Les institutions européennes ont acquis une puissance considérable, de l'euro à l'accès aux vaccins contre la Covid-19, en passant par le programme Erasmus ou par l'action visant la Russie dans la crise ukrainienne. Comprendre les enjeux du présent impose de revenir sur l'histoire en remontant aux origines, dans l'Europe ravagée de 1945, avant la création de multiples organisations, dès 1948, dont l'Union européenne née en 1992.
Dans une approche chronologique et thématique, cet ouvrage répond aux questions majeures : la construction européenne a-t-elle été impulsée par la France, l'Allemagne ou les États-Unis ? L'Union européenne est-elle sociale ou néo-libérale ? Souffre-t-elle d'un " déficit démocratique " ? Qu'est-ce qu'être " européen " ? L'Europe industrielle, celle d'Airbus et d'Ariane, peut-elle prospérer ?
Si l'accent est mis sur les Communautés puis l'Union européenne, les autres organisations, telles que le Conseil de l'Europe ou l'OTAN, ne sont pas ignorées, de même que les projets d'armée européenne ou de " Communauté européenne de la santé ", qui reviennent régulièrement sur le devant de la scène.
Europe contre Europe
Entre liberté, solidarité et puissance
LAURENT WARLOUZET
Politique agricole, relance économique, vaccin contre le Covid-19, législation environnementale, etc. : l'Union européenne joue un rôle essentiel et controversé dans la vie de ses habitants depuis des décennies. Sur toutes ces questions, trois modèles s'affrontent : l'Europe du marché, l'Europe solidaire et l'Europe puissance.
À partir d'archives inédites, Laurent Warlouzet revisite l'histoire du continent au prisme de la lutte homérique entre ces trois visions depuis 1945 : l'Europe du marché, souvent dénoncée pour ses dérives ultralibérales, surtout depuis la tragédie grecque du début des années 2010 ; l'Europe solidaire, celle des législations sociales et de la promotion de l'égalité hommes-femmes, qui a conduit la majorité des syndicats britanniques à appeler à voter contre le Brexit ; l'Europe puissance, enfin, évanescente sur le plan militaire, mais s'exprimant dans les projets de politique industrielle communautaire ou dans la lutte contre les GAFAM, et voulant s'imposer face à ses concurrents, États-Unis, Russie ou Chine.
Cette nouvelle histoire de l'Europe, vivante, heurtée et mouvementée, nous montre que l'organisation de l'Union ne suit pas une logique mécanique et univoque. En exhumant des projets abandonnés mais sérieusement envisagés, elle propose aussi autant de futurs possibles dont les Européens pourraient se saisir.
Des craintes d'une Europe trop libérale exprimées par Pierre Mendès France, au soutien du général de Gaulle à une Europe modernisatrice mais non fédérale, le modèle économique et institutionnel de la CEE est âprement débattu depuis les débuts de sa négociation en 1955 jusqu'au départ du président français en 1969. S'appuyant sur une approche novatrice - le croisement des sources françaises et européennes - cette étude montre un visage méconnu du général de Gaulle, celui d'un « père involontaire » de l'Europe. Sans son action, la CEE n'aurait pas pu se développer aussi rapidement. De plus, l'étude de politiques publiques négligées comme la « programmation », une forme de planification européenne développée par le commissaire Robert Marjolin, les premières réflexions sur l'union monétaire, ou la naissance de la politique de la concurrence promue par les ordolibéraux allemands, montre que l'intégration économique européenne fait l'objet de vifs débats depuis l'origine. Les controverses actuelles sur l'Union économique et monétaire ou l'opposition entre politique de la concurrence et politique industrielle en sont ainsi éclairées. « On comprend ainsi que Laurent Warlouzet ne s'est pas contenté d'exploiter des points de vue français. Il a aussi tenu compte de conceptions exprimées par nos partenaires. C'est pourquoi ce livre si important mériterait de faire école... » Michel Albert, membre de l'Institut.
L'histoire des ports peut être renouvelée à travers l'usage du concept de résilience. Il désigne la capacité d'un système social à s'adapter de manière proactive et à se remettre de perturbations majeures. Face à la nécessité vitale de maîtriser des flux ou des ressources, de se faire une place dans les échanges, le port s'insère dans un environnement juridique et technique dicté par des facteurs exogènes, des enjeux géostratégiques, des politiques étatiques et la pression des usagers. Mais quelles sont exactement les modalités du « rebond résiliant » qui doit assurer un retour à la normale après une crise et quel est le temps nécessaire à cela ? Plusieurs exemples sont étudiés du xvie siècle à aujourd'hui, de Gênes à Bilbao, du Havre aux ports de l'Andalousie : leurs temporalités, les conditions de leur élaboration, les modes d'action qu'elles exigent, mais aussi l'ensemble des représentations relevant du rapport au changement et les imaginaires dont elles se nourrissent.
Une inflation massive a touché l'Europe après le choc pétrolier de 1973. Associée à une faible croissance et à la montée du chômage, elle a eu des conséquences majeures tant sur le plan social, en raison de conflits liés à l'indexation prix-salaires, que sur celui de la théorie économique, avec les controverses sur la courbe de Phillips et le monétarisme, et sur celui des politiques publiques, puisque la priorité a été donnée à la lutte contre l'inflation au détriment du plein emploi.
L'ouvrage revient sur ce phénomène dans une perspective historique large qui embrasse les pays d'Europe de l'Ouest, du Nord et de l'Est ainsi que les syndicats, les entreprises et les organisations internationales, en particulier la Communauté européenne et le GATT.