Explorer les représentations et les pratiques de « l'aller mieux » dans le domaine de la santé et de la santé mentale plus particulièrement, tel est l'objectif général de cet ouvrage dont les contributions portent sur les dynamiques, les acteurs, les ressources concrètes et le vécu de la guérison, du rétablissement, du « s'en sortir ». Souvent psychologisés ou naturalisés, les processus de l'aller-mieux sont ici analysés comme un objet à part entière de la sociologie qui livre sur eux des éclairages nouveaux. Ces processus s'inscrivent au croisement de plusieurs domaines, celui des institutions du « normal » et du « pathologique », des politiques de soin et de care, de l'éthique et de l'existentiel. Aussi l'ouvrage donne-t-il la parole à des philosophes, des professionnels, des patients, ainsi qu'à des innovateurs, en présentant les expériences actuelles de pair-aidance en France ou dans d'autres pays.
L'ouvrage ouvre un espace de questionnements. Il propose notamment une analyse sociologique du champ de l'autisme, qui ne se limite pas à l'opposition comportementalisme / psychanalyse et intègre la question de la « neurodiversité » introduite dans le débat public par des autistes adultes.
Il présente une étude, financée par la Caisse nationale de soutien à l'autonomie (CNSA), pour évaluer une expérience de repérage des autistes adultes dans les établissements médico-sociaux menée dans une région française. Ce fut l'occasion pour les chercheurs de visiter de nombreux établissements, de discuter avec les professionnels, d'observer leur travail quotidien d'accompagnement de personnes adultes autistes. Les auteurs rendent compte de manière très concrète de leurs observations et analyses qui s'appuient sur la parole des professionnels.
Ils concluent par le repérage des questions les plus brûlantes auxquelles est confrontée l'actuelle politique publique de l'autisme.
Les théories de l'institution présentent aujourd'hui une assez grande confusion, oscillant entre la thèse de la désinstitutionalisation et celle du renforcement du contrôle social. Quelle théorie est-elle pertinente pour notre civilisation actuelle ? Telle est la question que traite cet ouvrage en proposant une revue de littérature sur le concept et en développant une thèse, les institutions sont plurielles et lieux de tensions : pluralité des finalités, des missions, des logiques d'action, discordances entre discours et pratiques, pressions et régulations externes multiples et contradictoires. Quel est le statut de cette pluralité ? Est-ce notre regard sur les institutions qui a changé, car il y aurait un affaiblissement du paradigme de l'unité ? Ou bien est-ce un mouvement historique réel, lié à la modernité, voire à l'hypermodernité ? Les deux sans doute, comme les chercheurs le constatent en examinant chacun des champs empiriques dont ils sont spécialistes : la psychiatrie, depuis longtemps déchirée par des contradictions et des conflits, la prison, institution totale confrontée à la thématique du respect, le soutien à la parentalité, entre confiance et soupçon, l'agir enseignant et sa constitutive pluralité normative, les nouvelles institutions du développement durable et leurs formes hybrides d'intervention publique. Les auteurs proposent ainsi un ouvrage de référence sur un des concepts centraux de la sociologie, des sciences et de la philosophie politiques.
Pour beaucoup de professions, l'internet a changé, plus ou moins radicalement, le contenu de leur métier. Pour les uns il sert de bibliothèque ou d'université, pour d'autres d'agence de recrutement ou de vitrine. Les auteurs examinent les usages que les différentes professions font de l'internet, notamment dans le domaine de la santé, et la façon dont, en retour, l'internet transforme ces professions, modifie leurs pratiques.
Les débats sur la politique de santé mentale se déploient en tous sens : sur la « sécurité », sur l'insuffisante prévention de la récidive, sur le manque d'accès au soin, sur les dérives technocratiques, sur les atteintes à la dignité de la personne humaine, sur les soins les plus efficaces. Plus généralement, le langage de la santé mentale et de la souffrance psychique est devenu un des vecteurs les plus habituels pour parler des tensions sociales ou des troubles existentiels. Enfin, la question du soin est instrumentalisée dans le cadre d'une pratique émotionnelle de la politique.
En même temps, la psychiatrie comme discipline médicale est confrontée aux impératifs gestionnaires de la rigueur budgétaire. Face à l'extension de diverses formes de souffrance psychique, la psychiatrie est appelée à devenir l'acteur central d'une politique de « santé mentale », dont les tentatives de rationalisation ne sont pas sans susciter de multiples débats.
Ces questions ont été jusqu'ici peu étudiées par les sociologues. Le présent ouvrage en propose une description et une analyse synthétique. Comment se construit une politique de santé mentale? Quels en sont les acteurs? Les outils? Les enjeux ? Les connaissances ? Quelles controverses traversent aujourd'hui son champ ?
Ces différents angles d'analyse mettent en évidence les incertitudes propres à notre modernité tant sur la construction des subjectivités que sur les conceptions politiques et éthiques du lien social.
Lise Demailly est professeur émérite de sociologie à l'université de Lille 1 et membre du CLERSE.
Michel Autès est sociologue, chargé de recherche au CNRS dans l'équipe du CLERSE, à l'université de Lille 1.