Les colonnes du palais de Trézène ouvrent sur " l'azur immobile et dormant " de la Grèce. Dans cette lumière sacrée, la plus noire des tragédies se joue dans une famille maudite depuis des siècles. Phèdre devrait aimer le prince Thésée, son mari. Malgré elle, elle meurt d'un désir criminel pour son fils, le jeune prince trop sauvage et trop pur. Peut-elle rêver, espérer, avouer son crime, aller jusqu'à l'horreur ?
Fille du soleil par ses ancêtres, elle descend au dernier étage de l'enfer. Elle s'aventure dans un cauchemar de sang, un supplice de sensualité bafouée, le délire et la folie.
Pour la dernière fois, Racine évoque la torture de la passion amoureuse, cette maladie, cette obsession qui détruit l'âme, le corps et la raison. Phèdre est peut-être trente fois séculaire, mais ses cris et sa fureur nous parviennent du xviie siècle. Et c'est aujourd'hui que nous la voyons se damner et mourir.
Édition présentée et commentée par Annie Collognat-Barès, professeur de lettres supérieures au lycée Victor-Hugo (Paris)
Racine songe sans nul doute à l'actrice Du Parc, sa maîtresse, quand il écrit Andromaque, où il transpose les tourments qu'elle lui fait subir...
Captive troyenne enlevée par Pyrrhus avec son fils Astyanax, Andromaque, veuve d'Hector, doit choisir : l'épouser ou voir périr son enfant, comme les Grecs l'exigent. Mais peut-elle céder à ce bourreau séduisant qui a massacré sa famille et incendié sa ville ? Il y a un fleuve de sang entre eux. La haine, la douleur et la fidélité à Hector doivent l'emporter. Dans le même temps, dans l'ombre, Hermione, ainsi qu'Oreste, malheureux éconduits par une chaîne amoureuse, conspirent...
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Comprendre avec Les clés de l'oeuvre
26 pages pour aller à l'essentiel
75 pages pour approfondir
Racine, le " tendre Racine ", a-t-il ou non empoisonné la " Du Parc ", sa maîtresse ? Longtemps soupçonné de ce crime, avec un rare cynisme, il défie la rumeur et met en scène, dans
Britannicus, l'empereur du poison : Néron.
Dans la période la plus violente de l'histoire romaine, le fils d'Agrippine n'est encore qu'un monstre naissant, jeune, infiniment beau, paré de toutes les grâces et de tous les crimes qu'il rêve d'accomplir. Un adolescent en qui s'annoncent un sadique et un artiste de la cruauté. Le drame commence avec sa révolte contre sa mère, ses conseillers, sa propre conscience.
C'est en lui-même que Racine trouve l'image de Néron, ce doux Racine qui, selon le mot de Nietzsche, était aussi un fauve.