« À travers 30 courtes scènes, Le testament du couturier brosse un tableau effrayant de la vie dans la Banlieue de l'Avenir [...]. Gouverné par les Élus, cet espace est contrôlé par un vaste réseau électronique avec des logiciels pour détecter les germes et les crimes ainsi que par un système de cybervision pour propager l'idéologie du régime. À la cybervision, les autorités dénoncent la sexualité, la criminalité et l'immoralité qui règnent dans la Cité et qu'il faut bannir de la Banlieue. D'après l'idéologie sexiste et antiérotique de la Banlieue, l'homme moderne est supérieur à la femme parce qu'il n'a plus de désirs érotiques. La femme a besoin d'aide pour se libérer de sa libido, signe de son infériorité morale. »
- Jane Moss, « Le théâtre francophone en Ontario », dans Introduction à la littérature franco-ontarienne
Dans ce monde de l'avenir, le passé est oublié. Mais le patron d'une robe du XVIIe siècle vient bouleverser l'ordre établi..
Pompier fragilisé par une blessure, Willy Graf tente de fuir son passé. Mais celui-ci le rattrape au fur et à mesure que des personnages s'immiscent dans sa vie. Il y a d'abord Sara, auteure d'un roman dont, curieusement, le personnage principal se nomme lui aussi Willy Graf. Sara crée des situations autour du Willy Graf fictif qui se produisent par la suite dans la vie du vrai Willy Graf. Puis survient Nina qui fait renaître une partie trouble de son passé. Partagé entre une réalité à laquelle il veut se dérober et une fiction étonnamment réelle qu'il récuse, Willy Graf se trouve parachuté dans un univers absurde, dérisoire, où il perd toute emprise sur son propre destin.
SARA : À Pékin, dans l'Illinois, Willy Graf rencontre une femme qui va bouleverser sa vie : elle s'appelle Nina Bishop.
WILLY: Nina ?
SARA: Nina Bishop.
Willy est pris d'un malaise, comme un éclair de douleur qui lui traverse la colonne vertébrale.
WILLY : Elle est venue ?
SARA : Il y a trois semaines.
Temps.
WILLY : Elle m'a retrouvé ! Il ne fallait pas. (Sara fait un mouvement vers lui.) Laissez-moi. Ne me touchez pas. Laissez-moi partir.
La pièce Willy Graf a été créée par le Théâtre de la Vieille 17 à Ottawa et le théâtre l'Escaouette à Moncton en janvier 2004.
C'est un jour de tempête. La neige et le vent sifflent au travers du corps de ceux qui s'aventurent dehors.
Seul dans son hôtel, les mains et le coeur brisés, Jack attend l'arrivée d'Éliza, la serveuse qu'il rêve d'épouser.
C'est un jour de tempête et Jack est aux prises avec Dempsey, la voix qui lui déchire l'intérieur. Puis apparaîtra l'étranger qui le fera basculer dans un face-à-face avec sa passion et son passé.
Une histoire de désir. Désir de vaincre. Désir d'aimer. Désir d'être aimé.
Un ancien dramaturge, maintenant professeur à l'université, épie sa voisine dans l'appartement d'en face. Il ne perçoit que des fragments de sa réalité. Elle est artiste-peintre. Au fil des mois, ses tableaux changent. Dans l'appartement, la femme tourmentée sombre, fuit, s'enfuit, puis s'engage dans une quête pour retrouver sa mère. Pendant ce temps, le professeur a engagé une femme et ses fils pour reconstruire une maison d'été sur le bord d'une rivière.
Trois histoires, trois mondes qui s'entrecroisent sur trois modes narratifs différents, qui vacillent entre le théâtre et le roman à la recherche d'un espace-temps fragmenté comme des milliers de points de couleurs sur une toile.
Lili, jeune fille habillée en punk, se réfugie dans l'atelier de son père. Elle est couverte de sang et tremble à l'idée qu'elle vient peut-être de tuer un inconnu pour plaire à ses amis néonazis.
Trois heures du matin. Ken, le père, un homme d'affaires peu scrupuleux, pénètre à son tour dans l'atelier. Il parle à son comptable au téléphone tout en sculptant une statuette d'argile. Il entend un bruit, voit sa fille et remarque le piètre état dans lequel elle se trouve.
Suivra un affrontement entre fille et père dans un huis-clos brutal. Lili, l'ado rebelle, cherchera à échapper à sa peur en projetant sa colère sur son père, qu'elle rendra responsable de sa misère, lui reprochant ses absences, son égoïsme, le fait qu'il ait renoncé à ses idéaux de jeunesse... Pour Ken, aux prises avec des problèmes financiers, ce sera à l'occasion de prendre la place qu'il n'a jamais su occuper dans le coeur de sa fille.
Le Théâtre la Catapulte a produit un excellent dossier d'accompagnement qui aide le lecteur à bien comprendre l'univers de la pièce, traite des enjeux qui y sont explorés et propose des activités pour les approfondir. Il présente également les éléments du spectacle, comme la mise en scène, les costumes, l'environnement sonore, etc.
Le dossier est disponible gratuitement en ligne à http://catapulte.ca/Media/Content/files/DOSSIER_ACCOMPAGNEMENT-La_Fille_dargile.pdf. On peut aussi le demander par courriel en écrivant à communications@catapulte.ca.
Trois pièces de Michel Ouellette. « La Dernière fugue » : Charles, coincé dans le plancher, son grand-père Fred, vieillard bardé d'un brassard à croix gammée, son amie Mimi, écrivaine surgie en bikini d'un immense gâteau: trois êtres qui amalgament passé et présent, fiction et réalité, en une quête vertigineuse où chacun pourchasse ses origines et fouille son identité. « Duel » : Blanche refuse d'aller plus loin dans la pièce qu'elle répète avec Édouard. Elle appelait celui-ci « Heidi » et lui faisait porter des robes car elle aurait aimé qu'Édouard fût une fille, mais un jour celui-ci a retrouvé sa véritable identité. « King Edward » : Le fils du bon docteur Roy, Édouard, pressenti pour reprendre le flambeau de ce grand défenseur du fait français à Ottawa, voit sa carrière politique compromise. Il s'est amouraché d'une femme mariée qui le repousse malgré leur amour secret. En retrouvant l'assassin de son père, Édouard comprend que ce dernier a péri parce qu'il vivait aussi un amour interdit.
Au centre d'un village qui se meurt, une enseignante s'est barricadée à l'intérieur de l'école, une ceinture de dynamite autour du ventre. Elle tente d'empêcher que « son » école soit démolie. Ironie, c'est le démolisseur, Jeff, qui tente de la dissuader de tout faire sauter.
Entre les deux, un jeu de lettres qui tient lieu de compte à rebours...
«Pliures» se construit autour d'un deuil. Le poète y traite de la maladie de son père, de sa mort, et s'interroge sur leurs rapports. La distance, jamais comblée, qui les séparait se transforme ici en un retour sur le sentier des souvenirs. Par les mots, la voix poétique cherche à apprivoiser le père dépouillé des artifices de l'autorité, un homme dont les passions, les rêves et les blessures ont été vécues en silence jusqu'à la fin. Une bouleversante conversation à sens unique.
Avec ce recueil, Michel Ouellette, figure incontournable de la littérature franco-ontarienne, révèle une introspection où le corps, à force de chercher à pallier l'absence, en vient à se ronger de l'intérieur.
Di a 16 ans et habite la grande maison familiale perdue entre champs et forêts. Elle y vit dans une sorte d'enchantement aux côtés de Makati, sa mère adorée, de Paclay, son papa rêveur, et du beau Mario Morneau, deuxième mari de sa mère. Or, voici que l'arrivée de Peggy Bellatus et de ses effrayantes machines minières qui bouleversent la terre, les désirs et les secrets vient rompre ce fragile et merveilleux équilibre.
Avec cette pièce «pour une femme seule», Michel Ouellette poursuit son exploration des frontières théâtrales : le personnage, composé comme un poème, s'exprime dans une langue bigarrée et joueuse, pleine de trous et de rebonds. Il en résulte un poème scénique tout en spirale, ludique et poignant.
Un homme raconte par bribes une histoire de son enfance, celle d'un villageois mort et enterré qui serait revenu à la vie par une nuit étoilée. L'homme avait été découvert dans le cimetière aux côtés d'une jeune femme ivre morte, Effi.
Celui que l'on a surnommé Lazarus est aphasique et amnésique, sans voix et sans empreintes digitales. Une policière, déterminée à percer son secret, ira à la rencontre des personnes qui auraient entouré cet être mystérieux. En filigrane se dessine le portrait d'un village du nord ontarien aux prises avec le poids du souvenir.
Dans ce roman aux accents métaphysiques, à la frontière de la réalité et de l'onirisme, les villageois sont appelés à se questionner sur l'existence même des choses et des événements.
Hantée par le sentiment persistant d'avoir tué quelqu'un, avant, dans son autre vie, Manon quitte Las Vegas à la recherche de la vérité. Si, dans un premier temps, ses retrouvailles avec des amis de jeunesse lui permettent de remonter le fil du passé, bientôt, sa quête vient brouiller l'identité qu'elle s'est façonnée au loin. C'est que Manon, avant, était Gerry...
Fuyant toujours plus au nord, elle revient à Timmins - sa ville natale, où convergent tous ses fantômes - à la recherche de la réponse à cette question qui la taraude.
Roman à la frontière de la quête et de l'enquête, «Montjoie» construit en pointillé un récit polyphonique où se dérobent toutes les certitudes.
« Requiem » : Trois êtres convulsifs, hantés par la vie, trois prières rageuses et amoureuses pour qu'advienne le repos, que s'apaisent les blessures et que, au terme de la douleur, chante enfin la beauté...
« Fausse route » : Road movie théâtral au ton irrévérencieux, cette comédie grinçante met en scène cinq personnages porteurs de drames intérieurs dissimulés sous les quarts de vérité et les demi-mensonges. Désir, jalousie, rejet, pouvoir, errance, création, mémoire : les fausses pistes se multiplient jusqu'à la troublante conclusion.
Paul, le frère de Pierre, se noie dans l'eau d'un étang glacé, un étang tout comme celui où, plus jeunes, l'hiver, les deux frères jouaient au hockey. Tout porte à croire que c'est un suicide. Cette mort subite incite Pierre à chercher à comprendre qui était devenu son frère, cet homme obèse dont il s'était éloigné et qu'il ne reconnaît plus. À travers les écrits laissés derrière par le défunt, il tente de renouer les liens fraternels défaits au fil des ans. Les mots constituent la trame sur laquelle se déroule la quête du vivant vers le mort.
Extrait :
Je lis, me relis à mon frère une dernière fois.
Je lis à voix haute pour que les mots retentissent dans le vide de la pièce, pour qu'ils frappent sur le couvercle du cercueil.
Mais Paul n'est pas là. Il n'est plus.
J'entends les mots retomber sur le plancher comme de la poussière
«French Town» est une tragédie contemporaine. Elle met en scène la famille Bédard, qui représente l'expérience de la collectivité, illustre la subjectivité de la mémoire et expose le rapport entre la langue et l'identité. Les trois enfants adultes de Gilbert et Simone Bédard, Pierre-Paul, Cindy et Martin, rappellent l'histoire de leur famille dysfonctionnelle tout en envisageant leur vie après le décès de leur mère.
Classique du répertoire francophone, «French Town» a remporté le prix du Gouverneur général en 1994.
Cette nouvelle édition comprend des choix de jugements, une biographie et une bibliographie augmentés.
Ouellette s'approprie deux mythes de la mythologie grecque, un sujet inhabituel pour le théâtre franco-ontarien. À travers ceux-ci il pose un regard critique sur notre société.
Dans « Iphigénie en trichromie » il reprend le mythe que l'on connaît de la princesse qui doit mourir pour que les vents se lèvent, permettant à la flotte achéenne de se rendre à Troie afin de libérer Hélène. Tout au long de l'histoire, il privilégie une perspective féministe. Dans cet univers, la reine domine le roi, mais des forces agissent dans l'ombre pour renverser la situation et mener à l'avènement d'un nouvel ordre social.
Dans « La colère d'Achille », l'auteur transpose l'histoire à notre ère moderne. Hatch [Achille] devient un mercenaire américain, à la solde d'une compagnie supranationale à l'oeuvre dans un pays du Moyen Orient.
« Iphigénie en trichromie » a été créée le 27 septembre 2006, dans une coproduction du Théâtre du Nouvel-Ontario (Sudbury) et du Théâtre la Catapulte (Ottawa). « La colère d'Achille » a f ait l'objet d'une lecture publique le 18 décembre 2005, à la Nouvelle scène (Ottawa).