Une édition de référence des Gens de Dublin de James Joyce, spécialement conçue pour la lecture sur les supports numériques.
« Nous arrivâmes ensuite à la rivière, et restâmes longtemps à nous promener parmi les rues bruyantes, flanquées de hauts murs de pierre, surveillant le travail des grues et des machines, rudoyés souvent, parce que nous ne nous garions pas, par les conducteurs des camions gémissants. Il était midi quand nous atteignîmes les quais, et, comme tous les ouvriers étaient en train de déjeuner, nous achetâmes deux gros pains aux raisins et nous assîmes pour les manger sur un tuyau en fonte, à côté de la rivière. Nous étions enchantés du spectacle du commerce de Dublin : des chalands qui se signalaient de fort loin par les volutes de leur fumée floconneuse, des bruns bateaux de pêche jusque par-delà Ringsend, et du grand vaisseau blanc à voiles que l'on déchargeait sur le quai opposé. Mahony disait que ce serait une farce épatante à faire que de se sauver en mer sur l'un de ces trois-mâts, et moi-même, en regardant leurs mâts si hauts, je voyais, je m'imaginais voir cette géographie qui m'avait été pauvrement enseignée à l'école, qui tout à coup prenait corps sous mes yeux. » (Extrait du chapitre 2)
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de James Joyce. Bref et admirable roman-poème d'amour, "Giacomo Joyce" a été inspiré à Joyce par la rencontre d'une jeune femme juive, Amalia Popper, son élève à l'école Berlitz de Trieste. Ces quelques feuillets énigmatiques relatant un moment de grâce romantique dans la vie de l'auteur d'"Ulysse" ont été gardés secrets toute sa vie. Extrait: "Jan Pieters Sweelinck. Le nom fantasque du vieux compositeur hollandais donne à toute beauté aura fantasque et lointaine. J'écoute ses variations pour clavicorde sur un air ancien: Jeunesse a une fin. Dans la brume indécise des notes anciennes une faible trace de lumière point: la parole de l'âme va se faire entendre. Jeunesse a une fin: cette fin la voici. Jamais elle n'aura lieu. Cela, tu le sais. Et après ? Écris-le, bon sang, écris-le ! de quoi d'autre es-tu capable ?"
Edition interactive bilingue Français/Anglais.
"Avec la découverte récente de quelques pages de brouillons égarées, c'est le chaînon manquant entre Ulysse et Finnegans Wake qui a été mis au jour.
Pour se relancer alors qu'il traversait une période d'incertitude, Joyce s'est mis à écrire de curieuses vignettes sur des thèmes irlandais. Ces petits textes, apparemment simplistes, sont les germes de ce qui deviendra le plus complexe des chefs-d'oeuvre du vingtième siècle.
Nous publions ici pour la première fois, dans la langue originale et en traduction française, le coeur de cet ensemble qui s'organise autour de la légende de Tristan et Iseult et notamment du premier baiser des deux amants. Joyce s'efforce de décrire, dans une veine tantôt grotesque, tantôt lyrique, ce baiser, présenté aussi bien comme un événement cosmique que comme un flirt sordide. L'étreinte se déroule sous le regard libidineux de quatre voyeurs séniles, dont les divagations donneront le ton et fixeront le style de Finnegans Wake.
Ces textes nous révèlent un aspect inattendu de la démarche créative de Joyce et offrent une voie d'accès à qui voudrait commencer à s'aventurer dans l'univers si intimidant de sa dernière oeuvre."
Daniel Ferrer.
« Joyce continuait à écrire des poèmes, par esprit d'enfance. En 1934, dans une lettre du Danemark où il se reposait et relisait les épreuves d'Ulysse, il en écrit un à Stephen, son petit-fils de quatre ans. « Imagine un chat restant au lit / toute la journée / à fumer des cigares ». Ces Chats de Copenhague avaient été précédé, quelques jours auparavant, par Le Chat et le Diable, conte où le diable construit un pont en une nuit face à la ville de Beaugency. Ça n'est pas mal, d'être le petit-fils de Joyce. On a des histoires originales pour soi tout seul. Et des histoires inattendues, pas des contes d'adultes destinées à inculquer l'Ordre dans la tête des enfants. Dans Les Chats de Copenhague, avec cette teinte d'anarchie qui est le goût des Irlandais, les policiers restent au lit à fumer des cigares. Ils leur ont été offerts par de vieilles dames voulant traverser la rue. Que sont devenues les vieilles dames ? Elles ne sont pas le sujet de Joyce. Dans ses fictions, il y a des hommes de tous les âges, mais les femmes y sont généralement jeunes ; au mieux des mères, jamais de grands-mères. »
ChD