Le propre du conte est de rendre vraisemblable ce qui ne l'est pas nécessairement. C'est peut-être aussi l'inverse. Jean-Pierre April l'a bien compris avec Méchantes menteries et vérités vraies, un recueil pour le moins savoureux et juste assez irrévérencieux, inspiré d'histoires et de personnages colorés ayant marqué l'imaginaire des Centricois (habitants du Centre-du-Québec). Odélide, jeune martyre canadienne, pardonne à celui qui veut la violer, un cultivateur ne parvient pas à dompter son premier tracteur et une putain refuse de quitter son bordel en flammes. Mais ce n'est pas tout : l'écrivain-conteur révèle enfin la vraie vérité sur le but refusé d'Alain Côté !
April, natif de Rivière-du-Loup, ex-prof de littérature au cégep de Victoriaville, s'est fait connaître dans les années 1980, ici et en France, dans le domaine de l'anticipation sociale. À partir de 2006, avec Les Ensauvagés, il est allé vers une littérature plus réaliste en publiant six livres chez XYZ éditeur. Méchantes menteries et vérités vraies est son premier titre à paraître chez Hamac.
Au Centre-du-Québec, des enfants connaissent des expériences déterminantes sur plusieurs aspects de la vie. En 1948, Pierrot assiste aux funérailles de sa grand-mère; il l'accompagne dans un «escalator d'or» qui les conduira au ciel. À Drummondville, en 1959, un écolier soupçonne son père d'avoir une relation sexuelle avec une mineure. En septembre 2001, un jeunot découvre l'effondrement du World Trade Center, dont chaque étage contient autant de gens que son village. En 2048, dans une forêt artificielle, un adulescent tente d'échapper à l'emprise de son père qui avait engagé plusieurs «mères professionnelles» pour l'élever. Des adultes vivent une sexualité tragique ou réjouissante. Un professeur de danse espionne des femmes qui se déshabillent. Un homme revoit sa première amoureuse; il l'avait abandonnée à la suite du grave accident qui l'avait handicapée. En pleine nature, un couple se livre à des ébats torrides avant de se quitter amicalement.
Jean-Pierre April, originaire de Rivière-du-Loup, est un ancien professeur de littérature au Cégep de Victoriaville. Il touche à divers genres pour ses publications: romans, nouvelles, essais, contes et slams. Après des romans d'anticipation sociale publiés dans les années 1980 et 1990, l'auteur explore aujourd'hui des facettes plus réalistes qui concernent sa région d'adoption, le Centre-du-Québec.
Voici neuf nouvelles, chacune centrée sur un animal avec lequel le narrateur entretient une relation qui varie selon qu'il est un enfant, un voyou, un chasseur ou un touriste. La gent ailée est à l'honneur _ des étourneaux, des buses, des poules, des mouettes _, mais on y trouve aussi des singes, un faon, un ours et des chiens. Il arrive même que l'identité de l'animal soit incertaine. Qui a déjà entendu parler d'un faon qui vole ou d'une dinde qui dévore une charogne sur la route? Dans quatre nouvelles, la différence entre les animaux et les humains s'estompe, créant ainsi un troublant effet d'étrangeté. La plupart des histoires se passent au Québec, mais la première se déroule à Bali et la dernière, en Chine. J. P. April sait jouer de tous les registres. Il passe de la tendresse à la dureté, de l'ironie au romantisme et du familier au raffiné. Si les deux premières nouvelles sont légères et nous font sourire, d'autres sont inquiétantes ou carrément tragiques. Certaines sont très réalistes, mais quelques-unes flirtent avec le fantastique. C'est le cas de «L'avaleuse d'oiseaux», une nouvelle qui, de plus, relève de l'intrigue policière et fait appel à la poésie. Dans tous les cas, les nouvelles nous racontent une histoire. Pour notre plus grand plaisir. Ce recueil est représentatif de la production récente de J. P. April et, en ce sens, constitue une bonne introduction à son oeuvre pour qui n'aurait pas encore eu le bonheur de la découvrir.
Berlin. Là où il y avait le Mur et un no man's land, un Eros center a surgi. En parallèle, les femmes sont affligées de stérilité, et il faut faire appel aux Asiatiques pour procréer... Comme beaucoup de ses compatriotes, Axel souffre de nowhere, et passe allègrement du stress à la mélancolie... Bangkok. Plus que jamais la capitale du love and business ! Hier, le klong, herbe hallucinogène. Aujourd'hui le Transphère T, le délire organisé. Demain, le rêve en comprimés. Tandis qu'elle se vend à des clients de passage, Yumi vit dans l'attente d'un mari... Berlin-Bangkok : l'agence qui porte ce nom organise des mariages sur mesure. Le piège, qui va réunir Alex et Yumi. Pour mieux les broyer...
La revue XYZ renoue avec la tradition des nouvelles d'une page. L'expérience avait déjà été tentée avec succès à trois reprises, dans les numéros 11, 28 et 61. Pour cette récente mouture de micronouvelles, plus de cinquante auteurs ont répondu à l'appel dont Raymond Bock, Guillaume Corbeil, Louise Dupré, Hans-Jürgen Greif, William S. Messier, Suzanne Myre, Monique Proulx et Larry Tremblay, pour ne nommer qu'eux. Dans sa rubrique « Voies nouvelles », Hugues Corriveau signe son deuxième survol annuel des recueils québécois Par son caractère exhaustif, le panorama permet d'observer des tendances, heureuses ou malheureuses, et de mettre en valeur des livres réussis inexplicablement passés sous le radar.
L'écrivain J.P. April, qui dirige ce numéro d'été, s'ennuie des vieux feuilletons d'aventures et d'espionnage dans lesquels s'activaient l'agent 007, IXE-13 ou encore Indiana Jones. Pour contrer sa nostalgie, April a invité une palette d'auteurs, fins amateurs du genre, à se lancer dans un « retour du bon vieux futur ». Les nouvelles recueillies ici replongent dans l'univers du feuilleton avec un humour déjanté et un ton parodique qui se moque des conventions, mélangeant l'aventure, la science-fiction, le fantastique, le policier, l'horreur, l'érotisme et l'exotisme. La section «Thème libre » nous fait découvrir deux jeunes nouvelliers : Antoine Bustros et Morgan Le Thiec tandis que la section « Intertexte » se penche sur l'auteur de nouvelles argentin Cortázar.
Le thème du « Secret » a de quoi laisser songeur. Il peut emprunter une multitude de figures et jouer sur des territoires très diversifiés. Il flirte avec l'intimité, la discrétion, la dissimulation, l'énigme, le silence, la mémoire. Et par conséquent avec tous les contraires de ces états d'instabilité : l'aveu, le déni, l'amnésie, le mensonge, la honte, le chantage... On ne sera pas étonné de lire des histoires de viols d'enfants, de maladies honteuses, d'abus de toutes sortes, longtemps gardés pour soi, d'entendre chuchoter des confessions sur l'adultère ou l'abandon, etc. Bref, des secrets de famille à profusion. Des histoires moins douloureuses également, des amours secrètes, des lieux d'enfance toujours vivants, des émotions tendres courant sur les mots... Avec les textes de Jean-Pierre April, Mathieu Blais, Chantale Gingras, Suzanne Jabob, Jack Keguenne, Michaël La Chance, Perrine Leblan, Tristan Malavoy, Maxime Olivier Moutier, Julia Pawlowicz, Nadia Roy et Marie-Ève Sévigny, entre autres.
L'acronyme YOLO (You Only Live Once - On n'a qu'une vie) orne la couverture du numéro d'automne de XYZ. La revue de la nouvelle. Dirigé par Gaëtan Brulotte, il regroupe les yoloïstes Jean-Pierre April, Jean-François Aubé, Jean-Paul Beaumier, Renaud Jean, François Jobin, Serge Labrosse, Roxanne Lajoie, Morgan Le Thiec et Jean Marcel dont les nouvelles mettent en scène des êtres fouettés par la proximité de la mort, des désirs qui ne se matérialisent pas et des défis qu'on se donne par ennui. Version contemporaine extrême du carpe diem classique, YOLO évoque aussi une absence de mesure, de délibération, voire d'intelligence ou une action irréfléchie ou irresponsable, voire dangereuse. Le numéro comprend aussi une nouvelle hors thème de Caroline Gauvin-Dubé et trois « hors-frontières » par Henry Lawson, Patrick Saffar et Marie-Claude Viano. En plus de ses rubriques habituelles, la revue XYZ publie la lauréate de son 27e concours de nouvelles, Christiane Vadnais.
Le numéro printanier de XYZ. La revue de la nouvelle réitère une préférence marquée pour la brièveté en présentant, pour une cinquième fois depuis sa fondation, un numéro dédié aux nouvelles d'une seule page. Portée et nourrie comme par les éditions passées par la contrainte de la concision, cette nouvelle mouture ouvre un monde de possibles. Elle réunit nombre d'auteurs et d'autrices de plusieurs horizons et générations, proposant ainsi une pluralité de voix et de styles. Les autres rubriques, « Intertexte » et « Comptes rendus » sont à l'avenant puisque Camille Deslauriers se penche sur les microfictions d'Hugues Corriveau, un écrivain formaliste excellant dans l'art de raconter sous contraintes et que les recueils commentés : Microfictions de Régis Jauffret, Synapses et Les fins heureuses de Simon Brousseau et Cinéma de Petite-Rivière de Louis-Philippe Hébert mettent de l'avant la brièveté narrative.
Pour entamer l'année 2016, XYZ nous offre les meilleurs fruits de sa cueillette de nouvelles des derniers mois. Hormis certains auteurs habituels comme le minimaliste Luc LaRochelle, la spirituelle Sylvie Gendron ou l'imprévisible Jean-Pierre April, nous découvrirons deux nouvelles plumes : celle de Françoise P. Cloutier qui nous raconte une histoire d'amour aux accents policiers, mélangeant les thèmes de l'immigration et du spiritisme, et celle de Fabien Quérault, qui nous décrit, par le biais d'un narrateur reporter, les dures conditions de travail dans usine de Foshan, en Chine. Du côté de la critique, Gaëtan Brulotte jette un regard rétrospectif sur les deux recueils de Normand de Bellefeuille, Ce que disait Alice et Votre appel est important, à considérer comme de jeunes classiques de notre littérature.
Montréal s'incarne, dans ce numéro d'XYZ. La revue de la nouvelle, dans son futur et son passé, entre mémoires et fantasmes. Neuf auteurs, montréalais et non montréalais, ont ainsi relevé le défi de dévoiler une facette de leur Montréal imaginaire. Entre le Montréal historique d'André Carpentier et de Maxime Raymond Bock et le Montréal fantastique et anticipatoire de Jean-Pierre April et de David Dorais, reconnaissez les mêmes espaces. Les lieux nostalgiques de Denise Brassard, Christine Champagne, Jeanne Crépeau et Christine de Camy ou ceux irritants décrits par Jean-Paul Beaumier se rejoignent aussi dans les mêmes carrefours. Ce dossier est accompagné d'une série de six photographies de l'artiste Martine Rouleau intitulée Montréal, le temps de quelques clics , qui attrape la ville sur le vif. Hors dossier, retrouvez une nouvelle du Paris d'Alexandra Estiot, une autre sur le monde de l'art signée Emmanuel Bouchard et un texte d'Antoine Dion-Ortega sur la famille.