Elle fut la dernière grande princesse indienne. Une amoureuse, une femme de pouvoir, une féministe avant l'heure.Issue de deux lignées de maharajas, Gayatri Devi grandit dans l'Inde des années 1920 au coeur de palais somptueux, dont certains comptent jusqu'à 400 domestiques. Courses à dos d'éléphant, chasses à la panthère, lecons d'histoire-géographie délivrées par sa mère à bord d'un petit avion survolant l'Himalaya : la jeune héritière recoit une éducation princière.
Tombée amoureuse du maharaja de Jaipur, elle découvre, en se mariant, la dure loi du patriarcat indien : les femmes doivent rester invisibles et vivent voilées, entre elles. Mais loin d'accepter ce statut, Gayatri Devi révolutionne son rôle d'épouse. Amie intime de la reine d'Angleterre et de Jackie Kennedy, elle crée la première école pour filles au Rajasthan.
Belle, intelligente, résolue, elle sait faire avancer ses idées progressistes, jusqu'à s'engager pour la protection des animaux. Première femme de son rang élue au Parlement, elle défie publiquement Nehru, Premier ministre. Cela lui vaudra l'inimitié de sa fille, Indira Gandhi, qui, parvenue au pouvoir, la jette en prison.
Des fastes des maharajas à la perte de leur influence, du joug britannique à l'Indépendance, de la soumission des femmes à leur tentative d'émancipation, l'histoire de Gayatri Devi est celle d'une princesse insoumise dont le destin se confond avec l'avènement de l'Inde moderne.
Nourri de témoignages inédits, un portrait subtil qui dévoile l'homme derrière le mythe.Comment un fils d'immigrés slovaques ayant grandi à Pittsburgh dans un milieu ouvrier et catholique a-t-il pu révolutionner l'art de la seconde moitié du XXe siècle? Comment ce grand angoissé à la santé fragile a-t-il su se métamorphoser en un " renard blanc ", comme l'a surnommé la comédienne Paulette Goddard: un être fureteur, malin, flairant le sens du vent, comprenant son époque avant tout le monde ?
Pour éclairer le mystère Warhol, Jean-Noel Liaut a mené l'enquête pendant plus de trente ans. Il a recueilli les confidences inédites de nombreux proches de l'artiste les célèbres critiques d'art John Richardson et Stuart Preston, Pierre Bergé, Lee Radziwill ou l'égérie Ultra Violet pour dresser un portrait tout en nuances, loin des habituelles visions partisanes présentant le pape du pop art comme un génie absolu ou comme un imposteur.
En déconstruisant le mythe warholien, en faisant la part de son talent et de son habileté, de ses visions prophétiques et de son sens du marketing, ce récit intime et romanesque révèle un Warhol inattendu, tour à tour touchant et agacant, génial et opportuniste, charismatique et profondément seul.
Esthète et mécène, Madeleine Castaing (1894-1992) est surtout connue aujourd'hui pour son oeuvre de décoratrice. Elle conçut les intérieurs d'un XIXe siècle fantasmé et fit de sa boutique parisienne, rue Jacob, un temple du goût et de la conversation. Mais bien avant d'aménager la maison de Jean Cocteau à Millyla- Forêt, elle côtoya la bohème de Montparnasse et lança le peintre Chaïm Soutine. Personnalité infiniment singulière et turbulente, elle inspira le personnage de Julietta à Louise de Vilmorin et eut pour amis Erik Satie, Pablo Picasso - selon qui elle était « la plus jolie femme de Paris » -, Blaise Cendrars, Maurice Sachs, Marcel Jouhandeau, Violette Leduc, Christian Bérard et beaucoup d'autres. Après avoir été une stakhanoviste du bonheur conjugal et une mécène aussi inspirée que manipulatrice, Madeleine Castaing fut, au cours des vingt-cinq dernières années de sa très longue vie, une Maud qui collectionna les jeunes Harold.
Le destin épique de Nancy Mitford, la plus française des romancières anglaises.
Nancy Mitford fut l'une des romancières les plus célèbres de son temps, et l'une des plus excentriques, puisant dans les frasques de sa famille la matière de ses romans à succès. Elle est issue de la haute aristocratie anglaise et son destin ainsi que celui de ses soeurs, Diana, Unity et Jessica, se confondent avec la grande histoire.
Diana épousa Sir Oswald Mosley, chef du parti fasciste anglais, chez Goebbels, en présence de Hitler. Unity fut une admiratrice et une grande amie du Fuhrer, tandis que Jessica prit position pour les républicains espagnols et se maria avec un communiste. Nancy, elle, resta toujours liée à ses soeurs, passant allègrement de la table de son fasciste de beau-frère aux bras de son amant, Gaston Palewski, un des plus proches collaborateurs du général de Gaulle.
Grâce à des témoignages inédits, Jean-Noël Liaut raconte le destin épique de la plus française des romancières anglaises et nous fait pénétrer rue Monsieur, dans le salon de Nancy Mitford, l'un des hauts lieux du Paris des années cinquante et soixante. Il en rapporte une foule d'anecdotes, de bons mots, de situations insolites et de personnages hauts en couleur, tout ce qui fait " l'esprit Mitford ".
Qu'est-ce qu'un homme élégant ? Hubert de Givenchy. Couturier de renommée mondiale, esthète collectionneur de maisons, éternel adolescent fougueux capable de restaurer le potager du roi à Versailles, l'actuel président de Christie's passe pour un classique. Mais il ne le fut pas toujours. Il n'y a pas si longtemps ce "Bébé géant", à la suite de Jacques Fath, incarnait l'esprit parisien, ce rêveur discipliné tourbillonnait dans la café-society, dessinait des robes-chaises pour Maxime de La Falaise, et exportait une certaine idée de la femme en habillant le lutin Audrey Hepburn d'un fourreau noir dans Breakfast at Tiffany's. De Saint-Jean-Cap-Ferrat à New York, de Venise à Tokyo, le dandy désargenté deviendra vite l'homme pressé. L'homme du monde se muera en créateur à la griffe incontournable.
Dans cette première biographie d'Hubert de Givenchy, les conversations intimes et les souvenirs inédits abondent. C'est l'évocation d'une élégance disparue. C'est aussi une ronde où Audrey Hepburn, Hélène Rochas, les soeurs Mitford, la duchesse de Windsor, et quelques excentriques, saluent leur ami Givenchy, et à travers lui sa conception indémodable de l'éphémère.
Jean-Noël Liaut a 32 ans. Il est l'auteur de Modèles et mannequins 1945-1965, et d'une biographie de la princesse Natalie Paley.
De 1914 à 1931, l'existence africaine de Karen Blixen fut infiniment plus riche et complexe que ne le révèlent ses propres textes, les biographies ou le célèbre film Out of Africa. Cette période de la vie d'un des auteurs majeurs du vingtième siècle fut particulièrement romanesque. La baronne fermière survécut tant bien que mal à un mariage chaotique, à un quotidien ravagé par la syphilis, à l'hostilité de la nature et à sa passion tourmentée pour Denys Finch Nation. Seules l'écriture et l'amitié de ses « frères noirs » lui permirent d'affronter ses drames les plus intimes et d'envisager d'autres alternatives à ce qu'elle considérait comme un idéal de vie.
Jean-Noël Liaut, 33 ans, est l'auteur d'une biographie de la princesse russe Natalie Paley en 1996 et chez Grasset d'une biographie de Hubert de Givenchy (2000).
Est excentrique celui ou celle qui ne vit ni n'agit selon la norme commune. Entre le dandysme et le kitsch, le baroque et le « camp », l'extravagance ou la franche folie, la pauvreté ou la fortune, l'art ou le happening, l'excentrique navigue au plus proche de son instinct. En un siècle corseté par le « politiquement correct », certains consacrèrent tout leur talent à n'être pas comme les autres. Comment mieux les définir que par une promenade vivante, et érudite, et loufoque, au pays des excentriques ?
D'Edward James, qui dormait sous une voûte céleste en verre noir, à Unity Walkyrie Mitford, amie d'Hitler, aimant à promener un rat sur l'épaule, de Doris Duke qui légua sa fortune à son chien au Facteur Cheval constructeur-amateur d'un palais de pierres, de Raymond Roussel en sa « maison roulante » aussi luxueuse que le Ritz, à Tallulah Bankhead qui plongeait son tube de rouge à lèvres dans un verre de bourbon, on voit ici que les excentriques préfèrent périr plutôt que de s'ennuyer. Ils auraient adoré ce livre, entre conte cruel et traité de moeurs, qui rend justice par sa drôlerie et son brio flegmatique à ces inventeurs d'une certaine liberté.
Elle, c'est Edmonde Charles-Roux. Résistante, grande amoureuse, écrivain à succès, prêtresse de la mode, croisée socialiste, présidente de l'académie Goncourt, égérie d'un groupe de rap... Une femme aux mille vies, passionnée et engagée, romanesque en diable.
Elle, c'est Edmonde Charles-Roux. Résistante, grande amoureuse, écrivain à succès, prêtresse de la mode, croisée socialiste, présidente de l'académie Goncourt, égérie d'un groupe de rap... Une femme aux mille vies, passionnée et engagée, romanesque en diable.
Née en 1920, fille d'un ambassadeur à Rome auprès du Saint-Siège, elle est élevée dans des palais italiens, au milieu des artistes, des princes et des papes. Elle semble promise à une vie bien rangée. Mais en 1940, elle s'engage comme infirmière-ambulancière, avant de rejoindre la clandestinité. À la Libération, cette caporal-chef de la Légion étrangère, décorée de la croix de guerre, devient journaliste à
Elle, puis révolutionne
Vogue. Son premier roman obtient le prix Goncourt. De Gaulle lui confiera : " Madame, vous votez mal mais vous écrivez bien." Grande bourgeoise aimantée par les marginaux, elle devient la muse d'écrivains célèbres, de peintres et de photographes d'avant-garde. C'est aussi une féministe qui ne craint pas les diables macho. Avec Gaston Deferre, le flamboyant maire de Marseille, ministre de l'Intérieur de Mitterrand, elle forme un couple légendaire qui navigue entre les ors de la République et le monde ouvrier, les bals du gotha et la fête de l'Huma.
Rebelle, courageuse, pétrie de désirs, de talents et de contradictions, Edmonde assume tout. Une femme libre, tout simplement.
Elsa Triolet et Lili Brik, les soeurs insoumies : prix de la biographie historique de l'Académie française 2015.
Toto Koopman fut, avant-guerre, le premier mannequin métis à devenir célèbre, puis une espionne déportée pour faits de résistance et l'égérie de la galerie d'art la plus singulière d'Europe dans la seconde moitié du XXe siècle. De l'île de Java aux studios de Vogue, du camp de concentration de Ravensbrück au Londres artistique et intellectuel des années 50 et 60, cette beauté polyglotte et courageuse, frivole et amorale, ne laissa personne indifférent. Pourquoi ? Parce qu'elle ne cessait jamais de bousculer les conventions comme les servitudes. Loyale et irrésistible pour certains, perverse pour d'autres, elle collectionna sans aucun tabou des amants célèbres des deux sexes avant de choisir Erica Brausen, une Allemande inspirée qui lança Francis Bacon ; les deux femmes alors ne se quittèrent plus et exposèrent entre 1947 et 1973 le meilleur de la peinture et de la sculpture contemporaines. Ceux qui l'ont connue sont unanimes : c'était un être unique et impossible à posséder. Femme phénix, femme mystérieuse, elle conçut sa vie comme un jeu romanesque dominé par le style et l'audace. À elle s'applique la maxime d'André Breton : "Seule la moindre perte d'élan pourrait m'être fatale."
Lili Brik et Elsa Triolet sont nées à Moscou à la fin du XIXe siècle. Fameuses pour leur beauté comme pour leur intelligence, elles formèrent un quatuor célèbre avec deux des plus grands poètes du XXe siècle, Vladimir Maïakovski et Louis Aragon. Lili collectionna les génies avec un oeil infaillible : l'écrivain Pasternak, les peintres Rodtchenko et Malevitch, le compositeur Chostakovitch, le cinéaste Eisenstein ou la danseuse Maïa Plissetskaïa. Elsa, la cadette, fascinée par son aînée, dut livrer bataille pour exister et quitter son ombre. Mais Maxime Gorki l'encouragea à écrire et lorsqu'elle devint la première femme à recevoir le prix Goncourt, après s'être illustrée dans la Résistance, elle comprit qu'elle avait supplanté sa soeur, confinée au rôle d'inspiratrice et d'égérie. Cette rivalité n'altéra cependant jamais l'amour qui les unissait. Ces figures légendaires de la mythologie communiste surmontèrent tous les soubresauts de l'histoire, en Union soviétique ou en France. Confrontées aux réalités les plus cruelles, Elsa et Lili étaient prêtes à tout sacrifier pour protéger leur idéal artistique. Lili fut toute sa vie la figure centrale de l'avant-garde russe avec une originalité et des exigences très hautes. Elsa défendit sans relâche sa position d'écrivain. Elles ne furent jamais des femmes du juste milieu. Ces deux forces de la nature, que Pablo Neruda appelait l'une - Lili - " l'indomptable Lili " et l'autre - Elsa - " une épée aux yeux bleus ", traversèrent le XXe siècle comme deux véritables icônes. " Les soeurs Kagan réunissaient la culture, la beauté, le talent, l'intelligence, elles étaient imbattables. " Pierre Bergé