"Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure : comme une nécessité vitale."
"Je sais bien que, s'agissant de poésie, qui veut mal de mort à la froideur du concept et à l'esprit de système, ce titre "Une théorie de l'amour", semble contrevenir au bon sens. Je tiens cependant que c'est trop rapidement en juger. La vérité est qu'aujourd'hui plus que jamais sans doute, la pensée du monde, de la vie et de ses circonstances, otage des machinologues en tout genre, s'asservit pour notre malheur à la souveraineté d'une abstraction qui s'épargne les démentis du réel. Seule objecte à mes yeux à cette emprise délétère ce que la poésie depuis toujours fomente : une compréhension des choses non surplombante mais impliquée, sensuelle assurément, qui a aussi pour moyen la main et le pied. La pensée dans le poème a du corps enfin, et c'est le corps du monde, et c'est le corps de chacun. En quoi elle s'accroît d'un souffle, d'un rythme, d'un dynamisme, pulsations du sang et du vent. Le poème réchauffe le concept et soumet la pensée au vivant contrordre que recèle la liberté native du réel. Mouvement perpétuel, mort du dogme. Il est temps de repenser poétiquement la vie."
Jean-Pierre Siméon
Cet essai incisif, au " parfum de résurrection ", rappelle que vivre en poète, c'est lutter pied à pied contre les forces qui poussent à l'exil pour habiter la vie entière. Pour une résurrection de la vie.
Depuis les temps immémoriaux, dans toutes les civilisations, dans toutes les cultures, orales ou écrites, il y eut des poètes au sein de la cité. Ils ont toujours fait entendre le diapason de la conscience humaine rendue à sa liberté insolvable, à son audace, à son exigence la plus haute.
Quand on n'entend plus ce diapason, c'est bien la cacophonie qui règne, intellectuelle, spirituelle, morale : le symptôme d'un abandon, d'une lâcheté et, bientôt, d'une défaite.
Pour Jean-Pierre Siméon, il est urgent de restituer à notre monde sans boussole la parole des poètes, rebelle à tous les ordres établis. Pas de malentendu : si la poésie n'est pas la panacée, si elle n'offre pas de solutions immédiates, elle n'en est pas moins indispensable, d'urgente nécessité même, parce que chaque poème est l'occasion, pour tous sans exception, de sortir du carcan des conformismes et consensus en tous genres, d'avoir accès à une langue insoumise qui libère les représentations du réel, bref, de trouver les voies d'une insurrection de la conscience.
Les poèmes de ce "livre" sont à l'image de son titre : enthousiastes, volontaires, énergiques et entraînants. Croyant la poésie capable de sauver le monde, l'auteur exhorte le lecteur à se soulever dans la joie au-dessus de ses fragilités et de ses craintes, en manifestant sa foi en une poésie qui "réconcilie le rêve et l'action, le rêve et la réalité", comme l'écrivait Aimé Césaire à qui un vibrant hommage est rendu en épilogue. Qu'il passe de la célébration à l'exhortation ou entretienne des "dialogues intérieurs" avec des poètes étrangers et des villes traversées, c'est toujours la même voix qu'on entend, exaltée, militante, contagieuse et joliment maîtrisée.
Dans cet essai stimulant et engagé, le poète Jean-Pierre Siméon s'interroge, non sans espiéglerie et humour, sur les questions qui agitent notre temps. 2.5.0.0
Il y a certes bien des façons d'agir quand, citoyen alerté, on juge mauvais le cours des choses et en péril les valeurs essentielles d'humanité : manifester dans la rue, militer dans des associations ou des partis politiques, lancer des pétitions... Je ne suis jamais dérobé pour ma part à ce genre de nécessités. Mais je suis poète et contrairement à de vieux préjugés à la peau dure qui veulent que la poésie soit hors du monde, je considère que le poète qui tient parole a son mot à dire sur la marche du monde, ni plus ni moins que les sociologues, psychologues, politologues et autres machinologues en tout genre... La parole du poète n'est sûrement pas meilleure ni plus avisée que les leurs mais, nourrie de l'effort de conscience et de l'exigence d'une langue libre et indocile qui sont ses caractères fonciers, elle est peut-être autre. Parole intempestive, intransigeante autant que fraternelle, elle peut, révolte d'âme, rappeler, au-delà des débats de circonstance, qu'en toutes choses doit prévaloir sans compromis le voeu d'une humanité ouverte et affranchie de ses peurs.
2.5.0.0
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Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Cachée derrière la dure réalité des inégalités et de la pauvreté galvaudée, l'exclusion résulte de l'idéologie libérale qui fonde la dualisation sociale et économique, permettant à une minorité privilégiée de vivre dans la gabegie. Pour les populations victimes, au-delà de la critique du système qui génère l'exclusion, sont proposées des conditions pour permettre une rupture radicale avec l'idéologie porteuse d'un modèle de société sans perspectives pour elles et aussi, peut-être, le moyen de leur faire partager un espoir collectif.
La terre, en détresse, génère une inquiétude majeure pour l'avenir du vivant ; au cours de son évolution, elle a été soumise à divers cataclysmes naturels, mais depuis deux siècles environ des hommes de pouvoir, pour s'enrichir, se sont approprié la nature et l'ont saccagée ; ils sont responsables des conséquences menaçant l'écosphère. Ils sont convoqués activement devant un tribunal virtuel face à la Terre-Mère ; ils sont sommés de stopper les déprédations et de réparer les dégâts, car la nature est à bout de souffle. Pour se régénérer, elle a besoin de l'engagement de tous, notamment des pays développés gavés de surconsommation ; ils devront accepter une reconversion écologique afin de réduire les prélèvements des ressources naturelles et les émissions de carbone pour tendre vers l'a-croissance politique. Il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'un changement de paradigme.