Qu'est-ce que la philosophie ? Cette question, chaque génération de philosophes débutants doit se la poser. Mais, comme les réponses théoriques divergent trop pour convaincre, il vaut mieux se demander comment se pratique la philosophie. Et de ce point de vue, les choses s'éclairent. En trois directions.
D'abord, on ne peut, au contraire des sciences positives, pratiquer la philosophie sans pratiquer, en profondeur, l'histoire de la philosophie, dans ses textes et selon ses langues : pour atteindre les choses mêmes, il faut les voir, et on ne peut rien voir si l'on manque des mots pour le dire. Ces mots, encore faut-il les apprendre.
Ensuite, ces mots pour voir, ont pris, pendant plusieurs siècles, une figure dominante devenue un standard sous le titre de métaphysique. Cette figure a une origine, une constitution, des principes et, elle le proclame elle-même, des limites. A l'intérieur de ces limites elle triomphe toujours, et encore aujourd'hui. Mais, en vertu de ces limites, elle ne comprend que ce qu'elle rend objectif, que ce qu'elle parvient à constituer comme un objet. Or nous savons par expérience pouvoir connaître des choses qui ne se réduisent pas en objets. Nous sommes entrés dans de nouveaux espaces.
A la fin, pour les explorer, il faut donc doubler et dedoubler la métaphysique. En fait, la philosophie vraiment créative ne pense plus, au moins depuis Nietzsche et Heidegger, dans les limites de la pure métaphysique - même si elle n'en a pas toujours une claire conscience. Fixer les modes d'une pratique post-métaphysique de la philosophie, la phénoménologie l'a déjà entrepris. A condition de redoubler aussi la phénoménologie elle-même.
J.-L. M.
« Des révélations, nous en avons tous eu : tranchant sur l'insignifiance quotidienne, elles seules, inoubliables, décident de notre vie réelle. Mais nous ne savons pas ce que signifie une révélation, parce qu'elle ne peut ni se commander ni se reproduire, donc jamais s'objectiver. Ainsi restons-nous muets devant ce qui nous caractérise le mieux. Les ignorant, nous nous ignorons. Ce livre voudrait nous les rendre accessibles.
Le lieu privilégié de la révélation se trouve dans ce que la tradition juive et chrétienne a reçu et médité à partir des deux Testaments. Nous y sommes donc allés voir, malgré leur technicité et les limites de toute science.
Pourtant il faut d'abord déconstruire, car aucun terme biblique ne correspond exactement au concept moderne de Révélation. Plus étonnant encore : ce terme ne s'est imposé que tardivement (Thomas d'Aquin) dans l'opposition de la connaissance rationnelle à connaissance inspirée de Dieu. La modernité (les Lumières jusqu'à Kant) n'eut donc aucun mal à récuser la Révélation biblique au nom de sa trop étroite appréhension de la rationalité.
Puisque les théologiens modernes ont maintenu le terme de Révélation sans le re-penser à fond, il fallait tenter de le redéfinir à partir de la phénoménalité. Car les textes bibliques offrent d'abord et surtout des récits de phénomènes, à la fois simples et hors du commun : manifestations, apparitions, signes et miracles, éblouissements, des ténèbres obscures et une Résurrection. On peut par principe les récuser comme des fables, mais en stricte philosophie et phénoménologie tout ce qui se manifeste doit, avant qu'on juge de son (in-) existence, se décrire.
D'où l'essai de décrire ce que les textes bibliques proposent obstinément à voir. Ainsi s'est ouverte une nouvelle définition de la connaissance : non plus accepter ce que l'on a d'abord cru comprendre, mais voir (on non) ce que d'abord on accepte (ou refuse) de recevoir, en renversant l'ordre de l'entendement et de la volonté. Ce qu'Augustin a thématisé d'une formule : « On n'entre dans la vérité que par la charité ».
Et alors, même l'être et le temps peuvent se recevoir comme ils se donnent : non dans la clôture de notre monde, mais comme un don d'ailleurs. Car c'est dans cet ailleurs que nous vivons, respirons et même sommes. »J.-L. M.
Cette somme d'interventions au fil des circonstances montre la face cachée de l'oeuvre du grand philosophe français de réputation internationale : une magistrale façon inactuelle de traiter de l'actualité.
Pourquoi Dieu sans l'être ? Que nous dit Éros sur l'amour et le don ? Qu'est-ce que la Révélation ?
Que signifie philosopher aujourd'hui au regard de la Bible et de la théologie, de la poésie et de la littérature ?
Pourquoi faut-il en finir avec la métaphysique ? Comment repenser Descartes et Husserl, réviser Nietzsche et Heidegger, relire Levinas et Derrida ? Quelle langue neuve peut dire l'invisible, l'inouï, l'inattendu ?
Qu'est-ce que le nihilisme ? En quoi éclaire-t-il l'époque ? Où va le monde ? Où en est l'Église ? Que penser du déclin de l'Amérique, du réveil de l'islam ? Quel avenir ont la France et l'Europe ?
Pourquoi l'Évangile reste-t-il plus que jamais d'actualité ?
Telles sont, parmi d'autres, les questions de Paul-François Paoli auxquelles Jean-Luc Marion a consenti à répondre au cours de cette libre conversation comme le siècle n'en connaît plus guère.
De la rue d'Ulm et de la Sorbonne à l'université de Chicago et à Rome, de l'aventure de
Communio à l'engagement antitotalitaire, sur fond de rencontres et de portraits, d'enjeux et de combats, ce sont la clé d'une destinée et la fabrique d'une pensée qui, ici, se dévoilent. Celles du philosophe français vivant le plus lu, le plus commenté et le plus traduit au monde.
Une démonstration éblouissante de l'intelligence en acte. Une invitation, surtout, à l'espérance. Un antidote au malaise contemporain.
« L'amour, nous en parlons toujours, nous l'expérimentons souvent, mais nous n'y comprenons rien, ou presque. La preuve : nous ne pouvons plus en fixer un sens unique et le déchirons entre des contraires - eros et agapè, jouissance brute et charité abstraite, pornographie et sentimentalisme. Il en devient absurde ou insignifiant. Explication : la philosophie nous a persuadés de l'interpréter à partir de la conscience de soi (du cogito), comme une simple variante, dérivée et irrationnelle, de la claire pensée - il se rabaisse donc au rang de la « passion », maladive, irrationnelle, toujours douteuse.
On conteste ici ce verdict. L'amour nous atteint infiniment plus sérieusement, plus originairement, il ne dérive pas de l'ego, mais le précède et le donne à lui-même. Bien avant la question des philosophes, « être ou ne pas être », ou la question des savants, « connaître certainement ou ignorer », une autre question m'obsède : « m'aime-t-on ? y-a-t-il quelqu'un pour m'aimer ? » Sans réponse à cette question, tout être et toute certitude tombent sous le coup de la vanité, qui leur demande « à quoi bon ? » Je me découvre alors en état de réduction érotique.
On doit tenter de décrire les figures de la conscience, dans cette situation originaire : la nécessité absolue qu'on m'aime, et mon incapacité radicale à ne pas me haïr moi-même ; mon avancée unilatérale dans le rôle de l'amant ; le serment entre les amants qui fait surgir le phénomène érotique, unique et pourtant commun ; l'échange où chacun donne à l'autre la chair érotisée, que lui-même n'a pas, mais reçoit en retour ; l'acte sans fin, et pourtant toujours fini, de s'avancer chacun dans l'autre sans résistance ; la contradiction objective entre le temps court de jouir et le temps long de promettre, qui rend estimable la jalousie et raisonnable la perversion ; enfin, l'attente jusqu'à la fin des temps d'un tiers témoin, qui part et qui s'anticipe.
L'amour, dans toutes ces figures, ne se dit et ne se fait qu'en un seul sens. Le même pour tous, Dieu compris. Car l'amour se déploie aussi logiquement que le plus rigoureux des concepts. Il précède tout et tout dépend de lui - les raisons des philosophes, les connaissances des savants et les choses du monde. Sans lui, tout est, mais tout est vain. Avec lui, tout devient possible, même et surtout l'impossible. »
J.L.M.
« On peut invoquer, bien sûr, « l'âme de la France», même si l'on ne croit plus guère sans doute à la réalité de sa propre âme à soi. Mais si, comme responsable politique, l'on prend ce risque, il faut mesurer ce que l'on dit et surtout ce que l'on ne peut pas dire. Seuls les chrétiens, donc d'abord les catholiques, peuvent mettre en jeu leur âme dans la communauté française, parce qu'eux seuls savent ce que c'est que de la donner, pour donner une communion à une communauté, qui, sans eux, ne serait plus une et indivisible. Il se pourrait que, contre toute attente et toutes les prédictions des sages, des experts et des élites supposées, nous allions au-devant d'un extraordinaire moment catholique de la société française. Ou plutôt, il se pourrait qu'un tel moment, décidément hors de portée du pouvoir et de la rationalité positiviste de la politique contemporaine, constitue la seule option raisonnable qui nous reste, tandis que nous nous approchons du coeur du nihilisme... »
Y a-t-il un « destin catholique » dans la France actuelle ? Faut-il parler de laïcité ou de séparation ? Peut-on penser « l'utilité de la communion » ? N'ayez pas peur, disait Jean-Paul II au balcon de l'histoire ; N'ayez pas peur de nous ! affirme Jean-Luc Marion, qui nous offre une méditation littéraire et philosophique, une traversée politique sans équivalent dans le monde actuel.
La démarche de l'auteur est, premièrement, de décrire le phénomène réduit à sa donation puis, dans un second temps, de redéfinir le don, contre son interprétation économique, à partir de la pure donation, afin de déterminer les caractères du phénomène comme un strict donné ; enfin, de distinguer les degrés de donation du donné. Étant donné constitue ainsi le premier élément d'un triptyque formé par Réduction et donation (Puf, rééd. 2004), complété et commenté par De surcroît, études sur les phénomènes saturés (Puf, rééd. 2010).
L'interprétation de la pensée cartésienne résulte toujours, comme il est normal, du rapport entre ses textes et les préjugés de ses lecteurs. En conséquence, certains points décisifs restent toujours voilés par les divers « cartésianismes » dont l'historiographie les a recouverts. On tente ici de dégager successivement le statut positif du scepticisme, le caractère non substantiel (ni réflexif) de l'ego cogito, la complexe élaboration de l'idée d'infini, le rôle de l'estime comme mode de la cogitation, etc. On compare aussi les thèses cartésiennes authentifiées avec leurs interprétations, critiques ou partisanes, chez ses interlocuteurs contemporains (Pascal, Hobbes, Spinoza, etc.). Il résulte de ces enquêtes que Descartes n'appartient pas moins à notre avenir qu'à notre passé.
Cette somme d'interventions au fil des circonstances montre la face cachée de l'oeuvre du grand philosophe français de réputation internationale : une magistrale façon inactuelle de traiter de l'actualité.
Avec
Paroles données, J.-L. Marion reprend quarante entretiens sur une trentaine d'années, tenant parole sans se dédire. Il s'agit, en les rassemblant, de défendre l'art de la conversation contre les idéologies qui transforment le débat public en champ de ruines. Mais aussi de se faire une idée assez juste de son parcours. Les
Rétrospections livrent une auto-interprétation où les livres se relient dans un projet au fur et à mesure plus conscient de lui-même. Dans
De la philosophie, on sonde cette discipline sur les points où elle se met en crise. Dans
De l'amour, il s'agit de retrouver la puissance de cette " raison merveilleuse et imprévue " (Rimbaud), à peine aperçue par la philosophie. Dans
De quelques penseurs, on esquisse les figures les plus significatives, donc d'abord Heidegger et Levinas. Dans
De la situation des chrétiens, ce que l'on dit en tant que chrétien s'adresse cependant à tous puisque, par définition, le catholicisme a vocation à l'universalité. Enfin, on ajoute des contributions à la revue
Le Débat, diagnostiquant un parcours au sein de l'époque du nihilisme.
Ce livre paraît sans doute répondre à une nécessité inscrite de longue date dans l'itinéraire intellectuel de l'auteur. Car s'il est parti de Descartes pour accéder à la question de la constitution de la métaphysique, pour en établir la constitution onto-théologique et marquer son écart avec la théologie chrétienne, comment ne pas finir par revenir à saint Augustin ? Cette nécessité s'est imposée à l'auteur à travers une réflexion et un travail sur le choix du thème d'un cycle de conférences données dans le cadre de la chaire Étienne Gilson en 2004 : lire et interpréter les Confessions de saint Augustin sur un mode non-métaphysique, au moyen des principaux concepts élaborés précédemment dans une logique phénoménologique. Cette entreprise relève d'un double enjeu : tester la validité herméneutique des concepts de donation, de phénomène saturé et d'adonné, en les appliquant à un texte de référence, entrer ensuite dans cette oeuvre énigmatique malgré les efforts réalisés pour se l'approprier, pour y retrouver l'itinéraire d'une approche "au lieu de soi".
Ces études, rassemblées dans cet ouvrage, sont nées de discussions entre philosophes préoccupés de questions esthétiques, de la « visibilité » de la peinture, de l'image qui « remplace » le monde et tient lieu d'original... Elles sont consacrées à une analyse phénoménologique de l'image, de sa représentation et de sa perception.
Contrairement à sa légende, Gustave Courbet ne fut ni un peintre réaliste ni un peintre politique, encore moins un peintre provincial. Il fut révolutionnaire, bien sûr, mais en pratiquant, comme les plus grands, la peinture à l'oeil. Expression à entendre au double sens d'une peinture gratuite (ne dépendant ni des commandes de l'État ni des prix du Salon), et surtout d'une peinture qui ne fait pas « à l'idée » ce qu'elle aurait déjà prévu - mais qui voit dans l'acte même de peindre.
D'où une rupture avec le primat du dessin (Ingres), avec l'exotisme (Delacroix), le spectaculaire (Géricault), avec la maîtrise du regard du peintre, cela pour libérer la peine des hommes et l'élégance des choses. Courbet inaugure ainsi la vraie peinture de marines ; de nus érotiquement neutres ; de natures mortes, ou plutôt natures vives, rochers, feuilles et rivières aussi présents que des visages d'hommes. Comme Cézanne, qui se revendiquait de lui, Courbet élève les choses à leur dignité dernière : non des objets construits et produits, mais des phénomènes surgissant et se donnant d'eux-mêmes à voir. Le tableau ne représente rien, il présente pour la première fois le visible en sa gloire.
Les phénomènes apparaissent-ils toujours selon la calme adéquation en eux de l'intuition avec la signification, voire, plus souvent, avec un déficit d'intuition ? Ou bien certains - les phénomènes saturés - n'apparaissent-ils pas plutôt grâce au surcroît irrépressible de l'intuition sur tous les concepts et toutes les significations que l'on voudrait leur assigner ?Cette question avait surgi du principe « Autant de réduction, autant de donation » (dans Réduction et donation. Recherches sur Husserl, Heidegger et la phénoménologie, 1989) et conduit à dégager la donation, telle qu'elle déplie ce qui se donne et ce qui se montre (avec Étant donné. Essai d'une phénoménologie de la donation, 1997).Reste, une fois ces acquis répétés, à étudier en eux-mêmes chacun des quatre types de phénomènes saturés : l'événement (saturé selon la quantité), l'idole ou tableau (saturé selon la qualité), la chair (saturée selon la relation) et enfin l'icône ou visage d'autrui (saturé selon la modalité). Il devient alors pensable d'étudier leur combinaison dans ce qu'on doit thématiser comme un phénomène saturé à la puissance, un paradoxe des paradoxes - le phénomène de révélation. En l'occurrence, il s'agit de comprendre (contre une féconde critique de J. Derrida) les trois moments de la théologie mystique (affirmation, négation, hyperbole) non seulement comme l'accomplissement d'un phénomène saturé exemplaire, mais encore comme la répétition de toute phénoménalité de l'excès.De surcroît donc. Parce qu'il s'agit de l'excès du donné qui se montre. Parce qu'il s'agit aussi de l'exposer une nouvelle fois.
Après avoir parcouru la théorie de la connaissance cartésienne (Sur l'ontologie grise de Descartes, Vrin, 1975), reconstitué sa doctrine métaphysique du fondement (Sur la théologie blanche de Descartes, Puf, 1981) et articulé sa double onto-théo-logie (Sur le prisme métaphysique de Descartes, Puf, 1986), J.-L. Marion tente de réintégrer dans ce développement les questions, encore obscures et souvent laissées à part de l'ensemble, de la morale et des passions. Cette intégration dépend de la découverte du mode passif de la cogitatio, tel qu'il apparaît dès la VIe Méditation, anticipant d'ailleurs sur le concept phénoménologique de chair (Husserl, Henry). C'est à partir de ce « corps mien, meum corpus » que se déploie en toute cohérence une morale et une union substantielle de l'âme avec le corps, qui livre vraiment les derniers fruits de la métaphysique cartésienne.
« Je tenterai de reconstruire l'itinéraire de mon travail, en rassemblant ses diverses régions, histoire de la philosophie, phénoménologie, théologie [...]. Me frappe aujourd'hui rétrospectivement la cohérence de l'ensemble, que dominent la question de l'événement, l'approche de la présence à partir du présent entendu comme un don. Ce qui importe toujours advient. Ainsi se dégage la rigueur, mais la rigueur des choses, non celle que nous leur imposons, ou imaginons pouvoir leur imposer. »
Jean-Luc Marion revient ici sur les grandes figures qui ont marqué sa vie (Ferdinand Alquié, Hans-Urs von Balthasar, Jean Beaufret, Louis Bouyer, Jean Daniélou, Jacques Derrida, Michel Henry, Emmanuel Levinas, Jean-Marie Lustiger, et d'autres). Il évoque les grandes étapes et les grands dossiers de son travail, et rend compte de la dynamique de sa recherche. Penseur phare du catholicisme français et co-fondateur de l'édition francophone de la Revue catholique internationale Communio (1975-), il apporte pour finir un éclairage original sur l'état de l'Eglise et sur le dialogue judéo-chrétien.
Ces entretiens, remarquablement menés par Dan Arbib, constituent la première introduction en français à son oeuvre.
Portrait de Jean-Luc Marion par Jean-Luc Bertini © Flammarion
« Descartes déploie donc une théologie, pour satisfaire à l'instance théiologique de sa métaphysique, bref pour assurer un fondement à l'ontologie grise. Cette théologie, nous la qualifierons de théologie blanche. Blanche parce que anonyme et indéterminée, comme un blanc-seing, qui qualifie son bénéficiaire sans spécifier pour quelle entreprise, ou comme un chèque en blanc, qui ne précise pas le montant du crédit que pourtant il accorde. La théologie de la métaphysique cartésienne reste blanche d'abord parce que son bénéficiaire (ou son porteur) reste, finalement, anonyme. »
L'auteur montre pourquoi la notion de "mort de Dieu" pose plus de difficultés qu'elle n'en résout. Comment le Dieu dont on proclame la mort est un Dieu conceptuel, abstrait, désincarné, à la lettre une idole. Et comment la question de Dieu s'ouvre d'autant plus que cette idole ne cesse, sous nos yeux, de mourir... Dieu est mort donc, le Dieu des philosophes, le Dieu de la raison rationnelle : vive Dieu par conséquent, le Dieu de la distance, le Dieu mystérieux et insondable du credo quia absurdum. L'originalité de cette étude, à la fois rigoureuse et brillante, tient à ce que, pour la première fois, un philosophe chrétien reprend et se nourrit de problématiques aussi "hérétiques" que celles de Heidegger, Hlderlin ou Jacques Derrida.
Ce volume reprend le discours de réception à l'Académie française de Jean-Luc Marion, prononcé le 21 janvier 2010, suivi de la réponse de Monseigneur Claude Dagens.
Comme le veut la tradition, ces deux textes sont suivis du discours de remise de l'épée, prononcé par Marc Fumaroli.
"Descartes accomplit donc pleinement l'essence de la métaphysique, d'autant plus qu'il en affronte les limites et parfois s'expose à les franchir."
Come in un racconto autobiografico dell'intero percorso intellettuale di Marion, da lui stesso abbozzato in dialogo con giovani studiosi italiani, entriamo qui in un libro non comune per la fecondità degli stimoli e per la chiarezza del discorso. Queste lezioni, interessate al confronto, sono una sintesi preziosa della filosofia dell'Autore. Marion ha formulato negli ultimi tempi un'analisi del fenomeno erotico che assume i tratti di un'ambiziosa filosofia dell'amore. Tale esito viene dalla critica della metafisica di Cartesio: «Assicurarmi da solo della mia certezza non mi rassicura affatto, ma mi espone allucinato davanti alla vanità in persona. A che pro io, se sono solo grazie a me?». L'assicurazione chiede molto di più di un'esistenza certa, essa richiede che in questa esistenza io mi consideri affrancato dal dubbio di inutilità: «... non si tratta più di ottenere la certezza dell'essere, ma la risposta a un'altra questione - `qualcuno mi ama?'». Da qui in avanti, Marion sviluppa un confronto serrato con la fenomenologia e con i suoi temi chiave del dono e della donazione. Il volume si apre con una Premessa del curatore Ugo Perone, direttore della Scuola di Alta Formazione Filosofica che ha sede a Torino.
This volume explores the possibilities and pressures of the language of revelation on human understanding. How can we critically account for divine self-disclosure in the linguistically mediated world of human concerns? Does the structure of interpretation limit the language of revelation? Does revelation open up new horizons of critical interpretation? The volume brings together theologians who approach the interactions of revelation and hermeneutics with different perspectives, including various forms of phenomenology and comparative theology. It approaches the theme of revelation - central as it is to the theological endeavour - from several angles rather than a single methodological program. Dealing as it does with revelation and understanding, the volume addresses the foundational issues at stake in the challenges around change, identity, and faithfulness currently facing the church.