Si la critique littéraire des dernières décennies a réaffirmé avec force la fonction politique de la fiction littéraire et réactivé la notion d'engagement à propos du roman, qu'en est-il des récits non fictionnels qui reposent sur le pacte autobiographique? Cet ouvrage cherche à identifier, à travers l'examen d'une série de textes se situant à la frontière de l'espace privé et de l'espace public, les points de rencontre entre les écritures de soi et des enjeux politiques de la littérature depuis la Seconde Guerre mondiale.
En interrogeant la part politique des pratiques de subjectivation et des technologies de soi à l'oeuvre dans les écritures autobiographiques, les auteurs cherchent à aller au-delà des références explicites au bruit et à la fureur de l'histoire contemporaine. Quel rapport à la vie politique entretiennent les textes qui aspirent à la transparence d'un dire vrai, à ce que Michel Foucault appelait « le courage de la vérité »? En quoi l'écriture autobiographique, par sa fonction testimoniale, rend-elle lisibles les tensions idéologiques constitutives des subjectivités politiques? Comment le récit de soi contribue-t-il à accroître la puissance d'agir du sujet et sa capacité de résistance aux dispositifs oppressifs du pouvoir? Faisant la part belle à la littérature française contemporaine, ce collectif montre la diversité de stratégies d'élucidation de soi par lesquelles le sujet de l'écriture parvient à démêler le réseau de déterminations identitaires et s'efforce d'infléchir le tracé du devenir collectif.
Avec des textes de Mathilde Barraband, Yves Baudelle, Bruno Blanckeman, Simon Brousseau, Anne-Renée Caillé, Nicole Caligaris, Éric Chevrette, Laurence Côté-Fournier, Jean-François Hamel, Barbara Havercroft, Élise Hugueny-Léger, Jean-Louis Jeannelle, Audrey Lasserre, Julien Lefort-Favreau, Pascal Michelucci, Joëlle Papillon, Pascal Riendeau, Anne Roche, Françoise Simonet-Tenant et Julie St-Laurent.
Mallarmé a connu des vies posthumes que ne suffisent à conjurer ni le recours aux registres de l'état civil ni le retour au corpus de ses textes. À l'âge de l'existentialisme, les critiques littéraires inscriront la négativité de sa poésie dans les aventures de la dialectique. Aux grandes heures du structuralisme, les avant-gardes le croiront capable de réconcilier Marx et Saussure. Quand tomberont les statues de Lénine, les philosophes liront dans ses vers la mémoire d'un siècle de révolutions. Voici Mallarmé tel qu'en lui-même le XXe siècle le change.
Cette tradition interprétative, qui prend à revers la question de l'engagement littéraire, nous invite à reconnaître l'inventivité polémique des gestes de lecture et d'interprétation. Car ce n'est pas les intentions de l'écrivain qui produisent la signification politique des textes, mais les stratégies herméneutiques des lecteurs. La politique de la lecture qui a inventé la figure du camarade Mallarmé est un art du contretemps, toujours à la limite de l'anachronisme, qui rend perceptible, dans la littérature d'autrefois, une force d'opposition et de rupture toujours actuelle. Le destin politique de Mallarmé illustre les tours et détours d'une lecture engagée.
Blanchiment d'argent, liens avec le crime organisé, fraude fiscale, deals aux montants indécents : pour la première fois, le président d'une banque suisse de gestion de fortune témoigne.
Et pas n'importe lequel : François Rouge. Issu d'un milieu modeste, il devient très vite "broker" et fait fortune.
Sollicité par les autorités suisses, il rachète à 36 ans la Karfinco, la banque de l'affaire Mani Pulite en Suisse.
Elle est rebaptisée Banque de Patrimoines Privés Genève (BPG) et il réalise alors son rêve : créer une plate-forme pour d'autres opérations plus ambitieuses.
À bord de son jet privé, il gère les comptes de ses riches clients européens, notamment français, il dirige des hôtels de luxe, administre des sociétés dans le monde entier, et supervise - entre autres - les fonds pétroliers du pouvoir angolais, des Bahamas aux États-Unis en passant par Zurich.
Mais l'univers compassé de la gestion de fortune genevois l'ennuie. Alors François Rouge s'associe à des "hommes d'affaires" corses pour mettre la main sur des restaurants et le Cercle de jeux Concorde,
rapidement devenu l'enjeu de violents conflits entre deux clans liés au grand banditisme.
C'est la descente aux enfers : arrêté, mis en examen et incarcéré aux Baumettes, à Marseille, François Rouge est aussitôt banni de la bonne société genevoise. Certains appuis le lâchent et ses associés lui tournent le dos, il doit brader sa banque.
Condamné à dix-huit mois de prison, il ne souhaite pas maintenant régler ses comptes, mais plutôt raconter de l'intérieur le vrai pouvoir, celui de la finance.
Ian Hamel est journaliste français, correspondant du Point à Genève et collaborateur de l'Agefi, le quotidien suisse de la finance. Depuis deux décennies, il croise les principaux acteurs politiques, économiques et financiers de la Confédération helvétique.