Dix ans après avoir été déchirés par la guerre du Vietnam, les Américains du Nord n'ont pas fini de se demander ce qu'ils doivent faire - et non pas ce qu'ils font - en Amérique centrale. En 1846, un de leurs représentants au Congrès affirmait : « Notre évidente destinée est de nous répandre sur ce continent tout entier. » Quant à Théodore Roosevelt il proclamait, quelque cinquante ans plus tard, son droit et celui de ses successeurs de « se faire le gendarme des Amériques ». De l'histoire complexe et tourmentée des rapports entre les États-Unis et leurs voisins, Léo Sauvage a choisi de nous présenter trois exemples : Saint-Domingue, le Nicaragua et la Grenade, où le récent débarquement de « marines », épisode plus grotesque que tragique, est remarquable à plus d'un titre. À l'opposé d'un texte universitaire, ce récit allègre, non conventionnel, voire paradoxal, choquera peut-être. Il émane néanmoins d'un homme qui a passé vingt-cinq ans à suivre, en professionnel, la vie politique américaine.
Léo Sauvage a fait ses débuts dans le journalisme à l'âge de dix-neuf ans, tout en préparant une licence en droit à Paris. Critique dramatique du Peuple en 1939, il fonda, durant la guerre, à Marseille, une troupe de théâtre, les Compagnons de la Basoche, interdite en 1942, puis édita des journaux clandestins dans le centre de la France. Au lendemain de la guerre, il entra à Franc-Tireur, et fit reparaître, en 1946-1947, La Rue de Jules Vallès. Léo Sauvage vit aujourd'hui à New York, où il est, depuis près de quinze ans, le correspondant du Figaro. Il résume, dans sa préface à L'Affaire Oswald, les raisons qui l'ont amené à publier ce livre : Jusqu'à la publication du rapport Warren, il y avait l'irrésistible réaction contre l'outrecuidance de ceux qui ne cessaient de proclamer que l'accusé assassiné était coupable, mais prétendaient que ceux qui doutaient de cette culpabilité devaient s'astreindre au silence. Depuis la publication du rapport Warren, il y a quelque chose de plus irrésistible encore : le sentiment que le silence, dans cette affaire, constituerait un acquiescement à l'injustice.
L'ONU aura 24 ans en 1969. Pour comprendre ce qui s'y passe, et aussi ce qui ne s'y passe pas, il est indispensable d'en entendre la langue qui n'est ni l'anglais, ni le français, ni l'espagnol, ni le russe, ni le chinois, mais l'onusien. Une langue que connaît bien Léo Sauvage, correspondant du Figaro à New York, vieil habitué des couloirs de l'ONU et des impasses de l'Onusie. Il s'est intéressé aussi bien au 38e ciel (le secrétariat général) qu'au 2e sous-sol (archives, souvenirs et philatélie), aux mini-jupes qu'aux mini-membres, aux traces laissées par les chaussures de Nikita Khrouchtchev qu'au problème de la définition de l'agression. Il donne le récit d'un curieux entretien personnel avec Dag Hammarskjoeld sur le thème « poésie, diplomatie et mensonge », mais également une analyse du « cas U Thant », et diverses excursions : de l'Algérie à Saint-Domingue et à Prague. Sans oublier naturellement, à travers les péripéties de l'affaire orientale, les mille et une nuits arabes de l'Onusie. Dans ses ouvrages antérieurs, qu'il s'agisse d'Autopsie du castrisme ou de l'Affaire Oswald, première en date des réfutations du rapport Warren, Léo Sauvage a montré sa volonté de ne pas se laisser bluffer. Il n'a pas changé.
Le dimanche 15 octobre 1967, Fidel Castro annonçait, devant les caméras de la télévision cubaine, que la mort de Che Guevara était « douloureusement certaine ». Dans ce que l'on pourrait appeler le dossier de l'affaire Guevara, l'auteur analyse les circonstances de la présence en Bolivie et de la mort de celui qui incarna le visage romantique de la Révolution de Juillet. A travers la vie et la personnalité de Che Guevara c'est la conception même d'une certaine idée de la Révolution qui est remise en question. Une opinion émise en France fait de Guevara « l'homme le plus complet de son époque ». Voici, à ce sujet, le témoignage d'un observateur qui ne se pose ni en ennemi ni en juge. Sa voix est objective. Elle mérite qu'on l'écoute.