...Oui... le huit février, en l'an septante-quatre,
Ma mère était debout, le dos tourné vers l'âtre.
En me voyant entrer, elle me fit asseoir
En me disant soudain : « Nous dînons seuls ce soir ;
Les autres sont absents, il faut bien te le dire. »
Et, s'approchant de moi, me couvrant d'un sourire.
Elle me présentait avec joie et bonheur
Le potage, le pain, la viande et la liqueur.
De ce dernier dimanche il me souvient encore.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
CHANSON-PRÉFACE.AIR : De la Treille de sincérité. LE Vaudeville,
Aux moeurs utile,Les châtiera,Les fêtera ;Son galoubet est làPour ça.Je suis le petit Vaudeville,
Enfant né d'un joyeux Français ;
Rois, princes, bergers, gens de ville,
Sur vous tous je lance mes traits.
Fou, sage, indiscret, j'aime à rire ;
A tout je soumets mon refrain :
Du dieu des vers, au lieu de lyre,
J'obtins mon bruyant tambourin.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Les révolutions morales ont toujours précédé les révolutions politiques ; signe certain, dans tous les temps et tous les pays, de cette désorganisation sociale qui amène les grandes commotions.Nous lisons dans Mézeray que « sous le règne de Charles V, et à la fin de celui de Jean le Bon, le luxe des habits, les danses lascives, étaient des vices communs à la cour, à la ville et dans les campagnes ; on ne voyait que jongleurs et farceurs, ce qui signifie un goût effréné pour les spectacles, tels qu'on pouvait les avoir dans ce temps.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Je venais d'éprouver un de ces violents chagrins après lesquels il semble qu'il ne reste plus qu'à mourir. Tout manque : l'air, le soleil, la vie. Ce chagrin est la déception du coeur, l'illusion de l'amour perdu pour jamais, l'idole créée qu'il a fallu briser.Une grande foi chrétienne donne seule la force et la résignation nécessaires à ces mauvais jours. Cette foi, je ne l'avais pas sans doute, car je ne me sentais ni force, ni résignation contre le malheur qui me frappait.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Depuis quand nous connaissions-nous Louise et moi ? Je n'en sais plus rien, nous nous étions souvent rencontrées, toutes petites, toutes les deux en grand deuil, elle, de son père, moi, de ma mère. Nos gouvernantes étaient en relations, nous avions fini par nous parler, nous nous étions plu, puis aimées, et cette amitié-là, nous ne l'avons jamais trahie.Mon père, plongé dans la douleur que lui avait causée la mort de ma mère, avait renoncé à toute espèce de luxe, et s'occupait peu de moi ; il sortait toujours seul et ne me parlait presque jamais.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Au mois de juin de l'année dernière, deux des ménages les plus élégants du jeune faubourg Saint-Germain, les Antoine de Lautrec et les Guy de Sarliève, firent la partie, au lendemain du Grand Prix, d'aller passer quelques semaines en Angleterre pour assister à la fin de la saison londonienne, avant de se rendre, les premiers à Carlsbad, les seconds tout simplement dans leur terre de Picardie. Quoique ces « voisinages », si l'on peut dire, de la société, en deçà de la Manche et au delà, demeurent une exception, ils sont assez fréquents, depuis l'exil des princes, pour que cette fantaisie parût toute naturelle.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
A MADAME GEORGE S.R.T. JE me trouvais, au mois d'octobre 188., voyager en Italie, sans autre but que de tromper quelques semaines en revoyant à mon aise plusieurs des chefs-d'oeuvre que je préfère. Ce plaisir de la seconde impression a toujours été, chez moi, plus vif que celui de la première, sans, doute parce que j'ai toujours senti la beauté des arts en littérateur, autant dire en homme qui demande d'abord à un tableau ou à une statue d'être un prétexte à pensée.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Parmi les collines boisées, que du haut des Buttes-Montmartre on découvre au septentrion, il en est une, entre Enghien et Montmorency, qui se souvient d'un certain Jean-Jacques, où j'ai passé des heures vraiment délicieuses au fond d'un chalet presque suisse entouré d'arbustes tantôt feuillus, tantôt dépouillés, mais peuplé l'hiver comme l'été d'une myriade de pierrots qui s'étaient assez familiarisés avec ma personne pour se percher sur les ailes de mon chapeau, quand je me promenais sous les ramures, à travers les champs d'alentour, et pour, à l'heure de mes repas, envahir ma table, y becqueter mon pain et boire mon eau jusque dans mon verre en se riant de ma complaisance et de ma débonnaireté.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
UN soir, le poète Somegod était assis à sa porte sur pierre qu'il avait roulée près du seuil. Le soleil, comme un guerrier antique dont on verrait briller l'armure d'or à travers sa tente, le soleil lançait plus d'un oblique rayon de son pavillon de carmin, avant de se coucher dans l'Océan semé d'îles, ce magnifique lit de repos que Dieu fit pour lui d'un élément, et étendit au bout du ciel comme une gigantesque peau de tigre à l'usage de ses flancs lassés.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Muse de la patrie inspire mes accents !
Et vous nymphes des eaux, des riantes collines,
Au pied baigné de fleurs, aux gracieux versants,
Montrez-moi les trésors de vos fraîches piscines ;
Je dirai leurs vertus, leurs effets bienfaisants.
Je ne t'oublierai pas, orgueil de ces vallées,
Fils indompté des monts, Allier, où les Gaulois Lavaient leurs haches maculées,Où les vaillants, depuis, vinrent plus d'une foisTremper le fer de leur lance acérée.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
ABANDON.Il y a des femmes dont la vertu éclate surtout dans la disgrâce et dans l'abandon. Gardiennes héroïques de l'honneur de la maison, leur sollicitude pour le père survit à l'estime qu'elles ne peuvent plus avoir pour l'époux. Couvrant d'un stoïque silence les fautes de celui-ci, elles se refusent jusqu'à la douceur de pleurer devant leurs enfants, pour conserver intact dans leur coeur le souvenir de l'ingrat qui les délaisse.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
PAR une bleue et claire après-midi du mois de mars 1881 et vers les trois heures de relevée, une des vingt « plus joues femmes » du Paris d'alors, - comme disent les journaux, - Mme la comtesse de Candale, fut la victime d'un accident aussi désagréable qu'il peut être dangereux et qu'il est vulgaire. Comme son cocher tournait l'angle de l'avenue d'Antin pour gagner la descente des Champs-Élysées, le cheval du coupé prit peur, fit un écart et s'abattit en heurtant la voiture contre le trottoir si maladroitement que le brancard de gauche cassa net.
Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
PERSONNAGES : PREMIÈRE DAMEArts, dans cette noble disputePREMIER MONSIEURExposons chacun tour à tourDEUXIÈME DAMENos titres au prix de la lutte,DEUXIÈME MONSIEUREt que nos voix sans nul détour,TROISIÈME DAMEAprès le triomphe ou la chute,TROISIÈME MONSIEURProclament le vainqueur du jour.PREMIÈRE DAME, l'Art de l'Architecture J'ai pris pitié de vous et dès la première heure
Vous ai mis à l'abri des injures du temps :
J'ai pour vous rendre heureux paré votre demeure,
J'ai partout accompli des oeuvres de Titans
Pour vos Dieux, pour vos Rois ; vous me devez encore
Ce pont hardi lancé sur les plus larges eaux,
Ce théâtre joyeux, ce temple où l'on adore,
Enfin, pour le malheur, ces vastes hôpitaux.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
LA comtesse Louise Scilly avait dit à sa fille Henriette et à Francis Nayrac, le fiancé de cette jolie enfant : - « Marchez un peu et ne vous inquiétez pas de moi, je vous attendrai ici. Je ne veux pas que ma vieille figure vous gâte ce beau matin... » Et elle s'était assise sur un banc de marbre sculpté, auprès d'un buisson de roses, de ces roses frêles, à peine parfumées, qui fleurissent tout l'hiver les haies de cette douce Sicile. On était vers la fin de novembre, et une lumière d'une divine transparence, si légèrement, si puissamment réchauffante, enveloppait, baignait, caressait ce jardin, cette oasis plutôt de la villa Tasca, - fantaisie de grand seigneur hospitalier bien connue de ceux que le caprice du voyage ou le souci d'une santé compromise ont exilés quelques mois à Palerme.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Une grande chambre d'apparat dans la forteresse de Città-Lazzara, sur la frontière des Calabres citérieures. A droite, 1er plan, cheminée surmontée d'une glace de Venise aux torchères allumées. - 3° plan, croisée. A gauche, 1er plan, porte basse touchant le chevet d'un grand lit d'ébène à colonnes torses et d'un style ancien. Riches draperies de damas noir frangé d'or. 3e plan, derrière le lit, porte.Torsade entre les colonnes : c'est le timbre de nuit communiquant avec l'intérieur du donjon.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
IL est onze heures du matin. Un abbé, assez semblable à une poupée de quatre pieds de haut, sourit aux dernières épreuves d'une brochure de sa composition. Il s'applaudit d'avoir fait une Épître en vers, et se promet de la faire servir pour toutes les femmes. Il la relit avec complaisance ; ordonne à son laquais de voler chez son imprimeur, de faire vite tirer quelques exemplaires, et de les lui apporter au Palais-Royal. Il se met à sa toilette, cache artistement sa petite bosse dans les plis d'un manteau de soie, est content de lui, et se trouve en état de figurer au lever de quelque jolie femme.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Sur le flanc méridional des Alpes-Maritimes dont les contreforts descendent en pentes agrestes jusqu'au bord de la Méditerranée, se trouve une étroite et profonde vallée, d'un aspect aussi gracieux par la richesse de sa végétation, qu'imposant par la hauteur vertigineuse des sommets qui la couronnent.Qu'on se figure un immense ravin, dont les murailles presque perpendiculaires, de chaque côté, plongent à plus de huit cents mètres, au fond d'une gorge étroite que sillonne un clair ruisseau, l'Argens, tout ombragé de mûriers, de citronniers et de grenadiers sauvages, qui va se jeter directement dans la mer, à six kilomètres environ de sa source.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Mme JACQUES.Comment se fait-il que Jacques ne rentre pas ? Il est déjà sept heures, ordinairement il est toujours ici. Pauvre homme, il se donne tant de mal et il nous est impossible d'arriver. Ah ! il faut dire que nous avons des charges, si encore nous avions quelques satisfactions. Sur nos deux enfants, un seul me donne un peu d'espérance, mon petit Georges, quant à l'autre, hélas, Frédéric, jamais nous n'en ferons rien de bon.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
L'an 711 de l'ère chrétienne, les Arabes ; traversant le détroit de Gibraltar, avalent pénétré en Espagne, et défait en bataille rangée, près de Xérès de la Frontera, l'armée de Rodrigue. Après trois années d'une lutte acharnée, les Arabes soumirent tout le pays jusqu'aux Asturies. Là s'était réfugiée, après le désastre de Xérès de la Frontera, sous la conduite de l'héroïque Pélage, une poignée de braves Visigoths, jaloux de leur liberté.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
C'était à Paris, vers la fin de décembre 1863. Le temps était âpre mais superbe ; une de ces belles journées où l'hiver étale le luxe de ses froides magnificences, l'or pâle de son soleil et les diamants de ses glaçons. Chacun s'en allait, cachant ses mains ou son visage, les dames sous leur voile épais et dans leur moëlleux manchon, et les messieurs entre les plis du cachemire de leurs longues cravates-écharpes et dans les poches ou les manches de leur paletot bien fourré.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Salut, ô mon pays ! berceau de mon enfance !
Je te revois enfin après trente ans d'absence ;
Oh ! que ce jour heureux pour mon coeur a d'attraits !
Combien, en parcourant tous ces lieux que j'aimais,
D'objets, de souvenirs excitent ma pensée,
Et parlent de bonheur à mon âme oppressée.
O vous, témoins muets de mes joyeux ébats,
De mes jeux enfantins, de mes premiers combats,
Foyers, foyers chéris ! pour moi remplis de charmes,
Je n'ai pu vous revoir sans répandre des larmes.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Heureux, heureux celui qui trouve des accents
Pour dire les transports dont son âme est saisie,
Quand tu luis à ses yeux, divine, Poésie,
Semant autour de lui des feux éblouissants,
Des parfums et des fleurs et des flots de lumière ;
Quand tu viens, invisible aux regards du vulgaire,
Jetant à toute chose un rayon de beauté
Qui baigne et transfigure, en sa pure clarté,
Tout ce qui vit, se meut ou respire ou végète
Sur le globe terrestre ou sous les vastes cieux.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Ah ! sous mon humble toit, si voisin des orages,
Quand mon âme, planant au-dessus des nuages,
Demande au Ciel un bien qui me fuit ici-bas,
Quel fantôme, à mes yeux, sous des voiles funèbres,
Jette un pâle rayon à travers les ténèbres,Et veut s'attacher à mes pas ?Perier ! pourquoi troubler ma douleur fugitive
Qui soupire, à minuit, sa romance plaintive ?
Entends- tu, dans les cieux, la voix des ouragans,
La mer rouler ses flots sur ses rives tremblantes
Et du peuple en fureur les vagues mugissantesVomir des cadavres sanglans ?Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
PROCIDA.Cher Roger, c'est assez témoigner notre joie ;
Avec quelque plaisir qu'un ami te revoie,
Souffre que, ces discours remis à d'autres temps,
Je m'occupe avec toi de soins plus importans.
Me voici de retour au sein de la Sicile :
Dis-moi, depuis trois ans que j'ai quitté cette île,
Quelquefois dans Palerme a-t-on parlé de moi ?
Crois-tu qu'on se souvienne encore de Mainfroi ?
A-t-on pour les Français toujours la même haine ?Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.