La Justice est traditionnellement représentée sous les traits d'une femme aux yeux ceints d'un bandeau, allégorie de son impartialité. Mais au vu des nombreuses erreurs judiciaires qui jalonnent notre histoire, cette image renvoie irrésistiblement à l'aveuglement dont elle peut se rendre coupable. Calas, l'affaire du courrier de Lyon, Dreyfus, Marie Besnard, Ranucci, Dominici, Patrick Dils, Omar Raddad... Autant d'injustices criantes qui ont défrayé la chronique et que Jacques Vergès, en avocat engagé, éclaire à la lumière de sa connaissance de l'institution judiciaire et de ses rouages. C'est cette expérience qui lui permet d'expliquer comment de telles erreurs ont pu, un temps, sembler des vérités. Il plaide ainsi pour une véritable réforme de la justice, où les pouvoirs du juge d'instruction seraient tempérés et où les avocats de la défense auraient enfin voix au chapitre.
"Contrairement à ce que l'on dit, le but du procès n'est pas d'abord de découvrir la vérité, il est de maintenir l'ordre public du moment."
"Où est la vérité d'un homme qui tue la femme qu'il aime ? Qui peut connaître la vérité d'une femme qui, après une vie vertueuse, s'en va tout d'un coup avec un gigolo qu'elle méprise ? Quelle est la vérité d'un caissier honnête, modèle et modeste qui, après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, un soir, ouvre la caisse, prend l'argent et va tout perdre au casino ? Qui peut connaître leur vérité ? Rarement le juge qui porte les verres teintés de l'ordre public. Plus souvent l'avocat, s'il a - et il devrait l'avoir - une âme de romancier, curieuse des gouffres, capable de se regarder dans le criminel comme dans un miroir." Aujourd'hui, la justice, ou ce que l'on nomme ainsi, a perdu contact avec la vie ; cette vie que les juges pourtant prétendent juger. Ce sont à ces mots et à ces vérités oubliés, alors qu'ils sont au centre même des débats judiciaires, que ce dictionnaire amoureux est consacré. N'y cherchez pas un recueil de recettes, de vérités toutes faites, de certitudes exemplaires... Il s'agit de l'hymne à la vie d'un homme qui en est passionnément épris. Défendre est une manière de vivre.
Avocat, directeur de la revue maoïste Révolution, animateur du collectif de défense du FLN, Jacques Vergès assure, en 1965, la défense du premier Palestinien capturé en Israël, puis en 1969, celle de Fédayins arrêtés à Athènes et Zurich. Il est l'un des personnages les plus passionnants, et les plus gênants, des deux dernières décennies. Agenda est une fresque saisissante, parfois poignante, où l'auteur mêle étroitement le rêve et l'imaginaire, évoquant le long combat, et les prises de conscience - souvent déchirantes - qui l'ont poussé à militer. Chaque page de ce récit est un témoignage ardent, avec la dimension dramatique du vécu.
Avocat, directeur de la revue maoïste Révolution, animateur du collectif de défense du FLN, Jacques Vergès assure, en 1965, la défense du premier Palestinien capturé en Israël, puis en 1969, celle de Fédayins arrêtés à Athènes et Zurich. Il est l'un des personnages les plus passionnants, et les plus gênants, des deux dernières décennies. Agenda est une fresque saisissante, parfois poignante, où l'auteur mêle étroitement le rêve et l'imaginaire, évoquant le long combat, et les prises de conscience - souvent déchirantes - qui l'ont poussé à militer. Chaque page de ce récit est un témoignage ardent, avec la dimension dramatique du vécu.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Que sait-on de Jacques Vergès ? Que sa naissance d'un père consul de France et d'une mère vietnamienne, dans les années 20, le plaça d'emblée sous les auspices d'un destin révolutionnaire. Qu'il ne put résister à l'appel de Charles de Gaulle parce qu'il était général, condamné à mort par le gouvernement de Vichy... Qu'il embrassa les rangs du communisme dans la plus grande indiscipline. Qu'il tirerait de Che Guevara le brouillard de ses bouffées de cigares et de Mao ses plus sinueux jeux d'ombres. Qu'il deviendrait l'avocat du F.L.N. en particulier et de l'anticolonialisme en général, et rencontrerait la future mère de ses enfants, une poseuse de bombes, à la sortie d'une salle de torture. Qu'il s'enfoncerait toujours plus loin dans cette mystérieuse zone de turbulences et d'aventures qui s'étend entre la condamnation, qu'elle soit morale ou judiciaire, et la mort. Plaidant les causes désespérées, retournant les cartes du destin, confrontant les crimes les plus abominables aux culpabilités rampantes des sociétés policées. Mais condamné, Jacques Vergès l'est lui-même. Comme nous tous tôt ou tard. Loin d'être morne, le soir de sa vie est cependant un grand soir. Où l'amour rejoint l'évocation d'ombres innombrables et bouleversantes : compagnons d'armes, amis fidèles et héroïques, amantes éperdues mais aussi figures de criminels, de bourreaux et de suicidés.
Se donne à lire, ici, l'énigme d'un destin aussi rebelle que romanesque, parfois facétieux, où court en filigrane le regard le plus tendre comme le plus grave sur la vérité de l'âme.
Servi par une verve éblouissante.
Jacques Vergès, l'un des maîtres du barreau français, défenseur des causes indéfendables, inaugure la collection « Mystère du crime » avec Les Sanguinaires. Jack l'Éventreur, le Vampire de Düsseldorf, le Boucher de Hanovre, le Nettoyeur au bain d'acide... L'histoire a retenu leurs titres de gloire ; elle en a fait des minotaures, des cannibales, des monstres. Mais saura-t-on jamais quels hommes se cachaient derrière ces tueurs en série ? Un jour, ces « Messieurs Tout le Monde » sont passés à l'acte. Ils ont abattu, torturé, mutilé leurs victimes, bu leur sang. Pour quelle raison, ou par quelle déraison ? Dans ce livre, en effet, la question n'est plus de savoir qui a tué, mais comment on a tué, et surtout pourquoi. Jacques Vergès ne se satisfait pas de l'explication habituelle, qualifiant « d'inhumains » tous les comportements qui révoltent. Qu'il s'agisse de crimes collectifs ou individuels, l'inhumain, selon lui, fait encore partie de l'humanité. Et c'est bien ce qui nous dérange...
« J'ai connu la faim, le froid, la peur, la trahison. Jamais je n'ai été seul, car j'erre sans cesse à travers mes souvenirs comme à travers une forêt enchantée. Des morts revivent pour moi seul. Me voici dans un palais, face à un roi, à un président, à un secrétaire général. Me voilà dans un taudis avec un hors-la-loi. Toujours, ces voyages se terminent dans une prison... Je suis cet homme qui salue toujours le malheur. Comme ma profession m'en fournit l'occasion, il n'en est pas, pour moi, de plus belle... » J. V.
On ne présente plus Jacques Vergès, avocat brillant, impassible devant l'admiration ou la haine qu'il suscitait dans son sillage et déchaînait après ses écrits.
À nous qui étions habitués à ses bravades, à ses provocations, à son panache, il laisse en testament son audace littéraire : aller au-delà de la vérité des faits pour atteindre la Vérité de l'Homme.
Ce fin renard qui avait réussi à garder bien secret l'homme derrière l'avocat, se dévoile dans ses écrits retrouvés après son décès. Pour nous parler de lui, il a choisi de le faire sous forme de nouvelles romancées et de laisser la parole à Robnoir, son alter ego littéraire. Chacune de ses nouvelles évoque ses combats judiciaires que l'on croit connaître mais qui se présentent sous un éclairage étonnant. Chaque affaire a plusieurs vérités, une seule est enfouie dans le coeur de l'homme. Grâce à Robnoir, Jacques Vergès nous révèle sa permanente quête de la vérité profonde de chaque homme, celle que ce dernier ne connaît pas lui-même mais découvre à l'occasion d'une crise.
Ces vérités abordées dans ses derniers écrits ne sont là que pour nous présenter la passion de Robnoir/Vergès, le combat de l'Homme qui le rend libre : « c'est le jeu de l'Homme avec (la mort) qui m'intéresse, car c'est un jeu étonnant dans lequel on entre toujours comme si on pouvait gagner, alors qu'on sait très bien qu'on finira par perdre. La seule chose qu'on y gagne sans doute est d'avoir une mort bien à soi. »
Ces récits courts sont le testament littéraire du célèbre avocat et montrent sa recherche constante de la vérité.
EXTRAIT
Il me ressemble sans doute mais il n'est pas moi. Il est moi tel que je voudrais être, plus libre, plus hardi, plus accompli.
Quand je referme les recueils de plaidoiries des grands anciens, les romans ou pièces de théâtre qui alimentent ma passion judiciaire, les essais et mémoires de tous ceux qui se sont intéressés aux problèmes de la Justice, - non pas ceux de son quotidien mais ceux de son essence même - c'est lui que j'appelle.
J'écoute ses confidences.
Je l'écoute dialoguer avec ses clients, qui parfois ressemblent aux miens, dans la crasse des parloirs de prison.
Je l'entends dans des lieux plus chics ou dans son cabinet, faire face à ses adversaires notables ou magistrats. Et j'ai pensé qu'il pourrait être intéressant pour vous aussi de l'écouter.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Profond. « Plus l'accusation est lourde, plus le devoir de défendre est grand. » - C.B., Valeurs Actuelles
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur, notamment, de De la stratégie judiciaire (Minuit, 1968) et, aux Puf, de Justice et littérature ("Questions judiciaires", 2011), Jacques Vergès (1925-2013) était avocat au barreau de Paris.
Ses détracteurs accusent Me Jacques Vergès d'être un provocateur, un avocat pittoresque, dont l'action se situe au niveau du cirque audiovisuel, un manipulateur revendiqué assisté de compères de pantomime, un militant révolutionnaire changé sur le tard en Méphisto... bref, un personnage masqué dont la disparition, durant neuf ans, ne fait qu'alimenter le mystère qui l'entoure. L'avocat le plus contesté de France livre ici une grande partie de ses secrets. Celui qui a défendu le FLN, Klaus Barbie, mais aussi Omar Raddad, s'explique sur ses choix. Ce livre réalisé à partir d'entretiens réalisés entre Me Jacques Vergés et l'auteur, Véronique Martin, permet de mieux cerner l'homme sur lequel se braquent à nouveau les projecteurs de l'actualité, lui, le défenseur de l'État du Togo contre Amnesty International.
Les trois avocats du barreau de Paris, auteurs de cet ouvrage ont adressé, il y a quelque temps, un mémoire au Comité international de la Croix Rouge. Ils y attiraient, notamment, l'attention de cet organisme sur le caractère proprement inouï de la nouvelle organisation judiciaire instituée par la France en Algérie. L'émotion provoquée par cette démarche, en France et dans le monde, n'est pas près de s'apaiser. C'est tout le principe en effet du droit dans les nations civilisées, qui est mis en cause par le décret du 12 février 1960. Verrons-nous notre législation traditionnelle céder la place à ce que M. Michel Debré a appelé un jour, paradoxalement, les droits légitimes de la colère ? La question est posée.