Le capitalisme français est malade.
La lutte des classes continue à imprégner notre vision de l'entreprise. Au lieu d'un dialogue social construit autour de la recherche de l'intérêt général, patronat et syndicats vivent dans un rapport de force permanent où la défiance domine. Le marchandage tient lieu de négociations, une partie de la productivité est sacrifiée pour acheter la paix sociale.
Depuis de longues années, nos entreprises ne cessent de perdre des parts de marché dans le monde. Le déficit de notre commerce extérieur atteint un stade critique, qui nous interdit tout espoir de retour à une croissance forte. Avec un taux de chômage proche de 10 % et une dépense publique record à 57 % du PIB, nous ne pouvons plus accepter pareille dérive.
Fort de ce constat, Jean Peyrelevade lance un avertissement très clair au patronat : il est indispensable de réformer en profondeur les relations et d'adopter la codécision pratiquée dans toute l'Europe du Nord. La solution passe par un nouveau contrat social qui conduit à partager davantage le pouvoir - et les profits - avec les salariés. Mais la France y est-elle prête ?
Cet extraordinaire document qui retrace, d'une plume souvent féroce, le sauvetage du Crédit Lyonnais est l'histoire d'une double trahison de l'État.
D'abord la trahison inspirée par un système où irresponsabilités et incompétences ne sont jamais sanctionnées, un système incapable de contrôler le pouvoir qu'il a lui-même installé, un système où on a laissé pendant cinq ans une banque de taille mondiale dériver jusqu'aux frontières de la faillite.
Des prêts hasardeux aux investissements des requins d'Hollywood, l'entreprise a connu les plus folles dérives sous le règne d'inspecteurs des Finances protégés par le sérail.
Mais ce que raconte l'auteur, c'est aussi la trahison d'une caste, celle de Bercy. On y découvre une nomenklatura pénétrée de certitudes et persuadée d'incarner l'intérêt général... Une fois que le scandale a éclaté, un petit groupe de dirigeants politiques et de hauts fonctionnaires va s'efforcer de faire disparaître, malgré le redressement accompli, les traces de ce qui restera le plus grand désastre financier des trente dernières années et qui constitue une tâche sur leur réputation.
Ce témoignage explosif décrit, à travers de nombreux portraits et anecdotes, dix ans de lutte acharnée menée pour sauver une grande maison que tout le monde, des ministres français aux commissaires européens en passant par les banques de la place, condamnait.
Ce livre peut se lire, tout d'abord, comme un effort pour dépasser le débat, qui a fait couler tant d'encre, entre partisans des nationalisations et des privatisations. Faux débat dit Peyrelevade. Type même du faux débat dont les Français ont le secret. Il peut se lire, ensuite, comme un réquisitoire - mesuré, mais sévère - contre les dysfonctionnements de notre capitalisme national. Esprit de clocher... Provincialisme... Etroitesse des vues et des perspectives... Nous avons, dit l'auteur, le capitalisme le moins bien armé pour affronter les exigences de la concurrence internationale. Saurons-nous le réformer ? Car ce livre peut être considéré, enfin, comme une sorte de programme à l'usage d'une majorité réformiste, dans une configuration politique différente.
La spéculation fait partie intégrante de l'économie libérale : la liberté d'entreprendre contient celle de spéculer : nul besoin là de fabriquer ou de transformer, il suffit de posséder. À l'entreprise succède ainsi l'agiotage, à l'économie de production l'économie de rente. Le jeu chasse l'effort, et le désordre s'étend. La valeur du bon tuyau est telle, que la structure même de l'information, qui constitue désormais un nouveau champ d'inégalités au sein de la société, est profondément modifiée. On spécule sur les terrains à bâtir, sur les oeuvres d'art, sur les monnaies, sur les matières premières, etc., entraînant inévitablement l'inflation et le désordre des marchés. L'accroissement de la dépendance des économies nationales vis-à-vis d'un marché mondial incontrôlé et incontrôlable, laisse prévoir une évolution chaotique, des crises renouvelées, voire des dislocations du système. À quelles conditions un gouvernement de gauche pourrait-il maîtriser la spéculation ?
Pourquoi l’enrichissement individuel, fût-ce par le travail, est-il si mal vu chez nous ?Comment expliquer que nos constitutions ignorent l’entreprise depuis deux siècles ?Sur quelles fondations s’est construit un État monarchique qui voudrait continuer à tout décider lui-même ?Quel lien existe-il entre le déclin français et nos fantasmes collectifs ? Jamais la névrose française n’a été aussi clairement diagnostiquée. En son temps, Voltaire préférait les « négociants qui enrichissent leur pays » aux « marquis bien poudrés ». Mais a-t-il été entendu ? Car si les symptômes de cette maladie remontent à la Révolution, ses conséquences sont chaque jour plus évidentes. À travers ce tableau iconoclaste, l’auteur dévoile, au nom de la gauche dont il se réclame, les conditions de la guérison collective d’un pays aujourd’hui en proie à une morosité persistante. Jean Peyrelevade, ancien directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy, qui a présidé les plus grandes entreprises (Suez, Crédit Lyonnais…), dresse un constat terrible. Par-delà les dysfonctionnements de notre système économique, il livre une véritable réflexion, mêlant expérience du combat politique, érudition historique et pratique aguerrie de la gestion des grands groupes.
L'économie du pays va mal et s'enfonce jour après jour dans un gouffre sans fond. Pour s'en sortir, il faut réagir. Mais est-ce que la France en est réellement capable et peut-elle entendre la vérité ?
Avec inconscience et arrogance, la France continue à vivre dans sa bulle économique. Elle est persuadée que celle-ci n'éclatera jamais, que son génie particulier et la grandeur de son Histoire lui permettront d'échapper aux difficultés des pays de l'Europe du Sud, et qu'ils garantiront sa prospérité future. La dure vérité des statistiques prouve pourtant que le déclin économique français n'est pas une vue de l'esprit. Tous les indicateurs signalent que notre pays vit au-dessus de ses moyens. Mais cette inquiétante réalité est occultée par le déni de ses dirigeants politiques. Pour assainir ses comptes publics, restaurer son appareil productif et retrouver une croissance forte et durable, il est inévitable que la France, devenue paresseuse, se remette au travail, augmente ses impôts et bride la consommation, au moins provisoirement. Mais " chut! ", tout cela, bien sûr, si l'on veut se faire élire, il ne faut surtout pas le dire...Ancien président du Crédit lyonnais, Jean Peyrelevade est aujourd'hui banquier d'affaires. Il est l'auteur de nombreux essais sur l'économie et la vie politique, comme La République silencieuse (Plon, 2002), Le Capitalisme total (Seuil, 2005) et Sarkozy : l'erreur historique (Plon, 2008). Pierre-Antoine Delhommais est journaliste économique au Monde. Il a déjà publié Cinq milliards en fumée : les dessous du scandale de la Société générale (Seuil, 2008).