"Oui, "qu'est-ce qu'une nation?" On reprend ici la question posée au XIXe siècle par Ernest Renan en se plaçant dans une perspective résolument planétaire ; une autre manière de faire de l'histoire globale.
Car rien n'y fait : de la Révolution d'Octobre à la Pandémie de 2020 la nation, qu'on disait moribonde ou -pire- dépassée, est plus vivante que jamais. On ne compte plus, à la surface de la terre, les mouvements de "libération nationale", de l'Écosse à la Catalogne, de la Palestine au Kurdistan. Sans la nation comme clé d'interprétation l'histoire du monde depuis trois siècles serait incompréhensible. Sans elle l'irréductibilité de la Norvège ou de la Suisse, du Brésil ou de l'Afrique du sud resterait opaque. Sans elle le destin des puissances d'aujourd'hui, des États-Unis à la Chine, de l'Inde au Japon, devient illisible. Il n'y a rien de plus mondial que le national.
On la disait imaginée, voire imaginaire : elle est construite, assurément, mais ni plus ni moins que l'international, le monde ou l'humanité, toutes ces fictions utiles grâce auxquelles -et à cause desquelles- les individus et les sociétés vivent et meurent. Quant à son imaginaire, il touche à l'essentiel, puisqu'il est celui d'une rencontre entre l'identité et la souveraineté : un peuple y devient le Peuple.
Voilà pourquoi on a beau "déconstruire" la nation tous les matins, elle se reconstruit tous les soirs. Cette résistibilité aux vieilles prophéties religieuses ou laïques, libérales ou marxistes, méritait l'attention. Méritait un livre."
Pascal Ory
Pascal Ory s'interroge en historien sur les origines et la persistance de l'antisémitisme, dans un essai utile et percutant appelé à faire débat face à la montée de l'islamo-gauchisme.
C'est une tragédie en trois actes, avec un prologue.
Le prologue se situe en des temps très lointains, avant l'ère chrétienne. Le peuple juif, contrairement à une version très répandue (on appelle ça la Bible), n'y fait pas l'objet d'une attention particulière.
Acte 1 : Si le monothéisme juif n'était pas un problème pour les polythéistes, le judaïsme, lui, est un problème pour les chrétiens - donc, dans la foulée, pour les musulmans - : le peuple élu refuse obstinément de reconnaître ici son sauveur, là son prophète. Mauvais exemple.
Acte 2 : Lorsque l'Occident va commencer à s'éloigner de l'hégémonie chrétienne, cela fait déjà mille cinq cents ans qu'il y a une supposée " question juive ". Ça laisse des traces, que le monde moderne ne pourra jamais effacer, surtout quand une certaine science invente la " race ", quand un certain athéisme invente l'" antisémitisme ".
Acte 3 : À peine, avec la défaite d'Hitler, cette haine-là a-t-elle été anéantie que la naissance de l'État d'Israël en allume une troisième, " antisioniste ", géopolitique, qu'on peut instrumentaliser à loisir, et qui n'a aucune (dé)raison de s'éteindre.
Et voilà pourquoi la judéophobie ne remonte pas à la nuit des temps, mais prend date pour être éternelle.
« Bronzage : action de recouvrir un objet d'une couche imitant l'aspect du bronze. » La définition donnée par le dictionnaire Littré en témoigne : on ne songeait guère, sous le Second Empire, à aller étendre son corps au soleil !
Au début du XXe siècle, ombrelles et chapeaux rivalisent avec les préparations blanchissantes pour préserver la peau des méfaits du grand air. Dans les années 1930, les maillots de bain s'échancrent ; on préconise les bains de soleil contre l'acné et la cellulite... Comment est-on passé, en une vingtaine d'années, de la phobie du soleil à son exaltation ?
Sous ses apparences futiles, le bronzage est un fait social riche de significations. Pascal Ory se saisit avec brio d'un objet peu étudié par les historiens, et qui fut pourtant l'une des principales révolutions culturelles du XXe siècle.
L'histoire culturelle est à la mode. Certains s'en agacent, certains mettent en doute son existence. On parle ici de flou conceptuel, là d'impérialisme. Comment, en effet, rendre compte d'un champ d'investigation qui s'étend des arts plastiques aux arts martiaux, de la sensibilité aux parfums à la spiritualité de Saint Louis ? Cet ouvrage apporte quelques réponses simples à ces questions complexes : oui, il est facile de définir l'histoire culturelle - comme une « histoire sociale des représentations ». Oui, il n'est pas difficile d'en reconstituer les origines. On peut en préciser les objets, dans leur cohérence : la cohérence d'un regard sur les sources, sur leur mode de questionnement, qui est, par là, questionnement du monde.
Les collaborateurs
Encore un livre sur la collaboration ? Pas tout à fait. Plutôt une topographie de ces itinéraires qui ont conduit à l'apologie de l'" Europe nouvelle " des Français convergeant de tous les points de l'horizon politique français, du communisme au royalisme.
Le parti pris collaborationniste interpelle chacun et pose, au passage, quelques questions graves : glissements et conversions politiques, responsabilité de l'intellectuel, pacifisme de principes face à un impérialisme conquérant, fascination des régimes " virils ", fragilité des valeurs démocratiques françaises. Cet ouvrage essaie de faire en sorte qu'on parle désormais de cette collaboration mythifiante et mythifiée " en connaissance de cause ".
Pascal Ory
Né en 1948, il est professeur émérite à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne Ses recherches portent sur l'histoire culturelle et politique de l'époque contemporaine. Il est notamment l'auteur de Du Fascisme (Perrin, 2003) et de Le Peuple souverain. De la révolution populaire à la radicalité populiste (Gallimard, 2017).
Notre conjoncture historique ramène au devant de la scène une série de questions sur ce que fut l'expérience politique du XXe siècle. L'anniversaire de la révolution d'octobre 1917 fournit l'occasion naturelle de les examiner. Cet essai s'efforce d'y apporter des réponses précises. Qu'est-ce que le populisme ? Une idéologie de synthèse qui permet à la droite de trouver le chemin des classes populaires en adoptant un style de gauche. Qu'est-ce que la radicalité ? Une mythologie qui rapproche les extrêmes dans un rejet commun de la réforme et du compromis et facilite, le cas échéant, la circulation de l'un à l'autre. Dans certaines conditions de température et de pression politiques, la radicalité de gauche ou la radicalité populiste peuvent accéder au pouvoir. Elles en font alors un usage qui satisfera, en proportions variées, le goût de l'absolu qui anime les radicaux et la servitude volontaire qui anime les populistes. Cela donne ce qui mérite le nom de "catastrophe".
« Le corps de l'homme est constitué de quatre-vingts pour cent d'eau, son présent de quatre-vingt dix pour cent de mémoire et sa mémoire d'une très grande proportion de presque riens, sans lesquels elle serait irrespirable. De longues et futiles recherches ont été nécessaires pour définir ces territoires qui bordaillent le néant, une rigoureuse et arbitraire sélection a permis de ne conserver ici qu'un ensemble aléatoire d'entrées, présentées dans le seul ordre philosophiquement justifié à régir l'univers : l'ordre alphabétique. » Ainsi, dans sa Grande encyclopédie du presque rien, Pascal Ory nous promène aux marges de notre mémoire et de nos ignorances. Les mots, les personnages, les coutumes dont il réveille ici l'histoire et le sens avec une bonne dose d'humour et un soupçon de nostalgie sont de vraies perles de culture.
"Je montre ici une main, là un pied, parfois un visage. Ça s'appelle une vie sociale. J'écris aussi, et de plus en plus souvent, de manière démembrée. Notre univers est désormais régi par cet atome insécable qu'on appelle, justement, individu. Je me fragmente par tous les bouts, dans l'espace comme dans le temps, je zappe d'autant plus que je suis moi-même plus atome. Ce qui me réunit, ce sont mes voluptés."
Pascal Ory
À partir de la magnifique sculpture du Bernin, L'extase de sainte Thérèse, qui orne la chapelle de Santa Maria della Vittoria à Rome, une sculpture célébrée autant par Stendhal que par Lacan car elle semble exhiber davantage une jouissance sexuelle qu'une expérience mystique, Pascal Ory nous conduit dans l'Italie du XVIIe siècle, au moment du triomphe du catholicisme sur le protestantisme, de l'invention du baroque et de la mise en scène théâtrale. Il nous dévoile aussi les coulisses de son enfance, puis nous rend complices de la découverte des nuances du plaisir et la naissance de ses voluptés.
Un voyage élégant en forme d'autoportrait, libre, gourmand, à la fois érudit et insolite.
Vie de Damoclès est une brillante manière de réécrire l'histoire en jouant sur ces trous que l'érosion du temps a creusés dans les manuscrits anciens dont il ne reste que des bribes, des fragments. Avec un humour servi par une langue souple, riche, malicieuse, Pascal Ory campe un Damoclès libertaire et lucide confronté à des problèmes antiques et contemporains, éternels. Qu'il discute avec ses disciples de philosophie ou affronte des travaux herculéens, le Damoclès de Pascal Ory, qui emprunte bien des pensées à l'auteur, distille une philosophie libérée des contraintes de la bienséance et des étroitesses de la morale ordinaire. Pascal Ory mêle érudition, provocation, histoire. Tout est politique, nous dit-il dans les silences qui séparent ces fragments. Même l'amour.
En janvier 2015, la France fut prise par surprise. Mais elle s'est, aussi, surprise elle-même. Aux deux massacres ont répondu des centaines de "marches républicaines", dont la polémique autour de ceux "qui n'étaient pas Charlie" n'a pas réussi à occulter la profonde signification politique.
L'événement est entré dans l'histoire. Il est entré aussi dans la géographie, sous le regard de l'étranger, lui-même témoin, acteur ou victime du drame.
Drame, au reste, ou tragédie ? Le massacre à Charlie Hebdo a mis face à face deux radicalismes : une extrême gauche vieillissante et un extrémisme religieux pour l'instant en plein essor. Le massacre à l'Hyper Cacher a confirmé la violence d'une haine du Juif cultivée dans certains milieux "issus de l'immigration".
On a déjà beaucoup parlé de Janvier 15. Et ce n'est pas près de finir. Ce qu'on essaye ici, c'est d'analyser ce qui s'est passé, ce qui se passe encore et, dans une certaine mesure, ce qui va se passer, au travers d'une douzaine de clés d'interprétation, qui vont de "Sidération" à Soumission, en passant par Liberté d'expression, Laïcité ou Religion (Guerre de).
L'Histoire, "avec sa grande hache" (Georges Perec), a fait son travail. Un historien fait le sien.
1940-1944 : Vichy et Londres, sans doute. Mais aussi Paris : tous ceux qui cherchent du côté de l'Allemagne nazie le monde qu'ils attendaient. Des espoirs, des raisons, des références, des investitures, des récompenses. Vrais fascistes, modérés 'anti', socialistes 'néo', communistes en rupture de parti, tous sont sûrs d'être dans le sens de l'histoire. Pascal Ory présente ici les mots des collaborateurs. Proclamations et plaidoyers, rêves redoutables et songes creux, voici la parole, mystifiante et mystifiée, de la France allemande.
Pascal Ory examine ici les lointains précurseurs de l'anarchisme de droite dans les figures souvent mêlées du dandy, de l'artiste bohème ou de réactionnaire fulminant, au cours d'une analyse centrée sur les thèmes du pessimisme, de la violence, de la virilité ; c'est tout un pan de la civilisation de cette fin de siècle qui est passé au crible. Pascal Ory est conduit à s'interroger sur le caractère éminemment "français", ou non, de l'anarchisme de droite, à évoquer les figures d'intellectuels comme Ernst Jünger ou Julius Evola, d'artistes comme Samuel Fuller... Ou Clint Eastwood. Ce livre est donc aussi un manifeste pour une "histoire des idées politiques" reconnaissant à un film policier ou à une bande dessinée la même dignité intellectuelle qu'à un traité théorique en bonne et due forme.
« À chaque crise planétaire de bons esprits nous objurguent : "Think global, stupid. » C'est drôle - ou pas - mais, en ce moment, c'est tout à fait autre chose qui s'étale à mes yeux. » Pascal Ory
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
La vie quotidienne des Français sous la botte et sous les bombes, de Lille à Nice, de Brest à Strasbourg.Images de Brest pendant les bombardements, enquête sur les mystères de la libération à Bordeaux, tableau du marché noir à Lille, réalité de la résistance à Nantes...
Interviews, reportages, témoignages... Voyage dans la France occupée réunit les enquêtes que des journalistes et correspondants de
L'Express ont fait sur la période 1940-1945 dans les villes du territoire français. L'ensemble de ces petites touches précises forme un tableau particulièrement vivant de la vie quotidienne des Français sous la botte et sous les bombes.
Textes extraits des archives de
L'Express.
"Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui on remercie beaucoup. On s'indigne et on s'enthousiasme, on s'inquiète et on se distingue. Très bien. Mais voilà : on remercie peu. La gratitude n'est pas le fort des esprits forts, encore moins des esprits faibles. [...] Tout ce que je vais dire, après cet éloge du remerciement, ne sera donc qu'une série ininterrompue d'éloges. Éloge d'une collectivité, qui s'est donné le beau nom de "compagnie", éloge d'un individu, qui fut mon prédécesseur, et, pour commencer par le plus élémentaire, le plus matériel, le plus clinaménien, éloge d'un fauteuil."
Alors que le débat sur l'" identité nationale " continue de diviser la classe politique, ce Dictionnaire, d'une ampleur sans précédent, permet de rétablir certaines vérités et devrait faire débat à son tour.
Qui de plus français que le couturier et mécène Pierre Cardin ou le premier vainqueur du Tour de France cycliste, Maurice Garin ? Sauf que l'un et l'autre sont nés Italiens. À l'inverse, combien de Français savent que le prix Nobel de littérature de l'an 2000 a été attribué à un citoyen français - naturalisé depuis trois ans - Gao Xingjian, né à Ganzhou soixante ans plus tôt ? Ce que la plupart de nos compatriotes savent, en revanche, c'est que la renommée de la France doit beaucoup à Frédéric Chopin, Marie Curie, Pablo Picasso, Le Corbusier, Samuel Beckett ou Charles Aznavour. Et ceux qui s'intéressent au destin politique de ce pays ont sans doute remarqué, sans remonter plus haut que la Révolution française, que ladite Révolution n'aurait pas tout à fait été la même sans le modéré Necker ou le radical Marat - deux Suisses -, la IIIe République sans Gambetta ou Weygand, la Résistance sans Boris Vildé, du premier réseau, celui du Musée de l'homme, ou le groupe Manouchian et ses fusillés stigmatisés sur l'Affiche rouge " parce qu'à prononcer leurs noms sont difficiles "... Pour mieux connaître cet apport exceptionnel des étrangers à l'histoire de notre pays, il manquait un ouvrage comme celui-ci. Il sera, à coup sûr, pour ses lecteurs une source éclairante et vivifiante de surprises, de découvertes, d'émotions. La période choisie commence en 1789, avec la proclamation solennelle et inédite de la nation française comme principe de souveraineté, et va jusqu'à nos jours, avec Stéphane Hessel ou Marjane Satrapi. La notion d'" étranger " est prise ici au sens juridique du terme, pour éviter toute subjectivité : être né de statut étranger, en France ou hors de nos frontières, qu'on le soit resté ensuite (comme Pablo Picasso), qu'on ait obtenu sa naturalisation (comme Yves Montand), qu'on l'ait abandonnée (comme Igor Stravinsky) ou qu'on ait failli la perdre (comme Serge Gainsbourg). Les naturalisés de naissance, comme Georges Perec, ne figurent donc pas dans ce dictionnaire, non plus que les ressortissants des colonies ou des départements d'outre-mer. Tous les secteurs d'activités sont représentés, de la littérature (Émile Zola) au sport (Raymond Kopa) en passant par le monde de l'entreprise (Carlos Ghosn) et de la création sous toutes ses formes. Les notices communautaires permettent de redonner toute leur place aux obscurs et aux sans-grade, qui jouèrent leur rôle dans l'édification de l'économie comme de la culture françaises, des mineurs polonais aux maçons portugais, des musiciens de bal musette aux chanteurs de raï. L'ouvrage, qui comprend 1 186 articles (1 112 notices individuelles, 22 notices collectives, 52 notices communautaires), est précédé d'une préface de Pascal Ory, son maître d'oeuvre.
Qu'est-ce que l'histoire culturelle ? Pascal Ory - Historien o Le passé est-il vraiment derrière nous ? aux origines de l'archéologie Alain Schnapp - Professeur d'Archéologie o L'histoire saisie par le genre et la différence des sexes Michelle Perrot - Historienne o L'histoire dans les subjectivités individuelles Alain Corbin - Historien o Qu'est-ce que l'histoire sociale ? Geoffrey Crossick - Historien o L'histoire vue d'ailleurs Abdallah Laroui - Historien.
"Cet enregistrement propose une réflexion inédite sur l'histoire, discipline qui, parce qu'elle est science et récit, mêle le plaisir de comprendre au plaisir des mots. L'histoire est confrontée à une demande de vérité, qui suppose de saisir le passé dans sa complexité, et la vie des hommes dans toutes ses dimensions. Elle doit aussi répondre, et ceci sans se trahir, à une demande sociale - le devoir de mémoire -, afin de forger une culture commune à notre société. Car on ne peut penser un avenir commun sans partager une vision du passé."
Patrick Frémeaux
L'association pour le développement de l'histoire culturelle (ADHC) est née, en 1999, du constat de la place croissante, en même temps que problématique, de l'histoire culturelle dans l'historiographie contemporaine. Revendiquée par les uns, dénoncée par les autres, cette place méritait l'institution d'un lieu de rencontres où tous ceux qui se reconnaissent dans cette qualification pourraient échanger sur le fond et sur la forme de leur travail. L'association a tenu son premier congrès en 2000. Au terme d'une décennie et plus d'activité, il était temps de tirer le bilan et, comme il se doit, de tracer de nouvelles perspectives. Cette anthologie des conférences et tables rondes organisées dans le cadre du congrès annuel de l'association propose un panorama unique en son genre des propositions avancées par l'histoire culturelle en France et, dans une moindre mesure, à l'étranger depuis dix ans. Regroupés en sections thématiques (définitions et frontières, objets, regards et transferts, débats), ces textes rédigés par d'éminents spécialistes venus de divers horizons (historiens, sociologues, philosophes, historiens de l'art ou de la littérature) donnent à voir à la fois la permanence de certains questionnements et leur renouvellement.