Former les cadres supérieurs de la Nation, telle fut, dès l'origine, la mission assignée aux grandes écoles, loin du tumulte des universités qui « pensent mal » et délivrent « une culture trop générale ». Ainsi, sous la houlette des plus prestigieuses d'entre elles, Polytechnique, Ulm, Sèvres, Saint-Cloud, Fontenay, HEC, l'ENA, se sont épanouis ces séminaires modernes qui fabriquent les hauts responsables du public et du privé. Leur succès ne se dément pas. Pourtant, que sont-elles désormais, sinon des machines à sélectionner les élites polyvalentes du « tout État », des spécialistes de la généralité, peu aptes à faire face aux mutations nécessaires, dans l'administration comme dans les entreprises ? Cet essai éclaire la dérive des plus cotées de nos grandes écoles : créées pour former des hommes de l'art, elles ne produisent aujourd'hui que des hommes à tout faire, sans qualification précise. L'attrait qu'elles suscitent n'est-il pas le fruit d'un malentendu, l'héritage de leur passé, plus que de leurs performances réelles, qui laissent à désirer ? Ne faut-il pas transformer le recrutement et la formation des élites si l'on veut donner plus de punch aux cadres supérieurs dont aura besoin la France de l'an 2000 ? Le moment n'est-il pas venu de confier aux universités un rôle accru en ce domaine et, en décentralisant et en diversifiant les formations, d'élargir le vivier au sein duquel seront puisés les poissons pilotes de demain ?
Connaître le sommeil et ses fonctionnements nous permet de comprendre ses dysfonctionnements : les insomnies et leurs mécanismes. Jean-Michel Gaillard, médecin et enseignant à Genève, s'interroge sur les liens entre insomnie et névrose : l'insomnie pourrait-elle répondre à un traitement psychologique ?
Des générations d'élèves ont appris d'instituteurs en blouse grise ce qu'ils devaient à Jules Ferry. Mais l'oeuvre de cet ardent républicain va bien au-delà du domaine scolaire, et sa vie se confond avec l'histoire au jour le jour de la construction d'un régime enfin stable et durable, la IIIe République.
Avocat nourri des idéaux de 1789, journaliste et pamphlétaire, opposant déterminé à l'Empire, puis député des Vosges, il est nommé ministre de l'Instruction publique en 1879, et exerce deux fois, jusqu'en 1885, la présidence du Conseil. C'est à lui que l'on doit, pour beaucoup, l'école laïque et son aspiration à l'égalité des chances, les libertés fondamentales, la paix civile, le suffrage universel, le parlementarisme. Ainsi, en homme d'Etat, marque-t-il son temps.
Ses combats politiques, Jules Ferry les mena comme ses passions amoureuses, en romantique, allant toujours au fond de lui-même dans l'exaltation comme dans l'abattement, même s'il n'en laissa rien paraître. Il fut parfois très impopulaire, comme le montrent les surnoms que lui valut son action: " Ferry famine " pendant le siège de Paris, car en tant que maire de la capitale, il dut alors imposer le rationnement, " Ferry l'Allemand " pour sa complaisance supposée envers Bismarck, enfin " Ferry Tonkin " pour avoir colonisé l'Indochine. Mais jamais il ne renonça à ses idées et, bien que diminué par un attentat, il continua à les défendre pour que vive la République.
Jean-Michel Gaillard, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, ancien élève de l'E.N.A. est l'auteur, entre autres, du Jeu de l'oie. Troubles et passions dans la France contemporaine, 1789-1984 (Lattès, 1985) et de Tu seras président mon fils (Ramsay, 1987).
A l'heure où le P.A.F. (Pathos audiovisuel français, alias Paysage audiovisuel français) implose à nouveau, le Directeur général d'Antenne 2 nous entraîne au coeur de la mêlée. Entre Feydeau et Dallas, les " étranges lucarnes " n'ont jamais autant mérité leur nom. Pourtant la télévision est désormais la troisième activité des Français, après le travail et le sommeil, et leur principale source de connaissances. C'est dire l'importance de la bataille engagée pour que renaisse la Télévision publique, malmenée par l'irruption brutale des chaînes commerciales.
En racontant les péripéties de ce feuilleton haletant, Jean-Michel Gaillard nous entraîne dans les coulisses de l'audiovisuel. Il nous fait vivre au rythme d'une entreprise qui se transforme mais nous permet aussi, par une réflexion d'ensemble sur la télévision, de comprendre la partie de bras de fer qui se joue sous nos yeux.
Avec Zappons, enfants de la patrie, vous saurez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la télé sans jamais oser le demander. C'est le moment!
La Grande Séverine, et pourquoi ne l'appellerait-on pas ainsi ? Comme la Grande Mademoiselle ou la Grande Catherine. En un temps, vers 1890-1920, où les femmes cherchaient les voies de l'émancipation, il fallait des pionnières. Parmi elles, au premier rang, Séverine. Belle, ambitieuse, provocatrice, première femme journaliste professionnelle, toujours à contre-courant des idées reçues et des pensées toutes faites, elle a affiché sa liberté, avec ostentation et flamboyance. Liberté de plume, liberté de vie, l'une et l'autre indissolublement liées, pour crier sa révolte et affirmer sa différence. Un mariage forcé, des enfants non désirés, des amants conquis, des journaux fondés, des éditoriaux au vitriol, des engagements assumés. Le tourbillon enflammé d'une vie privée pleine de troubles et de passions. La vie publique d'une mondaine, aimée, haïe, admirée dans un univers d'hommes (journalistes, écrivains, artistes, politiques), dont elle est l'étrange vedette. Et une plume au service de tous les combats pour la tolérance, la paix, la justice, de l'affaire Dreyfus au procès Sacco-Vanzetti, des ouvriers aux anarchistes, des antimilitaristes aux antifascistes. Pendant un demi-siècle, Séverine a écrit et pensé en femme libre. Elle est ici racontée, par ces mémoires qu'elle n'a pas rédigés, faute de renoncer à ses engagements et à ses batailles. Elle s'y dévoile sans fard, avec la sincérité absolue qui fut toujours la sienne, celle d'une femme en colère, que sa fragilité rend plus grande encore.
Cette histoire commence au début des années 1980, à Evry. Ils viennent de tous les horizons : riches et pauvres, jeunes et moins jeunes, provinciaux et immigrés, bourgeois et ouvriers. Une passion les réunit : la chorale des "Enfants du printemps". En chantant, ils partagent des rêves, ils sourient à un avenir qui leur semble radieux. Dix ans plus tard, les voilà rassemblés autour d'une famille brisée pour enterrer un jeune homme de vingt ans. Le fils de Virginie, celle qui est l'âme de la chorale, s'est suicidé. Du coup, il a brisé leurs derniers rêves, ceux qui s'étaient effilochés au fil de la décennie 1980. Francis, commissaire de police, membre de cette chorale, accepte de répondre aux interrogations d'Arlette, une journaliste dont la fille aimait le jeune disparu. Elle veut comprendre. Grâce à l'enquête d'Arlette, on pénètre dans la vie du groupe et on respire ce que fut l'air du temps des années 1980. Cette chronique douce-amère d'un groupe d'amis, au fil d'une chanson, d'amours, de ruptures, de victoires et d'un échec, s'inscrit dans la tradition des grands romans populaires.