"Dans L'Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son oeuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l'incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa "scène fondamentale" : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s'approche d'une petite Blanche de quinze ans qu'il va aimer.
Il faut lire les plus beaux morceaux de L'Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l'écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l'art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois capable de saisir toutes les nuances, d'aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve, on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d'une formidable efficacité. À la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode."
François Nourissier
La dernière guerre, Marguerite Duras l'a vécue tout à la fois comme femme dont le mari avait été déporté, comme résistante, mais aussi comme écrivain. Lucide, étonnée, désespérée parfois, elle a pendant ces années tenu un journal, écrit des textes que lui inspiraient tout ce qu'elle voyait, ce qu'elle vivait, les gens qu'elle rencontrait ou affrontait. Ce sont des extraits de son journal que Marguerite Duras a réunis dans un recueil de nouvelles, La douleur. La première d'entre elles porte le même titre. Adeline d'Hermy a choisi de la lire.
Avec une grande justesse, Adeline d'Hermy met en voix le texte percutant de Marguerite Duras, qu'elle qualifiait elle-même comme l'une des choses les plus importantes de sa vie.
L'écoute en classe de ce CD est autorisée par l'éditeur.
« J'ai appris qu'il était mort depuis des années. C'était en mai 90. Je n'avais jamais pensé à sa mort. On m'a dit aussi qu'il était enterré à Sadec, que la maison bleue était toujours là, habitée par sa famille et des enfants. Qu'il avait été aimé à Sadec pour sa bonté, sa simplicité et qu'aussi il était devenu très religieux à la fin de sa vie.
J'ai abandonné le travail que j'étais en train de faire. J'ai écrit l'histoire de l'amant de la Chine du Nord et de l'enfant : elle n'était pas encore là dans L'Amant, le temps manquait autour d'eux. J'ai écrit ce livre dans le bonheur fou de l'écrire. Je suis restée un an dans ce roman, enfermée dans cette année-là de l'amour entre le Chinois et l'enfant. »
Qui est le vice-consul de Lahore ? Pourquoi a-t-il tiré de son balcon dans la direction des jardins de Shalimar où se réfugient les lépreux et les chiens ? Quel étrange attrait exerce sur lui Anne-Marie Stretter, ambassadrice à Calcutta ? Quelle est l'histoire de cette mendiante folle qui berce la rue de ses chants ?
Un roman de l'extrême misère : celle de l'Inde, mais aussi et surtout celle du coeur.
Michaël Lonsdale était déjà le vice-consul dans le film India Song de Marguerite Duras. Ami et interprète fidèle de l'auteur, au théâtre comme au cinéma, il sait mieux que personne restituer toute l'intériorité et la modernité de son écriture. Son timbre de voix si sombre et si particulier sert à merveille l'énigme de ce texte.
« C'est un drôle de truc, l'écriture. » Marguerite Duras.
« Être femme, c'est le résultat d'une histoire. » Simone de Beauvoir.
« Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. On risque avant cet âge de méconnaître l'existence des grandes frontières naturelles qui séparent l'infinie variété des êtres. » Marguerite Yourcenar.
« Il n'y a pas de vraie mémoire de soi. » Annie Ernaux.
Retrouvez dans ce recueil des extraits de : les Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras, les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar et La Honte d'Annie Ernaux.