Ils sont tournés les uns vers les autres. Ils s'observent et s'écoutent. Ils s'échangent des idées, des armes, de l'argent ou des femmes. Dans cet univers clos réservé aux hommes, le pouvoir se relaie et se perpétue à la façon d'une chorégraphie mortifère. Le boys club n'est pas une institution du passé. Il est bien vivant, tentaculaire: État, Église, armée, université, fraternités, firmes... et la liste s'allonge.
À la manière d'une chasse à l'image, c'est dans les représentations au cinéma et à la télévision que Martine Delvaux le traque. Véritable plongée en eaux noires, ce livre nous invite à considérer l'entre-soi des hommes comme un phénomène régressif. Un dispositif à profaner, déconstruire, refuser, parce que nos vies comptent.
Élie a quatorze ans, porte des Dr. Martens usées, le pantalon roulé aux chevilles et les cheveux en bataille. Martine Delvaux, sa mère, la regarde et explore toutes les facettes du lien vibrant qui les unit. Livre de conseils d'une mère féministe, de recommandations, d'explications, où l'on invoque aussi bien Beyoncé que Maya Angelou ; morceaux d'avenir ou fragments de mémoire. Et plus simplement : un très grand livre d'amour.
Face à la crise climatique, Martine Delvaux choisit le combat, celui que mène la génération de sa fille. Voici un livre tissé de catastrophes, mais surtout d'espoir. Feu sacré des militant·e·s, bûchers où tant de femmes ont péri, feux follets, feux de forêt dévastateurs, rage incendiaire et feux de joie : certaines flammes nous détruisent, quand d'autres nous éclairent. Les pompières pyromanes qui habitent ce livre savent lesquelles entretenir amoureusement.
Des corps féminins en rangées, qui se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d'un vêtement, d'une courbe, d'une teinte de cheveux. Les filles en série créent l'illusion de la perfection. Ce sont des filles-machines, filles-marchandises, filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l'usine ordinaire de la misogynie. Les filles sont des filles parce qu'elles sont en série. Mais la figure des filles en série est double: à la fois serial girls et serial killers de l'identité qu'on cherche à leur imposer. Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent à leur chosification, cassent le party, libèrent la poupée et se mettent à courir.
Cet essai percutant, paru pour la première fois en 2013, se déploie comme une chaîne qui se fait et se défait, depuis les Cariatides jusqu'aux Pussy Riot. Dans cette édition revue et augmentée, Martine Delvaux s'attaque à la blancheur des filles en série et analyse de nouvelles formes de résistance investies par les ballerines, les survivantes d'agressions et Beyoncé.
«Il me fallait un dispositif, une provocation, peut-être un garde-fou
pour continuer d'observer cet objet à la fois banal et étrange qu'est
ma vie. L'observer en suivant de nouvelles lignes : le chemin que
me propose le film Thelma & Louise. Mon film choisi, mon film
aimé, le film qui a marqué ma vie, le film qui encore aujourd'hui
me fait pleurer.
J'ai voulu remonter le cours du temps en m'installant dans
la Thunderbird avec Thelma et Louise, pour retrouver celle que
j'étais en 1991, cette jeune femme qui n'est pas si différente de la
femme que je suis aujourd'hui. J'ai suivi le scénario du film à la
manière de marques topographiques sur le chemin de ma propre
vie : deux femmes, une voiture, un voyage, un viol, un révolver.»
Une jeune femme tombe enceinte. Un homme s'enfuit. Et une petite fille reste aux prises avec une énigme.
À la manière du dessin caché qui apparaît dans les cahiers de jeux des enfants quand on relie entre eux les points numérotés, Martine Delvaux s'applique à réunir dans Blanc dehors le peu qu'elle sait de l'inconnu qui a refusé de devenir son père.
Un roman aussi résolu qu'apaisé, où la romancière parvient à rendre lisible à nouveau une histoire pourtant criblée de blancs.
Il a laissé une étendue de ruines dans sa vie.
Le coup de foudre et la passion ont dégénéré en conflit, puis en guerre, à la vitesse de l'éclair. Pourtant, elle était certaine d'être en train de vivre une grande histoire, l'histoire de sa vie.
Les cascadeurs de l'amour n'ont pas droit au doublage, mais elle a pu écrire ce livre - une ultime missive envoyée du front, le champ de bataille de la rupture.
Pour son troisième roman, Martine Delvaux s'applique à coudre ensemble avec adresse les clichés effilochés de l'amour dans un livre bel¬liqueux, rageur et libérateur. Un livre qui solde pour de bon les comptes du ratage amoureux.
Ce livre est un hommage aux images à la fois tendres et violentes de la photographe Nan Goldin.
Goldin est une guerrière, une gardienne de la mémoire. Elle lutte pour qu'on n'oublie pas la vie des femmes, des sidéens, des bannis. Depuis la mort brutale de sa soeur aînée adorée, elle se bat pour le souvenir de ceux qu'elle a perdus.
Goldin est une gorgone dont le regard sidère. Elle demande de poser les yeux sur ce qui est étranger, elle exige que les secrets soient dénudés.
Martine Delvaux met ici ses pas dans les pas de Goldin, et avance avec elle dans la colère, la rébellion et l'amour fou.
L'écrivaine trouve chez la photographe une oeuvre-soeur, un écho de sa propre esthétique et de son engagement à dire, coûte que coûte, ce qu'elle sait et ce qu'elle voit.
Une petite fille grandit dans un village nouveau. Le père a disparu avant sa naissance. La mère a épousé un autre homme et souhaité s'installer loin de la ville. Le village est morne et ils y resteront des étrangers. Entre les enfants les liens se tissent quand même et dans les champs de fraise, ses amies s'appellent Manon-juste-Manon, BB ou encore Valence Berri. Elles rêvent d'Hollywood, mâchent de la Hubba Bubba, passent leur été à sauter dans la piscine du camping juste à côté. Tout semble normal. Mais une menace plane sur cet univers doucereux. Au village et dans la banlieue aseptisée où la famille déménagera dix ans plus tard il arrive que des filles disparaissent.
Rose amer raconte le regard effrayé d'une petite fille, puis d'une adolescente, sur la violence diffuse de l'ordinaire.
Cet ouvrage propose une lecture de textes contemporains qui traitent du fantomatique, de l'absence, de la mort,du deuil, de l'autobiographie, thèmes chers à Jacques Derrida. Les écrivaines dont il est question dans cet essai - Kathryn Harrison, Sybille Lacan, Nelly Arcan, Laure Adler, Anne-Claire Poirier, Annie Ernaux, Catherine Millet et Christine Angot - donnent à lire des textes déstabilisants, voire scandaleux. Chacune d'elles écrit sa vie, convoquant une des figures spectrales les plus importantes : celle du témoin. Delvaux jette ici un éclairage nouveau sur l'écriture récente des femmes en faisant écho aux réflexions de Derrida sur le témoignage, l'identité, le nom, la langue, l'archive, la fiction et la vérité. Et, à l'instar de l'écrivain et lecteur de la différance, elle invente un lieu - entre témoignage et réflexion critique - qui donne à ces Histoires de fantômes une dimension singulière.
Martine Delvaux est professeure au Département d'études littéraires de l'Université du Québec à Montréal. Elle a écrit plusieurs livres dont Femmes psychiatrisées, femmes rebelles (1998) et Ventriloquies, en collaboration avec Catherine Mavrikakis (2003).
C'est l'histoire d'un film qui ne s'est pas fait.
C'est l'histoire de trois artistes, Hollis Jeffcoat, Joan Mitchell et Jean Paul Riopelle, dont les vies ont été entremêlées.
C'est l'histoire d'un accident.
C'est l'histoire de la place qu'occupent les femmes dans le monde de l'art.
C'est l'histoire de mon amour pour une artiste, Hollis Jeffcoat, sur qui j'ai essayé d'écrire un film.
M. D.
Martine Delvaux fait le récit d'une enquête passionnée, qui s'ouvre dans le Paris des années 1970, sur une jeune peintre américaine inconnue, à l'ombre de deux
artistes célèbres.
Les filles sont des filles parce qu'elles sont en série.
Des corps féminins en rangées. Ils se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d'un vêtement, d'une courbe, d'une teinte de cheveux. Les filles en série sont mises à leur place et créent l'illusion de la perfection. Ce sont des filles-machines, des filles-marchandises, des filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l'usine ordinaire de la misogynie.
Mais la figure des filles en série est double: à la fois serial girls et serial killers de l'identité qu'on cherche à leur imposer. Casseuses de party, ingouvernables, elles libèrent la poupée et se mettent à courir. Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent à leur chosification, à l'instar des grévistes féministes de 2012. Cet essai percutant se déploie comme une chaîne qui se fait et se défait, depuis les Cariatides jusqu'aux Pussy Riot.
Une amitié s'est nouée il y a presque vingt ans entre un homme et une femme, la narratrice du roman. C'est elle qui raconte ces années, qui fait l'inventaire des petites phrases prononcées et des grandes, et laisse entrer le lecteur dans un univers clos, jusque-là jalousement fermé aux autres.
Ce n'étaient jadis que bavardage, ragots ou affaires de moeurs. Non, il n'y avait rien de pourri au royaume du savoir! Pour maintenir l'ordre social, il fallait taire le harcèlement et les agressions, ne pas nommer le boys club, en être complice. Or des féministes ont rompu la digue, et ce livre nous arrive porté par cette vague de dénonciations spectaculaires.
Étudiantes et professeures se penchent ici sur une histoire aussi ancienne que taboue: la relation entre désir et pédagogie. Quel est le rapport entre professeur.e.s et étudiantes, et qu'arrive-t-il lorsque la séduction s'en mêle? Quelles histoires cette relation raconte-t-elle, pervertit-elle ou permet-elle d'inventer? Ce livre ne prétend pas trancher la question du sexe, de l'amour et du pouvoir au sein des universités. Il en montre plutôt la complexité, tout en convoquant la communauté universitaire à une résistance féministe solidaire.
Avec « Québec, ville insolite », Moebius nous invite à oublier les images de carte postale au profit d'une vision plus inhabituelle de Québec. Les écrivains ayant collaboré à ce numéro - Patrick Nicol, Martin Grange, Martine Delvaux, Éric Plamondon, Hélène Matte, pour ne nommer que ceux-ci - prennent plaisir à s'aventurer au-delà des clichés, renversant le regard pour créer de nouvelles perspectives. Car malgré les nombreuses étiquettes terriblement usées qui lui sont accolées, la capitale nationale ne cesse d'attiser l'imagination des écrivains qui s'ingénient à la nommer autrement, « chatouillant le romanesque, soufflant le poème comme du verre de Murano » (Marie-Ève Sévigny). Un numéro piloté par Marie-Ève Sévigny.
FOLLE
La folie se présente comme un syndrome fourre-tout qui enferme les femmes dans une illégitimité chronique. En qualifiant les femmes de folles à tort et à travers, on leur retire le droit d'être blessées, en colère ou injustement traitées. Mais la folie n'est pas qu'une tare, elle est aussi moteur de création, génératrice d'idées et d'innovations.
FRUE
La femme frue, c'est la féministe enragée, la féminazie, réduite à sa seule colère. Frustrées sont ces courageuses qui continuent à lutter contre le backlash et le masculinisme rampant. En refusant de se plier au statu quo, elles se trouvent à être répudiées et dévalorisées publiquement : on les traite de mal baisées, de misandres et de... folles.
FORTE
La douceur et de la fragilité sont des attributs liés à la « vraie » féminité. En contrepartie, la force, physique et mentale, serait l'apanage du masculin. Les Fortes, qui n'ont rien des poupées de porcelaine ou des nymphettes soumises, dérangent. La Forte est un modèle de puissance, de résilience et d'audace.
Alors, et si au lieu de discréditer la folie, la frustration et la force, on s'en réclamait fièrement?
Des suffragettes aux féministes actuelles, chaque décennie a porté ses revendications, mais a aussi vu une pensée naître, un mouvement s'articuler et une parole être prise. Le féminisme s'emploie à lire le monde autrement. En ce début de vingt et unième siècle, nous avons voulu explorer ce que, spécifiquement, il permet de déchiffrer de la situation contemporaine. Que nous donne-t-il à voir qu'aucune autre lecture n'éclaire?
Considéré dans ce texte: Cory Taylor, Anne Bert et la militance des femmes pour l'aide médicale à mourir. L'écriture comme exploration des confins de l'existence. «The Old Guard». L'immortalité, la prière et le chant des oiseaux. La toute-puissance du système médical et ses limites.
Des suffragettes aux féministes actuelles, chaque décennie a porté ses revendications, mais a aussi vu une pensée naître, un mouvement s'articuler et une parole être prise. Le féminisme s'emploie à lire le monde autrement. En ce début de vingt et unième siècle, nous avons voulu explorer ce que, spécifiquement, il permet de déchiffrer de la situation contemporaine. Que nous donne-t-il à voir qu'aucune autre lecture n'éclaire?
L'édition printanière de la revue Lettres québécoises « femmes manifestes » donne à lire des textes à propos du pouvoir, des nouveaux territoires de création, de l'invisibilité, des abus, des violences, du féminisme, de la rédaction épicène, de l'engagement, de l'édition et, bien sûr, de la création. Le dossier propose une chorale de voix d'où émanent force et courage, fatigue et déchirures. Avec la participation de : Mélikah Abdelmoumen, Nicole Brossard, Lula Carballo, Martine Delvaux, Gabrielle Giasson-Dulude, Monique Juteau, Claudia Larochelle, Rosalie Lavoie, Valérie Lefebvre-Faucher, Lux, Stéphane Martelly, Catherine Morency, Virginia Pesemapeo Bordeleau, Erika Soucy, Olivia Tapiero, Geneviève Thibault, Suzanne Zaccour. Le cahier Création a été confié à trois créatrices : la poète Lorrie Jean-Louis, la romancière Annie-Claude Thériault et l'illustratrice Kim Renaud-Venne. Pour ce numéro spécial, « Jeunauteur » devient « Jeunautrices » et les textes sont signés par Caroline Allard, avec Pascal Girard aux illustrations. (source : Lettres québécoises)
DOSSIER - Féministes ? Féministes !
sous la direction de Martine Delvaux
Peut-on être féministe aujourd'hui ? De quelle façon peut-on endosser, agir, interroger cette prise de position ? Quels sont les enjeux qui sous-tendent à la fois sa remise en question et son assertion ? Devant la re-montée des féminismes militants ici et ailleurs, le dossier «Féministes ? Féministes !», sous la direction de Martine Delvaux, souhaite figurer le passage de l'interrogation - peut-on, doit-on encore être féministe aujourd'hui ? -, à l'affirmation de cet engagement en tant que citoyennes, artistes et intellectuelles...
PORTFOLIO - Rose-Marie E. Goulet
Du sida, que penser aujourd'hui ? À quels enjeux sommes-nous encore confrontés alors que l'éradication du virus du VIH est loin d'être chose accomplie ? Comment répondre des morts, témoigner des disparus à l'heure où le sida est, pour beaucoup, une relique du passé ? Plus d'une génération du sida se manifeste dans ce dossier et c'est à l'aune de ce pluriel générationnel que les collaborateurs et collaboratrices ici réunis tentent de penser le sida.
Une suite d'expériences à la fois intimes et collectives liées à l'émotion complexe de la honte, dans la lignée de Self-care
Nos hontes vous reviendront armées est un collectif de récits et de poésie à saveur sociologique, composé des textes de sept écrivain·es. L'ouvrage s'inspire de l'auteur et sociologue français Édouard Louis, de qui l'on retrouve des citations réflexives servant à lier les textes. Le livre déplie différentes expériences vécues par les auteur·ices, expériences à la fois intimes et collectives, et liées à l'émotion complexe de la honte. Les textes explorent cette honte pour en dévoiler les racines sociales, et s'orientent tous autour de l'enjeu de la violence et de sa reproduction : violences conjugales et sexuelles, racisme, homophobie, transphobie, grossophobie, putophobie, pauvreté, classisme et lutte des classes. Sont posées ici deux questions cruciales : quelles sont les limites de l'action individuelle non-éclairée face à l'oppression, et comment une écriture autobiographique informée par la sociologie peut transformer la honte en révolte.
Martine Delvaux et Jennifer Bélanger s'inscrivent dans une lignée de femmes allongées. Souffrant l'une et l'autre de douleurs chroniques, elles ont choisi d'écrire à partir de cette position qu'elles connaissent intimement : le corps étendu sur un lit, un divan, un plancher ou une civière, et qui attend.
Entourées d'autres femmes - écrivaines, artistes, amies, mères, filles, amantes et soignantes -, les autrices rendent hommage à la vie horizontale des accidentées, des endolories, des insomniaques, des rêveuses et des survivantes.
Les allongées défilent de page en page, de lit en lit, sur la pointe des pieds et ensemble. Elles résistent devant un monde qui, de tout temps, a préféré voir en elles des paresseuses, des martyres, des hystériques, des menteuses, des plaintives, des folles.
Ainsi montent leurs voix, entre le chuchotement et le cri. Le plafond se brise. Un horizon apparaît.