La biodiversité joue de nombreux rôles, à la fois source et produit du bon fonctionnement des écosystèmes dont dépendent les services écosystémiques. Dans un contexte de pressions toujours croissantes sur les milieux naturels, les études sur les valeurs de la biodiversité et les services écosystémiques aident à mieux comprendre les interactions entre nature et sociétés, à anticiper les bouleversements à venir et à concevoir des mesures de gestion appropriées.
Cet ouvrage découle d'un séminaire qui a mobilisé plus de 40 scientifiques issus d'une grande diversité de disciplines : écologie, philosophie, géographie, droit, économie, génétique, anthropologie, sciences politiques. Il a fidèlement conservé la libre expression de perspectives parfois divergentes afin de restituer la dimension dynamique et vivante des processus d'avancée des connaissances.
Trois thèmes y sont abordés : la question des valeurs de la nature en général, les relations entre biodiversité et bien-être humain à travers les services écosystémiques, et enfin les différentes formes d'opérationnalisation de ce concept.
Nous espérons qu'à sa mesure, il participera à alimenter le nécessaire débat de société sur notre rapport à la nature.
Si l'on sait depuis longtemps que le bien-être humain dépend en partie de la nature, cette dépendance est aujourd'hui mise en exergue à travers la notion de services écosystémiques, définis comme étant les bénéfices que les êtres humains tirent du fonctionnement des écosystèmes.
Cet ouvrage met en évidence les limites de cette approche pour penser notre rapport à la nature et notre responsabilité vis-à-vis de sa protection. Après un aperçu historique de la conception des relations entre le bien-être humain et le fonctionnement des écosystèmes, l'auteure décrit l'émergence des « services écosystémiques » comme nouvelle norme dans le monde de la conservation. Elle montre comment cette approche a renforcé et multiplié les tentatives d'évaluation monétaire de la biodiversité et la façon dont ces deux mouvements, d'instrumentalisation de la nature puis de quantification des bénéfices qu'on en tire, participent d'une dynamique de marchandisation de la biodiversité.
Face à la complexité de la science et son exploration hyperspécialisée, le scientifique est amené de plus en plus souvent à s'adresser à d'autres disciplines. Les sciences de la vie peuvent justifier ce propos, car elles connaissent un grand essor tout en subissant de plein fouet des critiques qui les obligent à se métamorphoser.
Les auteurs de ce livre ont fait le pari de franchir les limites de leur savoir pour rejoindre les scientifiques d'autres disciplines (chimie, écologie, géographie, histoire, environnement, climatologie) avec lesquels ils pouvaient poser des questions communes et construire des méthodes, également communes. Ils nous aident ainsi à donner corps au concept d'interdisciplinarité qui, plus qu'un autre, repose sur l'expérience. Ils s'interrogent aussi sur les raisons pour lesquelles l'interdisciplinarité n'est pas encore suffisamment appliquée dans les grands organismes de la recherche.