle représente encore aujourd'hui.
Cet enregistrement, issu de l'adaptation de l'émission de France Inter "Ça peut pas faire de mal", est consacré à la poésie. Retrouver la voix de Guillaume Gallienne lorsque s'ouvre "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire, ou bien les Lettres à Lou de Guillaume Apollinaire, les merveilleux poèmes de Paul Éluard ou encore, telle une coda, le remarquable et troublant Épilogue de Louis Aragon, c'est voyager au côté d'un extraordinaire compagnon, c'est être transporté par sa voix-miroir aux reflets sensibles.
"Quatre poètes, ici conviés, escortés, revivifiés, sans qu'ils soient un instant statufiés, taillés dans le marbre ni livrés à on ne sait quel panthéon sonore. Quatre poètes magnifiquement servis par le talent de Guillaume Gallienne et la si bien nommée magie des ondes." André Velter