« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! » La phrase terrible que l'évangile de Matthieu met dans la bouche de Jésus a pour deux millénaires déterminé l'image des pharisiens comme faux dévots, alimentant ainsi la polémique anti-judaïque. Depuis seulement quelques décennies, l'exégèse chrétienne et le recours aux sources historiques anciennes, de Flavius Josèphe à la littérature rabbinique, ont permis de rendre justice à ce courant du judaïsme antique. La grande historienne de la période, Mireille Hadas-Lebel, fait le point sur ce que l'on sait et sur ce qui reste encore dans l'ombre.Par quelles croyances et pratiques les pharisiens se distinguaient-ils des autres courants juifs ? Quelle était leur influence auprès des masses ? Les vifs débats que Jésus mène avec eux relèvent-ils d'une critique externe ou au contraire d'une controverse interne au mouvement pharisien - autrement dit, pourrait-on aller jusqu'à dire que Jésus lui-même était un pharisien ?
Le nom d'Hérode, qui régna sur la Judée dans les décennies précédant la naissance de Jésus, est de ceux qui font trembler. Mais que sait de lui le grand public, sinon qu'il commanda un « massacre des Innocents » qui justement n'eut pas lieu. En revanche, il ordonna bien d'autres crimes lors d'un long règne où il connut César et Cléopâtre, Marc-Antoine et Auguste, ses deux protecteurs qui firent monter cet Iduméen sur le trône de Judée. Populaire à l'étranger, il s'attira la haine de son peuple et, pour avoir fait périr ses propres fils destinés à régner, il compromit l'avenir de son pays. On lui donna cependant le nom qu'il voulait laisser à la postérité, « Hérode le Grand », car il fut un bâtisseur exceptionnel auquel on doit les constructions les plus audacieuses de son temps, tels le Temple de Jérusalem et la forteresse de Massada dont on peut voir aujourd'hui les impressionnants vestiges. Faut-il privilégier Hérode le Grand ou Hérode le Cruel ? Le lecteur tranchera.
De tous les maîtres cités dans le Talmud, Hillel le Babylonien, qui vécut et enseigna à Jérusalem au temps du roi Hérode, reste sans doute encore aujourd'hui le plus populaire de la tradition juive. C'est de lui que se réclame la tendance modérée que le Talmud fit prévaloir, à lui que se rattache la lignée des patriarches qui guidèrent le judaïsme jusqu'au Ve siècle. Dans la mémoire de la postérité, Hillel est plus qu'un sage. Il représente la science alliée à l'humilité, la justice alliée à l'amour des créatures, la religion du coeur autant que de la raison, en un mot un véritable modèle d'humanité. Mireille Hadas- Lebel, spécialiste du judaïsme de l'Antiquité tardive, en trace ici un portrait fidèle et passionnant. De nombreuses anecdotes soulignent sa personnalité et certains des propos qui lui sont attribués préfigurent ceux de Jésus.
Notre siècle connaît-il encore Flavius Josèphe, ce prêtre né à Jérusalem qui, il y a près de deux mille ans, fut au centre de l'affrontement entre le monde juif et le monde romain? Un homme au destin exceptionnel: après avoir été l'un des chefs de la grande révolte des Juifs contre Rome en 66, il prédit l'empire à Vespasien, se retrouva trois ans plus tard aux côtés de Titus sous les remparts de sa ville natale assiégée et finit ses jours à Rome auprès de ses protecteurs impériaux qui lui donnèrent un nouveau nom, Flavius.
Fut-il un traître? Fut-il un sage? Josèphe est en tout cas le meilleur témoin de ce temps qui vit naître le christianisme, un grand historien sans lequel certaines des pages les plus dramatiques de l'histoire, l'incendie du Temple de Jérusalem, la chute de Massada, seraient aujourd'hui inconnues.
Normalienne, agrégée et docteur ès lettres, Mireille Hadas-Lebel (Bonan) est actuellement professeur à l'Institut national des Langues et Civilisations orientales.
Né - dix ans après la disparition de Cléopâtre - d'une famille de notables dans la cité la plus belle, la plus savante et la plus flamboyante du monde méditerranéen, Philon allie une vaste culture hellénique et une profonde connaissance de la tradition juive. A partir de la traduction grecque des Septante, il développe une forme de commentaire biblique éclairé par la philosophie en recourant à l'allégorie, qui lui vaudra plus tard l'hommage de l'Eglise (grâce à laquelle son oeuvre immense a survécu). Homme de pensée, il sut aussi se montrer un homme d'action quand il essaya, lors d'une fameuse mission auprès de l'empereur Caligula à Rome, d'intercéder en faveur de sa communauté menacée qui lui survécut quelques décennies à peine. Il en demeure le représentant le plus illustre, qu'on l'appelle Philo Judaeus ou bien Philo Alexandrinus. Ce livre évoque l'éclat d'une ville à son apogée, la rencontre des cultures, la spiritualité d'un homme et la nouveauté d'une synthèse qui devait marquer pour toujours la pensée occidentale.
Cet ouvrage s'adresse d'abord à tous ceux qui veulent se familiariser avec la langue hébraique, celle qui se parle aujourd'hui en Israël et qui n'est pas si éloignée de ses sources bibliques. Ce livre ne se borne pas à être un manuel d'hébreu : à la fois précis grammatical et guide de conversation, aperçu historique et compagnon de voyage en Israël, il n'entre dans aucune des catégories habituelles. Il se veut avant tout une introduction à la civilisation hébraique des origines à nos jours dans ses aspects historiques, religieux et littéraires, tout en proposant aussi une approche concrète de la vie politique, économique et culturelle de l'Israël contemporain. Sa présentation est conçue de telle sorte que chacun puisse s'orienter immédiatement vers le domaine qui correspond à sa curiosité et à ses goûts.
Y a-t-il un Messie dans la Bible ? La figure de cet être rédempteur venu sauver l'humanité et ouvrir une ère de paix universelle a profondément marqué notre imaginaire collectif. Elle réunit judaïsme et christianisme autant qu'elle les oppose. Mais comment cette conception s'est-elle progressivement formée, alors que dans la Bible le mot mashiaḥ désigne originellement celui qui - roi ou prêtre - a été consacré par l'onction ? À partir de quels textes ? Dans quelles circonstances historiques, politiques et sociales ? Où se situe Jésus dans le contexte de l'espérance messianique de son temps en Judée ? Quelle place l'attente du Messie a-t-elle occupée dans la conscience juive de l'Antiquité à nos jours ?Comme toutes les grandes idées qui ont changé le cours de l'humanité, l'idée messianique a son histoire. C'est cette histoire que Mireille Hadas-Lebel, professeur émérite de l'université Paris-Sorbonne, s'attache à reconstituer ici en revisitant l'interprétation des textes fondateurs ainsi que d'autres écrits anciens moins connus qui expriment cette espérance.
Dans un paysage désertique majestueux, au bord de la mer Morte, se dressent les ruines de Massada. Les fouilles archéologiques ont largement confirmé les descriptions de Flavius Josèphe, le seul historien à rapporter la chute de la forteresse, au terme de la longue révolte des Juifs contre Rome (66-73), et le suicide collectif de ses défenseurs qui préférèrent la mort à l'esclavage. Au-delà de l'Histoire, ce lieu a pris une valeur symbolique.
L'intérêt de l'histoire de la langue hébraïque dépasse de loin le cadre purement linguistique. Langue de la Bible, l'hébreu fut longtemps considéré par les théologiens comme "la mère de toutes les langues". Son histoire suit celle du peuple hébreu puis celle des juifs dans leurs diverses pérégrinations. Après des siècles de somnolence pendant lesquels l'hébreu ne fut qu'une langue liturgique et une langue écrite, il connaît depuis près de cent ans une véritable résurrection sur la terre qui l'a vu naître.