Mia Couto, auteur désormais bien connu du public français, revient au genre de ses débuts, la nouvelle. Des textes courts, espaces de création dans lesquels l'auteur excelle et révèle avec maestria son art de conteur.
Si la toile de fond touche à l'actualité, la plume, elle, est toujours aussi poétique. L'auteur interroge les enjeux des sociétés contemporaines post-coloniales en posant les termes d'un dialogue entre leurs différentes composantes. Chaque parole, chaque être, chaque contexte est pris en considération. Au fil des nouvelles, se dévoile alors la complexité du Mozambique contemporain. Un pays monde, un pays de décalages. Avec tendresse et sensibilité, les singularités de chacun mises en exergue servent finalement à montrer notre unité.
Mia Couto est aujourd'hui un des auteurs les plus reconnus de la langue portugaise. Ses activités de militant et de journaliste conjuguées à celles de biologiste traduisent une conscience politique et sociale et alimentent son oeuvre. Il se fait le passeur d'une culture multiforme où s'enchevêtrent l'homme, les dieux, et la nature. Son écriture prend tour à tour la forme du roman, de nouvelles, de chroniques et de poèmes déclinés dans une langue subtile, légère, novatrice, jamais dénuée d'humour.
En 2019, un cyclone a entièrement détruit la ville de Beira sur la côte du Mozambique.
Un poète est invité par l'université de la ville quelques jours avant la catastrophe.
Il retrouve son enfance et son adolescence dans ces rues où il a vécu dans les années 70. Il va faire un voyage "vers le centre de son âme" et y trouver son père, un grand poète engagé dans la lutte contre la colonisation portugaise.
Il se souvient des voyages sur le lieu de terribles massacres perpétrés par les troupes coloniales. Il se souvient aussi de Benedito, le petit serviteur, aujourd'hui dirigeant du FRELIMO au pouvoir, de l'inspecteur de la police politique, des amoureux qui se sont suicidés parce que leur différence de couleur de peau était inacceptable, de la puissante Maniara, sorcière et photographe, et surtout de Sandro, son frère caché.
Les faits que l'enfant qu'il fut nous raconte sont terribles, le racisme, la bêtise coloniale, la police politique, la PIDE, les traîtrises.
Ce roman au souffle puissant peuplé de personnages extraordinaires à l'intrigue aussi rigoureuse que surprenante est écrit comme la poésie, que Mia Couto définit comme "une façon de regarder le monde et de comprendre ce qui habite une dimension invisible de ce qu'on nomme la réalité. Sans cette dimension poétique il est impossible de comprendre la vie".
Un roman magnifique, dans l'ombre d'un cataclysme, le plus personnel écrit par l'auteur, l'un de ses meilleurs.
« Pour Mia Couto, grand écrivain mozambicain nobélisable, écrire, semble constituer, comme pour ses personnages, une façon de prier, de faire renaître les morts, de résister. » - Manon Houtard, Le Nouveau Magazine littéraire
« L'un des auteurs les plus intéressants et les plus importants d'Afrique. » - Henning Mankell
« La première fois que j'ai vu une femme j'avais onze ans et je me suis trouvé soudainement si désarmé que j'ai fondu en larmes. Je vivais dans un désert habité uniquement par cinq hommes.
Mon père avait donné un nom à ce coin perdu : Jésusalem. C'était cette terre-là où Jésus devrait se décrucifier. Et point, final.
Mon vieux, Silvestre Vitalício, nous avait expliqué que c'en était fini du monde et que nous étions les derniers survivants.
Après l'horizon ne figuraient plus que des territoires sans vie qu'il appelait vaguement l'Autre-Côté. »
Mia Couto, admirateur du Brésilien Guimarães Rosa, tire de la langue du Mozambique, belle, tragique, drôle, énigmatique, un univers littéraire plein d'invention, de poésie et d'ironie.
À la fin du XIXe siècle, le Mozambique est ravagé par les guerres entre les clans et contre les colonisateurs.
Germano, un soldat portugais exilé sans espoir de retour parce que républicain, et Imani, une jeune Africaine, trop belle et trop intelligente, son interprète, sont le fil rouge de ce roman où ils évoluent parmi des personnages historiques bien réels, comme l'empereur africain Ngungunyane et le flamboyant Mouzinho de Albuquerque, "pacificateur" du Mozambique.
Germano découvre l'Afrique de l'Est en prenant son poste dans un village perdu où il fait la connaissance d'Imani. Dans ses rapports, Germano raconte les transformations de la région avec en toile de fond l'affrontement entre la monarchie coloniale et Ngungunyane.
Imani décrit l'avancée de la colonisation, les structures familiales, les traditions qui cherchent à subsister, les migrations. Elle s'aperçoit aussi que sa maîtrise du portugais la sépare de ses voisins, tandis que les Portugais la considèrent comme une espionne.
Liés par un amour ambigu, Imani et Germano partent sur le fleuve dans une itinérance chaotique et aventureuse qui les confronte à la réalité de cette guerre et à des personnages fabuleux.
Mia Couto, romancier dans un pays où l'oralité règne, décrit ces trajectoires d'une écriture concise et puissamment évocatrice. Il écrit ainsi un grand texte sur l'incompréhension et la construction de la peur de l'autre.
Sidónio Rosa est tombé éperdument amoureux de Deolinda, une jeune Mozambicaine, au cours d'un congrès médical à Lisbonne, ils se sont aimés puis elle est repartie chez elle.
Il part à sa recherche et s'installe comme coopérant à Villa Cacimba. Il y rencontre les parents de sa bien-aimée, entame des relations ambiguës avec son père et attend patiemment qu'elle revienne de son stage. Mais reviendra-t-elle un jour ?
Là, dans la brume qui envahit paysage et âmes, il découvre les secrets et les mystères de la petite ville, la famille des Sozihno, Munda et Bartolomeo, le vieux marin. L'Administrateur et sa Petite Épouse, la messagère mystérieuse à la robe grise qui répand les fleurs de l'oubli.
Les femmes désirantes et abandonnées. L'absence dont on ne guérit jamais.
Un roman au charme inquiétant écrit dans une langue unique.
Lorsque le chasseur Arcanjo Baleiro arrive à Kulumani pour tuer les lions mangeurs d'hommes qui ravagent la région, il se trouve pris dans des relations complexes et énigmatiques, où se mêlent faits, légendes et mythes.
Une jeune femme du village, Mariamar, a sa théorie sur l'origine et la nature des attaques des bêtes. Sa soeur, Silência, en a été la dernière victime. L'aventure est racontée par ces deux voix, le chasseur et la jeune fille, au fil des pages on découvre leurs histoires respectives.
La rencontre avec les bêtes sauvages amène tous les personnages à se confronter avec eux-mêmes, avec leurs fantasmes et leurs fautes. La crise met à nu les contradictions de la communauté, les rapports de pouvoir, tout autant que la force, parfois libératrice, parfois oppressive, de leurs traditions et de leurs croyances.
L'auteur a vécu cette situation de très près lors d'un de ses chantiers. Ses fréquentes visites sur le théâtre du drame lui ont suggéré l'histoire inspirée de faits et de personnages réels qu'il rapporte ici.
Clair, rapide, déconcertant, Mia Couto montre à travers ses personnages forts et complexes la domination impitoyable sur les femmes, la misère des hommes, la dureté de la pénurie et des paysages.
Un grand roman dans la lignée de L'Accordeur de silences.