On est partis la première fin de semaine d'août. On avait tous alors à tort plus ou moins relégué aux oubliettes les bébites à Turbide. Un mois s'était écoulé depuis sa monumaladementale dérape du soir de ma mouvance, et on s'était fait de très rassurants accroires depuis, on avait convenu qu'il avait simplement détripé, un point c'est tout, on avait renvoyé les monstres en dessous du lit, merci beaucoup bonsoir, on s'imaginait qu'ils crèveraient là de leur plus belle crevaison, mais c'est le contraire qu'ils ont fait.
Dans son style unique qui allie langue littéraire et langue parlée, François Racine raconte Vincent Turbide, un bomme magané trituré par la vie tout entière et par les voix qui lui peuplent la tête. Ses tchommes canailles tentent de l'aider comme ils peuvent, mais ce qu'ils peuvent, c'est pas grand-chose. Quand même, ils essayent, parce qu'on ne peut couper si facilement une si vieille branche, aussi malade soit-elle.
La naissance et le mûrissement du Québec se déploient ici comme les fruits d'un pacte. On en paie le prix sous la forme d'autant de blessures qu'on inflige, qu'on observe et qu'on subit.
C'est un jésuite pris dans un village huron qu'il voudrait tantôt évangéliser, tantôt fuir.
Ce sont des gens de partout qui se rencontrent en un haut lieu du commerce des pelleteries.
C'est une jeune fille au passé trouble qui bouleverse une paroisse entière et le coeur d'une voisine fascinée.
C'est un prêtre défroqué qui confesse avoir joué un rôle dans la création d'un poète québécois devenu légende.
C'est un draveur qui se découvre une parenté avec un camarade noir à la voix d'or pleine de souffrances anciennes.
C'est un référendum marquant la vie de trois militants qui s'entredéchirent comme leur pays.
C'est un professeur agnostique et une étudiante musulmane qui se cherchent dans l'indicible.
Ils se nomment et se confient, ces grands traumatisés dont la douleur irradie jusque dans les racines du presque pays.
Avec sa plume exceptionnelle qui se fait ici caméléon, François Racine raconte le Québec à travers ses mythes, ses contes et ses légendes, mais aussi sa littérature, ses peurs et ses obsessions dans ce fabuleux recueil qui célèbre avec verve et truculence la richesse de notre histoire.
Après Sainte-Souleur et Saint-Calvaire, la trilogie des Récits du presque pays s'achève en sept autres épisodes marquants de notre histoire collective.
C'est le couvent des Ursulines de Québec en 1663, secoué par de violents tremblements de terre et par des apparitions claires obscures.
C'est une chercheuse universitaire obsédée par le phénomène du Wendigo, bientôt dévorée par l'objet de sa quête.
C'est le ressac aux origines de Normandie, où saignent les plages dans le vacarme des obus.
C'est l'ascension et la chute d'une jeune femme aux cent noms, des bordels du Red Light aux feux de la rampe des cabarets.
C'est un militant du FLQ devenu agent double pour la GRC qui se demande s'il ne se ment pas d'abord à lui-même.
C'est un motard saguenéen noyé par le remords qui s'accroche à ce qu'il peut pendant le Déluge, comme la petite maison blanche.
C'est une préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD pris dans la tourmente pandémique du printemps 2020.
C'est le récit polyphonique d'un passé plus près de nous qu'on pense, qu'on oublie trop souvent mais qui demeure et qui ne cessera de s'écrire.
Avec sa plume exceptionnelle qui se fait ici caméléon, François Racine raconte le Québec à travers ses mythes, ses contes et ses légendes, mais aussi sa littérature, ses peurs et ses obsessions dans ce fabuleux recueil qui célèbre avec verve et truculence la richesse de notre histoire.
Djibi, en deuil de sa copine, est disparu depuis plusieurs semaines. Il se cache en Gaspésie, croient ses amis, qui commencent à s'inquiéter. Elpé, Lidz et God, profs de français comme lui, profitent des vacances forcées du printemps érable pour le prendre en chasse en compagnie de Lau, actrice aux charmes torturants. Elpé, dont le mémoire de maîtrise stagne depuis le french qui a brisé son couple. Lidz et ses fulgurances de gars qui vient de retrouver la mauvaise pente. God et l'adultère avec Lau, ressac inévitable d'un passé qui refuse de mourir.
Pendant ces quelques jours déchirés entre Montréal la douloureuse et le rocher Percé, ils emportent avec eux leur rage au coeur, mais aussi une énergie débordante et un humour grinçant qui les mèneront à l'affrontement tantôt verbal, tantôt physique, sans qu'ils perdent de vue l'objectif principal de leur périple : sortir de sa tanière le grand Djibi d'Amérique.
Courâilleux commis de tabagie rue Côte-des-Neiges, Léo Rivière ne croit plus à grand-chose. Il croit à Canadien, à Bacchus, à Vénus. Et à Céline - pas la Dion, l'idole d'un peuple, l'autre, le Louis-Ferdinand, la honte géniale des vieux cousins d'Europe. Il le relit d'un bout à l'autre, à l'affût d'un sujet de mémoire ou d'autres choses qui ne se disent pas.
Il croit aussi à Nat, et pas qu'un peu. Folle funambelle barouettée par les grands vents qui la font fuir toujours plus loin, à la recherche du bout de la nuit, elle lui revient en pleines bourrasques et l'entraîne dans son élan jusqu'au bord du Styx, parce que la vraie beauté ne s'éteint pas à petit feu, elle s'envole dans une grande déflagration.
Plongée tragicomique au coeur de la noirceur qui habite l'homme, Tabagie est aussi une chronique du quartier-village de Côte-des-Neiges, où les personnages attachants, détraqués et souvent grotesques sont légion.