«Conscients de la manne financière que représente "leur" Everest pour l'économie nationale comme pour les opérateurs étrangers, ces "sherpas du nouveau millénaire" refusent désormais d'être traités en simples auxiliaires suiveurs qui risquent leur vie pour bien la gagner.»
Le 18 avril 2014 sur le versant népalais de l'Everest, une avalanche tuait seize sherpas qui préparaient la voie pour leurs riches clients amateurs de sensations fortes. C'était la première fois depuis sa conquête en 1953 que le Toit du monde tuait autant d'hommes
- tous népalais - en une seule journée.
Cet accident - et le mouvement de revendication sans précédent qui l'a suivi - a jeté une lumière crue sur les divergences d'intérêts entre ces montagnards locaux qui risquent leur vie pour mieux la gagner, un État népalais dépassé, et des étrangers consommateurs d'exploits.
Sherpas, fils de l'Everest, rédigé après une enquête et des dizaines d'interviews, témoigne de l'évolution des mentalités des porteurs d'altitude, ces montagnards aux capacités physiques hors norme sans qui l'industrie de l'alpinisme et du trekking népalais n'existerait pas.
Pierre Jolibois descendit sur la terre avec la volonté de la rendre habitable et en se donnant pour mission de concourir à l'éclosion d'une bonté universelle. Un long militantisme politique et syndical le convainquit de l'inanité de l'entreprise, l'obstacle demeurant les 87% de culfoyrards voulus par notre Seigneur. Cette fatalité assura la vie de Pierre. Heureux parmi les 13% de justes qui ne trichent pas, amusé par les culfoyrards, il s'achemine vers l'échéance en souhaitant partir sur ces mots : « J'ai fait ce que je devais faire. »